http://balkanikum.vefblog.net/

  VEF Blog

Balkanikum

posté le 17-12-2009 à 16:37:34

Radio Slobodna enquête : le rôle guerrier des entreprises en Serbie


Radio Slobodna Evropa (RSE) poursuit ses recherches afin de savoir si des autocars des entreprises serbes ont été utilisés pour préparer le génocide contre les Bosniaques qui vivaient là-bas. Hier nous avons publié le témoignage de l'ex-directeur de la compagnie Raketa, implantée à Užice, aujourd'hui nous rapportons ce que disent les témoins de Srebrenica, ainsi que ceux qui à Sarajevo et à Belgrade s'occupent de rassembler des matériaux sur les crimes commis durant les années 90.

Malgré que certains témoins du génocide de Srebrenica perpétré contre les Bosniaques aient parlé des autocars de Serbie qui ont servi à déplacer la population de Srebrenica, disant que ceux-ci ont transporté des Bosniaques dans les endroits où ils ont été exécutés en masse, personne en Serbie n'en a encore publiquement parlé. Personne ne cherche à savoir comment ils ont été utilisés et qui en a donné l'ordre.

Munira Subašić de Srebrenica confirme pour notre radio le récit sur les autocars.

"Il y avait Raketa Užice, Beograd-trans, Strela Valjevo, presque tous les autocars provenaient de Serbie, du Monténégro et de la Republika Srpska. Je l'affirme en toute responsabilité, cela peut se voir sur les enregistrements. C'est-à-dire, tout était préparé, tout se savait, tout était organisé. L'organisateur était Belgrade."

RSE : Est-ce que ces autocars ont été utilisés afin de procéder à des déportations sur les sites d'exécutions ?

Subašić : Naturellement, mettre à mort nos enfants. Même plus, ils ont gardé nos enfants dans les autocars sous les plus hautes températures, ils les ont gardés pendant des heures et des heures à Bratunac... C'est-à-dire, ils les ont tués assoiffés et affamés... J'en suis témoin, car j'étais à Potočari et j'ai tout vu.

Zumra et Sabra deux victimes de Srebrenica, en leur temps (le 2 mars 2007), avaient également déclaré dans l'émission "Peščanik" :

"Vous dites que les Serbes ne sont pas d'accord, qu'ils ne veulent pas nous écouter, que Srebrenica n'a pas eu lieu... Je dois leur dire que les colones d'autocars qui étaient parqués pour les gens de Srebrenica, étaient tous de Serbie. C'était les autocars de 7. juli Šabac, Strela Valjevo, Loznica, Raketa Titovo Užice... sans que j'aille plus loin dans l'énumération".

Nous avons publié hier dans notre programme un témoignage recueilli en Serbie. En exclusivité pour notre programme s'est exprimé Miroslav Nenadić, longtemps directeur de la compagnie de transport d'Užice, qui confirme que Raketa avait envoyé ses autocars à destination de Srebrenica et de Žepa, mais il affirme qu'ils sont revenus avant les massacres en masse, avant le génocide commis sur les Bosniaques de l'endroit.

"Ils ont démarré de Žepa et de Srebrenica là où les gens l'ont voulu. Il y en a certains, de Žepa, par exemple, qui n'ont pas voulu partir. Mais ils ont desservi deux ou trois jours environ et sont revenus sains et saufs. Et chacun pouvait s'en aller des lieux car il y avait suffisamment d'autocars. Ils sont revenus le jour avant que cela ne se produise à Srebrenica."

RSE : Et quand avez-vous entendu que cela s'est produit ?

Nenadić : Et qu'est-ce que j'aurais pu y faire ?


Examiner les livres des entreprises

Le président du Centre de recherche et de documentation (IDC) de Sarajevo, Mirsad Tokača, n'a cependant pas été capable de se souvenir d'informations en grande quantité sur les autocars de Serbie quant au génocide à Srebrenica.

"Je n'ai rien entendu de la sorte. Nous avons plus de 5.000 pages de déclarations diverses, cela ne m'est pas resté en tête. Je parle de mémoire. Peut-être pourrait-on trouver quelque chose à partir des déclarations des témoins. Moi, je ne dispose pas de ces informations."

Dans les procès qui se sont déroulés devant le Tribunal de La Haye, il a été établi que le 11 juillet 1995 des autocars et des camions ont commencé à arriver à Potočari, afin de "transférer de force" 25.000 femmes, enfants et personnes âgées sur le territoire contrôlé par l'Armée de la République de Bosnie-Herzégovine. En parallèle à cela, on considère que les forces armées de la République serbe de Bosnie ont "conçu et mis en oeuvre le plan d'élimination" des Bosniaques de sexe masculin en âge de porter les armes.

"Les hommes ont été détenus tandis que leurs épouses et leurs enfants ont été placés à bord d'autocars et transférés de force en territoire sous contrôle musulman. Ce transfert forcé s'est accompagné d'actes de torture, d'humiliations et d'actes d'une extrême cruauté. Les hommes détenus ont été emmenés de Potočari pour être exécutés", lit-on dans le jugement rendu contre Momir Nikolić, mais il n'est pas fait mention des autocars de Serbie.

Nataša Kandić, la directrice du Centre de droit humanitaire, dit que les procès de La Haye n'ont pas démontré de manière irréfutable les récits sur les autocars de Serbie mais que cela pourrait faire l'objet de recherches.

"Ce qui confirmerait le plus facilement tous ces propos serait de vérifier tous ces livres des entreprises publiques aussi bien à Kraljevo qu'à Užice, qu'à Bajina Bašta, qu'à Lozinca, qu'à Valjevo... parce que chaque concession de véhicules, de camions, d'autocars est toujours enregistrée et que les livres fournissent des données portant sur la façon dont ils ont été engagés, à qui ils ont été donnés en usage, quand ils sont partis, quand ils ont été restitués. Toutes ces données existent mais, en suivant les procès, je n'ai toujours pas constaté qu'elles aient été rassemblées et qu'elles fassent partie des éléments de preuve."


