L'impérialisme atlantiste craint plus que tout des désordres dans son arrière-cour.
A moitié faisandé il a déjà assez de problèmes comme cela.
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MMA : Le nouveau programme anti-manifestation en Bosnie-Herzégovine
C'est hier a Sarajevo qu'a été signé l'Accord d'entraide et de coopération (MAA) entre cinq agences chargées de la répression – la Direction pour la coordination entre les corps de police ( DKPTBiH), l'Agence nationale d'enquête et de protection (SIPA), la Police aux frontières de la Bosnie-Herzégovine (GPBiH), l'Administration de la police fédérale (FUP) et le Ministère de l'Intérieur du Canton de Sarajevo (MUPKS). Il s'agit d'un accord dont l'élaboration a reçu l'aide de l'Ambassade des Etats-Unis en Bosnie-Herzégovine à travers le Programme international d'assistance à la formation en matière d'enquêtes pénales (ICITAP). Cela après qu'eurent été identifiés les problèmes de coordination entre les forces de police durant les manifestations de février en Bosnie.
Les participants à la cérémonie ont été salué par le chargé d'affaires de l'ambassade des Etats-Unis, Nicholas Hill (celui-là même que les participants aux Forums avaient accueilli avec ferveur). Hill a souligné que l'accord permettait de définir une plate-forme pour la réaction policière coordonnée en cas de situation de crise, lorsque des manifestations ont lieu.
Source : http://slobodari.wordpress.com/2014/06/11/maa-novi-program-protiv-protesta-u-bih/
La Grande-Bretagne envoie des cerbères pour mater une éventuelle révolte en Bosnie lors des prochaines élections.
L'info ci-dessous affaiblit la thèse d'une révolution de couleur qui aurait eu pour but de faire chanceler la République serbe de Dodik.
A l'inverse elle valide la position de ce blog lorsque nous disons que les atlantistes craignent plus que tout du désordre dans leur arrière-cour.
Pour rappel : La révolte de février en Bosnie a fait peser une menace directe sur les pouvoirs nationalistes qui eux-mêmes s'appuient sur l'impérialisme atlantiste pour se perpétuer.
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La Grande-Bretagne intensifie sa présence militaire en Bosnie-Herzégovine
La Grande-Bretagne déploie 90 membres supplémentaires du personnel militaire en Bosnie-Herzégovine pour "anticiper, superviser et éviter des troubles civils" au pays, a annoncé lundi le ministère britannique de la Défense.
Deux pelotons de reconnaissance seront envoyés en Bosnie-Herzégovine pour une durée maximale de six mois pendant la période électorale au pays. Ils seront basés au siège de la Force de l'Union européenne (EUFOR) Althea à Sarajevo, selon le ministère de la Défense.
Ce soutien supplémentaire est mis en place à la demande de l'adjoint du commandant suprême allié en Europe, a déclaré le ministère, ajoutant que les leçons tirées de l'exercice mené après les troubles civils qui ont éclaté en Bosnie-Herzégovine en février ont mis en évidence le besoin de "capacité additionnelle" dans l'EUFOR Althea, dans le but d'effectuer une évaluation de la situation et une planification opérationnelle.
"Les élections d'octobre sont un événement marquant dans la marche de la Bosnie-Herzégovine vers la sécurité et la prospérité à long terme. Cette contribution supplémentaire de la part du Royaume-Uni renforcera la mission destinée à maintenir la stabilité pendant la période électorale", a affirmé Andrew Murrison, ministre britannique chargé de la Stratégie de la Sécurité internationale.
Un communiqué du ministère de la Défense a précisé que les forces de l'EUFOR stationnées en Bosnie font partie d'une mission militaire établie de l'UE visant à assurer la "sûreté et la sécurité" de la Bosnie-Herzégovine, et que l'armée britannique fournit du personnel à la mission depuis 2004.
La Bosnie-Herzégovine devrait organiser des élections présidentielle et générales en octobre.
Source : french.cri.cn, le 10 juin 2014.
Trijumf mita američkog oslobođenja Evrope
U junu mjesecu 2004, u vrijeme 60 godišnjice (prvi put okruglog broja proslavljanog u XXI stoljeću) savezničkog iskrcavanja u Normandiji, na pitanje „koja je, po vama nacija, koja je najviše doprinijela porazu Njemačke“ IFOP (Insitut français d’opinion publique, Francuska agencija za javno mnjenje, za statistiku i za tržište, prim prev.) dala je potpuno suprotnu verziju od one koje je dobila u svibnju 1945: to jest 58 i 20% za Sjedinjene Države i 20 i 57% za SSSR1. Od proljeća do ljeta 2004 neprestano se bambardiralo javno mnjenje o tome kako su američki vojnici od 6 juna 1944 do 8 maja 1945 prokrstarili kroz „zapadnu“ Evropu, kako bi joj vratili slobodu, koju joj je ukrao njemački okupator i kojoj je prijetilo napredovanje Crvene Armije prema Zapadu. U odnosu na SSSR, tko je žrtva tog „toliko spektakularnog preokreta (postotaka)2 tokom vremena, nije se uopće postavljalo pitanje. Godine 2014 (70 godišnjica) obećava još gore odgovore u odnosu na „Saveznike“ u Drugom svjetskom ratu, dok je pozadina svega grubo vrijeđanje zbog ruskog svojatanja Ukrajine i ostalog3.
En juin 2004, lors du 60e anniversaire (et premier décennal célébré au XXIe siècle) du « débarquement allié » en Normandie, à la question « Quelle est, selon vous, la nation qui a le plus contribué à la défaite de l’Allemagne » l’Ifop afficha une réponse strictement inverse de celle collectée en mai 1945 : soit respectivement pour les États-Unis, 58 % (2004) et 20 % (1945), et pour l’URSS, 20 et 57 % [1]. Du printemps à l’été 2004 avait été martelé que les soldats US avaient, du 6 juin 1944 au 8 mai 1945, sillonné l’Europe « occidentale » pour lui rendre l’indépendance et la liberté que lui avait ravies l’occupant allemand et que menaçait l’avancée de l’armée rouge vers l’Ouest. Du rôle de l’URSS, victime de cette « très spectaculaire [inversion des pourcentages] avec le temps » [2], il ne fut pas question. Le (70e) cru 2014 promet pire sur la présentation respective des « Alliés » de la Deuxième Guerre mondiale, sur fond d’invectives contre l’annexionnisme russe en Ukraine et ailleurs [3].
Ta je legenda narasla sa američkom ekspanzijom po evropskom kontinentu, koju je planirao Washington već 1942 i koja je ostvarena uz poomoć Vatikana, koji je tutor katoličkih krajeva kontinenta i koji upravlja, od prije II svjetskog rata, za vrijeme II svjetskog rata kao i nakon njega, „sferom zapadnog interedsa“1. Ta je kampanja vođena zajedno i u konkurenciji s Njemačkom federalnom republikom (a potom sa ponovo ujedinjenom Njemačkom), taj juriš na Istok dobio je frenetičan ritam nakon pada Berlinskog zida (1989): u prah su se pretvorili „ratni ciljevi“, koje je zahtijevala Moskva u julu mjesecu 1941 i što je postigla 1944 (povratak teritorija iz 1939-1940) i 1945 (sticanje utjecajne zone, koja bi predstavljala nekadašnji „sanitarni kordon“ srednje i istočne Evrope, stari njemački put za napadanje Rusije)2. Američki je projekt tako brzo napredovao, da je Armand Bérard, diplomata iz Vichyja i, nakon Oslobođenja, savjetnik ambasade u Washingtonu (decembar 1944) i u Bonnu (kolovoz 1949), u veljači 1952 prorekao : „suradnici starog kancelara (Adenauera) smatraju općenito, da će onoga dana kad Amerika bude u stanju da gurne u prvi red nadmoćnu silu, SSSR pristati da napusti teritorije srednje i istočne Evrope, kojima sada gospodari“3. Predskazanja, tada zapanjujuća „Kasandre“ Bérarda nadiđene su u mjesecima maju i junu 2014: nekadašnjem SSSRu, svedenom na Rusiju 1991, prijete s ukrajinskih vrata.
La légende a progressé avec l’expansion états-unienne sur le continent européen planifiée à Washington depuis 1942 et mise en œuvre avec l’aide du Vatican, tuteur des zones catholiques et administrateur, avant, pendant et après la Deuxième Guerre mondiale de la « sphère d’influence “occidentale” » [4]. Conduite en compagnie de et en concurrence avec la RFA (puis l’Allemagne réunifiée), cette poussée vers l’Est a pris un rythme effréné depuis la « chute du Mur de Berlin » (1989) : elle a pulvérisé les « buts de guerre » que Moscou avait revendiqués en juillet 1941 et atteints en 1944 (récupération du territoire de 1939-1940) et 1945 (acquisition d’une sphère d’influence recouvrant l’ancien « cordon sanitaire » d’Europe centrale et orientale, vieille voie germanique d’invasion de la Russie) [5]. Le projet états-unien avançait si vite qu’Armand Bérard, diplomate en poste à Vichy et, après la Libération, conseiller d’ambassade à Washington (décembre 1944) puis à Bonn (août 1949), prédit en février 1952 : « les collaborateurs du chancelier [Adenauer] considèrent en général que le jour où l’Amérique sera en mesure de mettre en ligne une force supérieure, l’URSS se prêtera à un règlement dans lequel elle abandonnera les territoires d’Europe centrale et orientale qu’elle domine actuellement. » [6] Les prémonitions, alors effarantes, de Bérard-Cassandre, sont en mai-juin 2014 dépassées : l’ancienne URSS, réduite à la Russie depuis 1991, est menacée à sa porte ukrainienne.
Ideološka hegemonija „Zapada“, koja prati ovaj Drang nach Osten (Nalet na Istok) bila je potpomognuta u vremenu, koje je proteklo od Drugog svjetskog rata. Prije Sloma Francuske u II svjetskom ratu „francusko javno mnjenje“ dalo se „prevariti od ideoloških kampanja“, koje su pretvorile SSSR u vuka, a Treći Reich u janje. Velika štampa, u vlasništvu financijskog kapitala, raširila je uvjerenje da će napuštanje čehoslovačkog saveznika dovesti do trajnog mira. „Aneksija ovog tipa bit će i samo uvod u rat, koji će postati neizbježan, a jednom kad prođu njegovi užasi, Francuska će riskirati da doživi najveći poraz, komadanje i dovođenje u vazalski položaj onog, što bude još ostalo od njenog nacionalnog teritorija kao države, koja je tobože nezavisna“, upozorio je tjedan dana prije Minhena još jedan stručnjak generalštaba, koji je igrao ulogu druge Kasandre u francuskoj vojsci. Prevarena i izdana od vlastitih elita4 „Francuska je doživjela prorečenu sudbinu, a njeni radnici i namještenici, koji su podnijeli da im plaće budu smanjene za 50% od prijašnjih plaća, izgubili su po 10-12 kg po osobi od 1940 do 1944 i tada su manje bili podložni „ideološkim kampanjama“.
