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Balkanikum

posté le 27-05-2014 à 17:26:25

 

 

Roland Barthes





Dragi Antonioni…

 Cher Antonioni… 





U svojoj tipologiji Nietzsche razlikuje dvije figure: svećenika i umjetnika. Svećenika danas imamo u izobilju: svih religija, pa čak i izvan religije; ali umjetnika? Volio bih, dragi Antonioni, da mi na trenutak posudite nekoliko crta iz vašega djela koje bi mi dozvolile učvrstiti tri snage ili, ako vam je draže, tri vrline koje u mojim očima čine umjetnika. Odmah ih imenujem: budnost (pažljivost), mudrost i najparadoksalniju od svih, krhkost.

 

Dans sa typologie, Nietzsche distingue deux figures : le prêtre et l’artiste. Des prêtres, nous en avons aujourd’hui à revendre : de toutes religions et même hors religion ; mais des artistes ? Je voudrais, cher Antonioni, que vous me prêtiez un instant quelques traits de votre œuvre pour me permettre de fixer les trois forces, ou, si vous préférez, les trois vertus, qui constituent à mes yeux l’artiste. Je les nomme tout de suite : la vigilance, la sagesse et la plus paradoxale de toutes, la fragilité.



(…) Mudrošću umjetnika zovem, ne antičku krepost, još manje osrednji govor nego naprotiv ono ćudoredno znanje, onu oštrinu raspoznavanja koja mu dopušta da nikad ne pobrka osjećaj i istinu. Kolike li je zločine čovječanstvo počinilo u ime Istine! A ipak ta istina bješe uvijek osjećaj. Koliko ratova, represija, terora, genocida za Slavlje osjećaja! Umjetnik zna da osjećaj neke stvari nije i njezina istina; to znanje jest mudrost, luda mudrost moglo bi se reći, jer ga ona izvlači iz zajednice, iz gomile fanatika i drznika.

 

(…) J’appelle sagesse de l’artiste, non une vertu antique. encore moins un discours médiocre, mais au contraire ce savoir moral, celle acuité de discernement qui lui permet de ne jamais confondre le sens et la vérité. Que de crimes l’humanité n’a-t-elle pas commis au nom de la Vérité ! Et pourtant cette vérité n’était jamais qu’un sens. Que de guerres, de répressions, de terreurs, de génocides, pour le Triomphe d’un sens ! L’artiste, lui. sait que le sens d’une chose n’est pas sa vérité ; ce savoir est une sagesse, une folle sagesse, pourrait-on dire, puisqu’elle le retire de la communauté, du troupeau des fanatiques et des arrogants.



(…) Vi radite da biste učinili istančanim osjećaj o onome što čovjek kaže, priča, vidi ili osjeća, a ta istančanost osjećaja, to uvjerenje da se osjećaj ne zaustavlja grubo na rečenoj stvari nego uvijek ide dalje, začaran izvan-osjećajem, ono je, vjerujem, kod svih umjetnika čiji predmet nije nešto tehničko nego taj čudni fenomen: treperenje. Predmet predstavlja treptaj na štetu dogme.

 

(…) Vous travaillez à rendre subtil le sens de ce que l’homme dit, raconte, voit ou sent, et cette subtilité du sens, cette conviction que le sens ne s’arrête pas grossièrement à la chose dite, mais s’en va toujours plus loin, fasciné par le hors-sens, c’est celle, je crois, de tous les artistes, dont l’objet n’est pas telle ou telle technique, mais ce phénomène étrange : la vibration. L’objet représenté vibre, au détriment du dogme.

 

 


(…) Umjetnik je bez moći ali ima neki odnos s istinom; njegovo djelo, uvijek alegorično ako je veliko, uzima ga u širokom pojasu; njegov svijet je Neizravnost istine.

