Dragi Antonioni…
Cher Antonioni…
U svojoj tipologiji Nietzsche razlikuje dvije figure: svećenika i umjetnika. Svećenika danas imamo u izobilju: svih religija, pa čak i izvan religije; ali umjetnika? Volio bih, dragi Antonioni, da mi na trenutak posudite nekoliko crta iz vašega djela koje bi mi dozvolile učvrstiti tri snage ili, ako vam je draže, tri vrline koje u mojim očima čine umjetnika. Odmah ih imenujem: budnost (pažljivost), mudrost i najparadoksalniju od svih, krhkost.
Dans
sa typologie, Nietzsche distingue deux figures : le prêtre et
l’artiste. Des prêtres, nous en avons aujourd’hui à revendre :
de toutes religions et même hors religion ; mais des artistes ?
Je voudrais, cher Antonioni, que vous me prêtiez un instant quelques
traits de votre œuvre pour me permettre de fixer les trois forces,
ou, si vous préférez, les trois vertus, qui constituent à mes yeux
l’artiste. Je les nomme tout de suite : la vigilance, la
sagesse et la plus paradoxale de toutes, la fragilité.
(…)
Mudrošću umjetnika zovem, ne antičku krepost, još manje osrednji
govor nego naprotiv ono ćudoredno znanje, onu oštrinu raspoznavanja
koja mu dopušta da nikad ne pobrka osjećaj i istinu. Kolike li je
zločine čovječanstvo počinilo u ime Istine! A ipak ta istina
bješe uvijek osjećaj. Koliko ratova, represija, terora, genocida za
Slavlje osjećaja! Umjetnik zna da osjećaj neke stvari nije i
njezina istina; to znanje jest mudrost, luda mudrost moglo bi se
reći, jer ga ona izvlači iz zajednice, iz gomile fanatika i
drznika.
(…)
J’appelle sagesse de l’artiste, non une vertu antique. encore
moins un discours médiocre, mais au contraire ce savoir moral, celle
acuité de discernement qui lui permet de ne jamais confondre le sens
et la vérité. Que de crimes l’humanité n’a-t-elle pas commis
au nom de la Vérité ! Et pourtant cette vérité n’était
jamais qu’un sens. Que de guerres, de répressions, de terreurs, de
génocides, pour le Triomphe d’un sens ! L’artiste, lui.
sait que le sens d’une chose n’est pas sa vérité ; ce
savoir est une sagesse, une folle sagesse, pourrait-on dire,
puisqu’elle le retire de la communauté, du troupeau des fanatiques
et des arrogants.
(…)
Vi radite da biste učinili istančanim osjećaj o onome što čovjek
kaže, priča, vidi ili osjeća, a ta istančanost osjećaja, to
uvjerenje da se osjećaj ne zaustavlja grubo na rečenoj stvari nego
uvijek ide dalje, začaran izvan-osjećajem, ono je, vjerujem, kod
svih umjetnika čiji predmet nije nešto tehničko nego taj čudni
fenomen: treperenje. Predmet predstavlja treptaj na štetu dogme.
(…) Vous travaillez à rendre subtil le sens de ce que l’homme dit, raconte, voit ou sent, et cette subtilité du sens, cette conviction que le sens ne s’arrête pas grossièrement à la chose dite, mais s’en va toujours plus loin, fasciné par le hors-sens, c’est celle, je crois, de tous les artistes, dont l’objet n’est pas telle ou telle technique, mais ce phénomène étrange : la vibration. L’objet représenté vibre, au détriment du dogme.
(…)
Umjetnik je bez moći ali ima neki odnos s istinom; njegovo djelo,
uvijek alegorično ako je veliko, uzima ga u širokom pojasu; njegov
svijet je Neizravnost istine.