La loi du silence

Personne en Serbie même n'a tenté de savoir comment en temps de guerre ont été utilisées les entreprises publiques, tels que les transports, déclare Nataša Kandić et elle cite l'exemple des Chemins de fer de Serbie ainsi que l'enlèvement d'un groupe de Bosniaques à Strpci. Il existe une documentation qui est conservée et qui confirme que la direction des chemins de fer était de mèche avec la police pour attraper les soi-disant déserteurs.

"On devrait s'attendre à ce que mûrisse à un moment donné ce besoin d'établir dans quelle mesure les entreprises publiques, les firmes, ont participé sur ordre de la Sûreté de l'Etat, du ministère de l'Intérieur de Serbie et des organes politiques, aux déportations, aux déplacements internes de population à l'intérieur de la Bosnie, [ont participé] à l'envoi sur les sites d'exécution des personnes faites prisonnières."

Zoran Janić, un publiciste et traducteur qui est connu du public en tant qu'auteur du livre "Tišina u Abardarevoj" sur les travailleurs de la Radio Télévision de Serbie (RTS) ayant été sacrifiés dans les bombardements de l'OTAN en 1999, a récemment écrit :

"Les chemins de fer allemands ont adressé après la guerre des excuses publiques aux Juifs du fait que leurs trains et convois ont été utilisés pour les transports dans les camps d'extermination. Que faisons nous en Serbie, un demi siècle plus tard, où aucune excuse n'a encore eu lieu, si en plus nous savons que les autocars, avec lesquels les Bosniaques de Srebrenica ont été transférés sur les sites d'exécution, sont tous sans exception d'ici."

Janić déclare pour notre programme que la comparaison avec l'Allemagne ne vaut que sur le plan moral, l'ampleur et le caractère systématique des crimes ne pouvant bien entendu être comparés. Selon lui, il faudrait que soit ouverte en Serbie la question touchant à la responsabilité des institutions qui dans les années 90 ont été utilisées de diverses manières, en particulier parce que après 1995 on a continué avec de tels crimes d'Etat, désormais en Serbie même :

"Ce n'est pas le problème des directeurs des entreprises publiques, c'est le problème de l'Etat. C'est en fait le problème des institutions. Ici, il n'existe pas de volonté au niveau institutionnel pour faire face au passé. Cette loi du silence règne encore en ce moment même. Je vous citerai l'exemple de la RTS mais aussi l'exemple de l'assassinat de soldats à Topčider. Ce sont également des crimes d'Etat. De même que Srebrenica est un crime d'Etat. De même que des centaines d'autres crimes".

Source : slobodnaevropa.org, le 11 décembre 2009.
 


Commentaires

Dernier commentaire    Commentaires terminés   Fermer les commentaires
 
0 commentaire
 
 
posté le 16-12-2009 à 00:05:20

 
Exécution pré-électorale de l'état de droit

 

Par Ladislav Tomičić


La question de la grâce qui serait accordée à Mirko Norac sert de baromètre pour mesurer le patriotisme des candidats à la présidence. A se demander ce que le glorieux général fabrique derrière les barreaux.

Žitnik et Lipova Glavica - c'est ainsi que s'appellent les localités que le futur président croate aura à visiter pour autant que Dieu et la Justice existent. En ces lieux il dressera le front et observera une minute de silence, puis il déposera une gerbe de circonstance tout près de la plaque en marbre portant les noms inscrits en lettres d'or. En ces lieux ont été fusillées des personnes totalement innocentes. Leurs bourreaux en uniforme avaient arboré les insignes de l'Armée croate, mais l'honorable apparition du président et la piété témoignée là où les innocents ont fini leur vie laissera clairement entendre que les militaires ont commis un crime que l'Etat ne saurait cautionner, ni ne le fera. La société qui aura choisi ce président comprendra son geste et seuls les primitifs les plus endurcis oseront publiquement contester cet hommage rendu aux personnes assassinées.

 

Liquidés sans raison ni motif

Aucun d'entre eux n'avait appartenu aux formations paramilitaires ennemies, au contraire ils menaient une vie paisible avec les autres habitants, sans intention d'offrir une quelconque résistance aux unités défensives de l'Armée croate, en partageant le destin des combattants et des habitants de la ville. Chez aucun d'entre eux il n'avait été trouvé de poste émetteur, de fusil à lunette ; pour aucun d'entre eux il n'existait l'ombre d'un soupçon qu'ils puissent être des espions ou des tireurs d'élite. D'abord détenus puis conduits pour être exécutés, ils n'avaient rien eu pour s'y opposer. Ils furent emmenés par des personnes armées, détenus puis liquidés sans motif ni raison. Pour la plupart il s'agissait de civils de nationalité serbe, mais aussi croate.

C'est ce que la Cour suprême de la République de Croatie a établi au sujet des victimes et de leur sort.

Quatre des six candidats les plus sérieux pour devenir président de la Croatie ont annoncé qu'ils allaient gracier Mirko Norac, le général condamné à 12 ans de réclusion pour crimes de guerre. Un candidat à la présidence ne s'est pas prononcé clairement, alors qu'une seule candidate questionnée sur la grâce a répondu qu'elle "ne soutiendrait pas de grâce pour crimes de guerre avant que les deux tiers de la peine n'auront été purgées, en particulier pas dans le cas du général Norac".