 

(…) L’artiste est sans pouvoir, mais il a quelque rapport avec la vérité ; son œuvre, toujours allégorique si c’est une grande œuvre, la prend en écharpe ; son monde est l’Indirect de la vérité

 

 

 

(…) Jedan drugi razlog krhkosti je, paradoksalno, umjetniku čvrstoća i upornost njegova pogleda. Moć, ma kakva bila, budući da je sila nikada ne gleda; kad bi gledala minutu više (minutu previše) izgubila bi svoju bit moći. Umjetnik se zaustavlja i gleda dugo i mogao bih zamisliti da ste postali sineastom jer je kamera oko, tehničkim uređenjem primorano gledati. Ono što dodajete tom uređenju zajedničkom svim sineastima jest temeljito gledanje stvari do njihova iscrpljivanja. S jedne strane, dugo gledate što od vas nije traženo da gledate političkom konvencijom (kineski seljaci) ili pripovjedačkom konvencijom (umrla vremena jedne avanture). S druge strane, vaš povlašteni heroj je onaj koji gleda (fotograf ili reporter). To je opasno, jer gledati dulje nego što je to traženo (inzistiram na ovom dodatku intenziteta) remeti sve uspostavljene poretke, ma koji da su, u mjeri u kojoj je naravno čak i vrijeme pogleda kontrolirano od društva: odatle, dok djelo izmiče ovoj kontroli, skandalozna narav izvjesnih fotografija i izvjesnih filmova: ne onih najnepristojnijih ili najborbenijih nego jednostavno najviše „ozbiljnih“.

Umjetnik je dakle ugrožen ne samo ustrojenom moći – martirologija od Države cenzuriranih umjetnika kroz povijest bila bi očajne duljine – nego također kolektivnim osjećajem uvijek mogućim – da se društvo može vrlo dobro proći umjetnosti: aktivnost umjetnika je osumnjičena jer remeti udobnost, sigurnost ustoličenih osjećaja, jer je ujedno skupa i besplatna (…)

 

(…) Un autre motif de fragilité, c’est paradoxalement, pour l’artiste, la fermeté et l’insistance de son regard. Le pouvoir, quel qu’il soit, parce qu’il est violence, ne regarde jamais ; s’il regardait une minute de plus (une minute de trop), il perdrait son essence de pouvoir. L’artiste, lui, s’arrête et regarde longuement, et je puis imaginer que vous vous êtes fait cinéaste parce que la caméra est un œil, contraint, par disposition technique, de regarder. Ce que vous ajoutez à cette disposition, commune à tous les cinéastes, c’est de regarder les choses radicalement, jusqu’à leur épuisement. D’une part, vous regardez longuement ce qu’il ne vous était pas demandé de regarder par la convention politique (les paysans chinois) ou par la convention narrative (les temps morts d’une aventure). D’autre part, votre héros privilégié est celui qui regarde (photographe ou reporter). Ceci est dangereux, car regarder plus longtemps qu’il n’est demandé (j’insiste sur ce supplément d’intensité) dérange tous les ordres établis, quels qu’ils soient, dans la mesure où, normalement, le temps même du regard est contrôlé par la société : d’où, lorsque l’œuvre échappe à ce contrôle, la nature scandaleuse de certaines photographies et de certains films : non pas les plus indécents ou les plus combatifs, mais simplement les plus « posés ».
L’artiste est donc menacé, non seulement par le pouvoir constitué – le martyrologe des artistes censurés par l’État, tout au long de l’Histoire, serait d’une longueur désespérante -, mais aussi par le sentiment collectif, toujours possible, qu’une société peut très bien se passer d’art : l’activité de l’artiste est suspecte parce qu’elle dérange le confort, la sécurité des sens établis, parce qu’elle est à la fois dispendieuse et gratuite (…).







