http://balkanikum.vefblog.net/

  VEF Blog

Balkanikum

posté le 05-08-2010 à 13:18:57

La victoire d'une Croatie uni-ethnique
 

Nous considérons des plus hypocrites les déclarations du type "l'opération Tempête a eu son côté sombre, mais fondamentalement il s'agit d'une brillante opération et d'une grande victoire", puisque cette offensive ne peut être scindée en l'opération elle-même (prétendument aussi pure qu'une larme) et les crimes commis dans son sillage, en admettant que dans son essence elle constitue un crime de nettoyage ethnique, lit-on dans le communiqué du Parti des travailleurs socialistes de Croatie.

Ces jours-ci, comme chaque année au début du mois d'août, il est irritant de suivre les médias croates, qui pompeusement et frénétiquement célèbrent le Jour férié prétentieusement et pathétiquement appelé "Jour de la victoire et de la gratitude patriotique", sans que personne ne jette un regard critique sur l'opération Tempête, et encore moins ne dise la vérité sur l'essence de cette opération - sur le fait que l'opération Tempête fut planifiée, organisée et exécutée dans le cadre d'une organisation criminelle de nettoyage ethnique, par laquelle un grand nombre de citoyens croates furent chassés de leurs foyers ancestraux, ce qui a conféré à l'opération Tempête le caractère d'une opération anti-croate dans la mesure où elle a ruiné les valeurs proclamées par la Constitution de la République de Croatie : les citoyens croates ont été tués, expulsés, leurs biens ont été détruits.

C'est pourquoi le 5 août n'est pas le jour de la victoire d'une Croatie civique, mais bien d'une Croatie uni-ethnique. Une Journée du crime contre les citoyens croates, la société et l'Etat. Il est donc absurde et morbide que ce même Etat la célèbre comme un jour de fête. Le caractère de l'opération Tempête est tout aussi douteux dans la mesure où de nombreuses preuves historiques en donnent une image précise : non seulement la façon dont l'opération a été exécutée, non seulement les conséquences catastrophiques qu'elle a entraînées, mais aussi les transcriptions de Brijuni qui montrent que le nettoyage ethnique avait été organisé au plus haut somme de l'Etat, lors de la réunion entre le président Tuđman et les généraux de l'Armée croate (HV).

Certains contestent l'authenticité des transcriptions de Brijuni, pourtant leur existence est non seulement attestée par des preuves matérielles, mais aussi par les indices qui renforcent cette idée : les transcriptions de Brijuni cadrent parfaitement si on les remet dans le contexte du comportement du sommet de l'Etat croate au cours des années 90 (les discours nationalistes et chauvins, la disparition de la minorité nationale serbe partout dans le pays, les crimes de guerre qui n'ont pas été jugés - en les encourageant ainsi indirectement -, la propagation systématique de la haine envers une partie des citoyens croates).

On ne peut pas ignorer la déclaration de Tuđman, qui après l'opération Tempête avait déclaré qu'a disparu "un facteur de trouble" de la Croatie. Rien que cette expression, reliée avec les autres indices, place Tuđman dans la même catégorie qu'un Hitler, la catégorie d'un nettoyeur ethnique agissant avec préméditation.

C'est pourquoi nous estimons que l'opération Tempête, compte tenu de la place honteuse qu'elle occupe dans l'histoire croate, ne saurait aucunement être célébrée comme un jour de fête, quand bien même aurait-elle permis d'atteindre d'importants objectifs politiques. Car en l'occurence l'ampleur du crime a jeté une ombre sur ses conséquence positives (l'instauration de la souveraineté de la République de Croatie sur l'ensemble du territoire). Compte tenu de ce que la République de Croatie a été proclamée Etat autonome et indépendant le 25 juin 1991, que le 8 octobre 1991 elle est formellement devenue un Etat indépendant, et qu'elle n'a recouvré sa pleine souveraineté sur son territoire qu'en 1998, lors de la réintégration pacifique de la Slavonie orientale, il est clair que le 5 août 1995 est une date d'une bien moindre importance pour l'histoire de l'Etat croate. Aussi estimons-nous que fêter son anniversaire revient avant tout à célébrer un crime et non pas une libération.
 