"D'après les informations dont je dispose, il existe dans le cas du général Norac des circonstances qui lui donnent droit à être gracié. Si ces circonstances atténuantes devaient se confirmer, je n'aurais rien contre le fait qu'il soit gracié", déclare le candidat Nadan Vidošević.

Son rival acharné Andrija Hebrang annonce pour sa part à l'opinion :
"Si Norac s'adresse à moi pour être gracié, j'y consentirai certainement".

Le candidat Primorac ne veut en aucune façon être en reste dans cette joute amoureuse envers la patrie, ainsi dans la localité natale de Norac - à Otok tout près de Sinj - il a rencontré le père du général, Ante Norac. A cette occasion il a modestement laissé tomber :
"Il n'existe que deux citoyens d'honneur à Otok - Mirko Norac et Dragan Primorac [autrement dit lui-même]. C'est avec fierté que je viendrais à Otok, s'il m'était donné de gracier le général".

La réaction du procureur spécial de Serbie pour les crimes de guerre, Vladimir Vukčević - qui a jugé immorales et dangereuses lesdites déclarations des candidats à la présidence - n'a fait que nous renforcer dans l'idée que la question autour de la grâce doit surtout être considérée comme un baromètre pour prendre la mesure du patriotisme. Rien d'étonnant à cela, car la figure et l'oeuvre du général Norac sont le plus souvent traitées parmi l'opinion sur un ton patriotique et spectaculaire, sans que l'on rappelle le sombre épisode de son existence, celui qui l'a conduit derrière les barreaux.


Norac : Allons liquider un groupe de Serbes

Sur base des enquêtes menées, le Tribunal de première instance a établi que le 17 octobre 1991 dans les locaux de ce que l'on appelait le Quartier opérationnel s'était déroulé en fin de journée une réunion où les accusés Tihomir Orešković et Mirko Norac Kevo ordonnèrent aux personnes présentes de procéder à l'exécution d'un certain nombre de civils. Il s'agissait de civils qui préalablement, sur ordre des accusés Tihomir Oreškovič et Mirko Norac Kevo, avait été arrêtés sans motif aucun et qui sur ordre de l'accusé Stjepan Grandić avaient été internés dans des locaux préparés à cet effet, à l'intérieur de la caserne à Perušić. (Ces civils avaient été attrapés dans des appartements et des maisons, dans des caves et des abris, sur leurs lieux de travail ou encore dans la rue, par la Police militaire et par les membres de la 118ème brigade - et cela par ceux intégrant le groupe de reconnaissance de cette brigade). Le témoin Ivan Marković a déclaré que l'accusé Norac aurait dit : "Passons à l'action !", ce à quoi avait réagi Dasović en disant que lui n'irait pas. Lorsque Dasović eut tenté de s'opposer, ils lui ont sèchement coupé la parole - autant Orešković que Norac - et lorsqu'il eut continué à dire qu'il ne fallait pas faire cela les deux accusés lui ont répondu qu'ils en avaient discuté. (...) Il découle des propos du témoin Bolf que c'est justement Norac qui aurait déclaré "allons accomplir une mission - liquider un groupe de Serbes". Les enregistrements audio laissent entendre que c'est bien l'accusé Norac, lors de la réunion, qui a déclaré "Nous devons le faire, nous devons accomplir certaines exécutions sur certaines personnes". Toutes les personnes présentes à la réunion se rendirent sur la plantation de pins de Žitnik et Pazarište, où se sont alors produites les exécutions de civils - au moins dix - parmi lesquels on sait avec certitude que figuraient Boško Tomičić, Nikola Ivanišević et Milica Radmanović.

Ces constatations se retrouvent aussi dans le jugement rendu par la Cour suprême de la République de Croatie.

Chaque mot du texte aride qui décrit les événements pour lesquels le général Norac a été condamné fait partie de l'horreur oubliée, du traumatisme auquel s'est laissé aller une société sans aucune intention sincère d'y faire face. Les fantômes de cette histoire nous poursuivront encore longtemps, associés à ceux qui nous accompagnent - lentement mais sûrement - depuis un demi siècle déjà. Nous les apaiserons - lancerait le futur président qui se rendrait à Žitnik et Lipova Glavica afin de rendre tribut aux victime. Il est certain que ce ne sera pas Milan Bandić, un des candidats actuels qui la semaine dernière a visité la localité natale de l'individu condamné pour crime et ayant fait l'objet du verdict prononcé par un Etat de droit. Les journaux ont rapporté que le candidat Bandić a été accueilli "sur la place du Dr Franjo Tuđman à Otok par les membres de la famille du général Mirko Norac - son fils âgé de huit mois, son épouse Jelena et sa propre soeur - et ensuite il a été salué par Ante, le père de Mirko". Après le rassemblement, flanqué de son collaborateur Miro Laco, il a tenu une réunion à porte close avec Ante Norac. Miro Laco, au demeurant le parrain et meilleur ami du général condamné, est un homme qui a partagé avec lui les journées de combats à Gospić.

D'ailleurs, qu'est-ce qu'un "futur président" pourrait promettre au père d'un homme qui passe ses meilleures années en prison, mais qui dans la société est perçu comme un "héros et non pas comme un criminel" ? Que pourrait-il dire à l'abri des portes, et en présence du parrain et meilleur ami du détenu, si ce n'est qu'il fera libérer le fils en question. Ce candidat fait preuve, lui aussi, de clémence et de compréhension pour la situation de Norac. Bien auparavant, le 17 octobre 1991, il était arrivé qu'il n'y ait ni clémence ni compréhension.


Norac : Tirez, pourquoi ne tirez vous pas ?