L’hégémonie idéologique « occidentale » accompagnant ce Drang nach Osten a été secondée par le temps écoulé depuis la Deuxième Guerre mondiale. Avant la Débâcle, « l’opinion française » s’était fait « dindonn[er] par les campagnes “idéologiques” » transformant l’URSS en loup et le Reich en agneau. La grande presse, propriété du capital financier, l’avait persuadée que l’abandon de l’alliée tchécoslovaque lui vaudrait préservation durable de la paix. « Une telle annexion sera et ne peut être qu’une préface à une guerre qui deviendra inévitable, et au bout des horreurs de laquelle la France courra le plus grand risque de connaître la défaite, le démembrement et la vassalisation de ce qui subsistera du territoire national comme État en apparence indépendant », avait averti, deux semaines avant Munich, une autre Cassandre du haut état-major de l’armée [7]. Trompée et trahie par ses élites, « la France » connut le destin prévu mais ses ouvriers et employés, subissant 50 % de baisse des salaires réels et perdant 10-12kg entre 1940 et 1944, se laissèrent moins « dindonn[er] par les campagnes “idéologiques” ».
Shvatili su ratnu stvarnost sigurno kasnije u odnosu „na dobro upućene krugove“, kad su kroz rastućii broj mjeseci pratili na geografskom atlasu i na mapama kolaboracionističke štampe razvoj „istočnog fronta“. Uvidjeli su da SSSR, koji je od jula 1941 uzalud tražio otvaranje zapadnog fronta, kako bi olakšao vlastito mučeništvo, sam snosi težinu rata. „Entuzijazam“ koji je kod njih izazvala vijest o anglo-američkom iskrcavanju u Sjevernoj Africi (8 novembra 1942) se „ugasio“ idućeg proljeća: „Danas su sve nade upućene Rusiji, čiji uspjesi ispunjavaju radošću cijelo stanovništvo (…) Svaka propaganda Komunističke partije je beskorisna (…) jer je isuviše laka usporedba nerazumljive neaktivnosti jednih i herojskih podviga i akcija drugih, što sve sprema teške dane za one koji su zabrinuti zbog boljševičke opasnosti“, priznavao je jedan izvještaj iz mjeseca aprila 1943 za BCR 8 (Bureau Central de rensegnements et d’Action, Francuskom uredu za informiranje, prim.prev.)
Ils perçurent certes les réalités militaires plus tard que « les milieux bien informés », mais, en nombre croissant au fil des mois, ils suivirent sur les atlas ou les cartes de la presse collaborationniste l’évolution du « front de l’Est ». Ils comprirent que l’URSS, qui réclamait en vain depuis juillet 1941 l’ouverture, à l’Ouest, d’un « second front » allégeant son martyre, portait seule le poids de la guerre. L’« enthousiasme » que suscita en eux la nouvelle du débarquement anglo-américain en Afrique du Nord (8 novembre 1942) était « éteint » au printemps suivant : « Aujourd’hui tous les espoirs sont tournés vers la Russie dont les succès remplissent de joie la population tout entière […] Toute propagande du parti communiste est devenue inutile […] la comparaison trop facile entre l’inaction inexplicable des uns et l’héroïque activité des autres prépare des jours pénibles à ceux qui s’inquiètent du péril bolchevique », trancha un rapport d’avril 1943 destiné au BCRA gaulliste [8].
Ukoliko je zavesti generacije, koje su čuvale uspomenu na ratni sukob, bilo složen zadatak, njegovo primjenjivanje je danas vrlo lako. Na postupan prirodni nestanak svjedoka i učesnika nadovezalo se propadanje radikalnog radničkog pokreta. Komunistička partija Francuske, „partija streljanih“, naširoko je informirala i to kroz dugo vremena, mnogo šire od vlastitih redova, o stvarnosti tog rata. To je argument koji ona danas nerado načinje i u vlastitoj kući te u vlastitoj štampi, koja je također na putu da nestane, osjećajući se krivom za „staljinističku“ prošlost, koja je bila istovremena s Pokretom Otpora. Dominantna ideologija, oslobodivši se ozbiljne prepreke, ostvarila je vlastitu hegemoniju i na ovom, kao i na ostalim poljima. Akademski krugovi više ne pružaju otpor (štoviše oni se pridružuju) trovanju, koje vrši štampa, ona pisana kao i audivizivna ili pak filmovi9. U međuvremenu priprema i ciljevi 5 juna 1944 nisu osvijetljeni ni filmom „Spasite vojnika Ryana“, a niti dugačkim dokumentarnim filmom „Apokalipsa“.
Si duper les générations qui avaient conservé le souvenir du conflit était délicat, l’exercice est aujourd’hui devenu aisé. À la disparition progressive de ses témoins et acteurs s’est ajouté l’effondrement du mouvement ouvrier radical. Le PCF, « parti des fusillés », a longtemps informé largement, bien au-delà de ses rangs, sur les réalités de cette guerre. Ce qui en demeure en traite moins volontiers dans sa presse, elle-même en voie de disparition, voire bat sa coulpe sur le passé « stalinien » contemporain de sa Résistance. L’idéologie dominante, débarrassée d’un sérieux obstacle, a conquis l’hégémonie sur ce terrain comme sur les autres. La sphère académique n’oppose plus rien (voire s’associe) à l’intoxication déchaînée dans la presse écrite et audiovisuelle ou le cinéma [9]. Or, les préparatifs et objectifs du 6 juin 1944 ne sont éclairés ni par le film Il faut sauver le soldat Ryan, ni par le long documentaire Apocalypse.
Pax Americana u očima ArmandaBérarda u julu 1941
Daleko prije „preokreta“ kod Stljingrda (januar-februar 1943) francuske su elite shvatile američke posljedice vojne situacije „divljeg otpora (…) ruskog vojnika“. To svjedoči izvještaj iz polovine jula 1941 generala Paula Doyena, predsjednika francuske delegacije pri Njemačkoj Komisiji za primirje u Wiesbadenu, a taj je izvještaj ustvari napisao njegov diplomatski suradnik Armand Bérard10:
C’est bien avant le « tournant » de Stalingrad (janvier-février 1943) que les élites françaises saisirent les conséquences états-uniennes de la situation militaire née de la « résistance […] farouche du soldat russe ». En témoigne le rapport daté de la mi-juillet 1941 que le général Paul Doyen, président de la délégation française à la Commission allemande d’armistice de Wiesbaden, fit rédiger par son collaborateur diplomatique Armand Bérard [10] :
Blitzkrieg (munjeviti rat) je mrtav. „Tok operacija“ osporava ono što su predviđali „vođe Trećeg Reicha (koji…) nisu bili predvidjeli tako divljački otpor ruskog vojnika, ni tako strastveni fanatizam stanovništva, niti tako iscrpljujući gerilski rat u pozadini, niti tako ozbiljne gubitke, niti toliko velik prostor pred invazorom, ni tako ozbiljne poteškoće u snabdjevanju i u komunikacijama. Gigantske borbe tenkova i aviona, nužnost, kod nepostojanja vagona sa prikladnim razmakom među kotačima, da se osigura prijevoz po cestama u strašno lošem stanju i to na više stotina kilometara kao i teškoće, koje iz toga proizlaze za njemačku vojsku, utrošak materijala i benzina, koji opasno ugrožava nenadomjestive rezerve goriva i guma. Znamo da je njemački Generalštab predvidio razerve benzina za tri mjeseca. Neophodno je da mu tromjesečna ratna kampanja omogući da savlada sovjetski komunizam, da uspostavi red u Rusiji pod novim režimom, da izloži eksploataciji sva prirodna bogatstva zemlje, a naročito energetska ležišta na Kavkazu. Ne brinući se za ono, što će sutra jesti, Rus pali bazukama vlastitu žetvu, diže u zrak vlastita sela, uništava vlastita prevozna sredstva, sabotira vlastite fabrike“.
Rizik njemačkog poraza (nadugačko opisan od Bérarda), prisiljavao je gospodare Francuske da postave na šahovsku ploču još jednog zaštitnika „kontinentalnog“ imperijalizma, kojeg su izabrali nakon „Pomirenja“ godine 1920. Taj zaokret će se pokazati kao neizvodiv „sljedećih mjeseci“, neizbježnim prelaskom njemačke hegemonije na američku. Jer će „Sjedinjene Države, koje su već bile pobjednice u ratu 1918 još više to postati u sadašnjem ratnom sukobu. Njihova ekonomska moć, njihova civilizacija, broj njihovih stanovnika, njihov rastući utjecaj na svim kontinentima, slabljenje evropskih država, koje bi se mogle natjecati s njima, dovodi do toga, ma što da se desi, da će svijet morati, u decenijama koje nailaze, biti podložan volji Sjedinjenih Država“11. Bérard je dakle opažao već od srpnja 1941 da će se budući ratni pobjednik, a to će biti sovjeti – koje je Vatikan malo iza toga prepoznao također kao takve12 – iscrpiti u ratnom sukobu u svojstvu „jedinog pobjednika“, u korist „ekonomske moći“, koju će razviti onaj drugi pobjednik u ovom ratu, kao i u onom prijašnjem, putem „periferne strategije“
Le risque d’une défaite allemande (longuement détaillé par Bérard) contraignait les maîtres de la France à rallier un autre protecteur que l’impérialisme « continental » choisi depuis la « Réconciliation » des années 1920. Un tel tournant s’avérant impossible « dans les mois à venir », on passerait avec doigté de l’hégémonie allemande à l’états-unienne, inéluctable. Car « déjà les États-Unis sont sortis seuls vainqueurs de la guerre de 1918 : ils en sortiront plus encore du conflit actuel. Leur puissance économique, leur haute civilisation, le chiffre de leur population, leur influence croissante sur tous les continents, l’affaiblissement des États européens qui pouvaient rivaliser avec eux font que, quoi qu’il arrive, le monde devra, dans les prochaines décades, se soumettre à la volonté des États-Unis. [11] » Bérard distinguait donc dès juillet 1941 le futur vainqueur militaire soviétique – que le Vatican identifia clairement peu après [12], que la guerre d’attrition allemande épuiserait, du « seul vainqueur », par sa « puissance économique », qui pratiquerait dans cette guerre comme dans la précédente la « stratégie périphérique ».
