"Je ne peux plus garder le silence. Il faut stopper l'évêque Vasilije Kačavenda au nom du christianisme, au nom de l'Eglise orthodoxe serbe", a déclaré pour les médias Bojan Jovanović, ancien diacre au service de l'évêque Vasilije Kačavenda.
Poussé par tout ce qu'il a vécu, il a abandonné la prêtrise. En septembre il publiera un livre qui a tout l'air d'être un sordide déballage.
Il prête le nom de Pablo à l'évêque Kačavenda "parce que c'est sous ce nom qu'il a été recruté par l'UDBA"*. Il raconte que le jour même de son arrivée au monastère à Bijeljina, Kačavenda l'a convoqué dans ses appartements. Après lui avoir longuement parlé de lui-même et de sa famille, il a commencé à l'embrasser dans le cou, à lui demander de se déshabiller...
- Cet enfer a été interrompu par l'arrivée de quelqu'un. J'étais sous le choc et j'ai gagné ma chambre. Si je vais à la police, personne ne me croira. J'ai fait le mauvaix choix de vouloir rester dans le monastère et de vouloir démontrer à Kačavenda que ce qu'il fait est un péché. Pour l'Eglise et le peuple serbe cette décision que j'ai prise s'avère être une bonne chose car jusqu'à présent personne n'a encore témoigné des horreurs qui ont lieu dans les monastères et les châteaux des évêques, dit Jovanović. Il ajoute que les agressions et les pressions à son encontre sont devenues quotidiennes. On lui a conseillé de ne raconter à personne le genre de vie que mène l'évêque et de garder sa langue.
- J'étais devenu prisonnier et j'étais continuellement accompagné. J'ai reçu de faux documents, une carte d'identité en Bosnie-Herzégovine tandis qu'à Brčko on m'a présenté à Slavko Maksimović, un prêtre accusé de pédophilie. On m'a même fabriqué un passeport. Dans le château de Kačavenda j'ai vu des horreurs. Les abbés prostituaient les jeunes que l'on amenait et à qui tout était offert, exactement comme dans mon cas. J'ai vu se faire passer à tabac ceux qui racontaient que l'évêque est un pédophile et un homosexuel. Y venaient également divers hommes d'affaires ; durant le jeûne des orgies et des beuveries étaient organisées. Des orphelins de familles pauvres étaient amenés dont l'âge ne devait pas dépasser onze ans.
Jovanović soutient que les autorités aussi bien en Serbie qu'en Bosnie-Herzégovine étaient au courant. Il affirme avoir dénoncé à la police tout ce qu'il a personnellement vu et vécu, mais que quelqu'un a stoppé toutes les enquêtes. Il s'est adressé au cabinet du Président serbe, Boris Tadić, dont les conseillers lui ont ouvertement dit : "Monsieur Jovanović, Kačavenda finira par vous tuer". Il insiste que les dirigeants serbes protègent par leur silence les crimes de l'évêque Kačavenda, mais aussi que le sommet de l'Eglise orthodoxe serbe se comporte selon le principe "les loups ne se mangent pas entre eux".
- Kačavenda a tenté de me soudoyer. ll m'a envoyé de l'argent sale par l'intermédiaire de mon avocat Duško Tomić et nous avons utilisé cet argent à des fins humanitaires ainsi que pour la publication de mon livre. Nous restituerons l'argent lorsque l'Eglise m'aura dédommagé ou grâce à la publication du livre. Je possède également des enregistrements que je dévoilerai en public après que mon livre aura été publié. Je remercie particulièrement mon avocat Duško Tomić qui s'est donné tout entier à cette affaire en dépit d'une tragédie personnelle qu'il l'a frappé. J'appelle également les autres à parler afin de démasquer les membres et leurs comparses, j'appelle l'opinion serbe et internationale à exercer une pression. Il ne s'agit pas seulement de mon destin personnel ; qui peut dire combien de vies ont été détruites à cause d'individus comme Kačavenda - se demande Bojan Jovanović.
Bojan Jovanović affirme que le jeune séminariste Milić Blažanović a été assassiné parce qu'il n'avait pas voulu coucher avec l'évêque Kačavenda.
- A cause de cela ce jeune a été envoyé au monastère disciplinaire de Papraća (municipalité de Šekovići). Les conditions de vie étaient meilleures pour les détenus des camps que pour ceux qui vivaient là.
- Milić s'est fait sauter avec une bombe d'après la version officielle, mais ce n'est pas vrai. C'était un enfant, il ne possédait pas de bombe. J'ai questionné Kačavenda sur cette affaire mais il m'a répondu qu'il ne souhaitait pas parler de cette histoire, que Milić était malade et qu'il n'a rien à voir avec cela, raconte Jovanović. Il nous apprend qu'avec l'aide d'un prêtre âgé il a découvert une partie du corps du malheureux Blažanović, qu'ils l'ont placé dans un cercueil et l'ont secrètement enterré dans le jardin du monastère, à la faveur de la nuit.
- Cela sera un lieu de pèlerinage, et non pas leurs châteaux d'or pourvus de jacuzzis construits avec de l'argent sale alors que le peuple n'a pas de pain pour se nourrir, déclare Jovanović.
Source : 24sata.info, le 21 juin 2011.
* UDBA : la police secrète yougoslave. Le site e-novine qui présente une version étendue du récit de Jovanović explique que l'UDBA avait contraint l'évêque Kačavenda à travailler à son service grâce à un enregistrement compromettant.
Commentaires