Après la funeste réunion les gens avaient pris place dans des voitures personnelles puis s'étaient dirigés vers la plantation de pins à Žitnik, là où arriva un véhicule militaire avec les civils et où l'on procéda à leur exécution. A partir des déclarations des témoins il apparait clairement que tous ceux qui ont quitté la réunion du dénommé Quartier opérationnel se sont rendus sur le site de l'exécution et que sur ordre de l'accusé Mirko Norac ils ont abattu les civils. L'accusé Norac lui-même avait préalablement mis à mort une personne de sexe féminin dont l'identité n'est toujours pas établie. En revanche, en faisant feu sur une personne inconnue de sexe masculin son pistolet se serait enrayé. C'est ce que déclare le témoin Siniša Glušac, signalant que c'est justement l'accusé Norac qui a ordonné que les civils descendent du camion. C'est lui qui a dit aux soldats d'aligner ces gens. Il déclare que ceux qui sont venus de la funeste réunion s'approchèrent de ces civils à une distance de cinq à dix mètres puis s'immobilisèrent, jusqu'à ce que l'accusé Norac ne dise : "Qu'est-ce qu'on attend ?" C'est justement l'accusé Norac qui a séparé une femme du rang. Personne par conséquent n'a tiré tant que l'accusé Norac n'eut abattu cette femme. Après cela, il a tenté d'en finir avec l'homme inconnu qui auparavant s'était révolté, un homme qui avait pris à partie Norac. C'est alors que son pistolet s'enraya. Ensuite il ordonne à nouveau de faire feu, mais cette fois en utilisant les mots : "Tirez, pourquoi ne tirez vous pas !?"

Le témoin Glušac est inébranlable quand il dit que tous ceux ayant pris part à la réunion ont tiré et que le général Norac est le premier à l'avoir fait. On sait que la déposition de ce témoin a été confirmée par les dires d'Ivan Dasović, sur l'enregistrement audio, lorsque les personnes âgées sont sorties du camion et ont commencé à crier : "Vous n'allez quand même pas nous tuer, vous n'allez quand même pas nous fusiller !?" L'accusé Norac est celui qui déclare alors que chacun va en recevoir un qu'il doit tuer.

C'est ce qu'a établi la Cour suprême du pays dans lequel Milan Bandić, Nadan Vidošević, Andrija Hebrang et Dragan Primorac briguent la présidence, tout en rivalisant afin de montrer le plus de clémence à l'égard du général croate sous les verrous. Est-il besoin de dire qu'aucun d'entre eux à aucun moment ne s'est souvenu des victimes du général ?

Qui donc sera le président qui leur rendra hommage ? Est-ce que ce sera le candidat civilisé du SDP [1] Ivo Josipović ? Sera-t-il celui qui rappellera les raisons qui expliquent le "calvaire" que traverse le général ?

"Lorsque je serai président, j'y réfléchirai", a-t-il répondu à la question portant sur la grâce de Norac. Toutes les options ont été laissées ouvertes, mais cela ne lui est pas venu à l'esprit de mettre question le fait que Norac serve d'étalon pour mesurer le patriotisme. Josipović sait très bien que les positions claires lorsqu'il s'agit des crimes commis "de notre côté", ne sont pas opportunes ; que s'exprimer de la sorte réduirait à néant ses perspectives auprès du corps électoral de droite qu'il tente en vain de courtiser. Non, Ivo Josipović, n'est pas fait de cette étoffe. Le président qui rendra hommage aux victimes de Mirko Norac, et des autres responsables ayant pris part au crime en question, devra être attendu par la Croatie pendant des décennies encore. Et nous l'aurons si nous sommes vraiment, vraiment, vernis. L'hommage aux victimes de Žitnik et Lipova Glavica sera l'un des signes que la société a cessé d'être malade. Tout comme l'actuelle surenchère de "patriotisme" - entraînant que l'on piétine les ossements des personnes fusillées - est la preuve patente que la société croate est encore loin d'être rétablie. La guerre est visiblement une maladie qui peine à guérir.

[1] SDP : le Parti social-démocrate.

Source : h-alter.org, le 15 décembre 2009.
 


Commentaires

Dernier commentaire    Commentaires terminés   Fermer les commentaires
 
0 commentaire
 
 
posté le 14-12-2009 à 17:18:17

Cet article date de décembre 2008. Depuis lors certains changements sont survenus, comme par exemple la condamnation des cousins Lukić, mais dans l'ensemble il reste d'actualité car il traite du refus d'admettre les propres crimes, mais aussi du problème spécifique des viols.



Višegrad refuse d'admettre un passé macabre



Plus d'une décade après la guerre, peu d'habitants serbes sont prêts à affronter les horreurs qui ont été perpétrées sur les lieux.

Par Rachel Irwin et Edina Becirevic à Višegrad


Quand on lui a demandé si elle était consciente de ce qui se passait à Višegrad durant la guerre, le visage de la serveuse s'est rapidement renfrogné.

Elle ne sait rien, a-t-elle dit, tout en croisant ses bras et en jetant des regards nerveux à travers le café de l'hôtel, vide et sombre. Elle ne vivait pas ici à l'époque, a-t-elle dit.

Cela semble être un refrain partagé dans cette ville de la Bosnie orientale.

Nichée dans les montagnes et pouvant s'enorgueillir d'un pont en pierre ottoman, remontant au 16e siècle, qui enjambe majestueusement le fleuve de la Drina aux couleurs émeraudes, Višegrad pourrait difficilement être plus pittoresque.

Mais les beautés naturelles de la ville et de ses alentours démentent les horreurs qui se sont abattues sur la région au cours de l'été 1992, lorsque des paramilitaires serbes de Bosnie menèrent une violente campagne afin de débarrasser la région des Musulmans de Bosnie - les Bosniaques.