Nous considérons des plus hypocrites les déclarations du genre "l'opération Tempête a eu son côté sombre, mais fondamentalement il s'agit d'une brillante et grande victoire", puisque cette offensive ne peut être scindée en l'opération elle-même (prétendument pure comme une larme) et les crimes commis dans son sillage, en admettant que dans son essence elle constitue un crime de nettoyage ethnique. Cela, nous en sommes persuadés, apparaîtra dans les jugements rendus par le Tribunal pénal international pour l'ex Yougoslavie au terme des procédures qui sont en cours.


Signé par le président de l'organisation municipale de Rijeka du Parti des travailleurs socialistes de Croatie



Pobjeda jednoetničke Hrvatske
 

Izjave tipa “Oluja je imala i tamnu stranu, ali se u osnovi radi o briljantnoj akciji i velikoj pobjedi” smatramo krajnje licemjernim, jer se akcija Oluja ne može dijeliti na samu akciju (tobože čistu kao suza) i zločine nakon nje, budući da je njena bit zločin etničkog čišćenja – kaže se u saopćenju Socijalističke radničke partije

Ovih dana, kao i svake godine početkom kolovoza, iritantno je pratiti hrvatske medije, koji pompozno i navijački slave praznik pretenciozno i patetično nazvan “Dan pobjede i domovinske zahvalnosti”, bez da se itko kritički osvrnuo na akciju “Oluja”, a kamoli spomenuo istinu o biti te akcije - činjenicu da je akcija Oluja planirana, organizirana i provedena kao zločinačka organizacija etničkog čišćenja, kojom je velik broj hrvatskih građana protjeran s njihovih vjekovnih ognjišta, čime je akcija Oluja poprimila karakter protuhrvatske operacije, budući da je (s)rušila vrijednosti proklamirane Ustavom RH: hrvatski građani su ubijani, protjerivani, uništavana im je imovina.

Stoga 5.8. nije dan pobjede građanske, već jednoetničke Hrvatske. Dan zločina nad hrvatskim građanima, društvom i državom, pa je apsurdno i morbidno da ga ta ista država obilježava kao praznik. Karakter akcije Oluja nije ni najmanje upitan, jer ga precizno oslikavaju brojni povijesni dokazi: ne samo način na koji je akcija provedena, ne samo njene katastrofalne posljedice, nego i brijunski transkripti koji dokazuju da je etničko čišćenje bilo dogovoreno u najvišem državnom vrhu, na sastanku predsjednika Tuđmana s generalima HV-a.

Neki osporavaju autentičnost brijunskih transkripata, ali o njihovom postojanju ne svjedoče samo materijalni dokazi, već i indicije koje osnažuju vjeru u njihovo postojanje: u kontekst ponašanja hrvatskog državnog vrha (nacionalistički i šovinistički govori, nestajanja civila srpske nacionalnosti diljem zemlje, ratni zločini koji nisu procesuirani, i na taj način neizravno poticani...; općenito sustavno širenje mržnje protiv dijela hrvatskih građana) u devedesetim godinama brijunski transkripti se odlično uklapaju.

U pitanje se ne može dovesti Tuđmanova izjava, koji je nakon Oluje rekao da je iz Hrvatske nestao "remetilački faktor". Već ovaj termin, u sklopu s ostalim indicijama stavlja Tuđmana u hitlerovsku kategoriju, kategoriju etničkog čistača s predumišljajem.

Stoga smatramo da se akcija Oluja, s obzirom na sramotno mjesto koje zauzima u hrvatskoj povijesti, nikako ne bi smjela obilježavati kao državni praznik, čak i da su njome postignuti važni politički ciljevi, budući da bi u tom slučaju razmjer zločina zasjenio njene pozitivne posljedice (uspostavu suvereniteta RH na cijelom teritoriju). S obzirom na to da je RH 25.6.1991. proglašena samostalnom i neovisnom državom, da je 8.10.1991. i formalno postala neovisna država, te da je puni suverenitet na svom teritoriju ostvarila tek 1998., mirnom reintegracijom istočne Slavonije, jasno je da je 5.8.1995. datum od mnogo manjeg značenja za povijest hrvatske državnosti, pa smatramo da je njegovo obilježavanje prvenstveno slavljenje zločina, a ne oslobađanja.

Izjave tipa “Oluja je imala i tamnu stranu, ali se u osnovi radi o briljantnoj akciji i velikoj pobjedi” smatramo krajnje licemjernim, jer se akcija Oluja ne može dijeliti na samu akciju (tobože čistu kao suza) i zločine nakon nje, budući da je njena bit zločin etničkog čišćenja. To će se, uvjereni smo, vidjeti i u presudama Međunarodnog kaznenog tribunala za bivšu Jugoslaviju, na kraju postupaka koji su u tijeku.