(…) L’artiste est sans pouvoir, mais il a quelque rapport avec la vérité ; son œuvre, toujours allégorique si c’est une grande œuvre, la prend en écharpe ; son monde est l’Indirect de la vérité
(…)
Jedan drugi razlog krhkosti je, paradoksalno, umjetniku čvrstoća i
upornost njegova pogleda. Moć, ma kakva bila, budući da je sila
nikada ne gleda; kad bi gledala minutu više (minutu previše)
izgubila bi svoju bit moći. Umjetnik se zaustavlja i gleda dugo i
mogao bih zamisliti da ste postali sineastom jer je kamera oko,
tehničkim uređenjem primorano gledati. Ono što dodajete tom
uređenju zajedničkom svim sineastima jest temeljito gledanje stvari
do njihova iscrpljivanja. S jedne strane, dugo gledate što od vas
nije traženo da gledate političkom konvencijom (kineski seljaci)
ili pripovjedačkom konvencijom (umrla vremena jedne avanture). S
druge strane, vaš povlašteni heroj je onaj koji gleda (fotograf ili
reporter). To je opasno, jer gledati dulje nego što je to traženo
(inzistiram na ovom dodatku intenziteta) remeti sve uspostavljene
poretke, ma koji da su, u mjeri u kojoj je naravno čak i vrijeme
pogleda kontrolirano od društva: odatle, dok djelo izmiče ovoj
kontroli, skandalozna narav izvjesnih fotografija i izvjesnih
filmova: ne onih najnepristojnijih ili najborbenijih nego jednostavno
najviše „ozbiljnih“.
Umjetnik je dakle ugrožen ne samo
ustrojenom moći – martirologija od Države cenzuriranih umjetnika
kroz povijest bila bi očajne duljine – nego također kolektivnim
osjećajem uvijek mogućim – da se društvo može vrlo dobro proći
umjetnosti: aktivnost umjetnika je osumnjičena jer remeti udobnost,
sigurnost ustoličenih osjećaja, jer je ujedno skupa i besplatna (…)
(…)
Un autre motif de fragilité, c’est paradoxalement, pour l’artiste,
la fermeté et l’insistance de son regard. Le pouvoir, quel qu’il
soit, parce qu’il est violence, ne regarde jamais ; s’il
regardait une minute de plus (une minute de trop), il perdrait son
essence de pouvoir. L’artiste, lui, s’arrête et regarde
longuement, et je puis imaginer que vous vous êtes fait cinéaste
parce que la caméra est un œil, contraint, par disposition
technique, de regarder. Ce que vous ajoutez à cette disposition,
commune à tous les cinéastes, c’est de regarder les choses
radicalement, jusqu’à leur épuisement. D’une part, vous
regardez longuement ce qu’il ne vous était pas demandé de
regarder par la convention politique (les paysans chinois) ou par la
convention narrative (les temps morts d’une aventure). D’autre
part, votre héros privilégié est celui qui regarde (photographe ou
reporter). Ceci est dangereux, car regarder plus longtemps qu’il
n’est demandé (j’insiste sur ce supplément d’intensité)
dérange tous les ordres établis, quels qu’ils soient, dans la
mesure où, normalement, le temps même du regard est contrôlé par
la société : d’où, lorsque l’œuvre échappe à ce
contrôle, la nature scandaleuse de certaines photographies et de
certains films : non pas les plus indécents ou les plus
combatifs, mais simplement les plus « posés ».
L’artiste
est donc menacé, non seulement par le pouvoir constitué – le
martyrologe des artistes censurés par l’État, tout au long de
l’Histoire, serait d’une longueur désespérante -, mais aussi
par le sentiment collectif, toujours possible, qu’une société
peut très bien se passer d’art : l’activité de l’artiste
est suspecte parce qu’elle dérange le confort, la sécurité des
sens établis, parce qu’elle est à la fois dispendieuse et
gratuite (…).
Čitav tekst na linku : http://etyen.be/sites/default/files/professeur/r.barthes_cherantonioni.pdf
Izvor : http://www.6yka.com/novost/57083/roland-barthes-dragi-michelangelo
Ana Benačić : « La Croatie n'a pas de quoi s'enorgueillir de son adhésion à l'OTAN »
Extrait de l'article intitulé « Adhésion à l'OTAN comme 'coup de pouce au développement' et autres fausses espérances », écrit par la journaliste et chroniqueuse Ana Benacic travaillant à Zagreb.