Cet été-là, comme nombre de témoins l'ont rapporté durant les procès au Tribunal de La Haye, le pont historique inscrit au patrimoine de l'UNESCO fut le théâtre d'exécutions d'hommes, de femmes et d'enfants bosniaques, dont les corps furent jetés dans le fleuve, souvent en plein jour. Avant que ne survienne l'automne, 3.000 bosniaques allaient être tués. Et beaucoup disparaître de manière plus simple.

Les cousins Milan et Sredoje Lukić qui font actuellement l'objet d'un procès au Tribunal de La Haye [1], , sont accusés de porter la responsabilité pour une multitude d'exactions commises à l'époque.

Ces hommes, qui clament leur innocence, sont accusés d'avoir brûlé vif 140 hommes, femmes et enfants dans des maisons ayant été barricadées.

Un compère de Milan Lukić, Mitar Vasiljević, a été condamné par le tribunal à 20 ans d'emprisonnement en 2002 pour s'être fait le complice du meurtre de sept bosniaques à Višegrad.

Dans leur décision sur l'affaire Vasiljević, les juges du tribunal ont écrit que Višegrad avait été soumise "à l'une des campagnes les plus vaste et brutale de nettoyage ethnique dans le conflit bosniaque". Ils ont ajouté que, proportionnellement, aucune autre ville de Bosnie, hormis Srebrenica, n'avait subi un changement plus drastique dans sa composition ethnique.

Avant la guerre, 60% des 20.000 habitants de Višegrad étaient des Bosniaques. Aujourd'hui, seule une poignée de survivants sont retournés dans ce qui est une ville à prédominance serbe.

Les tueries à Višegrad sont également reprises dans le premier chef d'accusation pour génocide qui pèse sur l'ex-président des Serbes de Bosnie, Radovan Karadžić, lequel a été arrêté en juillet après 13 ans de cavale.


L'Hôtel où convergent les accusations de sévices

L'hôtel doublé d'une station thermale Vilina Vlas, là où la serveuse a tiqué face aux questions, est à un saut en voiture du centre-ville et il est entouré de bois et d'un ravin escarpé tout de pierres. La page internet de l'hôtel vante les vertus curatives des eaux thermales et se targue d'une vaste salle de restaurant idéale pour les diners d'affaires.

Partant de cette douce description, personne ne soupçonnerait que Vilina Vlas ait pu servir à des desseins bien plus sinistres durant la guerre.

Selon le mémoire préalable du procureur dans l'affaire Lukić, Vilina Vlas "aurait servi à Milan Lukić et à ses paramilitaires pour détenir et interroger des civils musulmans bosniaques de sexe masculin ainsi que pour violer et asservir sexuellement des jeunes femmes musulmanes et des jeunes filles".

Ces événements à l'hôtel, et les allégations de viols, n'ont pas été repris dans l'acte final d'accusation dressé à l'encontre de Lukić. La présomption d'innocence liée à ces allégations doit par conséquent prévaloir.

Cependant, il existe un ensemble épais de compte-rendus qui suggèrent que quelque chose d'effroyable s'est déroulé au Vilina Vlas. Les sévices présumés - qui ont été rapportés dès 1992 par les Nations Unies, Amnesty International et des journalistes étrangers - étaient d'une gravité telle que certaines femmes auraient mis fin à leurs jours - dit-on - en se défenestrant du second ou du troisième étage. On prétend que des centaines d'autres ont été maintenues des jours et des semaines durant dans les chambres d'hôtes, où elles auraient été brutalement violées, mutilées et souvent tuées.

Dans l'une des nombreuses déclarations recueillies par le Research and Documentation Centre (RDC), à Sarajevo, une femme bosniaque parle de ses épreuves à l'hôtel avec les Serbes qui l'y avait amenée.

"Il m'a violée de 12h00 à 21h00 ce jour-là. Tout ce temps, il a tenu un couteau en main, ou à sa portée", dit-elle.

Les rares rescapés ont refusé d'être interviewés pour cet article, évoquant le traumatisme à raconter à nouveau leur histoire.

Ces jours-ci, Vilina Vlas s'occupe de visiteurs âgés qui viennent se baigner dans les eaux médicinales. A l'intérieur de l'hôtel, de lourds rideaux sont tirés sur la plupart des fenêtres et l'air est chargé par la fumée des cigarettes. Le mobilier dans le hall et le coin café sont d'un rouge foncé, mais amplement usés et défraîchis par les années.

La serveuse d'âge mûr, clairement mal à l'aise face aux questions portant sur le passé de l'hôtel, bat en retraite en traînant les pieds au travers de la salle de restaurant et elle descend les escaliers en direction du hall. Plus tard elle réapparaît avec un homme élancé qui s'assied et observe pendant quelques minutes les seuls clients du café. Il sera suivi par un homme plus corpulent, qui agit de même.

Toutes les tentatives d'interviewer le personnel au Vilina Vlas connaissent la même issue - ils disent ne rien savoir sur ce qui s'est passé durant la guerre.

Il n'y a rien qui indique que le personnel actuel ait travaillé au Vilina Vlas au début des années 90. Toutefois, nous leur avons parlé parce que comme tout autre habitant de cette petite ville, il est raisonnable de penser qu'ils aient certains souvenirs sur son passé récent, et - tant qu'à y travailler - qu'ils soient au fait de certains récits qui planent plus particulièrement sur l'hôtel.

"Višegrad est une petite ville. Ils ne peuvent pas ne pas savoir", a lâché Mirsada Tabaković, une Bosniaque qui s'est enfuie de Višegrad en juin 1992. Elle a accompagné les journalistes de l'IWPR à Vilina Vlas, et a assisté aux rencontres avec le personnel de l'hôtel.

Tabaković vit maintenant à Sarajevo, où elle vient en aide aux victimes de viol et prête main forte pour recueillir des déclarations auprès de ceux ayant survécu aux sévices présumés au Vilina Vlas.