* Autor je predsjednik Gradske organizacije SRP Rijeka

Source : e-novine.com, le 5 août 2010.
 


Commentaires

Dernier commentaire    Commentaires terminés   Fermer les commentaires
 
0 commentaire
 
 
posté le 04-08-2010 à 11:51:50

GOLJP : les peines auraient dû être plus sévères
 

- Je ne vois tout simplement aucne raison pour que soit puni de huit années de réclusion un crime ayant consisté à attacher des civils avec des rubans adhésifs, à tuer d'une balle dans la nuque et à jeter des corps dans le fleuve de la Drave ou bien à forcer les gens à boire de l'acide sulfurique d'une batterie, estime le président du GOLJP Zoran Pusić.

Le Comité civique pour les Droits de l'Homme (GOLJP) ainsi que Documenta - le Centre pour la confrontation avec le passé - ont exprimé leur mécontentement suite au jugement rendu pour l'assassinat de Serbes d'Osijek, en particulier concernant la réduction de peine pour tous les accusés, notamment Branimir Glavaš.

Le président du GOLJP estime que les peines prononcées en première instance frisaient déjà le minimum étant donné les circonstances dans lesquelles le crime a été commis. La décision de la Cour suprême n'en apparaît que plus surprenante et incompréhensible pour Zoran Pusić.

Que la réaction de Branimir Glavaš eût été sincère ou pas, son argumentation paraît convaincante, du moins sur le plan logique.* Les arguments [exposés] durant le procès en première instance m'ont paru convaincant, or si la Cour suprême a confirmé que des crimes avaient bel et bien été commis, les peines auraient alors dû être plus sévères. Si la Cour avait conclu que Glavaš n'est pas coupable et n'a pas participé aux crimes, elle aurait dû l'acquitter et demander à ce que l'affaire soit rejugée. Mais je ne vois pas de circonstances atténuantes pour ces crimes monstrueux, a déclaré Pusić.

Il a attiré l'attention sur le fait que par le jugement rendu par la Cour suprême on considère que les crimes commis sont "des délits de situation", et que la majorité d'entre eux ont été commis après la chute de Vukovar, en encourageant ainsi les actes de représailles.


* En effet, Branimir Glavaš a réagi à l'énoncé de sa réduction de peine en déclarant : "Si la Cour suprême a établi en dehors de tout soupçon que je suis coupable elle aurait du me condamner à la peine maximale de 20 ans de prison".



GOLjP : kazne su morale biti strože

– Naprosto ne vidim argumente da se s osam godina zatvora kazni zločin koji se sastoji u vezanju civila ljepljivom trakom, ubijanjem metkom u potiljak, bacanjem tijela u Dravu ili tjeranjem ljudi da piju kiselinu iz akumulatora, smatra predsjednik GOLJP-a Zoran Pusić
1 august 2010

Građanski odbor za ljudska prava (GOLJP) i Documenta – Centar za suočavanje s prošlošću izrazili su nezadovoljstvo presudom za likvidacije osječkih Srba, osobito smanjenjem kazni svim osuđenima, a napose Branimiru Glavašu.

Predsjednik GOLJP-a smatra da su već kazne izrečene u prvostupanjskom procesu bile na rubu minimuma za okolnosti počinjenih zločina. Odluka Vrhovnog suda zato je Pusiću čudna i nerazumljiva.

– Bez obzira na to je li reakcija Branimira Glavaša bila iskrena ili ne, njegov argument, barem na logičkom nivou, zvuči uvjerljivo. Meni su tijekom procesa argumenti za prvostupanjsku presudu bili uvjerljivi, a ako je Vrhovni sud utvrdio da su zločini počinjeni, onda su kazne morale biti strože. Ako je sud našao da Glavaš nije kriv i da nije sudjelovao u zločinima, morao ga je osloboditi ili vratiti proces na ponovno suđenje. Ali ne vidim olakotne okolnosti za ove strašne zločine, kazao je Pusić.

Upozorio je i na činjenicu da se presudom Vrhovnog suda ocjenjuje kako su počinjeni zločini »situacijski delikti«, te da ih je većina počinjena nakon pada Vukovara, čime se zapravo honorira odmazdu.