Čitav tekst na linku : http://etyen.be/sites/default/files/professeur/r.barthes_cherantonioni.pdf



Izvor : http://www.6yka.com/novost/57083/roland-barthes-dragi-michelangelo



 

 


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posté le 26-05-2014 à 22:34:41

 

 

Ana Benačić : « La Croatie n'a pas de quoi s'enorgueillir de son adhésion à l'OTAN »

 

 



Extrait de l'article intitulé « Adhésion à l'OTAN comme 'coup de pouce au développement' et autres fausses espérances », écrit par la journaliste et chroniqueuse Ana Benacic travaillant à Zagreb.



A l'époque où le Premier ministre croate Ivo Sanader se baladait (librement) dans le pays et où l'opposant Zoran Milanović ne pouvait concevoir l'adhésion à l'OTAN sans un référendum « puisque d'après tous les sondages la majorité des citoyens s'y oppose », la Croatie était proprement invitée à vider le lit des rivières, des fleuves et des étangs. En effet l'adhésion à l'Alliance nord-atlantique y garantirait des coulées d'hydromel.

 

Comme on peut le lire dans un communiqué émis par le « Mouvement pour la neutralité du Monténégro », les tenants de l'adhésion du Monténégro à l'OTAN, y compris le Premier ministre monténégrin Milo Đukanović et le président du Parlement Ranko Krivokapić, invoquent souvent les retombées économiques dont profitera le pays comme l'une des principales raisons incitant à l'adhésion. Ils avancent par exemple l'accroissement des investissements directs étrangers et l'ouverture d'une multitude de nouveaux postes de travail. L'exemple de la Croatie montre néanmoins que ces affirmations sont inexactes, selon le Mouvement pour la neutralité du Monténégro.

 

« De même qu'au Monténégro, là aussi les hauts dignitaires du pays baratinaient sur les bienfaits que l'adhésion à l'OTAN signifierait pour l'environnement économique dans le pays. Mais comme le remarque la journaliste croate Ana Benačić dans l'article pour le site régional bilten.org intitulé 'Adhésion à l'OTAN comme 'coup de pouce au développement' et autres fausses espérances', la Croatie n'a pas de quoi pavoiser cinq ans après avoir rejoint l'OTAN. La situation économique est bien pire qu'il y a cinq ans et l'OTAN non seulement n'a pas contribué au mieux vivre des citoyens mais au contraire les a lestés de nouvelles charges inutiles », lit-on dans le communiqué.

 

Non seulement l'adhésion à l'OTAN n'a pas apporté l'amélioration économique promise aux citoyens croates mais a provoqué la perte d'importants marchés dans les pays que l'OTAN a déclaré ennemi.

 

« Ainsi, par exemple, la compagnie pétrolière croate INA a dû se retirer des champs pétrolifères en Syrie dont la valeur était estimée à 14 milliards d'euros. L'un des fonctionnaires de l'INA avait alors affirmé qu'il s'agissait « du bien le plus précieux que l'INA ait jamais possédé et jamais posséderait à l'étranger ». Même si l'embargo ayant motivé la Croatie à se retirer de Syrie avait été décrété par l'UE, on peut difficilement nier que les intérêts des pays membres de l'OTAN y étaient pour beaucoup, notamment ceux des Etats-Unis et de la Turquie. La Croatie avait dû se plier au durcissement des sanctions dans l'intérêt de l'OTAN, ce qui causa un tort direct à la compagnie, un tort conséquent pour son développement économique », lit-on dans le communiqué.

 

L'expérience croate suggère que l'adhésion à l'OTAN ne peut aider à une quelconque amélioration en plein marasme économique que traverse le Monténégro.

 

« Toute insistance sur les avantages économiques de l'OTAN dans la bouche de Đukanović, de Krivokapić ou de tout autre sous-fifre de l'OTAN installé dans les institutions étatiques du Monténégro démontre leur impudence pour embobiner les citoyens », conclut le communiqué signé par Filip Kovačević qui préside le Mouvement pour la neutralité du Monténégro.