„Periferna strategija“ i Pax americana protiv SSSR-a
Sjedinjene Države, koje nikada nisu bile pod stranom okupacijom, niti doživjele ikakva razaranja nakon pokorenja poljoprivrednog juga zemlje (robovlasničkog) industrijskom Sjeveru, upotrebljavale su vlastitu stalnu vojsku za misije koje su bile koliko bezdušne toliko i pogodne, prije (i eventualno počevši od) imperijalističke ere: bilo je to likvidiranje domorodačkog stanovništva, pokoravanje slabih susjeda (latinoamričko „dvorište“) ili su služile za unutarnju represiju. Za imperijalističku ekspanziju, kako je zahtijevao slavitelj imperijalizma Alfred Mahan – trebalo je bez ograničenja razviti mornaricu – a istim su se preporukama još obilnije služili kad se radilo o sljedbenicima mornarice, avijaciji13. Ali skromnost pješadijskih vojnih snaga činila ih je neprikladnim za evropski sukob. Kad su jednom postigli pobjedu preko treće zemlje, koja je poslužila kao snabdjevač „topovskim mesom“(canon fodder) američke oružane snage su se kasnije razvile, ojačale i raširile, kako se to dogodilo od proljeća 1918 po teritoriju, koji je trebalo kontrolirati: krenule su navodno iz pomorskih i avionskih stranih baza, onih u sjevernoj Africi, a tamo su se pridružile u studenom 1942 britanskim snagama14.
Les États-Unis, n’ayant jamais souffert d’occupation étrangère ni d’aucune destruction depuis la soumission du Sud agricole (esclavagiste) au Nord industriel, avaient cantonné leur armée permanente à des missions aussi impitoyables qu’aisées, avant (et éventuellement depuis) l’ère impérialiste : liquidation des populations indigènes, soumission de voisins faibles (« l’arrière-cour » latino-américaine) et répression intérieure. Pour l’expansion impériale, la consigne du chantre de l’impérialisme Alfred Mahan —développer indéfiniment la Marine—, s’était enrichie sous ses successeurs des mêmes prescriptions concernant l’aviation [13]. Mais la modestie de leurs forces armées terrestres dictait leur incapacité dans un conflit européen. Victoire une fois acquise par pays interposé, fournisseur de la « chair à canon » (« canon fodder »), des forces états-uniennes tardivement déployées investiraient, comme à partir du printemps 1918, le territoire à contrôler : désormais, ce serait à partir de bases aéronavales étrangères, celles d’Afrique du Nord s’ajoutant depuis novembre 1942 aux britanniques [14].
Trojni savez (Francuska, Engleska, Rusija) iz 1914 podijelio je vojni angažman, pomaknuvši se na kraju i opteretivši, s obzirom na rusko povlačenje, najviše Francusku. Ovoga puta tu je ulogu morao preuzeti sam Sovjetski Savez, sada u američkom ratu koji, prema tajnoj studiji iz decembra 1942 Komiteta zajedničkog generalštaba (Joint Chiefs of Staffs, JCF) su ovi sebi postavili kao pravilo, da „ignoriraju primjedbe, što se odnose na nacionalni suverenitet“ stranih zemalja. Godine 1942 -1943 JCS :1) o sukobu u toku (i onom prethodnom) je zaključio, da će sljedeći rat imati kao kičmu američko strateško bombardiranje kao jednostavno „sredstvo američke politike, međunarodnu vojnu silu“, koja će imati podređene zadatke“, i 2) povećanje bez kraja i konca i to univerzalno, spiska baza u posljeratnom razdoblju, u koje će biti uračunate kolonije „saveznika“(JCS 570). Ništa neće omogućavati „da podnosimo restrikcije naše sposobnosti postavljanja i operiranja vojnih aviona u i iznad izvjesnih teriotorija pod stranim suverenitetom“, odlučno je određivao general Henry Arnold, zapovijednik avijacije u novembru 194315.
L’Entente tripartite (France, Angleterre, Russie) s’était en 1914 partagé le rôle militaire, finalement dévolu, vu le retrait russe, à la France surtout. C’est l’URSS seule qui l’assumerait cette fois dans une guerre états-unienne qui, selon l’étude secrète de décembre 1942 du Comité des chefs d’états-majors interarmées (Joint Chiefs of Staff, JCS), se fixait pour norme d’« ignorer les considérations de souveraineté nationale » des pays étrangers. En 1942-1943, le JCS 1° tira du conflit en cours (et du précédent) la conclusion que la prochaine guerre aurait « pour épine dorsale les bombardiers stratégiques américains » et que, simple « instrument de la politique américaine, une armée internationale » chargée des tâches subalternes (terrestres) « internationaliserait et légitimerait la puissance américaine » ; et 2° dressa l’interminable liste des bases d’après-guerre sillonnant l’univers, colonies des « alliés » comprises (JCS 570) : rien ne pourrait nous conduire à « tolérer des restrictions à notre capacité à faire stationner et opérer l’avion militaire dans et au-dessus de certains territoires sous souveraineté étrangère », trancha le général Henry Arnold, chef d’état-major de l’Air, en novembre 1943 [15].
„Hladni rat“ koji je od SSSRa napravio „sovjetsko čudovište“16, razdijelio je ove izlive o taktici, što je podređivala upotrebu „topovskog mesa“ (momentalnih) saveznika, od ciljeva „američkih strateških bombardiranja“. U maju 1949, kad je potpisan Atlantski pakt (4 travnja) Clarance Canon, predsjednik za Finacije parlamentrnog doma (House Committee on Appropriations) jako je hvalio „teške skupe bombardere, sposobne da ponesu atomsku bombu, koji bi mogli u tri tjedna pretvoriti u prah i pepeo sve sovjetske vojne centre“ i izrazio je radost zbog „doprinosa koji mogu dati naši saveznici“(…) pozivajući mlade ljude nužne za okupaciju neoprijateljskog područja, pošto ono bude demoralizirano i uništeno od naših zračnih napada“ (…) Slijedili smo sličan plan za vrijeme posljednjeg rata“17.
La « Guerre froide » transformant l’URSS en « ogre soviétique » [16] débriderait les aveux sur la tactique subordonnant l’usage de la « chair à canon » des alliés (momentanés) aux objectifs des « bombardements stratégiques américains ». En mai 1949, Pacte atlantique signé (le 4 avril), Clarence Cannon, président de la commission des Finances de la Chambre des représentants (House Committee on Appropriations) glorifia les fort coûteux « bombardiers terrestres de grand raid capables de transporter la bombe atomique qui “en trois semaines auraient pulvérisé tous les centres militaires soviétiques” » et se félicita de la « contribution » qu’apporteraient nos « alliés […] en envoyant les jeunes gens nécessaires pour occuper le territoire ennemi après que nous l’aurons démoralisé et anéanti par nos attaques aériennes. […] Nous avons suivi un tel plan pendant la dernière guerre » [17].
Američki historičari Michael Sherry i Martin Sherwin su to pokazali: SSSR je bio vojno sredstvo pobjede, simultano budući cilj osvajačkih ratova – a ne Reich, službeno predstavljen kao neprijatelje „Ujedinjenijh Nacija“18. Shvaća se zašto je to tako čitanjem historičara Williama Applemana Willimsa, jednog od osnivača (progresističke) američke „revizionističke škole“.Njegova teza o „rusko–američkim odnosima “od 1781 do 1947“ (1952) pokazuje da američki imperijalizam ne podnosi nikakva ograničenja vlastite sfere svjetskog utjecaja te da je „hladni rat“ nastao 1917, a ne 1945-1947, te da je imao ekonomske, a ne ideološke temelje, i da je američka rusofobija potjecala iz imperijalističke epohe19. „(Rusko–američki) savez je kukavički i neformalan (…) i bio se razbio oko prava na prelazak ruskih željeznica kroz južnu Manđuriju“ i kineski Istok „između 1895 i 1912“.
Sovjeti su se drznuli iskoristiti vlastitu Alibabinu špilju, oduzevši američkom kapitalu svoju ogromnu teritoriju (22 miliona kvadratnih kilometara). Eto što je rodilo „kontinuitet između Theodorea Roosevelta i Johna Haya i Franklina Roosevelta, prešavši preko Wilsona, Hugesa i Hoovera, u američkoj politici na dalekom Istoku“20- ali i u Africi i u Evropi, i na drugim privilegiranim poljima “oko podjele svijeta i oko reputacije koju će uživati u svijetu“ i koju Amerikanci neprekidno obnavljaju od 1880-189021.
Les historiens états-uniens Michael Sherry et Martin Sherwin l’ont montré : c’est l’URSS, instrument militaire de la victoire, qui était la cible simultanée des futures guerres de conquête —et non le Reich, officiellement désigné comme ennemi « des Nations unies »—. On comprend pourquoi en lisant William Appleman Williams, un des fondateurs de « l’école révisionniste » (progressiste) américaine. Sa thèse sur [18] « les relations américano-russes de 1781 à 1947 » (1952) a démontré que l’impérialisme US ne supportait aucune limitation à sa sphère d’influence mondiale, que la « Guerre froide », née en 1917 et non en 1945-1947, avait des fondements non idéologiques mais économiques, et que la russophobie états-unienne datait de l’ère impérialiste [19]. « L’entente [russo-américaine] lâche et informelle […] s’était rompue sur les droits de passage des chemins de fer [russes] de Mandchourie méridionale et de l’Est chinois entre 1895 et 1912 ». Les Soviets eurent au surplus l’audace d’exploiter eux-mêmes leur caverne d’Ali Baba, soustrayant aux capitaux états-uniens leur immense territoire (22 millions de km2). Voilà ce qui généra « la continuité, de Theodore Roosevelt et John Hay à Franklin Roosevelt en passant par Wilson, Hugues et Hoover, de la politique américaine en Extrême-Orient » [20] mais aussi en Afrique et en Europe, autres champs privilégiés « d’un partage et d’un repartage du monde » [21] états-uniens renouvelés sans répit depuis 1880-1890.
Washington je pretendiro da izvede tu „podjelu-reputaciju“ isključivo na vlastitu korist , i s tog je razloga Roosevelt stavljao veto u svakoj diskusiji između Staljina i Churchilla, kad se radilo o podjeli „interesnih zona“. Prekid neprijateljstava imao mu je osigurati vojnu podjelu, koja ga ništa ne bi koštala, budući da se njegov veliki ruski suparnik nalazio u zaista žaljenja vrijednom stanju, potpuno razoren od njemačkog napadaja22. U februaru i u martu 1944, milijarder Harriman, ambasador u Moskvi od 1943, pozivajući se u dva izvještaja napisana na osnovu informacija „ruskih“ službi, obraćajući se State Departementu („Neki aspekti sadašnje sovjetske politike“ i „Rusija i istočna Evropa“) tvrdi da se Rusija treba smatrati „osiromašenom ratom i u potrazi za našom ekonomskom pomoći“(…), što treba da bude jednim od naših glavnih pokretača za političko djelovanje u skladu s našom politikom“ te je mislio da ona neće imati snage da proširi svoje granice na Istok, koji će uskoro također postati američki. Sovjetski Savez zadovoljit će se američkim obećanjima da će mu se dati pomoć, a to će omogućiti „izbjegavanje stvaranja utjecajne zone Sovjetskog Saveza u istočnoj Evropi i na Balkanu“23: To su predviđanja iz kojih proizlazi preveliki optimizam, budući da SSSR nije nikada odustao, da sebi osigura izvjesnu zonu utjecaja.