Source : zamirzine.net, le 1er août 2010.
 


Commentaires

Dernier commentaire    Commentaires terminés   Fermer les commentaires
 
0 commentaire
 
 
posté le 03-08-2010 à 20:59:38

27 ans de prison requis contre Gotovina

 

 

Une peine de 27 ans de prison a été requise contre l'ancien général croate Ante Gotovina, poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité devant le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie.


"L'accusation recommande que la chambre condamne Gotovina à 27 ans d'emprisonnement", a annoncé l'accusation dans un document daté du 16 juillet et rendu public aujourd'hui.

Des peines de 23 et 17 ans de prison ont été requises contre les deux coaccusés de M. Gotovina, Mladen Markac, âgé de 55 ans, et Ivan Cermak, âgé de 60 ans, eux aussi d'anciens généraux croates.


Les trois hommes sont notamment poursuivis pour des pillages, mauvais traitements, meurtres, persécutions ou déportations des Serbes de la Krajina (est de la Croatie) commis entre juillet et septembre 1995. Leur procès s'était ouvert le 11 mars 2008.

"Chacun des accusés a commis des offenses affreuses et discriminatoires contre la population serbe de la Krajina qui ont eu des conséquences d'une grande portée", a soutenu l'accusation, affirmant que le trois hommes n'avaient montré "aucun remords".

M. Gotovina, 54 ans, avait été arrêté en Espagne en décembre 2005 après s'être caché pendant quatre ans. L'ancien général était le commandant de l'opération "Tempête" lancée par l'armée croate à la fin de cette guerre. Elle visait à reconquérir la Krajina, dernière région tenue en 1995 par les Serbes séparatistes de Croatie et aurait, selon l'accusation, provoqué la fuite de 90.000 Serbes et la mort de 324 civils.

 

Source : lefigaro.fr, le 3 août 2010. 

 


Commentaires

Dernier commentaire    Commentaires terminés   Fermer les commentaires
 
0 commentaire
 
 
posté le 03-08-2010 à 14:24:33

Le Schindler de Brčko
 


"Dans la salle sont entrés trois soldats serbes, jamais je ne les avais vus auparavant. Je me rappelle de l'instant où l'un d'eux a crié : "Ces gens vivront!". Ensuite a éclaté une grosse bagarre entre ces trois là et les autres soldats. J'ai entendu comment l'un d'entre eux ordonnait que soit "amené un autocar'". Et ainsi fut-il : après un certain temps est arrivé l'autocar, et le soldat qui s'était opposé au crime, malgré les menaces de celui armé des quatre couteaux, a conduit vers l'autocar Enes et vingt-huit autres martyrs qui ce jour-là attendaient leur tour pour être exécutés. Les personnes sauvées ont été amenées à Bjeljina en autobus...

 

 

 

L'homme répondant au nom d'Enes Čelosmanović est né à Brčko en 1953, là où il a vécu jusqu'en 1992. On sait très bien ce qui s'est passé cette année-là en Bosnie-Herzégovine. Pareil pour la ville natale d'Enes. En dépit de cela, Enes et sa famille n'avaient pas voulu s'enfuir de Brčko.

"Jamais je n'ai fait de mal à personne", explique Enes. "On a cru que c'était une raison suffisante pour ne rien avoir à craindre ni personne. Et peut-être que toute personne normale se serait dit la même chose."

Même lorsque, la veille du 1er mai, furent minés les ponts de Brčko qui enjambent la Save, et que beaucoup de citoyens pris de panique s'enfuirent de la ville, les Čelosmanović ne songèrent pas à s'en aller. Ils troquèrent néanmoins leur appartement pour la cave du bâtiment, sait-on jamais.  

Celui qui était alors le maire de Brčko, Mustafa Ramić (du Parti de l'action démocratique) a tenu un discours devant les caméras, au cours duquel il a appelé  les citoyens à ne pas fuir la ville, tout en disant que ceux qui entre temps avaient néanmoins fui étaient libres de revenir, "car l'Armée populaire yougoslave (JNA) était là et qu'elle ne permettrait pas qu'il arrive quoi que ce soit", se rappelle Enes comme si cela s'était passé hier. "Mais tout de suite après ce discours Ramić a pris sa voiture et il a fui Brčko".