Source : http://a1on.me/2014/05/08/pokret-za-neutralnost-cg-ana-benacic-hrvatska-nema-sto-da-slavi-ulaskom-u-nato/



 

 


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posté le 26-05-2014 à 17:50:10

 

 

 

Arthur Rimbaud





Pijani brod

Kad iz mirnih Rijeka zaplovih po svijetu,
Snosio već nisam kormilara volju:
Indijanci su ih uzeli na metu,
Pobivši ih gole na šarenom kolju.

Tako sam od britskog pamuka, mornara
I flamanskog žita oslobođen bio;
Kada presta graja mojih kormilara,
Poniješe me Rijeke kuda god sam htio.

U mahnitom pljusku oseke i plime,
Neviniji još, no dječji mozak, gore
Lomove i kaos podnijeh prošle zime
No rti što sežu daleko u more.

Pomorski moj nagon kršten bje u buri
Kad sam deset noći plutao na valu
- Što se vječno valja i za plijenom juri –
Bez čežnje za glupim očima na žalu.

Slađi nego djeci na kiselo voće,
Čamovu mi ljusku zelen talas probi,
Ispra bljuvotine, vino, nečistoće,
Kormilo i sidro razasu i zdrobi.

I od tog se časa kupam u poemi
Mora, protkan mliječnim sjajem vasione,
Zelen azur srčem, u kom gdjekad nijemi
Davljenik, zanesen, zamišljeno tone.

Gdje, kad iznenada sedefna modrina
Zore zadrhti od ružičastih šara,
Snažnije od vaše lire i od vina
Vrije gorki kvasac ljubavnoga žara!

Sad znam munju, trombu koja nebu liže,
Vrtloge i struje, večer i svanuće,
Što se ko golublje jato plaho diže –
Katkad vidjeh ono što se želi vruće.

Vidjeh sunce puno pjega čija vatra
Neznan užas budi, i gdje iz daljina
Vjetar, kao glumce antičkog teatra,
Valja vale, spori drhtaj žaluzina.

Snivah noć zelenu, punu snježna sjaja,
Zvjezdanim cjelovom kad se s mora slijeva,
Nečuvenog soka kruženja bez kraja,
Plav i žuti drhtaj fosfora što pjeva.

Slijedio sam vale, poput krda zloga
Kako o hrid biju i po više dana,
Bez pomisli da bi Marijanska noga
Ukrotila bijesnu njušku oceana.

Viđao sam, znajte, čudesne Floride
Gdje u oči tigra s ljudskom puti pada
Odsjev cvijeća, duga što se nebom vide
Napete ko uzde iznad sinjeg stada.

Ogromne sam bare gledao gdje gnjije
Levijatan usred vrše što ga sputa,
Vir gdje vrelom strujom u bonacu rije
I daljine što ih sivi ponor guta.

Led, srebrno sunce, sedefaste vale,
Žarki svod i brodski trup sred smeđe struje,
Gdje ko grane crna mirisa već pale,
Pune nametnika, orijaške guje.

Poželjeh pokazati djeci sva ta čuda,
Pjevajuće ribe, zlataste orade.
Morske pjene cvat bje kruna moga truda,
A snažni mi vjetar katkad krila dade.

Al ponekad, shrvan skitnjom na svom putu,
Razdragan sam slušo more kako ječi,
Vješajući na me pjenu crno-žutu;
Katkad bijah nalik ženi koja kleči,

Lutajućoj hridi što na sebi njiše
Modrookih ptica nečist, žagor glasan;
I dok lutah, preko užadi sve tiše
Klizali su vali davljenike na san.

Al ja, izgubljeni brod što s kosom kiše
U eter bez ptica s uraganom ode,
Te Hanzine lađe, ni Monitor više
Neće mu izvući pijan trup iz vode,

Slobodan, tek s trhom ljubičasta dima,
Ja, što provom param rumen zid visina,
Nosim omiljena jela pjesnicima
Od sunčevih trava i azurnih slina,

Koji hitam, posut iskrama planktona,
Luda daska s pratnjom hipokampa tamnih,
Dok pod maljem Srpnja pada poput zvona
Tamno-modro nebo u vir voda plamnih,

Koji drhtim, čuvši jecaj iz daljina
Behemot i gusti Maelstrom kad se pare,
Ja, vječiti tkalac beskrajnih modrina,
Sad evropske žalim lukobrane stare.