Washington prétendait opérer ce « partage-repartage » à son bénéfice exclusif, raison fondamentale pour laquelle Roosevelt mit son veto à toute discussion en temps de guerre avec Staline et Churchill sur la répartition des « zones d’influence ». L’arrêt des armes lui assurerait la victoire militaire à coût nul, vu l’état pitoyable de son grand rival russe, ravagé par l’assaut allemand [22]. En février-mars 1944, le milliardaire Harriman, ambassadeur à Moscou depuis 1943, s’accordait avec deux rapports des services « russes » du Département d’État (« Certains aspects de la politique soviétique actuelle » et « La Russie et l’Europe orientale ») pour penser que l’URSS, « appauvrie par la guerre et à l’affût de notre assistance économique […,] un de nos principaux leviers pour orienter une action politique compatible avec nos principes », n’aurait même pas la force d’empiéter sur l’Est de l’Europe bientôt américaine. Elle se contenterait pour l’après-guerre d’une promesse d’aide états-unienne, ce qui nous permettrait « d’éviter le développement d’une sphère d’influence de l’Union Soviétique sur l’Europe orientale et les Balkans » [23]. Pronostic manifestant un optimisme excessif, l’URSS n’ayant pas renoncé à s’en ménager une.
Pax Americana s francuske strane zone utjecaja
1.Sinarhijski planovi mira (Planovi mira za zajedničko vladanje)
Ta „financijska“ poluga bila je koliko na Zapadu, toliko i na Istoku „jedno od najefikasnijih oružja kojim smo raspolagali, da bismo utjecali na evropske političke događaje u smjeru u kojem smo željeli“24. (Foreign Relations of the United States 1944, IV, Evropa, str. 951).
Viđenje ovakve Pax americana sinarkičnih (u zajedničkom upravljanju prim. prev) visokih financijskih krugova francuskog imperijalizma, koji su bili jako dobro predstavljeni preko mora – Lemaigre-Dubreuil, vlasnik ulja Lesieur (i naftnih kompanija) kao i predsjednik banke u Indokini Paul Baudouin, te posljednji ministar vanjskih poslova Reynaud i prvi Pétenov ministar itd. – natjeralo ih je da počnu pregovarati aktivnije od drugog tromjesečja 1941 sa finacijskim stručnjakom Robertom Murphy, specijalnim izaslanikom Roosevelta u Sjevernoj Africi. Budući prvi savjetnik vojnog guvernera u američkoj okupacionoj zoni u Njemačkoj i jedan od šefova službe informacija ratnog Office of Strategic Services (OSS) pri Central Inteligence Agency od 1947, Murphy se tom prilikom bio nastanio u Alžiru decembra mjeseca 1940 godine. Taj integralistički katolik pripremao je iskrcavanje Sjedinjenih Država u Sjevernoj Africi, odskočnoj dasci za okupaciju Evrope , koja je imala započeti sa francuskog teritorija, u času u kojem se SSSR pripremao da iskorači iz vlastitih granica iz godine 1940-1941 , kako bi oslobodio okupirane zemlje25. Ti su se tajni pregovori vodili izvan okupirane zone, unutar „imperija“ preko „neutralnih“ hitlerovaca Salazara i Franca, vrlo osjetljivih na američke sirene, na Švicarce i na Šveđane, te su radili preko Vatikana, koji je bio jako zabrinut već 1917-1918 za osiguravanje pristojnog mira za pobijeđeni Reich. Na čekanju do kraja rata, uvrstili su od 1942 planove za „okretanje fronta“ protiv SSSR-a, što je izbilo na javu još prije njemačke kapitulacije26, ali nije dobilo pun značaj sve do 8-9 maja 1945.
Les plans de paix synarchiques…
Ce « levier » financier était, tant à l’Ouest qu’à l’Est, « une des armes les plus efficaces à notre disposition pour influer sur les événements politiques européens dans la direction que nous désirons » [24].
En vue de cette Pax Americana, la haute finance synarchique, cœur de l’impérialisme français particulièrement représenté outre-mer —Lemaigre-Dubreuil, chef des huiles Lesieur (et de sociétés pétrolières), le président de la banque d’Indochine Paul Baudouin, dernier ministre des Affaires étrangères de Reynaud et premier de Pétain, etc.—, négocia, plus activement depuis le second semestre 1941, avec le financier Robert Murphy, délégué spécial de Roosevelt en Afrique du Nord. Futur premier conseiller du gouverneur militaire de la zone d’occupation états-unienne en Allemagne et un des chefs des services de renseignements, de l’Office of Strategic Services (OSS) de guerre à la Central Intelligence Agency de 1947, il s’était installé à Alger en décembre 1940. Ce catholique intégriste y préparait le débarquement des États-Unis en Afrique du Nord, tremplin vers l’occupation de l’Europe qui commencerait par le territoire français quand l’URSS s’apprêterait à franchir ses frontières de 1940-1941 pour libérer les pays occupés [25]. Ces pourparlers secrets furent tenus en zone non occupée, dans « l’empire », via les « neutres », des pro-hitlériens Salazar et Franco, sensibles aux sirènes états-uniennes, aux Suisses et aux Suédois, et via le Vatican, aussi soucieux qu’en 1917-1918 d’assurer une paix douce au Reich vaincu. Prolongés jusqu’à la fin de la guerre, ils inclurent dès 1942 des plans de « retournement des fronts », contre l’URSS, qui percèrent avant la capitulation allemande [26] mais n’eurent plein effet qu’après les 8-9 mai 1945.
Pregovarajući o neposrednim trgovinskim poslovima (u sjevernoj Africi) kao i o onim budućim (poslovima metropole kao i kolonijalnim poslovima nakon Oslobođenja) sa velikim sinarhistima, Washington je računao s njima, kako bi isključio De Gaullea, kojeg su podjednako mrzile obje strane. No nikako to nije bilo zbog toga što je ovaj bio neka vrsta nepodnošljivog vojnog diktatora, kako to govori dugotrajna legenda i jer ga je takvim vidio demokratični Roosevelt. De Gaullea su obje strane mrzile jer je on, makar bio ili se pretpostavlja da je bio reakcionaran, ipak svoju veliku popularnost i svoju veliku snagu dugovao unutarnjem Pokretu Otpora u zemlji (i to prvom redu komunista): i s tog naslova je smetao posvemašnjoj dominaciji Sjedinjenih Država, dok bi jedan „Vichy bez Vichyja“stavio na raspolaganje osramoćene partnere u očima naroda, dakle pokorne „perinde ac cadaver“ (kao da su leš) za američka naređenja. Ta američka formulacija, koja je na kraju bila osuđena na neuspjeh s obzirom na opći odnos snaga, pa i onih francuskih, imala je sukcesivno kao svoje junake, od 1941 do 1943 cagoulards (teroriste fašističkog uvjerenja, prim. prev) iz Vichyja Weyganda, Darlana i zatim još i Girauda, priznate šampione vojne diktature27, a isti su bili baš reprezentativni i po ukusu Washingtona odnosno vrlo pogodni za te strance, pobornike slobode vlastitih kapitala i postavljanja pomorskih i avionskih baza28.
Traitant d’affaires économiques immédiates (en Afrique du Nord) et futures (métropolitaines et coloniales pour l’après-Libération) avec les grands synarques, Washington comptait aussi sur eux pour évincer De Gaulle, également haï des deux parties. En aucun cas parce qu’il était une sorte de dictateur militaire insupportable, conformément à une durable légende, au grand démocrate Roosevelt. De Gaulle déplaisait seulement parce que, si réactionnaire qu’il eût été ou fût, il tirait sa popularité et sa force de la Résistance intérieure (surtout communiste) : c’est à ce titre qu’il entraverait la mainmise totale des États-Unis, alors qu’un « Vichy sans Vichy » offrirait des partenaires honnis du peuple, donc aussi dociles perinde ac cadaver aux injonctions états-uniennes qu’ils l’étaient aux ordres allemands. Cette formule US, finalement vouée à l’échec vu le rapport de forces général et français, eut donc pour héros successifs, de 1941 à 1943, les cagoulards vichystes Weygand, Darlan puis Giraud, champions avérés de dictature militaire [27], si représentatifs du goût de Washington pour les étrangers acquis à la liberté de ses capitaux et à l’installation de ses bases aéronavales [28].
Prestrašeni ishodom bitke za Staljingrad, sami francuski financijeri smjesta su poslali u Rim njima potpuno vjernog Emmanuela Suharda, koji je od 1926 bio već sredstvo za ostvarivanje njihovih planova likvidacije Republike. Taj kardinal-nadbiskup (Reimsa) bio je Cagoul (fašistički terorist), koji je u aprilu 1940 oportunistički likvidirao svog prethodnika Verdiera, te je baš on bio pozvan u Pariz u maju, smjesta nakon njemačke invazije (10 maja): njegovi mandatari i Paul Reynard, suučesnik u puču, koji se spremao, odnosno u državnom udaru Pétain-Laval, poslali su ga u Madrid 15 maja, da bude kod Franca, kako bi započeo pregovore o „Miru“ (kapitulaciji) sa Reichom29. Suhard je dakle bio ponovo zadužen da pripremi, u očekivanju Pax americana pregovore s novim starateljem: morao je zamoliti Pia XII da „Washingtonu“ postavi preko Myrona Taylora, bivšeg predsjednka US Steela, i od ljeta 1939 ličnog predstgavnika Roosevelta „bliskog papi“,sljedeće pitanje:
„Ukoliko američke trupe budu morale prodrijeti na francusko tlo, da li se on obavezuje da će američka okupacija biti totalna, kako je to bila njemačka okupacija?“, odnosno da će ova isključivati svaku drugu „stranu okupaciju (sovjetsku)? Washington je odgovorio da Sjedinjene Države neće biti zainteresirane za budući oblik vlade u Francuskoj i da se obavezuju da neće dozvoliti da se komunizam ustoliči u zemlji“30.
Buržoazija, zabilježio je jedan obavještajac BRCA krajem jula 1943 „ne vjerujući više u njemačku pobjedu računa (…) na Ameriku, kako bi izbjegla boljševizam. Nestrpljivo čeka anglo-američko iskrcavanje i svako njegovo kašnjenje čini joj se kao izdaja“. Ovaj je refren bio neprekidno ponavljan sve do operacije „Overlord“(iskrcavanja prim. prev.)31 .