"Elles sont toutes dans un état terrible", a-t-elle dit. "Elles souffrent de dépression et de trouble de stress post-traumatique. La plupart d'entre elles ne sont pas en mesure de vivre une vie normale."

Et Tabaković a subi le même traumatisme.

Le 19 mai 1992 - le jour où l'Armée Yougoslave se retirait de Bosnie - des soldats à l'accent serbe sont apparus sur le pas de sa porte, a-t-elle dit, et ont amené son mari, son beau-frère et son beau-père ; la dernière fois où elle les a vu vivants.

Tabaković a écarté ses mèches blondes de son visage et promené son regard sur la salle de restaurant - sur la serveuse au visage de marbre retranchée derrière le bar avec la machine expresso, sur les deux managers traînaillant à fumer des cigarettes, sur les clients âgés grimpant les escaliers en survêtement, et sur le gâteau à moitié entamé dans le frigo ronronnant du café.

"Comment est-ce que ces gens peuvent faire comme s'il n'y avait rien eu ?", demanda-t-elle incrédule.

Prendre un café dans un endroit comme le Vilina Vlas était proprement un tourment pour Tabaković, et elle s'agitait sur sa chaise en touchant à peine à son café.

"J'ai regardé ces murs en pensant au nombre d'histoires de souffrance jamais contées dont ils garderont le secret", a-t-elle observé plus tard. "Nous avons entendu bien des choses sur ce qui s'est passé au Vilina Vlas, mais il y en a tant dont nous n'entendrons rien, en particulier parce qu'ils ont décidé de ne pas inclure le viol dans l'acte d'accusation dressé contre [Milan] Lukić."

Comme l'IWPR l'a signalé en juillet, l'échec à poursuivre Milan Lukić au motif de viol a provoqué la rage et la stupéfaction parmi les victimes et les ONG.

Le procureur en chef Carla Del Ponte a omis d'inclure ces charges dans son acte d'accusation de manière à accélérer le procès, étant donné que le tribunal se voit contraint de boucler tous les dossiers d'ici fin 2009.

Del Ponte s'est retirée à la fin de l'année 2007, mais le bureau du procureur a attendu jusqu'en juin dernier - juste un mois avant que ne débute le procès - pour soumettre à nouveau le chef d'accusation. Les juges l'ont pris en considération trop tard et le procès a débuté sans que les charges n'en fassent partie.


Nous ne savons rien

Dans un local exigu non chauffé au centre de Višegrad, plusieurs membres du Parti social-démocrate indépendant (SNSD), un parti de droite, se serraient autour d'une longue table. Ils étaient avides de parler des problèmes économiques qui affectent la ville et des plans pour créer des opportunités d'embauche et des attractions touristiques.

"Nous comptons énormément sur le tourisme", déclara Brane Topalović, un des chefs du SNSD, au gabarit petit et les cheveux grisonnants. "Nous avons une station thermale, Vilina Vlas. Nous comptons agrandir ses capacités, et il existe des plans pour construire un autre hôtel ainsi qu'une piscine".

Questionné, il a prétendu ne pas être au courant de viols et de meurtres qui se seraient produits durant le conflit au Vilina Vlas, propriété de l'Etat.

"Ecoutez, je ne sais pas, même aujourd'hui, ce qui s'est passé à Višegrad", a-t-il dit, tout en soulignant qu'il ne s'est installé dans la ville qu'en 1996. "Je ne sais que ce que les gens m'ont dit".

Ce qui signifie ?

"Certains racontent une chose, d'autres disent quelque chose d'entièrement différent", a-t-il dit, semblant visiblement de plus en plus agité. Il a ajouté qu'il ne suit pas les procès au Tribunal de La Haye, il avait néanmoins rencontré Milan Lukić en 1996.

"[Milan] était un bel homme", a-t-il dit. "Il n'avait pas de problèmes avec l'application de la loi à l'époque."

Un autre membre du SNSD, un homme âgé en veste bleue, hoche de la tête en signe d'approbation avant de se lancer dans un discours sur les "Extrémistes musulmans" qui selon lui ont commencé le conflit.

"Selon la propagande, 3.000 musulmans ont été tués ici", a-t-il poursuivi. "Je garantis qu'il s'agit d'un mensonge. Ce qui s'est passé ici est une guerre civile."

Au fil des conversations qui s'enchaînaient, une réalité a fait surface : personne ne savait ce qui s'était passé durant l'été 1992, car ils prétendaient avoir vécu ailleurs, ou avoir déjà quitté la région. Ils ont dit qu'ils n'avaient pas vu de meurtres de leurs propres yeux, et par conséquent ils prenaient les récits sur les atrocités à Višegrad pour des rumeurs et rien d'autre.

Pensent-ils que les déclarations sur ce qui s'est produit au Vilina Vlas ne sont que des rumeurs ?

"Je ne sais pas", a répondu Topalović, le chef de parti.

A ce moment-là, un homme d'âge mûr assis tranquillement à l'arrière du local s'interposa. Il semblait mal à l'aise avec certaines des affirmations de ses amis et tenta de les expliquer.

Čedomir Gužina a grandi à Sarajevo et il a combattu dans l'Armée des Serbes de Bosnie durant les 44 mois que dura le siège de Sarajevo. Une fois la guerre finie, il est venu à Višegrad et a passé les quatre années suivantes au Vilina Vlas avec d'autres Serbes qui avaient quitté leurs villes d'origine.

"Personne n'a jamais mentionné les crimes dont parlent maintenant les gens", a dit Gužina. "J'ai entendu des gens en parler seulement après que Milan Lukić eut quitté la ville, après qu'un mandat eut été délivré pour l'arrêter. Peut-être que les gens qui étaient avec lui en savent plus long, mais personne ne parle de cela et nous ne savons rien."

