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Balkanikum

posté le 25-05-2012 à 17:44:05


Soutenir l’Eurocampus franco-allemand de Zagreb

 

 

Par Pierre-Yves Le Borgn’

 

J’étais hier à Zagreb. La Croatie entrera dans l’Union européenne le 1er juillet 2013. La manne des fonds structurels européens permettra au pays d’accélérer son développement économique via de nouvelles infrastructures. L’entrée dans l’Union accentuera son ouverture, déjà bien assise, aux investissements étrangers et à la présence d’une communauté internationale à Zagreb comme aussi sur la côte de la mer Adriatique. Le tourisme représente une belle part de l’économie croate. Songeons que plus de 400 000 Français séjournent en Croatie l’été ! La France ne dispose pas de Consulats honoraires sur la côte croate, l’ensemble du dispositif consulaire étant regroupé à Zagreb. Deux policiers français, parlant le croate, sont détachés à Dubrovnik durant l’été pour prêter assistance aux touristes français. Ils patrouillent avec la police croate, comme le font aussi des policiers allemands, tchèques, hongrois ou encore roumains. C’est une coopération technique bienvenue, très appréciée des autorités croates. Ces policiers étaient notamment intervenus auprès des familles des 8 victimes françaises du tragique accident ferroviaire de Split en juillet 2009.
 

Développer et renforcer nos liens avec la Croatie est nécessaire. A la différence d’autres pays du sud de notre circonscription, la Croatie n’a pas en effet de tradition ni de lien historique avec la France. Il y a à Zagreb un Institut culturel qui accomplit un remarquable travail de partenariat et de programmation commune avec diverses organisations croates actives dans le domaine culturel. L’Institut dispose d’une belle médiathèque. Les cours de français sont dispensés par les Alliances françaises, au nombre de 5 dans le pays. Plus de 1 600 élèves sont recensés, dont 1 200 à Zagreb. Ces dernières années, l’Alliance Française de Zagreb a pu, grâce au soutien de l’Organisation Internationale de la Francophonie, former plusieurs centaines de fonctionnaires croates à notre langue. C’est certainement un effort à prolonger dans la perspective prochaine de l’adhésion à l’Union européenne. Il se tiendra à Paris un Festival de la Croatie à l’automne, pour lequel nos autorités à Zagreb sont en outre très engagées. François Hollande a invité le Président Zoran Milanovic à se rendre en France en visite d’Etat à cette occasion.
 

Il existe à Zagreb une école française, intégrée avec une école allemande dans un Eurocampus. L’école couvre les classes maternelles et primaires. Les classes de collège sont assurées avec le concours du CNED. Une centaine d’enfants fréquentent l’école française et une autre centaine l’école allemande. L’Eurocampus est hébergé depuis 6 ans sur un site appartenant à des jésuites. Le renouvellement annuel du bail rend difficile la réalisation d’investissements lourds. Le développement de l’Eurocampus requiert une solution immobilière pérenne. Une idée à cette fin pourrait être la mise à disposition par le gouvernement croate ou la ville de Zagreb d’un terrain pour une très longue durée, qui permettrait la construction d’un nouvel ensemble franco-allemand au bénéfice des deux écoles. Cette perspective présenterait aussi pour les Croates l’avantage d’avoir à Zagreb une école européenne, à l’offre d’enseignement autrement meilleure et plus abordable que l’école américaine ou les écoles internationales privées créées ces dernières années.
 

J’ai été très séduit par l’Eurocampus franco-allemand de Zagreb. Il en existe quatre autres dans le monde, à Dublin, Manille, Shanghai et Taipei. Les deux écoles cohabitent sous un même toit, chacune assurant ses programmes, avec un tronc commun européen sur les langues. Les élèves ont ainsi accès ensemble au français, à l’allemand, à l’anglais et au croate. Cela crée entre eux les solidarités de fait. Chacune des écoles conserve un comité de gestion distinct, à structure parentale pour les Français et à représentation d’entreprises pour les Allemands. Le lancement d’un projet immobilier pour l’Eurocampus entrainerait probablement l’évolution vers un comité de gestion commun. La consolidation de l’Eurocampus repose aussi sur l’offre pédagogique dans les petites classes, notamment sur le Kindergarten, qui attire les familles croates. Les enfants du Kindergarten resteront en effet pour la plupart ensuite dans les plus grandes classes de l’Eurocampus, qu’elles soient allemandes ou françaises, assurant ainsi leur développement.
 