Quelques jours plus tard, onze autobus venant de Bjeljina ont amené des volontaires serbes à Brčko, poursuit Enes. "Ils n'ont pas perdu de temps. Ils ont visité tour à tour les maisons et les immeubles et les ont 'libérés' des gens".

Rapidement est arrivé le tour de l'immeuble d'Enes.

"Est venu nous chercher mon premier voisin (initiales D.N.), on vivait littéralement une porte en face de l'autre", se rappelle Enes dans un soupir. "Ce faisant il a fait prisonnier mon père qui avait alors 72 ans, ainsi qu'un enfant âgé de seulement deux ans et un mois."

Les personnes faites prisonnières, environ un millier, ont d'abord été placées dans le bâtiment de la Garnison de l'ancienne JNA, à peine éloigné d'une centaine de mètres de l'immeuble d'Enes.

"Le matin ils ont d'abord séparé les Serbes et les non-Serbes, puis les femmes et les hommes", raconte Enes pour décrire le début de son propre calvaire, mais aussi celui de centaines de ses concitoyens. "En gros, environ 700 habitants de Grčko ont été répartis dans divers endroits qui ont été transformés en camps".

Enes ainsi qu'un groupe de 95 personnes a été amené à la salle de sport "Partisan", où dans son plus jeune âge il s'était entraîné au volley-ball. "Dès notre arrivée, on a trouvé sur place une quinzaine de cadavres".

L'enfer est un faible mot pour décrire ce qu'Enes et les autres détenus ont vécu les jours suivants dans cette salle de gym.

"Les soldats rivalisaient pour imaginer les tortures physiques les plus immondes", se rappelle Enes. "Ils nous obligeaient à lécher le sang des cadavres, ils nous frappaient dans les parties génitales..."

Aucun des détenus n'a eu eu "la chance au milieu du malheur" d'être tué sans avoir été auparavant torturé et maltraité des manières les plus pathologiques qui soient. Les soldats s'amusaient de surcroît en jouant à "la roulette russe" avec les prisonniers. Enes affirme avoir personnellement survécu à trois de ces "jeux".

Parmi les tortionnaires, un s'est particulièrement distingué qui venait dans la salle muni de quatre poignards, deux dans chaque botte. Il nous a dit que pour la Saint-Georges il voulait avoir "deux cent têtes au bout de son poignard". A une occasion il nous a distribué un morceau de lard et nous a apporté une bouteille de cognac, en nous signalant que c'était la toute dernière dans notre vie. Ensuite il nous a ordonné que l'on 'débarrasse la chemise (autour du cou, N.D.T.) pour que le couteau passe plus facilement'".

C'est alors qu'est arrivé quelque chose qu'Enes se rappellera toute sa vie.

"Dans la salle sont entrés trois soldats serbes, jamais je ne les avais vus auparavant. Je me rappelle de l'instant où l'un d'eux a crié : "Ces gens vivront!". Ensuite a éclaté une grosse bagarre entre ces trois là et les autres soldats. J'ai entendu comment l'un d'entre eux ordonnait que soit 'amené un autocar'". Et ainsi fut-il : après un certain temps est arrivé l'autocar, et le soldat qui s'était opposé au crime, malgré les menaces de celui aux quatre couteaux, a conduit vers l'autocar Enes et vingt-huit autres martyrs qui ce jour-là attendaient leur tour pour être exécutés. Les personnes sauvées ont été amenées à Bjeljina en autocar...

Etant donné que Bjeljina était alors sous le contrôle des hommes d'Arkan, Enes et ses compagnons de voyage ne pouvaient pas non plus s'y sentir en sécurité. "Pendant quelques jours je me suis caché dans la maison d'un policier des lieux. Mais comme la femme de cet homme appartenait à l'unité d'Arkan, en aucun cas je ne pouvais y rester plus longtemps."

Par chance, avec l'aide ce celui qui l'abritait, il a réussi à passer à Tuzla. Plus tard c'est de là que grâce à l'un de ses vieux partenaires en affaires il est passé en Croatie où il vit aujourd'hui encore.

Depuis ce jour, Enes n'a pratiquement eu qu'un seul désir : faire la connaissance de son sauveur. Il a fallu seize ans pour que soit exaucé son désir, et cela grâce à Denis Latin, un animateur bien connu de la TV croate, au cours de son émission populaire appelée "Latinica" que diffuse la Télévision publique croate. A cette occasion Enes a rejoint sa ville natale pour la première fois depuis qu'il a vécu les horreurs du camp de détention à Brčko. La rencontre émouvante avec Radomir Lakić, c'est ainsi que s'appelle l'Homme qui en son temps avait sauvé Enes et vingt huit autres civils - s'est déroulée en plein centre de Brčko, dans un petit café à peine éloigné d'une centaine de mètre de la funeste salle de gym.