Darko Andrić, un homme de grande taille avec un pull blanc, se tenait assis en écoutant les propos de Gužina. Au moment de la guerre il était enfant et il a dit que ses parents avaient quitté Višegrad au cours du printemps 1992.

"Même si quelque chose a dû se produire ici, personne n'est au courant", a-t-il déclaré. "C'est pourquoi il est stupide de répondre à vos questions. J'ai entendu dire qu'il y avait une sorte d'hôpital là-bas [au Vilina Vlas] durant la guerre. Ils disent que l'eau a des pouvoirs de guérison. Les blessés étaient là-bas et les médecins prenaient soin d'eux... des centaines de personnes ont été sauvées. Qui sait combien d'amputations ont eu lieu là-bas ?"

Selon les spécialistes, ce genre de déni est très répandu - et même prévisible - après que des atrocités ont été commises sur des populations civiles.

"Parce que vous ressentez une culpabilité sur ce que votre groupe à fait à cet autre groupe, vous échouez à le reconnaître. Cela se reflète sur vous", a expliqué à l'IWPR l'anthropologiste Gregory Stanton. Celui-ci, fondateur et président de l'organisation internationale Genocide Watch, est un ancien employé du State Departement des Etats-Unis, où il avait aidé à rédiger la résolution de l'ONU afin de mettre en place le Tribunal pour crimes de guerre au Rwanda.

En Allemagne, par exemple, cela a pris au moins vingt ans pour que le pays commence à assumer l'Holocauste, nous a expliqué Stanton.

Si la guerre en Bosnie a pris officiellement fin il y a 13 ans, certains observateurs sentent que les Serbes de Bosnie, en particulier, ont encore un long chemin à parcourir avant d'affronter leur propre rôle dans les atrocités commises, notamment quand il s'agit du crime de viol.

"Il existe des hommes qui admettront avoir commis des crimes contre l'humanité avant que de reconnaître le viol", déclare Sara Sharrat, une psychologue clinicienne, qui ces trois dernières années a codirigé un projet pour les femmes qui témoignent de violences sexuelles au Tribunal de La Haye et dans les tribunaux de Bosnie.

"On admet plus facilement dans les grandes villes, mais loin s'en faut de ce qu'il faudrait", a-t-elle dit à l'IWPR. "Mon impression est que cela n'est pas pour un proche avenir... Il n'y a guère eu de cicatrisation."

Une partie du problème, selon d'autres, tient au climat général de déni qui continue d'imprégner la partie serbe de la Bosnie - la Republika Srpska - et la Serbie elle-même.

Sonja Biserko, présidente du Comité Helsinki pour les droits de l'homme en Serbie, nous a expliqué que durant la guerre les médias en Serbie ont diffusé une quantité énorme de propagande pro-serbe, anti-bosniaque.

"Ce fut une guerre préventive contre une force [bosniaque] génocidaire - c'est ainsi que les médias ont présenté les choses", a-t-elle dit.

Même maintenant, a-t-elle ajouté, nombre de Serbes rechignent à faire face à ce qui s'est passé pendant la guerre, et ils semblent satisfaits de laisser cela à "l'histoire" pour établir ce qui s'est passé.

Une phrase commune répétée en Serbie actuellement est "l'histoire dira ce qui c'est passé", prétend-elle. "C'est ce que vous entendez tout le temps, même dans les médias."

"Mais qu'est-ce que l'histoire ?", demanda-t-elle. "'L'écoulement du temps ?"


Des suspects vivraient en ville

Assis dans un café en plein air sur les berges de la Drina, un Serbe de Bosnie alluma une cigarette et pointa vers le vieux pont ottoman.

"Regarde, ce pont a été construit en 1571", a-t-il dit. "Il y a autant de personnes tuées là [pendant la guerre] qu'il y a de briques dans le pont. C'est le plus grand cimetière."

Au bout d'un moment il a ajouté "je ne traverse jamais ce pont, j'utilise celui-là en bas pour aller travailler."

L'homme qui a vécu à Višegrad pendant l'été 1992 et qui continue encore maintenant, a ajouté que lorsque la Drina était remplie de cadavres, quelqu'un ouvrait une vanne sur un barrage situé en aval du fleuve pour les évacuer.

Il a accepté de parler à l'IWPR à condition de garder l'anonymat, car il craignait d'être pris comme cible pour s'être exprimé. Tout en parlant, il jettait des regards tout autour pour voir si quelqu'un observait. Parler de la guerre n'est pas quelque chose qui se fait ici.

Nombre d'habitants, a-t-il expliqué, se sont vus offrir de grosses sommes d'argent pour garder le silence, en particulier parce que l'on sait que certains criminels de guerre soupçonnés - et même condamnés - vivent en ville.

L'un de ceux qu'il a explicitement nommé était Oliver Krsmanović, un ancien associé de Milan Lukić. Tous deux ont été condamnés par contumace à vingt ans de prison par un Tribunal pénal de Belgrade en 2003.

Lukić et Krsmanović, avec deux autres hommes, ont été condamnés pour avoir enlevé 16 Bosniaques d'un bus dans la ville frontalière serbe de Sjeverin le 22 octobre 1992. Les hommes kidnappés furent emenés à Višegrad où ils furent torturés [2], puis exécutés sur les berges de la Drina, a prétendu l'accusation. Il reste à retrouver leurs dépouilles.

Jasna Sarčević-Janković, une porte-parole du bureau du procureur pour les crimes de guerre de Belgrade, a confirmé que Krsmanović est toujours dans la nature. Elle a dit que le bureau du procureur ne dispose d'aucune information sur ses allées et venues, et qu'il appartient à la police de l'arrêter.