A terme, l’Eurocampus peut grandir pour atteindre une taille critique estimée à 350 à 400 élèves. Ce serait un remarquable résultat. Dans l’immédiat cependant, la solution du CNED reste la seule possible pour les élèves de collège. Obtenir un traitement rapide des corrections et devoirs des collégiens par le CNED est donc une priorité. Plus généralement, l’augmentation du volume des bourses scolaires, au programme de la gauche, doit permettre aussi de rendre plus accessible l’inscription à l’école pour les familles à revenus modestes et moyens. Enfin, dans la perspective de la célébration du 50ème anniversaire du Traité de l’Elysée en 2013 et de la négociation d’un second Traité unissant la France et l’Allemagne, le retour d’expérience des Eurocampus et en particulier de celui de Zagreb est un atout précieux pour développer en Europe et au-delà ces formules souples de coopération franco-allemande dans la sphère scolaire. J’aurai à cœur, si je suis élu député, de mettre en valeur le travail réalisé à Zagreb et d’accorder à l’Eurocampus, à ses élèves et à la communauté éducative tout le soutien qu’ils méritent.

 

Source : pyleborgn2012.eu, le 25 mai 2012.

 

 


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posté le 24-05-2012 à 21:35:19


Le 25 mai

 

 

La date anniversaire de Josip Broz Tito, le 25 mai, avait été décrétée "journée de la jeunesse". Elle donnait lieu chaque année à un rassemblement grandiose dans un stade de Belgrade où l'on remettait solennellement au président Tito un témoin, symbole de la fraternité et de l'unité du pays, qui était passé de main en main sur tout le territoire de l'ancienne Yougoslavie.

 

***

 

« Petits pionniers nous sommes la véritable armée, chaque jour nous grandissons telle 'l’herbe verte'», chantaient alors les pionniers* de Tito.

 

Toutefois lorsque nous nous rappelons de ces temps anciens on est bien obligé de se demander s’il s’agit seulement de la classique mélancolie à l’égard de nos jeunes années ou bien d’une façon d'échapper à l’ingrate réalité. D’aucuns estiment que la qualité de la vie était meilleure, que les taux de criminalités étaient plus bas et que les jeunes avaient un avenir, aussi bien privé que professionnel. D’autres en revanche n’ont pas une opinion positive sur cette époque.

 

Il n’en reste pas moins que plus de trente ans après sa mort, Tito reste présent. Il possède même son fan club ainsi qu’une page Facebook qui lui est dédiée.

 

Tito y figure toutefois davantage comme prétexte pour ceux qui aiment se transporter dans une époque plus simple. Pour les autres, elle sert de galerie rétrospective sur la façon dont on vivait alors.

 

 

 

 

(apparemment pas trop mal)

 

 

* Les pionniers

 

Tous les enfants de l'école primaire de la République de Yougoslavie étaient inscrits dans l'organisation des pionniers de Tito. Ils revêtaient des uniformes pour les réunions importantes, sinon ils portaient les vêtements de chaque jour. Ils se saluaient avec des salutations militaires. Ils devaient faire le serment solennel pour être accueilli dans l'organisation ayant notamment développé la fidélité à la République de Yougoslavie, son égalité et les idées de son chef Josip Broz Tito.

 

La réception solennelle avait lieu le jour de la République, le 29 novembre (en général on devenait pionnier la première année de l’école élémentaire).

Ce jour-là les enfants recevaient l’uniforme, qui était composé:

- du foulard rouge

- de la Titovka (la casquette bleue avec l'insigne)

- de la chemise blanche

- du pantalon bleu ou de la jupe bleue pour les filles

- des chaussures noires

 

La promesse des pionniers

 

Aujourd'hui, quand je deviens pionnier,

J’affirme par serment des pionniers:

que j'apprendrai et travaillerai avec diligence,

que je respecterai les parents et les personnes âgées,

que je serai un compagnon fidèle et sincère,

que je réaliserai la promesse donnée.

 

Que je suivrai le chemin des meilleurs pionniers,

j’apprécierai la célèbre œuvre des partisans

et des gens avancés du monde,

qui veulent la liberté et la paix.

 

Que j'aimerai ma patrie,

toutes ses nations fraternelles,

que je créerai une nouvelle vie

pleine de joie et de bonheur.