A l'époque où le Premier ministre croate Ivo Sanader se baladait (librement) dans le pays et où l'opposant Zoran Milanović ne pouvait concevoir l'adhésion à l'OTAN sans un référendum « puisque d'après tous les sondages la majorité des citoyens s'y oppose », la Croatie était proprement invitée à vider le lit des rivières, des fleuves et des étangs. En effet l'adhésion à l'Alliance nord-atlantique y garantirait des coulées d'hydromel.
Comme on peut le lire dans un communiqué émis par le « Mouvement pour la neutralité du Monténégro », les tenants de l'adhésion du Monténégro à l'OTAN, y compris le Premier ministre monténégrin Milo Đukanović et le président du Parlement Ranko Krivokapić, invoquent souvent les retombées économiques dont profitera le pays comme l'une des principales raisons incitant à l'adhésion. Ils avancent par exemple l'accroissement des investissements directs étrangers et l'ouverture d'une multitude de nouveaux postes de travail. L'exemple de la Croatie montre néanmoins que ces affirmations sont inexactes, selon le Mouvement pour la neutralité du Monténégro.
« De même qu'au Monténégro, là aussi les hauts dignitaires du pays baratinaient sur les bienfaits que l'adhésion à l'OTAN signifierait pour l'environnement économique dans le pays. Mais comme le remarque la journaliste croate Ana Benačić dans l'article pour le site régional bilten.org intitulé 'Adhésion à l'OTAN comme 'coup de pouce au développement' et autres fausses espérances', la Croatie n'a pas de quoi pavoiser cinq ans après avoir rejoint l'OTAN. La situation économique est bien pire qu'il y a cinq ans et l'OTAN non seulement n'a pas contribué au mieux vivre des citoyens mais au contraire les a lestés de nouvelles charges inutiles », lit-on dans le communiqué.
Non seulement l'adhésion à l'OTAN n'a pas apporté l'amélioration économique promise aux citoyens croates mais a provoqué la perte d'importants marchés dans les pays que l'OTAN a déclaré ennemi.
« Ainsi, par exemple, la compagnie pétrolière croate INA a dû se retirer des champs pétrolifères en Syrie dont la valeur était estimée à 14 milliards d'euros. L'un des fonctionnaires de l'INA avait alors affirmé qu'il s'agissait « du bien le plus précieux que l'INA ait jamais possédé et jamais posséderait à l'étranger ». Même si l'embargo ayant motivé la Croatie à se retirer de Syrie avait été décrété par l'UE, on peut difficilement nier que les intérêts des pays membres de l'OTAN y étaient pour beaucoup, notamment ceux des Etats-Unis et de la Turquie. La Croatie avait dû se plier au durcissement des sanctions dans l'intérêt de l'OTAN, ce qui causa un tort direct à la compagnie, un tort conséquent pour son développement économique », lit-on dans le communiqué.
L'expérience croate suggère que l'adhésion à l'OTAN ne peut aider à une quelconque amélioration en plein marasme économique que traverse le Monténégro.
« Toute insistance sur les avantages économiques de l'OTAN dans la bouche de Đukanović, de Krivokapić ou de tout autre sous-fifre de l'OTAN installé dans les institutions étatiques du Monténégro démontre leur impudence pour embobiner les citoyens », conclut le communiqué signé par Filip Kovačević qui préside le Mouvement pour la neutralité du Monténégro.
Pijani
brod
Kad
iz mirnih Rijeka zaplovih po svijetu,
Snosio već nisam kormilara
volju:
Indijanci su ih uzeli na metu,
Pobivši ih gole na
šarenom kolju.
Tako sam od britskog pamuka, mornara
I
flamanskog žita oslobođen bio;
Kada presta graja mojih
kormilara,
Poniješe me Rijeke kuda god sam htio.
U
mahnitom pljusku oseke i plime,
Neviniji još, no dječji mozak,
gore
Lomove i kaos podnijeh prošle zime
No rti što sežu
daleko u more.
Pomorski moj nagon kršten bje u buri
Kad
sam deset noći plutao na valu
- Što se vječno valja i za
plijenom juri –
Bez čežnje za glupim očima na žalu.
Slađi
nego djeci na kiselo voće,
Čamovu mi ljusku zelen talas
probi,
Ispra bljuvotine, vino, nečistoće,
Kormilo i sidro
razasu i zdrobi.