On ne s’efforçait pas d’esquiver De Gaulle pour subir les Soviets : épouvantés par l’issue de la bataille de Stalingrad, les mêmes financiers français dépêchèrent aussitôt à Rome leur tout dévoué Emmanuel Suhard, instrument depuis 1926 de leurs plans de liquidation de la République. Le cardinal-archevêque (de Reims) avait été, la Cagoule ayant opportunément en avril 1940 liquidé son prédécesseur Verdier, nommé à Paris en mai juste après l’invasion allemande (du 10 mai) : ses mandants et Paul Reynaud, complice du putsch Pétain-Laval imminent, l’envoyèrent amorcer à Madrid le 15 mai, via Franco, les tractations de « Paix » (capitulation) avec le Reich [29]. Suhard fut donc à nouveau chargé de préparer, en vue de la Pax Americana, les pourparlers avec le nouveau tuteur : il devait demander à Pie XII de poser « à Washington », via Myron Taylor, ancien président de l’US Steel et depuis l’été 1939 « représentant personnel » de Roosevelt « auprès du pape », « la question suivante : “Si les troupes américaines sont amenées à pénétrer en France, le gouvernement de Washington s’engage-t-il à ce que l’occupation américaine soit aussi totale que l’occupation allemande ?” », à l’exclusion de toute « autre occupation étrangère (soviétique). Washington a répondu que les États-Unis se désintéresseraient de la forme future du gouvernement de la France et qu’ils s’engageaient à ne pas laisser le communisme s’installer dans le pays » [30]. La bourgeoisie, nota un informateur du BCRA fin juillet 1943, « ne croyant plus à la victoire allemande, compte […] sur l’Amérique pour lui éviter le bolchevisme. Elle attend le débarquement anglo-américain avec impatience, tout retard lui apparaissant comme une sorte de trahison ». Ce refrain fut chanté jusqu’à la mise en œuvre de l’opération Overlord [31].
…protiv nada naroda
„Francuskom buržuju koji je (uvijek) smatrao američkog ili britanskog vojnika da je prirodno što mu ovaj stoji na raspolagnju u slučaju boljševičke pobjede“ RG (Renseignement généeraux, Obavijštajna služba Nacionalne policije, prim. prev.) suprotstavljali su od februara 1943 „proletera“ koji je likovao: „strahovanja da će vidjeti svoju Pobjedu poništenu i otetu od međunarodnihih financijskih sila umanjena su padom Staljingrada i općim napredovanjem sovjeta“32 (pismo prefekta Mueluna od 13 veljače 1943). S te strane jed i gnjev protiv vojnog zapovjedanja Anglosaksonaca u ratu protiv sila Osovine još je više porasao izazvan njihovim zračnim ratom protiv civila, zajedno s njima i na one iz „Ujedinjenih nacija“. „Američka strateška bombardiranja“ prekinuta 1942, pogađala su stanovništvo, ali su pošteđivala Konzerne (industrijske komplekse) partnera, a predvodio je IG Farben, kako je u novembru naveo „jedan veoma važan Šveđanin, koji je bio u vrlo bliskim vezama sa (kemijskim gigantom), po povratku sa sluužbenog puta po Njemačkoj“: u Frankfurtu „fabrike nisu pretrpjele ništa“, a u Ludeigshafenu „šteta je neznatna“, a u Leverkusenu „fabrike IG Farbena (…) nisu bombardirane“33.
Au « bourgeois français [qui avait] toujours considéré le soldat américain ou britannique comme devant être naturellement à son service au cas d’une victoire bolchevique », les RG opposaient depuis février 1943 « le prolétariat », qui exultait : « les craintes de voir “sa” victoire escamotée par la haute finance internationale s’estompent avec la chute de Stalingrad et l’avance générale des soviets » [32]. De ce côté, à la rancœur contre l’inaction militaire des Anglo-Saxons contre l’Axe s’ajouta la colère provoquée par leur guerre aérienne contre les civils, ceux des « Nations unies » compris. Les « bombardements stratégiques américains », ininterrompus depuis 1942, frappaient les populations mais épargnaient les Konzerne partenaires, IG Farben en tête comme le rapporta en novembre « un très important industriel suédois en relations étroites avec [le géant chimique], retour d’un voyage d’affaires en Allemagne » : à Francfort, « les usines n’ont pas souffert », à Ludwigshafen, « les dégâts sont insignifiants », à Leverkusen, « les usines de l’IG Farben […] n’ont pas été bombardées » [33].
Ništa se nije promijenilo do 1944, kada je velik izvještaj iz marta mjeseca o „bombardiranju angloameričke avijacije i reakacije francuskog stanovništva“ optužio učinke tih „zračnih udara za ubilačke i neefikasne“: od 1943 indignacija je rasla tako da je uzdrmala i samu bazu uskoro očekivane američke kontrole tog teritorija. Od septembra 1943 postali su intenzivniji napadi na periferiju Pariza, na koju su „bombe bile bacane kao slučajno, bez preciznog cilja i bez imalo brige da se spase ljudski životi“. A zatim je došao red na Nantes, na Strasburg, na La Bocca, na Annecy, a potom na Toulon, koji je „doveo do vrhunca bijes radnika na Anglosaksonce“: uvijek iste pogibije radnika i malo ili uopće ništa pogođenih industrijskih ciljeva. Operacije su predstavljale uvijek ratnu poštedu u korist Nijemaca, kao da su se Anglosaksonci „bojali da vide kako rat prebrzo završava“. Tako su još uvijek u zrak stršale visoke peći, s razaranjem kojih bi se smjesta paralizirala prerađivačka industrija, jer bi uzmanjkalo sirovina“. Širilo se „vrlo opasno mišljenje/…/ u izvjesnim dijelovima radničkog stanovništva, koji su teško propatili zbog zračnih udara. A to je mišljenje bilo da anglosaksonskim kapitalistima nije krivo što uništavaju trgovačku konkurenciju i, istovremeno, što desetkuju radničku klasu, kako bi je bacili u stanje očajanja i bijede, tako da bi ona poslije rata bila znatno oslabljena u postavljanju socijalnih zahtjeva. Bilo bi uzaludno skrivati da se francusko mnjenje, već od nekog vremena, prilično ohladilo u odnosu na Anglosaksonce“ koji se uvijek povlače kad se radi o „obećanom iskrcavanju“(…) Francuska neizrecivo pati (…) žive snage zemlje se troše i to brzinom, koja se uvečava svakoga dana, a povjerenje u saveznika zadobija padajuću krivulju (…) Poučeni okrutnom zbiljom činjenica najveći dio radnika polaže sve svoje nade u Rusiju, čija je vojska, po njihovom mišljenju, jedina u stanju da u skoroj budućnosti slomi otpor Nijemaca“ 34(Informacija od 15 svibnja 1944).
Rien ne changea jusqu’en 1944, où un long rapport de mars sur « les bombardements de l’aviation anglo-américaine et les réactions de la population française » exposa les effets de « ces raids meurtriers et inopérants » : l’indignation enflait tant depuis 1943 qu’elle ébranlait l’assise du contrôle états-unien imminent du territoire. Depuis septembre 1943 s’étaient intensifiées les attaques contre la banlieue de Paris, où les bombes étaient comme « jetées au hasard, sans but précis, et sans le moindre souci d’épargner des vies humaines ». Nantes avait suivi, Strasbourg, La Bocca, Annecy, puis Toulon, qui avait « mis le comble à la colère des ouvriers contre les Anglo-Saxons » : toujours les mêmes morts ouvriers et peu ou pas d’objectifs industriels touchés. Les opérations préservaient toujours l’économie de guerre allemande, comme si les Anglo-Saxons « craignaient de voir finir la guerre trop vite ». Ainsi trônaient intacts les hauts-fourneaux, dont la « destruction paralyserait immédiatement les industries de transformation, qui cesseraient de fonctionner faute de matières premières ». Se répandait « une opinion très dangereuse […] dans certaines parties de la population ouvrière qui a été durement frappée par les raids. C’est que les capitalistes anglo-saxons ne sont pas mécontents d’éliminer des concurrents commerciaux, et en même temps de décimer la classe ouvrière, de la plonger dans un état de détresse et de misère qui lui rendra plus difficile après la guerre la présentation de ses revendications sociales. Il serait vain de dissimuler que l’opinion française est, depuis quelque temps, considérablement refroidie à l’égard des Anglo-Américains », qui reculent toujours devant « le débarquement promis […]. La France souffre indiciblement […] Les forces vives du pays s’épuisent à une cadence qui s’accélère de jour en jour, et la confiance dans les alliés prend une courbe descendante. […] Instruits par la cruelle réalité des faits, la plupart des ouvriers portent désormais tous leurs espoirs vers la Russie, dont l’armée est, à leur avis, la seule qui puisse venir à bout dans un délai prochain de la résistance des Allemands » [34].
Dakle u atmosferi jeda i bijesa na „saveznike“ koji su bili tako popustljivi prema Reichu, već prije i nakon 1918, došlo je do iskrcavanja 6 juna 1944. Razbješnjenost i sovjetofilia narodnih masa su se zadržale, dajući Komunističkoj partiji Francuske odjek koji je zabrinjavao nastajuću degolističku državu: “Iskrcavanje je oduzelo propagandi KP Francuske dio njezine propagandne snage“, ali „toliko dugo vrijeme, koje su anglo-američke oružane snage upotrijebile da se iskrcaju na francusko tlo, bilo je iskorišteno kako bi se pokazalo, da je jedino ruska vojska bila u stanju da efikasno ratuje protiv nacista. Poginuli te razaranja i bol, koju je bombardiranje izazivalo, poslužili su kao pogodni elementi za propagandu, koja je pretendirala da pokaže kako se Rusi tuku tradicionalnim metodama i ne upliću u to civilno stanovništvo“35. (KP Greneblea)
C’est donc dans une atmosphère de rancœur contre ces « alliés » aussi bienveillants pour le Reich qu’avant et après 1918 qu’eut lieu leur débarquement du 6 juin 1944. Colère et soviétophilie populaires persistèrent, donnant au PCF un écho qui inquiétait l’État gaulliste imminent : « le débarquement a enlevé à sa propagande une part de sa force de pénétration », mais « le temps assez long qu’ont mis les armées anglo-américaines à débarquer sur le sol français a été exploité pour démontrer que seule l’armée russe était en mesure de lutter efficacement contre les nazis. Les morts provoquées par les bombardements et les douleurs qu’elles suscitent servent également d’éléments favorables à une propagande qui prétend que les Russes se battent suivant les méthodes traditionnelles et ne s’en prennent point à la population civile » [35].
