Après cela plus rien ne sera comme avant. C'est ainsi que Stjepan Mesić a jugé la portée des deux jours qu'a passés Boris Tadić à Zagreb. On peut croire notre ancien chef de l'Etat, car s'agissant du président serbe il ne se laisse pas vite aller à l'euphorie. Par le passé il savait se montrer réservé.
La visite officielle de Tadić en Croatie marque un nouveau tournant dans la foulée des récents gestes historiques accomplis à Vukovar, qui furent très bien acceptés par l'opinion croate. En premier lieu à cause de l'atmosphère générale. Les drapeaux de la Serbie en plein Zagreb, la chaleur avec laquelle l'invité a été accueilli, le respect et la compréhension mutuels, la facilité de communiquer et de trouver un langage commun, tout cela montre qu'a disparu la crispation dont les politiciens croates faisaient preuve envers Belgrade. A cet égard le caractère rassurant et pacifique du président croate s'est révélé précieux.
Deuxièmement, la visite de Tadić est différente en ceci qu'elle n'est pas de nature courtoise. Des solutions concrètes ont été trouvées pour soigner les plaies de la guerre. Le destin des réfugiés sera facilité à l'aide de donations de la communauté internationale. Le président de la Serbie a amené à Zagreb une cohorte d'hommes d'affaires afin d'approfondir les liens économiques. Il existe également la possibilité d'une coopération envers les pays tiers. "L'unité et la fraternité" [devise yougoslave, N.D.T.] est morte mais nous sommes liés par des intérêts économique, affirme Tadić.
Troisièmement, la mise en place d'un nouveau partenariat entre Zagreb et Belgrade dépasse les intérêts des deux pays et peut avoir un effet stabilisateur pour toute la région. Dans les relations mutuelles régionales et bilatérales il existe encore bien des problèmes à résoudre et tout ne va pas aller sur des roulettes comme il y paraît. Néanmoins un saut qualitatif est évident. De même qu'est évidente la volonté politique de collaborer sur des principes de bon voisinage. Les relations entre la Croatie et la Serbie connaissent une sorte de nouveau départ.
Avant de juger sa politique conservatrice, la moindre des choses est d'écouter ce qu'elle a à nous proposer
Commentaires