 

L'inscription pour un bon pionnier

 

Honnête

Sincère

Politesse

Intrépide

Inventif

Généreux

 

 

 

 

 

 La journée de la jeunesse du 25 mai 1979

 

 


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posté le 24-05-2012 à 19:12:03


Crise de l’Euro, la Serbie tente de protéger sa monnaie

 

 

Avec la crise des dettes européennes dans l'Union, souffle un vent d'ouest menaçant sur le dinar serbe. La devise du pays le plus largement peuplé des Balkans s'est affaissée à un niveau de faiblesse inédit cette semaine, glissant à 116 dinars pour un euro et obligeant la banque centrale à voler à son secours en dépensant 80 millions d'euros de ses réserves.

 

Un an plus tôt, il fallait seulement une centaine de dinars pour un euro. Depuis le début de l'année, l'institution aurait dépensé près d'un milliard d'euros pour soutenir sa devise nationale. Une mesure qui n'a pas fait ses preuves : au cours de la même période, le dinar a perdu environ 7,3 % contre l'euro.

Les investisseurs ont abandonné en masse la monnaie, le RSD pour les traders de devises, depuis l'échec de la coalition de gouvernement de Tadic, qui incarnait la volonté d'entrer dans l'Union européenne (UE), et la victoire du leader de droite Tomislav Nikolic... qui éprouve lui-même des difficultés à former un gouvernement.

"Cela alourdit les charges de ceux qui ont contracté des crédits en euros ou paient leurs loyers dans cette devise. Ils doivent dégager encore plus de dinars, afin de rembourser leurs crédits, alors que leurs revenus n'augmentent pas", explique Yves Tomic, vice-président de l'Association française d'études sur les Balkans. "70% des prêts aux entreprises sont en euros", ajoute-t-il, un mauvais point pour la reprise attendue.

GLOIRE ET DÉBOIRES DU DINAR

Le dinar a pourtant connu son heure de gloire sur le marché du forex, grâce au taux directeur élevé fixé par la Banque centrale de Serbie. Un loyer de l'argent élevé garantit un bon rendement aux cambistes désireux de jouer le différentiel avec des monnaies au faible taux d'intérêt. Dans la première moitié de l'année 2011, rapporte l'agence Bloomberg, le dinar était la devise la plus performante au monde contre l'euro et le dollar.

 

Problème : l'inflation, qui évolue de façon très violente (elle était autour de 15 % en 2011, vers 3 % au début de cette année), participe à cette dépréciation de la monnaie. Or la banque centrale a annoncé, dans son dernier rapport sur le sujet, prévoir une hausse des prix autour de 6 % fin 2012. Et comme le seul moyen pour la combattre est de relever les taux d'intérêt, ce qui ralentirait une croissance déjà taclée par la crise...

"La baisse du produit intérieur brut au premier trimestre doit à un climat extrêmement froid [qui oblige à importer du pétrole en plus grande quantité, ndlr] mais aussi à la contraction de l'activité économique de nos partenaires économiques clés", dépeint la Banque dans ce rapport. Si l'on en croit ses projections, elle se serait même résignée à une récession jusqu'au troisième trimestre.

UNE MISE EN GARDE PEU HABITUELLE

Etonnament pour ce genre d'institution, qui prend habituellement de circonspectes distances avec le pouvoir politique, la banque centrale mentionne son inquiétude concernant la formation d'un gouvernement : "Du point de vue de la stabilité économique requise par les marchés et de la prime de risque [que le pays pourrait payer pour emprunter, ndlr], il serait bon que le futur gouvernement soit formé rapidement", insiste-t-elle.

Si le pays peut se féliciter que la faiblesse du dinar rende ses exportations plus compétitives, il ne peut rien contre le fait que ses principaux débouchés, à l'Ouest, se tarissent pour cause de restrictions dues à la crise. Et notamment dans l'automobile où le pays a investi ces dernières années. Le plus gros investisseur industriel étranger, US Steel, a abandonné sa participation dans l'aciérie cette année.

Face à la récession qui guette, le nouveau gouvernement aura besoin de renégocier un accord de prêt d'1 milliard d'euros avec le Fonds monétaire international, gelé en janvier en raison d'une aggravation du déficit budgétaire et de la dette publique.

 

PRÉSENCE DES BANQUES GRECQUES

 

Le vent d'ouest risque encore de souffler sur les épargnants serbes, mais cette fois en partant directement d'Athènes. En effet, la plupart des banques étrangères sont originaires de pays de l'UE, avec une part relativement importante de banques grecques et italiennes. Une tension supplémentaire sur leurs maisons mères pourrait conduire à un nouveau resserrement du crédit dans la région.