Pomanjkanje simpatija koje se pokazalo ispočetka u odnosu na američku zonu utjecaja, održalo se od oslobođenja Pariza sve do kraja rata u Evropi, kako to pokazuju ispitivanja Ifopa poslije oslobođenja Pariza („od 28 augusta do 2 septembra 1944“) i od mjeseca maja 1945 prema nacionalnim izvještajima36. Bio je to kraj rata, u početku sve više, a na kraju brutalno opresivan. Jako je važno podsjetiti se:
-da je nakon bitke u Ardenima (decemar 1944 januar 1945), ustvari jedinog velikog napadaja Anglosaksonaca protiv njemačkih trupa (9.000 poginulih Amerikanaca)37, Vrhovna komanda Wemachta grozničavo pregovarala o predaji „anglosaksonskim vojskama kao i o prebacivanju snaga na Istok“ ;
Le déficit de sympathie enregistré dans ce morceau initial de la sphère d’influence états-unienne se maintint entre la Libération de Paris et la fin de la guerre en Europe, comme l’attestent les sondages de l’Ifop d’après-Libération, parisien (« du 28 août au 2 septembre 1944 ») et de mai 1945, national (déjà cité) [36]. Il fut après-guerre, on l’a dit, d’abord progressivement, puis brutalement comblé. Il n’est donc plus grand monde pour rappeler qu’après la bataille des Ardennes (décembre 1944-janvier 1945), seuls combats importants livrés par les Anglo-Saxons contre des troupes allemandes (9 000 morts états-uniens) [37], le haut-commandement de la Wehrmacht négocia fébrilement sa reddition « aux armées anglo-américaines et le report des forces à l’Est » ;
- tako da je krajem marta 1945 „26 njemačkih divizija ostalo na zapadnom frontu“ samo u cilju vlastitog evakuiranja „prema Zapadu“ iz sjevernih luka, „nasuprot 170 divizija, koje su se nalazile na istočnom frontu“ i koje su se borile iz petnjih žila sve do 9 maja (dan oslobođenja Praga)38;
-da je američki oslobodilac, koji je zahvaljujući ratu udvostručio svoj nacionalni prihod, izgubio na Pacifičkom frontu i u Evropi 290.000 vojnika od decembra 1941 do augusta 1945; a to je broj jednak broju sovjetskih vojnika, koji su poginuli u posljednjim sedmicama borbe za Berlin i svega 1% od svih poginulih sovjetskih vojnika u „Velikom otađbinskom ratu“, što je oko 30 miliona vojnika od ukupno 50 miliona.
que,
fin mars 1945, « 26 divisions allemandes demeuraient sur le front
occidental », à seule fin d’évacuation « vers l’Ouest » par les ports du
Nord, « contre 170 divisions sur le front de l’Est », qui combattirent
farouchement jusqu’au 9 mai (date de la libération de Prague) [38] ;
que
le libérateur états-unien, qui avait doublé à la faveur de la guerre
son revenu national, avait sur les fronts du Pacifique et d’Europe perdu
290 000 soldats de décembre 1941 à août 1945 [39] :
soit l’effectif soviétique tombé dans les dernières semaines de la
chute de Berlin, et 1 % du total des morts soviétiques de la « Grande
guerre patriotique », près de 30 millions sur les 50 totaux.
Od 5 juna 1944 do 9 maja 194539 Washinton je na kraju upotpunio ili gotovo upotpunio cijeli sanitarni kordon, koji su engleski i francuski rivali bili izgradili godine 1919 te uspio pretvoriti u krvoločnu zvijer zemlju koju su evropski narodi najviše voljeli (isto vrijedi i za francuski narod). Legenda o „Velikom ratu“ zaslužuje iste one ispravke kao i ona o isključivom oslobođenju Evrope od strane Amerikanaca40.
Du 6 juin 1944 au 9 mai 1945, Washington acheva de mettre en place tout ou presque pour rétablir le « cordon sanitaire » que les rivaux impérialistes anglais et français avaient édifié en 1919 ; et pour transformer en bête noire le pays le plus chéri des peuples d’Europe (français inclus). La légende de la « Guerre froide » mériterait les mêmes correctifs que celle de l’exclusive libération états-unienne de l’Europe [40].
***
1Frédéric Dabi,“1938-1944: Des accord de Munich à la libération de Paris ou l’aube des sondages d0pinion en France, februara 2012, http//www.revuepolitique.fr/1938-1944-laube-des-sondages –dopinion en-france/brojevi izvađeni sa prikaza na str. 5. U cjelosti manje od 100:3 ostali podaci, Engleska; 3 zemlje bez mišljenja.
2Ibidem, str. 4.
3Radiseodotesuludojmedijskojkampanjida su
akizvjesneinternetskenovine, povezane sa SAD-om, izrazilesumnjuupoistovje
ivanjeCIA-esademokracijom.http://www.huffingtonpodt.fr./charles-grandjean/liberté-democratie-armes-desimformatione-massive-ukraine b-5252155.html
4 ANNie Lacroix-Ruiz, Le Vatican, lEurope et le Reich 1915-1944, Paris, Armand Collin (2 édition), passim
5Lynn E. Davis, The Cold War begins /…/ 1941-1945, Pincerton, Pincerton Up 1947; Lloyd Gardner, Spheres of influence /…/1938-1945, Chicago, Ivan R. Dee, 1993, Geoffrey Roberts, Stalin’s Wars: From World War to Cold War,1939-1953. New Hawn&London; Yale University Press, 2006, prevedeno kod Delga, septembra 1914
6 Tel. 1450-1467 Bérarda, Bonn, 18 februara 1952, Europe généralitées 1949- 1955, 22, CED, arhivi Ministarstva unutarnjih pposlova (MAE).
7 Zapisaonekoanonimanugeneralštabu, 15 septembra 1938 (modelnotesaGamelin), Br. 579, Historijskiarhivkopnenevojske (SHAT).
8 Moral u regiji Pariza, bilješka primljena 22 aprila 1943, F 1a, 3743, Archive national (Nacionalni arhiv) /AN/.
9 Lacroix-Riz, L’histoire contemporaine toujours sous influence, Paris, Delga, Le temps des cerises, 2012.
10 Revendication de paternité, svezak 1 memoara, Un ambasadeur se souvient. Au temps de danger allemand, Paris, Plon 1976, str. 458, vjerojatno s obzirom na njegovo dopisivanje s MAE.
11 Izvještaj 556/EM/S generalu Koelzu, Wiesbaden, 16 jula 1941, W3, 2010 (Laval).
12“ Njemačke“ poteškoće predstavljaju za nas prijetnju, žalio se krajem augusta Tardini, treća po važnosti ličnost u državnom sekretarijatu Vatikana, bojeći se da ne ispadne „tako da će na kraju Staljin biti pozvan da organizira mir s Churchillom i Rooseveltom“, iz razgovora Léona Bérarda, Rim –Sveta Stolica, 4 septembra 1941, Vichy-Evropa, 551, arhivi francuskog Ministarstva vanjskih poslova (MAE).
13 Michael Sherry, Preparation for the next war, American Plans for postwar defense, 1941-1945, New Haven, Yale University Press, 1077, poglavlje 1, str. 39.
14 Francuski i skandinavski primjeri (ovi su nekad bili britansko leno), Lacroix-Riz, “Le Maghreb, allusions et bilance de la cronologie Chauvel”, La Revue d’Histoire Maghrébine, Tunis, februara 2007, str. 39-48. Les Protectorats d’Afrique du Nord entre la France et Washington du débarquement à indipendence1942-1956, Pariz, L’Harmattan, 1988, poglavlje 1 ; « L’entrée de la Scandinavie dans le Pacte atlantique (1943-1949) : une indispensable « révision déchirante¸ », guerres mondiales et conflits contemporaines (gmcc), 5 članaka, 1988-1994, lista, http://www. historiographie.info/cv.html.
15 Sherry, Preparation, str. 39-47 (raštrkani citati).
16 Sarkazam američkog ambasadora H. FreemanaMatthewsa, bivšegdirektorazaEvropskeposlove, depeša Dampierre br. 1068, Stockholm, 23 novembra 1948, Europe Généralités 1944-1949, 43 MAE.
17 Tél. Bonnet br. 944-1947, Washington, 10 maja 1949, Europe généralités 1944-1944, Alfred a Knopf, New York, 1975; Sherry Michael, Preparation; The rise of 1994, str. 150-151 (150-168).
18 Martin Sherwin, A world destroyed. The atomic bomb and the Grand Alliance, Alfred a Knopf, New York, 1975; Sherry Michael, Preparation. The rise of American Air Power: the creation of Armageddon, New Haven, Yale University Press, 1987; In the shadow of war: the US since the 1930’s, New haven, Yale University Press, 1995.
19 Williams, Ph.D., American Russian Relationes, 1781-1947, New York, Rinehart&Co., 1952, et The Tragedy of American Diplomacy, Dill Publishing C, New York, 1972 („ izdanje).
20 Richard W. Van Alstyne, Recension d’American Russian Relations, The Journal of Asian Studies, tom 12, br. 3, 1953, str. 311.
21Lenjin, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, Essai du vulgarisation, Paris, Le Temps des cerises (Le édition, 1917) str. 172. Podvučeno u tekstu.
22 Élémentclédel’analyserevisioniste, don’tGardner (Ključni element revizionistike analize o kojojGardner), Spheresof influence, essentiel.
23 Tél. 861.01/2320 od Harrimana, Moskva, 13 marta 1944, Foreign Relations of the United States 1944, IV Europe. Str. 551 (novi red)
24 Ibidem.
25 Annie lacroix-Riz, „Politique et intérêt ultra-marins de la synarchie entre Blitzkrieg et Pax Americana 1939-1944“, u Hubert Bonin et al., Les enreprises et loutre-mer français pendat la Seconde Guerre mondiale, Pessac, MSHA, 2010, str. 59-77; „Le Maghreb: allusions et silences de la chronologie Cheval“, La Revue d’Histore Maghrébine, Tunis, februara 2007, str. 39-48.
26 O tome o kapitulaciji Kesserlingove armije u Italiji,operacija Surnise o kojoj je pregovarao u martu i u aprilu 1945 Allen Dulles, šef OSS –Evropa, smjšten u Bernu, sa Karlom Wolffom „šefom ličnog Himmlerovog glavnog štaba“, odgovoran za „pogubljenje 300.000 Jevreja“, što je ranilo Moskvu. Lacroix-Riz, Le Vatican, poglavlje 10, od koga str. 562-563, Industriels et banquiers français sous l’Occupation, Pariz, Armand Colin, 2013, poglavlje 9.
27 Jean-Baptiste Dorsell, L’Abîme 1939-1945, Pariz, Imprimerie nationale, 1982, passim; Lacroix –Riz, „Quand les Américains voulaient gouverner la France“, Le Monde diplomatique, maj 2003, str. 19, Industriels, poglavlje 9.
28 David S Schmitz, Thank God, they’re on our side. The US and right wing dictatorship, 1921-1956, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1999.
29 Index Suchard Lacroix-Riz, Le shoix de la défaite: les élites françaises dans les années 1930, i De Munich à Vichy. L’assassinat de la 33e République, 1938-1940, Paris, Armand Colin 2010 (2 izdanje) i 2008.