"Ce sentiment, étreindre un homme qui t'a sauvé la vie, lui serrer la main, ne se laisse pas décrire par des mots".

Radomir Lakić - l'Oskar Schindler de Bosnie - tel que l'appelle Enes, était à l'époque de la guerre un membre du Régiment policier serbe d'Ugljevik, une localité située à quarante kilomètres de Brčko. Ayant appris à l'époque que des centaines de civils innocents de nationalité non serbe avaient été faits prisonniers en divers endroits, Radomir s'était mis en tête de sauver les vies des innocents. Les vingt neuf personnes de la salle de gym parmi lesquelles figurait Enes ne sont pas les seules qui doivent leur vie à Radomir Lakić. Cet homme courageux et noble est parvenu durant la guerre à sauver soixante-dix personnes au total. Si chaque ville en Bosnie-Herzégovine avait eu moins eu son Radomir Lakić...

Outre Radomir, il conviendrait d'attirer l'attention sur le nom d'un autre homme qui a également beaucoup fait pour sauver des civils innocents. Il s'agit du chef à l'époque de la police d'Ugljevik, dont le large public, de même que pour Lakić, ne sait pratiquement rien.

Enes Čelosmanović, l'homme qui depuis des années se bat avec ténacité et suite dans les idées pour que la vérité voie le jour, vit maintenant à Zagreb. Sa famille a perdu dans la guerre jusqu'à dix-sept membres. Dans sa ville natale de Brčko il ne passe qu'occasionnellement. "Le plus dur est lorsque je vois que les assassins se promènent plus librement que moi dans les rues de Brčko", dit-il résigné. Pas plus la justice de Brčko que celle de Bosnie-Herzégovine n'a jamais engagé aucune procédure à l'encontre de ceux qui ont organisé les camps et y ont torturé et massacré des civils. Enes s'est offert aux organes compétents en qualité de témoin, mais au lieu d'une réponse il a eu droit à la conspiration du silence. Sa proposition afin que soit rendu les hommages mérités à Radomir Lakić et aux autres héros de sa trempe a été reçue avec moquerie. Cependant le comble de l'ironie, le summum du cynisme de l'existence, est incarné dans le Monument aux libérateurs serbes qui trône honteusement en plein centre de Brčko. Dans cette ville les dépouilles de 80 victimes civiles de la guerre ont été inhumées il y a tout juste quelques années.

"Pourquoi et en dépit de ce qu'il existe suffisamment de preuves pour traduire en justice les criminels, personne de compétent n'a-t-il encore bougé le petit doigt sur cette question", se demande Enes. Environ 380 corps ont été exhumés et identifiés, il existe des témoignages de détenus ayant survécu, mais aussi des déclarations des soldats serbes eux-mêmes."

Il semble que la réponse ne soit pas difficile à deviner.

Cette histoire ne décrit qu'un fragment des souffrances et des étranges circonstances dans lesquelles se sont entremêlés les destins d'Enes Čelosmanović et de Radomir Lakić. A l'heure actuelle, Radomir se trouve à la prison de Foča où il purge une peine prononcée suite à un prétendu trafic d'armes. Enes, qui après avoir de nouveau rencontré Radomir est resté en contact permanent avec lui et sa famille, croit sur base de ses informations et de ses déductions que l'accusation contre Radomir a été montée. Une telle hypothèse - et non pas affirmation étant donné qu'il ne possède aucune preuve matérielle - il la fonde sur plusieurs raisons.

"Rapidement après l'émission 'Latinica' à la télévision publique croate, Radomir et moi avons commencé à recevoir des menaces. Radomir a même dû changer quelques habitudes de vie et être constamment sur ses gardes parce que sa vie était menacée. Cela d'autant plus qu'il est le premier, voire le seul soldat serbe, qui a parlé en son nom propre au sujet des crimes de masse commis contre les civils à Brčko. Malheureusement non pas devant les organes officiels puisque la justice n'a jamais manifesté d'intérêt pour de tels témoignages".

