par Ursula Felber
La guerre en Irak est officiellement terminée. C’est ce que le gouvernement américain vient de déclarer. On est tenté de croire au retour à la vie normale, mais les terribles expériences faites pendant la guerre, la violence, les souffrances, marquent le présent. Nous ne pouvons guère imaginer ce que la guerre représente: les traces profondes qu’elle laisse dans les cœurs des hommes.
La guerre en Bosnie, qui a eu lieu dans les années 1990, a quitté la une des journaux depuis longtemps. Nous avons oublié ce qui s’est passé à l’époque, et les générations futures n’en sauront pas grand-chose. L’exposition Bosna-Quilt, visible dans divers endroits de Suisse, nous montre comment les femmes bosniaques ont survécu à la guerre et à l’après-guerre. En 1993, pendant cette guerre, la peintre Lucia Feinig-Giesinger a découvert la technique du patchwork. Elle et d’autres femmes bosniaques se sont réunies à l’atelier de patchwork du foyer pour immigrés du Vorarlberg. Aucune d’entre elles ne connaissait cette technique auparavant et elles ont pu la découvrir toutes ensemble. Le visiteur de l’exposition apprend des choses sur la guerre, la violence, les souffrances, les peurs. On ne peut même pas exprimer avec des mots ce qu’elles ont vécu. Elles traduisent leurs sentiments avec des couleurs, des dessins, des motifs. Ces œuvres d’art, créées à petits points d’aiguille ont apporté à ces femmes des moments de joie. Pendant l’exil, leur travail n’a pas été seulement un gagne-pain mais une occupation leur permettant d’oublier le traumatisme de la guerre et de l’exode. Après la guerre, les femmes sont retournées dans leur ville de Gorazde où, par ce travail, elles soutiennent la population qui souffre encore des plaies infligées par les événements.
Lors d’une exposition à Berikon (AG), Iren Meier, correspondante d’alors pour les Balkans, a raconté ce qu’elle a vécu en Bosnie. Après le traité de Dayton, elle a rencontré à Sarajevo des personnes pour qui la guerre et l’après-guerre représentaient un défi énorme. Nous autres Occidentaux avons déploré cette guerre, il est vrai, mais de loin. Les hommes, les femmes et les enfants avaient à l’époque le sentiment d’être seuls. Iren Meier a observé, à bien des endroits, ce sentiment d’abandon. Ainsi, on l’a accueillie à Sarajevo en lui disant: «Nous ne pensions pas que vous étiez encore en vie.» Elle a eu aussi une rencontre qu’elle n’a jamais oubliée. Elle se rendait en taxi avec une Bosniaque vers la périphérie de Sarajevo pour voir la maison de cette femme. Aucune des deux ne savait pas ce qui les attendait. Arrivées non loin de la maison, elles ont observé des hommes qui emportaient tout le mobilier, les tableaux, la vaisselle – que la femme avait reçue en cadeau pour son mariage, 25 ans auparavant, ses vêtements! La journaliste s’attendait à ce que la Bosniaque éclate en sanglots. Pourtant elle est restée calme et lui a expliqué: «Les hommes emportent mes affaires mais ce n’est pas du vol car ils n’ont rien eux-mêmes, ils ont également dû quitter leur foyer. Il n’y a à vrai dire pas de différence entre eux et moi.» Elle a demandé à ces hommes si elle pouvait aller chercher le portrait de son père et quelques documents. Elle a trouvé tous les papiers. Finalement, elle a offert du chocolat à la petite fille serbe. Une rencontre qui restera à jamais gravée dans sa mémoire, manifestation de la dignité humaine. Les guerres sont voulues. La guerre de Bosnie a également été planifiée à l’étranger et menée par des armées étrangères. Les hommes ne veulent pas la guerre. Pour finir, Iren Meier a dit que les Balkans, ce n’est pas loin de chez nous. L’Europe se resserre de plus en plus. La jeune génération porte en son cœur les expériences de la guerre. Elle s’est demandé comment les jeunes organiseront l’avenir.
Ensuite, Amina, une femme médecin bosniaque, qui avait 11 ans lorsque la guerre a éclaté, a évoqué les expériences qui l’ont marquée. Pendant trois ans et demi, elle a vécu sans eau ni électricité. Tous les jours elle se rendait à l’école, ce qui était très dangereux. Un jour, elle eut une idée subite: De l’autre côté de la rue, le soleil brillait. Elle changea de trottoir. Peu après, derrière elle, à l’ombre, une grenade a explosé. Elle pensa que c’était le destin. Elle aime se souvenir de l’époque qui précédait la guerre.
Sarajevo avait la réputation d’une ville où vivaient des hommes de toutes cultures, de toutes langues et de toutes religions, des Serbes, des Croates, des Bosniaques, et ils ne faisaient pas de distinction entre eux. Même pendant la guerre, Amina partageait son pain avec les Serbes. La guerre est une tragédie. A l’époque, c’était l’instinct de survie qui animait les hommes et après la guerre, il a fallu qu’ils réinventent leur vie. Amina, elle, avait toujours des sentiments de culpabilité parce qu’elle vivait et que d’autres mouraient. Elle est devenue médecin parce qu’elle voulait aider les gens. Aujourd’hui elle est fière d’avoir lutté pour sa dignité, pour le droit à la vie. Elle se demande pourtant si elle est nationaliste. Elle aime Sarajevo, son pays et elle lutte pour sa dignité. Quand elle se compare aux jeunes Occidentaux, elle n’a pas le sentiment d’avoir manqué quelque chose car elle a fait des expériences qui l’on enrichie. Elle trouve que la guerre a fait reculer la Bosnie de 10 ans. Son pays manque encore de structures démocratiques. Elle souhaite retrouver un jour la société multiculturelle, l’égalité en droits de tous les groupes ethniques qui existaient avant la guerre.