30 Libe /9/14, 5 februara 1943 ( nedavno pregledano), F 1° 3958, AN, Taylor, Vatican, pogl 9-11 i index.
31 Informacija od oktobra, primljena 26 decembra 1943, F 1a 3958, AN, i Industriels, pogl.9.
32 Pismo br. 740 komesara RG prefektu Meluna, 13 februara 1943, F7, 14904, AN.
33 Obavijest 3271, stigla 17 februara 1943, Alžir-London, 278, MAE.
34 Informacija od 15 maja, saopćena 5 i 9 juna 1944, F 1a, 3864 i 3846, AN
35 Informacija od 13 jun, saopćena 20 jula 1944 „ Kp Grenoblea“ F 1a, 3889, AN.
36 M. Dabi, direktor odjela Mišljenja Ifop-a, svjetionika ignorancije koja vlada 2012 o historiji Drugog svjetskog rata, žali rezultat javnog mišljenja iz 1944 „ velika većina (61%) misli da je SSSR nacija koja je najviše doprinijela njemačkom porazu, dok su Sjedinjene Države i Engleska, ipak oslobodioci našeg nacionalnog teritorija /krajem augusta 1944??/ dobili samo 29, 3% i 11,5% takvog mišljenja“, „1938-1944“, str. 4, ja podvukla.
37 Jacques Moral, Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale, Pariz, Larousse, 1979, str. 109-114.
38 Gabriel Kolko, The Politics of War. The World and the United States Foreign Policy,1943-1945, New York, Random House, 1969, poglavlje 13-14.
39 Jedino „vojni gubitci „ Pierre Lagrou, „Les guerres, la mort et le deuil; bilan chiffré de la Seconde Guerre mondiale“, u Stéphane Audin- Rouzeau i dr., dir, La violence de la guerre 1914-1945, Bruxelles, Complexe, 2002, str. 322 (313 -327).
40 Bibliographie, Jacques Pauwels, Le Mythe de la bonne guerre: les USA et la Seconde Guerre mondiale, Bruxelles, Édition Aden, 2012, 2 izdanje, Lacroix-Riz,Aux origines du carcan européeen 1900-1960. La France sous influence allemande et américaine, Paris, Delga-Le temps des cerises, 2014.
[1] Frédéric Dabi, « 1938-1944 : Des accords de Munich à la libération de Paris ou l’aube des sondages d’opinion en France », février 2012, chiffres extraits du tableau, p. 5. Total inférieur à 100 : 3 autres données : Angleterre ; 3 pays ; sans avis.
[2] Ibid., p. 4.
[3] Campagne si délirante qu’un journal électronique lié aux États-Unis a le 2 mai 2014 a prôné quelque pudeur sur l’équation CIA=démocratie. Cf. « Deux mots, deux armes de désinformation massive sur l’Ukraine », par Charles Grandjean, The Hunffington Post, 5 mai 2014.
[4] Annie Lacroix-Riz, Le Vatican, l’Europe et le Reich 1914-1944, Paris, Armand Colin, 2010 (2e édition).
[5] Lynn E. Davis, The Cold War begins […] 1941-1945, Princeton, Princeton UP, 1974 ; Lloyd Gardner, Spheres of influence […], 1938-1945, Chicago, Ivan R. Dee, 1993 ; Geoffrey Roberts, Stalin’s Wars : From World War to Cold War, 1939-1953. New Haven & London : Yale University Press, 2006, traduction chez Delga, septembre 2014.
[6] Tél. 1450-1467 de Bérard, Bonn, 18 février 1952, Europe généralités 1949-1955, 22, CED, archives du ministère des Affaires étrangères (MAE).
[7] Note État-major, anonyme, 15 septembre 1938 (modèle et papier des notes Gamelin), N 579, Service historique de l’armée de terre (SHAT).
[8] Moral de la région parisienne, note reçue le 22 avril 1943, F1a, 3743, Archives nationales (AN).
[9] Lacroix-Riz, L’histoire contemporaine toujours sous influence, Paris, Delga-Le temps des cerises, 2012.
[10] Revendication de paternité, t. 1 de ses mémoires, Un ambassadeur se souvient. Au temps du danger allemand, Paris, Plon, 1976, p. 458, vraisemblable, vu sa correspondance du MAE.
[11] Rapport 556/EM/S au général Koeltz, Wiesbaden, 16 juillet 1941, W3, 210 (Laval), AN.
[12] Les difficultés « des Allemands » nous menacent, se lamenta fin août Tardini, troisième personnage de la secrétairerie d’État du Vatican, d’une issue « telle que Staline serait appelé à organiser la paix de concert avec Churchill et Roosevelt », entretien avec Léon Bérard, lettre Bérard, Rome-Saint-Siège, 4 septembre 1941, Vichy-Europe, 551, archives du ministère des Affaires étrangères (MAE).
[13] Michael Sherry, Preparation for the next war, American Plans for postwar defense, 1941-1945, New Haven, Yale University Press, 1977, chap. 1, dont p. 39.
[14] Exemples français et scandinave (naguère fief britannique), Lacroix-Riz, « Le Maghreb : allusions et silences de la chronologie Chauvel », La Revue d’Histoire Maghrébine, Tunis, février 2007, p. 39-48 ; Les Protectorats d’Afrique du Nord entre la France et Washington du débarquement à l’indépendance 1942-1956, Paris, L’Harmattan, 1988, chap. 1 ; « L’entrée de la Scandinavie dans le Pacte atlantique (1943-1949) : une indispensable “révision déchirante” », guerres mondiales et conflits contemporains (gmcc), 5 articles, 1988-1994.
[15] Sherry, Preparation, p. 39-47 (citations éparses).
[16] Sarcasme de l’ambassadeur états-unien H. Freeman Matthews, ancien directeur du bureau des Affaires européennes, dépêche de Dampierre n° 1068, Stockholm, 23 novembre 1948, Europe Généralités 1944-1949, 43, MAE.
[17] Tél. Bonnet n° 944-1947, Washington, 10 mai 1949, Europe généralités 1944-1949, 27, MAE, voir Lacroix-Riz, « L’entrée de la Scandinavie », gmcc, n° 173, 1994, p. 150-151 (150-168).
[18] Martin Sherwin, A world destroyed. The atomic bomb and the Grand Alliance, Alfred a Knopf, New York, 1975 ; Sherry Michael, Preparation ; The rise of American Air Power : the creation of Armageddon, New Haven, Yale University Press, 1987 ; In the shadow of war : the US since the 1930’s, New Haven, Yale University Press, 1995.
[19] Williams, Ph.D., American Russian Relations, 1781-1947, New York, Rinehart & Co., 1952, et The Tragedy of American Diplomacy, Dell Publishing C°, New York, 1972 (2e éd).
[20] Richard W. Van Alstyne, recension d’American Russian Relations, The Journal of Asian Studies, vol. 12, n° 3, 1953, p. 311.
[21] Lénine, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, Essai de vulgarisation, Paris, Le Temps des cerises, 2001 (1e édition, 1917), p. 172. Souligné dans le texte.
[22] Élément clé de l’analyse révisionniste, dont Gardner, Spheres of influence, essentiel.
[23] Tél. 861.01/2320 de Harriman, Moscou, 13 mars 1944, Foreign Relations of the United States 1944, IV, Europe, p 951 (en ligne).
[24] Ibid.
[25] Lacroix-Riz, « Politique et intérêts ultra-marins de la synarchie entre Blitzkrieg et Pax Americana, 1939-1944 », in Hubert Bonin et al., Les entreprises et l’outre-mer français pendant la Seconde Guerre mondiale, Pessac, MSHA, 2010, p. 59-77 ; « Le Maghreb : allusions et silences de la chronologie Chauvel », La Revue d’Histoire Maghrébine, Tunis, février 2007, p. 39-48.
[26] Dont la capitulation de l’armée Kesselring d’Italie, opération Sunrise négociée en mars-avril 1945 par Allen Dulles, chef de l’OSS-Europe en poste à Berne, avec Karl Wolff, « chef de l’état-major personnel de Himmler » responsable de « l’assassinat de 300 000 juifs », qui ulcéra Moscou. Lacroix-Riz, Le Vatican, chap. 10, dont p. 562-563, et Industriels et banquiers français sous l’Occupation, Paris, Armand Colin, 2013, chap. 9.
[27] Jean-Baptiste Duroselle, L’Abîme 1939-1945, Paris, Imprimerie nationale, 1982, passim ; Lacroix-Riz, « Quand les Américains voulaient gouverner la France », Le Monde diplomatique, mai 2003, p. 19 ; Industriels, chap. 9.
[28] David F Schmitz, Thank God, they’re on our side. The US and right wing dictatorships, 1921-1965, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1999.
[29] Index Suhard Lacroix-Riz, Le choix de la défaite : les élites françaises dans les années 1930, et De Munich à Vichy, l’assassinat de la 3e République, 1938-1940, Paris, Armand Colin, 2010 (2e édition) et 2008.
[30] LIBE/9/14, 5 février 1943 (visite récente), F1a, 3784, AN. Taylor, Vatican, chap. 9-11 et index.
[31] Information d’octobre, reçue le 26 décembre 1943, F1a, 3958, AN, et Industriels, chap. 9.
[32] Lettre n° 740 du commissaire des RG au préfet de Melun, 13 février 1943, F7, 14904, AN.
[33] Renseignement 3271, arrivé le 17 février 1943, Alger-Londres, 278, MAE.
[34] Informations du 15 mai, diffusées les 5 et 9 juin 1944, F1a, 3864 et 3846, AN.
[35] Information du 13 juin, diffusée le 20 juillet 1944, « le PC à Grenoble », F1a, 3889, AN.
[36] M. Dabi, directeur du département Opinion de l’Ifop, phare de l’ignorance régnant en 2012 sur l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, déplore le résultat de 1944 : « une très nette majorité (61 %) considèrent que l’URSS est la nation qui a le plus contribué à la défaite allemande alors que les États-Unis et l’Angleterre, pourtant libérateurs du territoire national [fin août 1944 ??], ne recueillent respectivement que 29,3 % et 11,5 % », « 1938-1944 », p. 4, souligné par moi.
[37] Jacques Mordal, Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale, Paris, Larousse, 1979, t. 1, p. 109-114.
[38] Gabriel Kolko, The Politics of War. The World and the United States Foreign Policy, 1943-1945, New York, Random House, 1969, chap. 13-14.
[39] Pertes « militaires uniquement », Pieter Lagrou, « Les guerres, la mort et le deuil : bilan chiffré de la Seconde Guerre mondiale », in Stéphane Audoin-Rouzeau et al., dir., La violence de guerre 1914-1945, Bruxelles, Complexe, 2002, p. 322 (313-327).
[40] Bibliographie, Jacques Pauwels, Le Mythe de la bonne guerre : les USA et la Seconde Guerre mondiale, Bruxelles, Éditions Aden, 2012, 2e édition ; Lacroix-Riz, Aux origines du carcan européen, 1900-1960. La France sous influence allemande et américaine, Paris, Delga-Le temps des cerises, 2014.
