Qu'est-ce que le Kosorisme ?
Amis lecteurs, peut-être savez-vous que tous les médias croates sont aux mains des étrangers. Je vous en avais déjà parlé il y a quelques années mais désormais nous avons un bel article de la cavalerie du Courrier des Balkans pour le confirmer.
Cet article arrive à point nommé, c'est-à-dire lorsque la bataille est finie.
Justement, puisque tous les médias croates sont détenus par des étrangers, j'ai été obligé de me lancer dans du journalisme d'investigation pour vous donner une information un tant soit peu objective sans passer par mes habituelles traductions. Rassurez-vous, cela n'a pas été trop difficile et je me suis contenté de mettre la main sur une lettre que Jadranka Kosor a destinée aux électeurs masculins qui pourraient être tentés de ne pas voter pour elle lors des prochaines élections. Des élections qui auront lieu dans un an. Avant de vous donner à lire cette lettre, je voudrais préciser que je la publie parce qu'elle explicite assez bien la nature de la politique de Jadranka Kosor, que nous pourrions appeler le "Kosorisme". S'agissant du "Sanaderisme", la politique de son prédécesseur, elle nous est bien mieux connue. En gros elle consistait à démanteler l'économie croate pour la livrer en pièces détachées aux Européens, raison pour laquelle
ceux-ci ont toujours chaleureusement soutenu Ivo Sanader jusqu'au jour de sa chute. Le "Kosorisme" ne diffère pas vraiment de ce qu'avait fait son prédecesseur, et il ne faut donc pas vous étonner si Jadranka Kosor bénéficie elle aussi de l'appui des Européens en raison de sa courageuse lutte contre la corruption (ce qui n'a rien à voir évidemment).
Disons en un mot que le "Kosorisme", si on pouvait résumer sa substance, consiste à faire du "Sanaderisme" sans Sanader, mais de manière encore plus aberrante. Et maintenant voici la lettre (qui ne sera publiée que lorsque les Croates seront aussi dociles qu'on l'attend d'eux) :
Chers électeurs Croates, je m'adresse plus particulièrement à ceux d'entre vous qui sont de sexe masculin. Si je vous écris c'est pour vous redire tout ce que j'ai fait pour la Croatie, notre patrie que nous aimons tous, et pour vous rappeler le but de mon action et des difficiles décisions que j'ai été amenée à prendre à la tête du Gouvernement de la République de Croatie, libre et indépendante, dont l'indépendance a été acquise au prix de nos plus hauts sacrifices, et je pense ici à tous les Vétérans de la Guerre pour la Patrie, ces Vétérans que nous respectons tous et que nous portons dans notre coeur, car sans eux nous n'aurions rien de tout ce que nous chérissons et possédons.
Vous le savez les trois axes stratégiques que je me suis fixée à moi-même et à mon équipe rajeunie ont toujours été :
- La lutte contre la corruption qui n'a jamais été facile et qui m'a valu beaucoup d'opposition et même des menaces.
- La fin des négociations avec l'Union européenne, notre famille commune, désormais sur le point de nous accueillir.
- Enfin la relance économique qui donne déjà des fruits concrets et tend très manifestement à s'amplifier en nous promettant ainsi des jours meilleurs après les dures épreuves que nous avons subies suite à la crise mondiale qui ne nous a pas épargnés puisque, malheureusement, nous ne sommes pas une île isolée de la conjoncture internationale.
Concernant le deuxième point je voudrais ici dissiper toutes vos craintes en vous appelant à aimer l'Europe comme je l'aime, à lui faire confiance comme je lui fais confiance et à lui démontrer une loyauté absolue comme je l'ai moi-même toujours fait, une politique qui a marqué les progrès de mon gouvernement dans notre rapprochement avec notre grande famille à laquelle nous avons toujours appartenu.
Pour aimer les Européens, ce dont je ne doute pas que vous fassiez, il est toujours bon de faire des petits gestes concrets, ces petites gestes qui fondent et entretiennent l'amitié.
C'est pourquoi, chers électeurs, je vous invite avec insistance à donner votre maison et votre potager à nos amis européens, en particulier si ce potager est bien entretenu. S'agissant de votre maison, chers électeurs, vous veillerez à la donner en l'état, c'est-à-dire avec tout son contenu. J'insiste sur ce point. Il n'est pas nécessaire que vous la vidiez préalablement, au contraire pensez à la livrer avec tous ses meubles qui eux-mêmes n'auront pas besoins d'être vidés puisque nos amis européens s'en chargeront eux-mêmes. En ce sens j'espère, chers électeurs, que vos meubles renferment quelques objets de valeur et que durant votre vie économique vous avez été en mesure d'accumuler un peu de linge, des habits, quelques babioles, etc... C'est en tout cas tout le mal que je vous souhaite. Chers électeurs, je voudrais aussi que vous veilliez à livrer votre garde-manger à nos amis européens, car, vous le savez, nous sommes en plein creux de l'hiver et peut-être que nos amis ont une petite faim, surtout s'ils ont été imprévoyants durant l'été, ce qui est moins probable pour les Allemands, mais il faut aussi penser aux autres. Enfin, chers électeurs, je voudrais, si ce n'est pas déjà fait, que vous donniez votre compte en banque aux Européens, ainsi que les clés de votre voiture. Vérifiez que tous les papiers sont en ordre et n'omettez rien qui puisse causer des soucis inutiles à tous nos amis européens qui nous aiment et nous veulent du bien. Pour terminer, chers électeurs, je voudrais que vous appreniez à confier votre femme à nos amis européens, pour leur témoigner votre confiance, disons une nuit sur deux, car il est bien évident qu'eux aussi sont mûs par des besoins intimes dont il n'est pas nécessaire d'en préciser les contours.
Chers électeurs, si j'ai pris la peine de lister tout ce que je voudrais que vous donniez à nos frères et alliés européens afin de leur marquer votre dévouement sincère, comme je leur ai moi-même toujours marqué mon plus grand dévouement, ce qui a signifié la réussite de mon gouvernement dans nos relations avec l'UE, c'est parce que je ne voudrais pas que vous leur donniez inconsidérément tout ce qui vous vient à l'esprit. Par exemple, vous tâcherez de ne pas donner vos animaux de compagnie à nos amis européens, notamment si ces animaux sont déjà âgés et par là occasionnent déjà plus de dépenses que d'agréments. Vous éviterez aussi, dans la mesure du possible, de remettre vos enfants à nos amis européens. En effet, vous le savez, les enfants sont parfois un peu bruyants et en outre il faut beaucoup les surveiller. Pensez y, chers électeurs, et évitez d'incommoder nos amis européens, sur qui vous pourrez toujours compter, en leur démontrant une générosité trop envahissante.
Jadranka Kosor, votre dévouée Premier ministre, qui vous aime et vous veut du bien.
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