 

Alpha Bank Serbia, Eurobank EFG, la Banque du Pirée et Vojvodanska Banka sont quatre gros bailleurs de fonds des Serbes. Les banques grecques représentent au global 15 à 20 % du secteur bancaire serbe, en terme d'actifs, de prêts et de dépôts, un risque fort dans un pays qui a connu une panique bancaire il y a à peine cinq ans, quand la crise financière mondiale a commencé de sévir.

 

Une banqueroute héllène provoquerait une déflagration importante dans le pays, forçant le gouvernement à nationaliser les branches serbes des maisons grecques, ce qui approfondirait le déficit du pays, renchérirait son coût d'emprunt sur les marchés... et achèverait le dinar.

 

 

par Mathilde Damgé

 

Source : lemonde.fr, le 24 mai 2012. 

 

 

A noter qu'il y a déjà une redescente sur terre puisque l'article du Monde ne traite plus Nikolic de nationaliste ni de populiste, comme c'était le cas jusqu'à présent dans la presse francophone, mais simplement d'homme de droite. Parfois il était même appelé "nationaliste populiste" comme si ce n'était pas suffisant. Je pense notamment à certains article du point.fr (sans doute une influence de BHL), qui pour peu l'aurait traité de "nationaliste populiste sataniste et boulangiste" et pourquoi pas d'"échangiste carriériste" tant qu'on y est. 

 

 

 

 

 

 

 

 


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posté le 24-05-2012 à 15:40:45


 

La vie des uns aux abords de la colline de déchets

 

 

A vingt minutes de route seulement du centre de la capitale s’élève au bord de la Save une colline haute de cinquante mètres. Née au fil des ans par l’accumulation des déchets, une odeur insupportable s’en dégage et les habitants des localités environnantes, Mičevec et Jakuševac, vivent dans la crainte permanente d’une catastrophe… d’une explosion de gaz qui les effacerait de la surface de la terre.

 

Nous sommes à l’entrée de la décharge publique de Prudinec-Jakuševec, installée à une vingtaine de minutes du centre de Zagreb. A distance régulière, les camions poubelles gravissent une colline artificielle toute de déchets qui domine sur une hauteur de presque cinquante mètres. Au-dessus des mouettes tournent en rond dans l’attente que les chauffeurs aient déversé leur chargement afin qu’elles puissent s’emparer de la nourriture. Il est en ainsi depuis des décennies. Au pied de la décharge s’étalent des tas de compost sur une diagonale de plusieurs centaines de mètres. C’est l’usine de biocompost ouverte il y a quatre ans. Le week-end elle ne fonctionne pas.

 

Dans la localité il est interdit d’élever des porcs, parce qu’ils puent. Et ça par contre ? Bien des gens à Zagreb s’imaginent que les déchets se trouvent quelque part tout près de Sisak sans même savoir où est Jakuševec. J’ignore pourquoi on ne leur explique pas… pour leur dire les quantités et le danger dont il est question. Le problème concerne tout Zagreb. Cette colline est sans borne, elle restreint Zagreb dans son expansion… Une colline aussi peu naturelle au bord de la Save, dont nous prétendons faire un fleuve navigable, est inexplicable, fait remarquer mi-figue mi-raisin Ivica Barukčić, le président du conseil du Comité local de Mičevec, lequel nous attendait à l’entrée de la décharge.

 

A Mičevec comme dans un ghetto

 

Mičevec est une localité qui n’est séparée de la décharge que de quelques centaines de mètres à vol d’oiseau. Selon Barukčić, plus personne ne veut s’y installer. Avant la guerre y vivaient plus de 1.300 habitants alors qu’aujourd’hui on n’en compte que 1.250. A cause des déchets, explique-t-il. A cause de la puanteur insupportable qui s’échappe de la décharge mais aussi de la bombe écologique potentielle due à la concentration des gaz dans les déchets. 

 

Nous lui demandons sil les rumeurs sont fondées. S’il est possible qu’une explosion de gaz sur la décharge aurait pour effet de tout raser dans un cercle de cinq kilomètres.

 

Bien sûr que c’est vrai, les déchets ont déjà explosé deux fois sur terre ; dans la décharge il s’en est fallu de peu récemment qu’il n’y ait un accident, la police est venue et a bloqué la décharge ; par la suite nous avons appris que les biofiltres étaient hors service… répond Barukčić d’une seule traite.