I od tog se časa kupam u poemi
Mora,
protkan mliječnim sjajem vasione,
Zelen azur srčem, u kom
gdjekad nijemi
Davljenik, zanesen, zamišljeno tone.
Gdje,
kad iznenada sedefna modrina
Zore zadrhti od ružičastih
šara,
Snažnije od vaše lire i od vina
Vrije gorki kvasac
ljubavnoga žara!
Sad znam munju, trombu koja nebu
liže,
Vrtloge i struje, večer i svanuće,
Što se ko golublje
jato plaho diže –
Katkad vidjeh ono što se želi
vruće.
Vidjeh sunce puno pjega čija vatra
Neznan užas
budi, i gdje iz daljina
Vjetar, kao glumce antičkog teatra,
Valja
vale, spori drhtaj žaluzina.
Snivah noć zelenu, punu snježna
sjaja,
Zvjezdanim cjelovom kad se s mora slijeva,
Nečuvenog
soka kruženja bez kraja,
Plav i žuti drhtaj fosfora što
pjeva.
Slijedio sam vale, poput krda zloga
Kako o hrid biju
i po više dana,
Bez pomisli da bi Marijanska noga
Ukrotila
bijesnu njušku oceana.
Viđao sam, znajte, čudesne
Floride
Gdje u oči tigra s ljudskom puti pada
Odsjev cvijeća,
duga što se nebom vide
Napete ko uzde iznad sinjeg
stada.
Ogromne sam bare gledao gdje gnjije
Levijatan usred
vrše što ga sputa,
Vir gdje vrelom strujom u bonacu rije
I
daljine što ih sivi ponor guta.
Led, srebrno sunce, sedefaste
vale,
Žarki svod i brodski trup sred smeđe struje,
Gdje ko
grane crna mirisa već pale,
Pune nametnika, orijaške
guje.
Poželjeh pokazati djeci sva ta čuda,
Pjevajuće
ribe, zlataste orade.
Morske pjene cvat bje kruna moga truda,
A
snažni mi vjetar katkad krila dade.
Al ponekad, shrvan
skitnjom na svom putu,
Razdragan sam slušo more kako
ječi,
Vješajući na me pjenu crno-žutu;
Katkad bijah nalik
ženi koja kleči,
Lutajućoj hridi što na sebi
njiše
Modrookih ptica nečist, žagor glasan;
I dok lutah,
preko užadi sve tiše
Klizali su vali davljenike na san.
Al
ja, izgubljeni brod što s kosom kiše
U eter bez ptica s uraganom
ode,
Te Hanzine lađe, ni Monitor više
Neće mu izvući pijan
trup iz vode,
Slobodan, tek s trhom ljubičasta dima,
Ja,
što provom param rumen zid visina,
Nosim omiljena jela
pjesnicima
Od sunčevih trava i azurnih slina,
Koji hitam,
posut iskrama planktona,
Luda daska s pratnjom hipokampa
tamnih,
Dok pod maljem Srpnja pada poput zvona
Tamno-modro nebo
u vir voda plamnih,
Koji drhtim, čuvši jecaj iz
daljina
Behemot i gusti Maelstrom kad se pare,
Ja, vječiti
tkalac beskrajnih modrina,
Sad evropske žalim lukobrane
stare.
Vidjeh nebo kada zvijezdama se pali,
Bunovno,
veslaču pristupno i drago:
Zar te ova noć snom izgnanstva
zali
Jato ptica zlatnih, o buduća Snago?
Ali znam da odveć
plačem. Svi već znadu
Gorka sunca, grozne lune, bolne
zore.
Trpka ljubav pijanim mrtvilom me nadu.
O da kilj mi
prsne, da me poždere more!
Kad za evropskom me vodom želje
snađu –
Vidim crnu lokvu pred mirisno veče,
Kad čučnuvši
kraj nje, tužno dijete lađu,
Krhku kao leptir, pušta neka
kreće.
Vali, otkada vaša nemoć me ne satre,
Ja ne mogu
tragom dereglija poći,
Prolaziti slavom zastava i vatre,
Niti
podnijeti mirnih luka strašne oči.
Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis
plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient
pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de
couleurs.
J'étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur
de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont
fini ces tapages,
Les Fleuves m'ont laissé descendre où je
voulais.