Vidjeh nebo kada zvijezdama se pali,
Bunovno, veslaču pristupno i drago:
Zar te ova noć snom izgnanstva zali
Jato ptica zlatnih, o buduća Snago?

Ali znam da odveć plačem. Svi već znadu
Gorka sunca, grozne lune, bolne zore.
Trpka ljubav pijanim mrtvilom me nadu.
O da kilj mi prsne, da me poždere more!

Kad za evropskom me vodom želje snađu –
Vidim crnu lokvu pred mirisno veče,
Kad čučnuvši kraj nje, tužno dijete lađu,
Krhku kao leptir, pušta neka kreće.

Vali, otkada vaša nemoć me ne satre,
Ja ne mogu tragom dereglija poći,
Prolaziti slavom zastava i vatre,
Niti podnijeti mirnih luka strašne oči.




 

Le bateau ivre

Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.

J'étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais.

Dans les clapotements furieux des marées,
Moi, l'autre hiver, plus sourd que les cerveaux d'enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N'ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.

La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots
Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l'oeil niais des falots !

Plus douce qu'aux enfants la chair des pommes sûres,
L'eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin.

Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d'astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;

Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rhythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l'amour !

Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants : je sais le soir,
L'Aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes,
Et j'ai vu quelquefois ce que l'homme a cru voir !

J'ai vu le soleil bas, taché d'horreurs mystiques,
Illuminant de longs figements violets,
Pareils à des acteurs de drames très antiques
Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !

J'ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs,
La circulation des sèves inouïes,
Et l'éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !

J'ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries
Hystériques, la houle à l'assaut des récifs,
Sans songer que les pieds lumineux des Maries
Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !

J'ai heurté, savez-vous, d'incroyables Florides
Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux
D'hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides
Sous l'horizon des mers, à de glauques troupeaux !

J'ai vu fermenter les marais énormes, nasses
Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan !
Des écroulements d'eaux au milieu des bonaces,
Et les lointains vers les gouffres cataractant !

Glaciers, soleils d'argent, flots nacreux, cieux de braises !
Échouages hideux au fond des golfes bruns
Où les serpents géants dévorés des punaises
Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums !

J'aurais voulu montrer aux enfants ces dorades
Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants.
- Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d'ineffables vents m'ont ailé par instants.

Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d'ombre aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu'une femme à genoux...

Presque île, ballottant sur mes bords les querelles
Et les fientes d'oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds.
Et je voguais, lorsqu'à travers mes liens frêles
Des noyés descendaient dormir, à reculons !

Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N'auraient pas repêché la carcasse ivre d'eau ;

Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d'azur ;

Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques
Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;

Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais,
Fileur éternel des immobilités bleues,
Je regrette l'Europe aux anciens parapets !

J'ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :
- Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t'exiles,
Million d'oiseaux d'or, ô future Vigueur ?

Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes.
Ô que ma quille éclate ! Ô que j'aille à la mer !

Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.

Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
Ni traverser l'orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons.









Izvor : http://poezija.6forum.info/t942-arthur-rimbaud



 

 

 

 

 

 

 


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posté le 25-05-2014 à 20:46:44

 

 

SlaviaDusha : un site qui prône la fraternité slave. 

 

Par définition c'est identitaire mais de l'autre ça ouvre sur un univers tellement vaste qui mérite d'être mieux connu du lecteur francophone.

Dans tous les cas ça décrasse de l'atlantisme.

 

 

 

 


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posté le 25-05-2014 à 20:30:02

 

Footballski : Le Football d'Europe de l'Est

 

Je ne suis pas amateur de foot mais ça a l'air bien fait. 

 

http://footballski.wordpress.com/category/actualites/

 


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