Soutenir l’Eurocampus franco-allemand de Zagreb
Par Pierre-Yves Le Borgn’
J’étais
hier à Zagreb. La Croatie entrera dans l’Union européenne le 1er juillet 2013.
La manne des fonds structurels européens permettra au pays d’accélérer son
développement économique via de nouvelles infrastructures. L’entrée dans
l’Union accentuera son ouverture, déjà bien assise, aux investissements
étrangers et à la présence d’une communauté internationale à Zagreb comme aussi
sur la côte de la mer Adriatique. Le tourisme représente une belle part de
l’économie croate. Songeons que plus de 400 000 Français séjournent en Croatie
l’été ! La France ne dispose pas de Consulats honoraires sur la côte croate,
l’ensemble du dispositif consulaire étant regroupé à Zagreb. Deux policiers
français, parlant le croate, sont détachés à Dubrovnik durant l’été pour prêter
assistance aux touristes français. Ils patrouillent avec la police croate,
comme le font aussi des policiers allemands, tchèques, hongrois ou encore
roumains. C’est une coopération technique bienvenue, très appréciée des
autorités croates. Ces policiers étaient notamment intervenus auprès des
familles des 8 victimes françaises du tragique accident ferroviaire de Split en
juillet 2009.
Développer
et renforcer nos liens avec la Croatie est nécessaire. A la différence d’autres
pays du sud de notre circonscription, la Croatie n’a pas en effet de tradition
ni de lien historique avec la France. Il y a à Zagreb un Institut culturel qui
accomplit un remarquable travail de partenariat et de programmation commune
avec diverses organisations croates actives dans le domaine culturel.
L’Institut dispose d’une belle médiathèque. Les cours de français sont
dispensés par les Alliances françaises, au nombre de 5 dans le pays. Plus de 1
600 élèves sont recensés, dont 1 200 à Zagreb. Ces dernières années, l’Alliance
Française de Zagreb a pu, grâce au soutien de l’Organisation Internationale de
la Francophonie, former plusieurs centaines de fonctionnaires croates à notre
langue. C’est certainement un effort à prolonger dans la perspective prochaine
de l’adhésion à l’Union européenne. Il se tiendra à Paris un Festival de la
Croatie à l’automne, pour lequel nos autorités à Zagreb sont en outre très
engagées. François Hollande a invité le Président Zoran Milanovic à se rendre
en France en visite d’Etat à cette occasion.
Il existe
à Zagreb une école française, intégrée avec une école allemande dans un
Eurocampus. L’école couvre les classes maternelles et primaires. Les classes de
collège sont assurées avec le concours du CNED. Une centaine d’enfants
fréquentent l’école française et une autre centaine l’école allemande.
L’Eurocampus est hébergé depuis 6 ans sur un site appartenant à des jésuites.
Le renouvellement annuel du bail rend difficile la réalisation
d’investissements lourds. Le développement de l’Eurocampus requiert une
solution immobilière pérenne. Une idée à cette fin pourrait être la mise à
disposition par le gouvernement croate ou la ville de Zagreb d’un terrain pour
une très longue durée, qui permettrait la construction d’un nouvel ensemble
franco-allemand au bénéfice des deux écoles. Cette perspective présenterait
aussi pour les Croates l’avantage d’avoir à Zagreb une école européenne, à
l’offre d’enseignement autrement meilleure et plus abordable que l’école
américaine ou les écoles internationales privées créées ces dernières années.
J’ai été
très séduit par l’Eurocampus franco-allemand de Zagreb. Il en existe quatre
autres dans le monde, à Dublin, Manille, Shanghai et Taipei. Les deux écoles
cohabitent sous un même toit, chacune assurant ses programmes, avec un tronc
commun européen sur les langues. Les élèves ont ainsi accès ensemble au
français, à l’allemand, à l’anglais et au croate. Cela crée entre eux les
solidarités de fait. Chacune des écoles conserve un comité de gestion distinct,
à structure parentale pour les Français et à représentation d’entreprises pour
les Allemands. Le lancement d’un projet immobilier pour l’Eurocampus
entrainerait probablement l’évolution vers un comité de gestion commun. La
consolidation de l’Eurocampus repose aussi sur l’offre pédagogique dans les
petites classes, notamment sur le Kindergarten, qui attire les familles
croates. Les enfants du Kindergarten resteront en effet pour la plupart ensuite
dans les plus grandes classes de l’Eurocampus, qu’elles soient allemandes ou
françaises, assurant ainsi leur développement.
A terme, l’Eurocampus peut grandir pour atteindre une taille critique estimée à 350 à 400 élèves. Ce serait un remarquable résultat. Dans l’immédiat cependant, la solution du CNED reste la seule possible pour les élèves de collège. Obtenir un traitement rapide des corrections et devoirs des collégiens par le CNED est donc une priorité. Plus généralement, l’augmentation du volume des bourses scolaires, au programme de la gauche, doit permettre aussi de rendre plus accessible l’inscription à l’école pour les familles à revenus modestes et moyens. Enfin, dans la perspective de la célébration du 50ème anniversaire du Traité de l’Elysée en 2013 et de la négociation d’un second Traité unissant la France et l’Allemagne, le retour d’expérience des Eurocampus et en particulier de celui de Zagreb est un atout précieux pour développer en Europe et au-delà ces formules souples de coopération franco-allemande dans la sphère scolaire. J’aurai à cœur, si je suis élu député, de mettre en valeur le travail réalisé à Zagreb et d’accorder à l’Eurocampus, à ses élèves et à la communauté éducative tout le soutien qu’ils méritent.
Source : pyleborgn2012.eu, le 25 mai 2012.