Mais l'habitant de Višegrad à qui l'IPWR a parlé a prétendu savoir exactement où Krsmanović se terre.

"J'ai vu Oliver Krsmanović avant-hier", dit-il. "Il n'a pas quitté sa maison depuis des années. S'ils veulent l'arrêter, ils devraient venir me trouver, et je les aiderai à approcher sa maison de nuit. Je garantis qu'ils le trouveront dans sa chambre."

Buvant une gorgée de son expresso, il a dit ne pas savoir pourquoi Krsmanović n'a pas été arrêté, étant donné que ses allées et venues sont de l'ordre du secret de polichinelle dans la ville.

Quand on lui a demandé s'il avait été hanté par les choses dont il a été témoin, l'homme est resté tranquille un moment.

"Je n'ai pas pu dormir la première année [après que la guerre eut pris fin]", a-t-il dit. "Je prenais des somnifères. [Mais] je n'ai jamais rien fait qui puisse faire du mal à quelqu'un et je pense avoir beaucoup fait pour aider."

En quelques occasions, poursuit-il, il a caché des enfants bosniaques dans sa maison jusqu'à ce qu'il soit en mesure de les faire passer en territoire tenu par les Bosniaques.

Lorsqu'il s'est rassis sur la chaise couleur jaune du café, par à-coup successifs il a exprimé des craintes à s'exposer ou alors une vaillante volonté de parler franchement.

"Je n'ai pas peur", a-t-il dit. "Ils peuvent me faire ce que bon leur semble. Trois mille personnes [assassinées] sont plus importantes que moi."



[1] Condamnés depuis lors, comme il a été dit.
[2] La preuve par ces images dont je préviens qu'elles sont violentes.

Source : Višegrad Genocide Memories









 


Commentaires

Dernier commentaire    Commentaires terminés   Fermer les commentaires
 
0 commentaire
 
 
posté le 13-12-2009 à 20:48:20

Rétablissement de la ligne Belgrade - Sarajevo

 

 

La courte vidéo ci-dessous en serbo-croate est précédée d'un spot électoral, car elle vient d'un site croate, or ce pays connaîtra des élections présidentielles le 27 décembre. (Il s'agit d'un challenger qui ne devrait pas franchir le premier tour selon les sondages, en attendant il soigne son manque de charisme par des spots publicitaires dont il attend qu'ils fassent une impression ou l'autre). Mais passons au sujet :   

 

 

Le train longtemps attendu s'est ébranlé depuis la gare de Belgrade à 7h15. Il compte trois voitures, un de Serbie, l'autre de la Republika Srpska et le troisème de la fédération de Bosnie-Herzégovine, ce qui est bien moins que lors du dernier trajet accompli, annonce Reuters. 

 

"Je suis un ancien contrôleur, je travaille depuis 32 ans et je me rappelle comment auparavant on ne pouvait circuler dans les couloirs du train tant il y avait de la cohue. Nous avions jusqu'à 13 voitures dans lesquels on transportait jusqu'à 600 voyageurs", déclare le premier personnage. Il ajoute : "Le trajet de Belgrade à Sarajevo dure huit heures en raison des frontières mais aussi des rails qui ne sont pas suffisamment en bon état.

 

Lorsque le trajet fut interrompu à cause de la guerre, les gens durent utiliser des autocars ou d'autres moyens de transport afin de parvenir à destination.

 

"Je dois me rendre à Mostar deux fois par semaine, et en tant que personne ayant atteint un certain âge un transport agréable en train signifie beaucoup pour moi", déclare la seconde personne. 

 

 

 

 

 

 

<embed src="http://dnevnik.hr
 

 

 

 

<embed src="http://dnevnik.hr

 

La vidéo d'Euronews qui vient juste de paraître :

 

 

 

 

 


Commentaires

Dernier commentaire    Commentaires terminés   Fermer les commentaires
 
0 commentaire
 
 
posté le 11-12-2009 à 11:38:04

Le Musée d'Art Contemporain de Zagreb vient de réouvrir ses portes après 6 ans

 

 

Le nouveau musée a été conçu par l'architecte Igor Franić et déplacé du centre historique à un carrefour entre Zagreb et la rivière Sava. 

 

Surplombant le parc de la ville, la partie nord héberge les expositions de plein air, tandis que le rez-de-chaussée est dédié à l'accueil des visiteurs et des collections, avec en outre des salles dédiées aux arts visuels, une librairie avec salle de lecture, une petite salle d'exposition, un auditorium multimédia, un musée et un restaurant. 

 

Le musée abrite 12.000 oeuvres contemporaines d'artistes croates et internationaux des années 1950 à nos jours : peintures, sculptures, dessins... 

 

 

 

 

 

Les collections sont riches d'oeuvres de mouvements artistiques majeurs : l'expressionisme abstrait, la peinture informelle, le minimalisme, les débuts du conceptualisme, l'abstraction lyrique et géométrique, la peinture analytique et primaire, l'art conceptuel, le fluxus, la peinture monochrome, le trans-avant-garde.

 

On y trouvera des artistes tels que : Dennis Adams, Marina Abramović, Christian Boltanki, Annette Messager, Dalibor Martinis, Sanja Iveković, Jan Fabre, Andres Serrano, Mladen Stilinovi. 

 

 

 

 

 

Source : businesstravel.fr, le 11 décembre 2009. 

 

 

 


Commentaires

Dernier commentaire    Commentaires terminés   Fermer les commentaires
 
0 commentaire
 
 
 

Ajouter un commentaire

Pseudo : Réserve ton pseudo ici
Email :
Site :
Commentaire :

Smileys

 
 
 
Rappel article