L'affaire a atteint son apogée lorsque Enes et Radomir ont été invités à participer à l'émission de la célèbre Oprah Winfrey, une période où il avait été annoncé que Radomir devait recevoir la reconnaissance internationale en tant qu'humaniste de la décennie, et cela sur proposition de l'organisation non gouvernementale Gariwo, à la tête de laquelle se trouvait la petite-fille de Tito, Svetlana Broz. L'arrestation de Radimir a eu lieu peu après tout cela. D'après ce qu'Enes a appris de source non officielle, l'accusation contre Radomir pour "possession d'une fabrique illégale d'armes à proximité de Tuzla", lui a été collée justement parce qu'il "parlait trop".

Qu'il y ait des raisons ou pas de s'en prendre à Radomir, nous savons tous que des criminels notoires se promènent en toute sérénité au travers de ce qui était notre patrie commune, et que certains vont même jusqu'à jouir du statut "de citoyens renommés". Faut-il alors s'étonner devant la possibilité qu'une homme innocent se retrouve injustement en prison. Au demeurant, même si l'accusation en vertu de laquelle Radomir fait de la prison était exacte, Enes se pose une question logique à lui-même, et à nous tous aussi : "Même si Radomir a véritablement été après la guerre un trafiquant d'armes, est-ce cela peut changer l'idée que l'on se fait de son acte courageux d'avoir sauvé 70 vies humaines ?"

Une chose reste sûre : cette histoire doit être comprise avant tout comme un éloge des qualités humaines, d'autant plus grandes qu'elles ont été manifestées dans des conditions où les bêtes sauvages faisaient la loi. A l'inverse si cette histoire devait servir à ceux qui passent leur temps à décortiquer les graines sanglantes pour leurs éternels processus de différenciation entre "nous" et "eux", ce ne serait qu'une preuve de plus que nous ne sommes pas capables de tirer les vraies leçons.

 

Source : e-novine.com, le 2 août 2010. 

 


Commentaires

Dernier commentaire    Commentaires terminés   Fermer les commentaires
 
0 commentaire
 
 
posté le 02-08-2010 à 17:21:37


Les exportations croates en hausse de 10,1%, les importations en recul de 7,7%
 

La hausse des exportations, accompagnée d'une baisse des importations ainsi que d'une réduction du déficit, caractérise la première moitié de l'année dans les échanges de marchandises entre la Croatie et l'étranger. Les exportations de marchandises croates, exprimées en kunas, se montent pour les six premiers mois de l'année à 30,57 milliards de kunas, ce qui représente une augmentation de 10,1% par rapport à la même période de l'année dernière.

D'après les données provisoires de l'Office des statistiques, les importations chiffrées à 52,2 milliards de kunas ont reculé de 7,7% par rapport aux six premiers mois de l'année dernière. Le déficit dans les échanges de marchandises avec l'étranger a ainsi atteint 21,6 milliards de kunas (-24,9%). Le taux de couverture (export/import) représentait 58,6% pour les six premiers mois de l'année.



Hrvatski izvoz povećan 10,1 posto, uvoz manji 7,7 posto
 

Rast izvoza uz pad uvoza i smanjenje deficita obilježja su hrvatske robne razmjene s inozemstvom u prvoj polovici ove godine. Hrvatski robni izvoz, iskazan u kunama, u prvih šest mjeseci ove godine iznosio je 30,57 milijardi kuna, što je povećanje za 10,1 posto u odnosu na isto prošlogodišnje razdoblje.

Prema privremenim podacima Državnog zavoda za statistiku istodobno je uvoz, ostvaren u ukupnom iznosu od 52,2 milijarde kuna, bio za 7,7 posto manji nego u prvih šest mjeseci prošle godine. Deficit u robnoj razmjeni s inozemstvom tako je iznosio 21,6 milijardi kuna i bio je za 24,9 posto manji nego u istom razdoblju lani. Pokrivenost uvoza izvozom u hrvatskoj robnoj razmjeni s inozemstvom u prvih šest mjeseca ove godine bila je 58,6 posto. (H)

Source : liderpress.hr, le 2 août 2010.
 


Commentaires

Dernier commentaire    Commentaires terminés   Fermer les commentaires
 
0 commentaire
 
 
 

Ajouter un commentaire

Pseudo : Réserve ton pseudo ici
Email :
Site :
Commentaire :

Smileys

 
 
 
Rappel article