La semaine dernière, la décharge de Prudinec a été visitée par la ministre de l’environnement et de la nature, Mirela Holy, accompagnée du maire de Zagreb, Milan Bandić, et des gens de la mairie. Ils sont tombés nez-à-nez sur une centaine d’habitants de Mičevec et de Jakuševac venus à grand renfort de masque à gaz, d’un orchestre funèbre et d’un cercueil. Leur but était d’attirer l’attention sur ce problème qui ne saurait être remis à demain. L’accumulation des déchets doit cesser, la décharge doit être fermée parce qu’elle pollue l’air et l’eau, sans parler du danger d’explosion, signalent les habitants que nous rencontrons dans le café du coin. Ils nous disent qu’ils vivent dans une sorte de ghetto, en effet la gare de triage et l’aéroport s’ajoutent aux déchets qui peuplent leur environnement.

 

Mes amis, lorsque le vent se met à souffler, il nous faut fermer les fenêtres tant le gaz est concentré. Les matins d’été il arrive qu’un brouillard s’échappe de tout cela, raconte Vlado Marinčević Buco.

 

Lui aussi relate l’accident survenu il y a un mois et demi, lorsque la pression avait bloqué les valves et endommagé une partie du système où sont brûlés les gaz de la décharge.

 

Il s’en est fallu d’un cheveu que ne se produise une explosion, aujourd’hui nous ne serions pas ici. La solution est de faire partir les déchets, mais aucun pouvoir, ni l’ancien ni l’actuel, pourris à tous les niveaux, n’ont rien entrepris. Ce sera à nous de faire quelque chose. Vous avez pu noter quelle colonne de camions est née lors de la récente manifestation, lorsqu’ils n’ont pas pu décharger les détritus au sommet de la décharge, martelle Buco.

Celui-ci se moque des deux mille kunas de rente écologique qu’il reçoit pour combler la différence entre la valeur de marché et la valeur amoindrie des propriétés qu’implique la proximité de la décharge. Tout ce qu’il veut, c’est que les détritus disparaissent au plus vite de l’horizon de sa maison.

 

Les habitants de Mičevec nous rappellent que les déchets ne sont pas recyclés, ce qui veut dire que tout et n’importe quoi atterrit sur la décharge, que ce soit des gravats, des pieds humains venus de l’hôpital, des médicaments ou d’autres choses.

 

Le président de l’Assemblée municipale, Davor Bernardić a dit que le problème sera résolu par une autre génération, glisse Juraj Špišić, l’un des anciens de la localité.

 

Il suggère aux responsables de trouver un autre emplacement pour stocker les ordures. D’après lui, la meilleure solution est une usine d’incinération telle qu’il en existe à Graz ou à Paris, qui en possède même trois.

 

Avec tous les assainissements réalisés à ce jour, on aurait pu construire deux incinérateurs. A partir des déchets on peut produire du courant, mais personne n’y a intérêt dès lors où il n’empocherait rien. Personne n’a demandé à Bandić pourquoi rien n’a été incinéré comme on nous avait expliqué que ce serait fait si la décharge n’était pas assainie d’ici 2012. Ne me dites pas que la ministre de l’environnement a le sens de l’écologie quand on voit toute la peinture qu’elle porte sur elle [sans doute une remarque inélégante sur son maquillage, N.d.T.], s’insurge Špišić à propos du comportement des politiciens.

 

La gorge et les yeux qui brûlent

 

A quelques minutes de route de Mičevec se trouve sa sœur voisine Jakuševac. De son centre s'étale la vue sur la colline de détritus, presque à un jet de pierre. Une odeur d’étable se dégage de certaines cours. Une femme âgée, appuyée contre la clôture, nous dit qu’il existe peu de vaches dans le village et qu’elles n’ont empoisonné personne.

 

Si vous saviez quelle puanteur ; ça brûle la gorge et les yeux, à s’étouffer, dit-elle le doigt pointé sur la décharge. Le pire est en été lorsque souffle le vent. Notre peur est que quelque chose de pire n’arrive. Nous sommes nés ici mais personne ne cherche à nous comprendre.

 

Au café du coin s’étale un panneau d’affichage sur lequel on peut lire les concentrations de gaz de décharge planant dans l’air, lesquelles sont mesurées une fois par mois. Au regard des valeurs maximales de chlorure et de sulfate tout a l’air en ordre, aucune crainte à se faire. Toutefois, Željko Vrban, un habitant qui a porté en personne le cercueil à l’arrivée de politiciens, déclare que ces paramètres sont mesurés lorsque les conditions climatiques sont idéales. Il est assez bien instruit des problèmes de la décharge.