Mais il y a beaucoup à faire. Les jeunes ne s’intéressent guère à la politique. Amina a conclu en demandant à ses auditeurs de ne pas avoir de préjugés à l’encontre des Bosniaques. La guerre en Irak est terminée, officiellement. Pour les hommes, c’est le retour à la «normale». Mais rien ne sera plus jamais comme avant. Ils gardent vivantes en eux les terribles expériences de la guerre, ils ont le sentiment d’être abandonnés, d’avoir été trompés. Ce sentiment restera à jamais profondément ancré dans leur coeur.
En Afghanistan, des attentats sont commis tous les jours. En Somalie, la guerre qui dure depuis deux décennies devient de plus en plus brutale. En Occident, nous nous indignons, mais à distance. N’oublions pas ceux qui vivent dans des régions en guerre. Rendons-leur leur dignité.
On peut visiter l’exposition à
- Rapperswil du 29 octobre au 3 décembre
- Feldkirch du 5 au 7 novembre
Pour de plus amples informations, veuillez consulter le site www.bosnaquilt.at
Source : horizons-et-debats.ch, le 8 novembre 2010.
Sur mon ancien blog, j'avais écrit il y a un certain temps que le Berlusconisme en Italie et le système HDZ en Croatie finiraient à peu près en même temps.
Je continue de croire que c'est le scénario qui aura lieu.
Mais désormais il ne faudra plus attendre longtemps pour voir si j'avais tort ou raison. Juste encore un peu de patience et bientôt va arriver le moment où disparaîtront ces deux systèmes malfaisants qui pourrissent les deux rives de l'Adriatique (sans oublier l'Albanie qui n'est pas mieux logée avec Berisha, mais laissons cela de côté). Bien entendu tout cela ne veut pas dire que je suis d'un optimisme béat sur ce qui adviendra après leurs disparitions respectives.
Car en effet il n'y a aucune raison de l'être. Probablement que les Italiens vont se réveiller avec la gueule de bois lorsque Berlusconi aura définitivement quitté la scène. Il leur faudra alors constater avec stupeur que dans tous les domaines leur pays n'est plus que la moitié de ce qu'il était avant l'apparition du Berlusconisme. En ce sens les Croates ont déjà pris une légère avance sur leurs voisins de l'Ouest car eux souffrent déjà d'une terrible gueule de bois.
Les Croates sont à moitié groggy et ils ressemblent un peu au serpent devant le joueur de flûte. Ils regardent hypnotisés le déclin de leur gouvernement, le déclin de leurs institutions, la disparition de leur souveraineté nationale et bien entendu ils ne savent plus dans quelle pièce ils jouent. Tout ce en quoi ils avaient cru il y a presque deux décennies est parti en lambeau. Ironie du sort, grâce au HDZ qui a toujours été assez habile pour faire croire à un nombre suffisant d'électeurs que le HDZ = la Croatie et vice-versa. Raison pour laquelle ils ont toujours monopolisé le pouvoir sans rien en faire de bon à part en abuser.
J'ai déjà suffisamment expliqué en quoi consiste cette disparition de la souveraineté nationale croate et comment on en est arrivé là. Donc je ne reviens pas là-dessus mais on peut la résumer à quelques mots : dilapidation des richesses nationales y compris culturelles, passage de l'économie dans des mains étrangères et enfin privatisation de tous les secteurs. De sorte que le pays a été vidé de toute sa substance et que le pouvoir central a perdu une grande partie de sa raison d'être traditionnelle.
En effet à l'étage supérieure il y a l'UE et l'OTAN qui décident de toutes les grandes orientations - stratégiques, économiques, énergétiques, etc... - tandis qu'à l'étage inférieur il reste les collectivités locales, en gros les pouvoirs communaux et municipaux puisque la Croatie n'est pas vraiment un pays qui fonctionne sur une base régionale. Le pays continue ainsi à fonctionner cahin-caha malgré l'absence de son gouvernement central, vilain et coûteux, qui s'occupe uniquement de lui-même puisqu'il n'a plus rien d'autre à faire.
Ce gouvernement central en pleine déliquescence qui est pourtant censé jouer l'interface entre les citoyens et les structures supérieures (UE + OTAN) n'est autre que le HDZ. Encore une fois j'espère que l'UE va mettre le plus rapidement fin à cette agonie inutile qui démoralise la population. Pour ma part je pense que pour les eurocrates cela reviendrait juste à appuyer sur un bouton, rien de plus compliqué, sauf qu'ils ne le font pas.
S'agit-il d'inertie de leur part, autrement dit sont-ils à ce point pris dans leur petit train-train de fonctionnaires ou bien y a-t-il d'autres calculs plus machiavéliques derrière tout cela, je l'ignore. Mais s'il s'agit de calculs machiavéliques, en cherchant délibérément à créer un vide du pouvoir en Croatie et à laisser les citoyens perdrent toute illusion en leur pouvoir central, ce qui les mets ipso-facto pieds et poings liés à la merci de l'UE et de l'OTAN, alors je dis qu'il faut regarder les dégâts qui ont déjà commis par cette politique et je dis aussi qu'il faut se demander si au bout du compte ces dégâts ne seront pas supérieurs aux avantages espérés.
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La preuve que je ne raconte pas que des sottises, l'agence de notation Dun&Bradstreet dans son dernier rapport a confirmé le score DB3D attribué à la Croatie, mais elle a revu à la baisse son orientation. Désormais la Croatie est placée en bas de catégorie des pays avec un léger risque d'affaires. Motif invoqué : l'instabilité gouvernementale et la perte de popularité de la Premier ministre Jadranka Kosor. En anglais sur daily.tportal.hr
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