Dans les clapotements furieux des marées,
Moi,
l'autre hiver, plus sourd que les cerveaux d'enfants,
Je courus !
Et les Péninsules démarrées
N'ont pas subi tohu-bohus plus
triomphants.
La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus
léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots
Qu'on appelle
rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l'oeil
niais des falots !
Plus douce qu'aux enfants la chair des
pommes sûres,
L'eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des
taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant
gouvernail et grappin.
Et dès lors, je me suis baigné dans
le Poème
De la Mer, infusé d'astres, et lactescent,
Dévorant
les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif
parfois descend ;
Où, teignant tout à coup les bleuités,
délires
Et rhythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus
fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les
rousseurs amères de l'amour !
Je sais les cieux crevant en
éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants : je sais
le soir,
L'Aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes,
Et
j'ai vu quelquefois ce que l'homme a cru voir !
J'ai vu le
soleil bas, taché d'horreurs mystiques,
Illuminant de longs
figements violets,
Pareils à des acteurs de drames très
antiques
Les flots roulant au loin leurs frissons de volets
!
J'ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baiser
montant aux yeux des mers avec lenteurs,
La circulation des sèves
inouïes,
Et l'éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs
!
J'ai suivi, des mois pleins, pareille aux
vacheries
Hystériques, la houle à l'assaut des récifs,
Sans
songer que les pieds lumineux des Maries
Pussent forcer le mufle
aux Océans poussifs !
J'ai heurté, savez-vous, d'incroyables
Florides
Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à
peaux
D'hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides
Sous
l'horizon des mers, à de glauques troupeaux !
J'ai vu
fermenter les marais énormes, nasses
Où pourrit dans les joncs
tout un Léviathan !
Des écroulements d'eaux au milieu des
bonaces,
Et les lointains vers les gouffres cataractant
!
Glaciers, soleils d'argent, flots nacreux, cieux de braises
!
Échouages hideux au fond des golfes bruns
Où les serpents
géants dévorés des punaises
Choient, des arbres tordus, avec de
noirs parfums !
J'aurais voulu montrer aux enfants ces
dorades
Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants.
-
Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d'ineffables
vents m'ont ailé par instants.
Parfois, martyr lassé des
pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis
doux
Montait vers moi ses fleurs d'ombre aux ventouses jaunes
Et
je restais, ainsi qu'une femme à genoux...
Presque île,
ballottant sur mes bords les querelles
Et les fientes d'oiseaux
clabaudeurs aux yeux blonds.
Et je voguais, lorsqu'à travers mes
liens frêles
Des noyés descendaient dormir, à reculons !
Or
moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l'ouragan
dans l'éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers
des Hanses
N'auraient pas repêché la carcasse ivre d'eau
;
Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui
trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture
exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves
d'azur ;
Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche
folle, escorté des hippocampes noirs,
Quand les juillets
faisaient crouler à coups de triques
Les cieux ultramarins aux
ardents entonnoirs ;
Moi qui tremblais, sentant geindre à
cinquante lieues
Le rut des Béhémots et les Maelstroms
épais,
Fileur éternel des immobilités bleues,
Je regrette
l'Europe aux anciens parapets !
J'ai vu des archipels sidéraux
! et des îles
Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur
:
- Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et
t'exiles,
Million d'oiseaux d'or, ô future Vigueur ?
Mais,
vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune
est atroce et tout soleil amer :
L'âcre amour m'a gonflé de
torpeurs enivrantes.
Ô que ma quille éclate ! Ô que j'aille à
la mer !
Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache
Noire
et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi
plein de tristesse, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de
mai.
Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô
lames,
Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
Ni
traverser l'orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les
yeux horribles des pontons.
Izvor : http://poezija.6forum.info/t942-arthur-rimbaud
SlaviaDusha : un site qui prône la fraternité slave.
Par définition c'est identitaire mais de l'autre ça ouvre sur un univers tellement vaste qui mérite d'être mieux connu du lecteur francophone.
Dans tous les cas ça décrasse de l'atlantisme.
Footballski : Le Football d'Europe de l'Est
Je ne suis pas amateur de foot mais ça a l'air bien fait.
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