 

Lorsque la ministre et le maire ont annoncé qu’ils se rendraient sur le site, pendant trois jours et trois nuits on a veillé à amener de la terre de façon à aplanir et donner l’impression que le dépôt est correctement assaini. Et lorsque la société Industrogradnja a assaini la décharge la première année, pour la première fois, ils ont respectés toutes les règles, que ce soit l’évacuation, la conduite de gaz… Ce fut le meilleur assainissement ! Ensuite ils sont tombés dans la mouise et les autorités ont confié la décharge en 2005 ou 2006 aux frères Žužul (Slaven et Jozo, les propriétaires de la société Skladgradnja, N.D.A), qui ont reçu pour ce faire 130 millions de dollars. Mais eux ne s’en sont pas tenus aux règles comme le remblaiement, le talus, les bâches… de sorte que la troisième surface s’est affaisée de sept mètres et demi. Maintenant pour assainir la troisième des quatre surfaces, il faut encore trois ans. Et pour la quatrième surface quatre autres encore, m’a confié un ingénieur, nous affirme Vrban.

 

Il avertit que seuls 20% des gaz s’échappent des déchets tandis que 80% restent dans les détritus. Cela en dépit des bouches d’aération placées sur les conduites où circule le gaz, des conduites placées sous terre.

 

Est-ce à dire qu’un danger menace, lui demandons-nous.

 

Il suffit qu’un incendie éclate là-haut, là où les gars rassemblent du cuivre et brûlent des câbles. Et les gens fument…, nous dit-il.  

 

Jakuševec attend un incinérateur

 

Nous avons appris que chaque jour arrivent entre 600 et 800 tonnes de déchets sur le site. D’après Vrban, on trouve de tout, personne ne saurait dire quoi avec certitude. On se demande où sont passés les déchets dangereux de l’ancienne armée, stockés dans l’entrepôt de l’incinérateur Pluto qui a brûlé en 2002.  Il s’énerve contre Bernardić, le président de l’Assemblée municipale, un monsieur qui a terminé la faculté mais qui prétend que le problème de la décharge trouvera sa solution avec la prochaine génération. Il pense aussi que jusqu’il y a peu la ministre Mirela Holy ne savait pas le moins du monde où se trouvait la décharge.

Afin d’attirer à nouveau l’attention sur le problème, nous serons contraints de fermer la décharge pendant deux ou trois jours, et on verra alors ce qu’on fera des déchets lorsqu’il fait 35 degrés. Nous le pouvons, le terrain de décharge n’a même pas de permis d’emplacement ni de construction. On ne ferait donc que fermer quelque chose d’inexistant. Je pense néanmoins que l’on attend l’argent de l’Union européenne pour construire un incinérateur que nous recevrons, soyez-en sûrs, d’ici 2016, affirme Vrban.

 

Le président de l’Assemblée municipale était un gars bien jusqu’à hier aux yeux de Kata Vučković, mais aujourd’hui elle n’en dirait plus autant. Cela fait deux ans qu’elle est venue s’installer ici après avoir quitté le quartier de Sopot à Novi Zagreb.

 

Lorsque j’ai acheté l’appartement, ils avaient dit que la décharge serait assainie. Malgré tout je ne regrette pas d’avoir aménagé, lorsque ça pue, je ferme la fenêtre, nous assure-t-elle.

 

 

Source : snv.hr, le 18 mai 2012.

 



 

 


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posté le 23-05-2012 à 18:08:02

 
Le rythme de la vie
 

SPEED OF LIFE (le rythme de la vie) est un film à la fois sur la mobilité durable et également sur la passion de Tiho pour le vélo. Tiho est un cycliste de Banja Luka (Bosnie Herzégovine). Avec son organisation il essaye de façon créative de rendre sa ville plus appropriée à l’utilisation du vélo au quotidien. Tiho a été invité à participer à un projet international en Italie où il organise la création de pistes cyclables dans la région de Vasta Abruzzo. Comment se rendre sur place? A vélo, bien sûr! Commence alors un captivant voyage à travers la Bosnie-herzégovine, la Croatie et l’Italie. Cette expérience de mobilité durable sur un long trajet prend place lentement, à la vitesse de l’œil humain, vous pouvez contempler la beauté des paysages et l’essence du voyage. Le but étant de commencer une nouvelle aventure: diriger un groupe de jeunes européens dans le processus de création d’une piste cyclable le long de la côte adriatique, dans la réserve naturelle de Punta Aderci.

 

Source : carfree.free.fr, le 22 mai 2012.

 

 

 

 

 
 


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