Izvor : http://noviplamen.net/2014/06/08/iskrcavanje-6-juna-1944-od-danasnjeg-mita-dopovijesneistine/
Pierre-André Taguieff (1946.) je filozof, politolog i povijesničar ideja. Direktor je istraživanja na CNRS-u koji je dio Centra za politička istraživanja Fakulteta političkih znanosti (CEVIPOF) te predaje na Institutu za političke studije u Parizu.
Autor je brojnih knjiga koje ulaze u domene politike, povijesti ideja, sociologije i teorije argumentacije. Bavi se pitanjima rasizma, antisemitizma i ideologija ekstremne desnice a postao je poznat po radovima o populizmu, "Novoj desnici" i "Nacionalnom frontu".
U zadnjoj knjizi "O vragu u politici: refleksije o svakodnevnom antilepenizmu", bavi se procesima dijabolizacije "Nacionalnog fronta".
Pierre-André Taguieff est philosophe, politologue et historien des idées. Il est directeur de recherche au CNRS, rattaché au Centre de recherches politiques de Sciences Po.
Dans son dernier livre Du diable en politique. Réflexions sur l'antilepénisme ordinaire (Paris, CNRS Éditions, 2014), il décrypte le processus de diabolisation du Front National et ses revers.
U vašoj knjizi opisujete dijabolizacijski mehanizam koji je na francuskoj političkoj sceni 30 godina, možete li ga objasniti?
Dijabolizacija znači redukciju individue ili grupe na manifestaciju zla ili na inkarnaciju vraga i njezine praktične posljedice tj. eliminaciju dijaboliziranog entiteta. U totalitarnim se režimima dijabolizacija odnosi na fizičko uništenje protivnika. U pluralističkim su demokracijama dijabolizirani neprijatelji isključeni iz političke igre, odbačeni izvan političkog sustava. Dijabolizirati drugoga (oponenta ili različitog), znači nametnuti se sam kao predstavnik ili poslanik Dobra tj prišiti si legitimitet i zahtijevati poštovanje.
Kada je meta Nacionalni front, dijabolizacija protiv njih koristi njihove vlastite metode. Kao većina nacionalističkih pokreta, FN dijabolizira neprijatelje označavajući ih kao odgovorne za nered i faktor slabljenja nacije. Unutarnji je nered atribuiran imigrantima za koje se drži da se ne mogu integirirati a EU i globalizacija se smatraju prijetnjama za neovisnost i identitet nacije. S druge je strane i FN dijaboliziran i shvaćen kao sudionik zatvaranja nacije, ksenofobije i rasizma te krivac za strahove i mržnje među grupama. U Francuskoj je antinacionalizam postao ideološki prikladan, u korist europske ideje. Nacije se shvaćaju kao prepreka tomu pa je nacionalni osjećaj reduciran na štetni ostatak prevladane prošlosti, mrski arhaizam. Problem je što osjećaj nacionalne pripadnosti (posjedovanje nacionalnog identiteta) nije uopće nestao iz mišljenja i mentaliteta. Lepenistički je pokret preuzeo na sebe sve ono što su odbacivale i prezirale antinacionalističke elite, kao i baštinici ljevice i starog antifašizma. Od tuda dolazi etiketiranje FN-a kao fašističkog, stigmatizacija koja ga je izolirala na političkoj mapi. Tako smo ušli u začarani krug dvosmjerne dijabolizacije koji neprestano komplicira interakciju između FN-a i njegovih neprijatelja množeći perverzne efekte.
FigaroVox: Votre livre décrit la mécanique diabolisatrice à l'œuvre dans le paysage politique français depuis trente ans, qui renvoie systématiquement le Front national aux «heures les plus sombres» et à la «bête immonde». Pouvez-vous nous décrire ce processus de diabolisation?
Pierre-André TAGUIEFF: La diabolisation implique de réduire un individu ou un groupe à une manifestation du Mal ou à une incarnation du diable, et d'en tirer les conséquences pratiques, à savoir l'élimination de l'entité diabolisée. Dans les systèmes totalitaires, la diabolisation des opposants se traduit par leur extermination physique. Dans les démocraties pluralistes, les adversaires diabolisés sont en principe exclus du jeu démocratique, mis à l'écart du système politique. La diabolisation constitue ainsi une méthode d'illégitimation d'un adversaire, d'un concurrent, d'un contradicteur, qui sont ainsi transformés en ennemis redoutables et haïssables. En outre, diaboliser l'autre (l'opposant ou le différent), c'est se classer soi-même dans la catégorie des représentants ou des combattants du Bien. C'est donc se donner une légitimité, voire une respectabilité à bon compte.
Lorsqu'elle prend pour cible le Front national, la diabolisation consiste à retourner contre ce parti ses propres méthodes de combat idéologique. Comme la plupart des mouvements nationalistes, le FN diabolise ses ennemis en les désignant, d'une part, en tant que responsables du désordre à l'intérieur de la nation, un désordre facteur d'affaiblissement ou de déclin, et, d'autre part, en tant qu'incarnant une menace pour la survie de la nation. Disons, pour préciser, que le désordre intérieur est attribué à une immigration jugée non intégrable, et que la mondialisation et la construction européenne sont dénoncées comme des menaces pesant sur l'indépendance et l'identité nationales. Mais si les nationalistes diabolisent les ennemis du peuple, à l'intérieur, ou ceux de la nation, à l'extérieur, ils sont eux-mêmes fortement diabolisés en retour, étant accusés notamment d'être partisans de la fermeture sur soi de la nation, de se montrer xénophobes ou racistes, et surtout d'être des fauteurs de guerre, en alimentant les peurs et les haines entre groupes, ou en diffusant la vision d'un conflit «naturel» entre les nations définies comme rivales. En France, l'antinationalisme est devenu idéologiquement hégémonique à la faveur de la construction européenne. Les nations étant perçues comme des obstacles à cette dernière, le sentiment national lui-même a été réduit par les élites dirigeantes et discutantes à une survivance nuisible d'un passé heureusement révolu, à un archaïsme détestable. Le problème, c'est que le sentiment de l'appartenance nationale, qui revient à celui de posséder une identité nationale, n'a nullement disparu de l'opinion, et, plus profondément, des mentalités ou des croyances culturelles. À partir de 1983-1984, le mouvement lepéniste a incarné tout ce rejetaient et méprisaient les élites antinationalistes ainsi que les héritiers de gauche du vieil antifascisme. D'où la dénonciation du FN comme «fasciste», stigmatisation qui l'a isolé dans le système des alliances politiques. Mais, en même temps, le FN a pu s'efforcer, non sans succès, de monopoliser le sentiment national dans tous ses aspects. Ainsi, à la diabolisation par le FN a répondu celle du FN, faisant surgir un cercle polémique vicieux qui ne cesse de compliquer l'interaction entre le FN et ses ennemis, et d'engendrer des effets pervers.
Reductio ad Hitlerum je već svojevremeno spominjao Leo Strauss, što novo donosi vaša knjiga?
Godine 1953. na početku svoje velike knjige Prirodno pravo i povijest, motiviran klišeiziranom antifašističkom retorikom, Strauss uvodi ono što smatra još jednom greškom u argumentaciji, "reductio ad Hitlerum". U kontekstu u kojem je antifašizam postao određeni oblik ideološkog konformizma, židovski filozof koji je emigrirao u SAD, učinio je tu metodološku preinaku. Ako pojednostavimo, za Straussa je ova logička greška značila da bi se smatrala krivom i konstatacija "Velika Britanija je otok" ako ju je Hitler rekao. To pokazuje u kojoj mjeri ideološka indoktrinacija može učiniti glupima one koje zasljepljuje. Moram reći da dijabolizacija bilo koje individue ili grupe, svođenjem na Hitlera, znači banaliziranje nacizma. Nakon 1945. uglavnom se dijaboliziralo nacionaliste (koji i sami dijaboliziraju) držeći ih se za baštinike fašizma i nacizma. Ovakav tip redukcije banalni je retorički pokušaj koji možemo zapaziti u političkim i intelektualnim sučeljavanjima u Europi i drugdje. Antifašistički diskurs nastavlja funkcionirati u odsustvu pravih fašizama. Oni koji dijaboliziraju izmišljaju bez prestanka nove fašizme, a os oko koje se sve okreće je antilepenizam. U mojim analizama razlikujem svođenje protivnika na figuru dijaboličnog, bestijalnog, kriminalnog i patološkog. To se pokazalo manje uvjerljivim kada je riječ o Marine Le Pen nego kada je riječ o njenom ocu.
La «reductio ad Hitlerum» avait déjà été dénoncé par Leo Strauss en son temps. Qu'apporte votre livre de nouveau?
En 1953, au début de son grand livre intitulé Droit naturel et histoire, Leo Strauss, agacé par les clichés d'une rhétorique antifasciste fonctionnant à vide et devenue l'instrument privilégié du terrorisme intellectuel, avait pointé le problème en donnant une dénomination suggestive à ce qui lui paraissait être un raisonnement fallacieux: «reductio ad Hitlerum». Dans un contexte où l'antifascisme consensuel était devenu une forme de conformisme idéologique justifiant tous les amalgames polémiques, le philosophe juif émigré aux Etats-Unis faisait cette mise en garde d'ordre méthodologique: «Il n'est malheureusement pas inutile d'ajouter qu'au cours de notre examen nous devrons éviter l'erreur, si souvent commise ces dernières années, de substituer à la reductio ad absurdum la reductio ad Hitlerum. Qu'Hitler ait partagé une opinion ne suffit pas à la réfuter.» L'accent est mis sur la valeur de vérité d'un énoncé quelconque. Disons, pour simplifier la question à des fins pédagogiques, que la reductio ad Hitlerum consiste pour Strauss à juger fausse toute assertion, comme «La Grande-Bretagne est une île», que le Führer croyait vraie. Inférence illustrant à quel point l'endoctrinement idéologique peut rendre stupides ceux qu'il aveugle. Il s'agissait d'ailleurs pour Strauss d'une remarque marginale dans un livre de philosophie politique consacré notamment à la discussion des thèses de Max Weber, ce qui explique qu'il n'ait pas développé l'analyse du type d'amalgame polémique qu'il avait brièvement caractérisé, à savoir la diabolisation de type antifasciste. Car aujourd'hui, lorsqu'on dénonce à juste titre la reductio ad Hitlerum, on vise un sophisme beaucoup plus pernicieux, qu'on peut illustrer par ce syllogisme défectueux: «Hitler aimait les chiens (ou Wagner) ; X aime aussi les chiens (ou Wagner) ; donc X est un disciple d'Hitler». Je soulignerai au passage le fait que diaboliser un individu ou un mouvement politique quelconque en l'assimilant à Hitler ou au nazisme, c'est banaliser le nazisme.
C'est à Léon Poliakov qu'on doit l'analyse pionnière de la diabolisation, mode de fabrication d'ennemis absolus. Mais, dans ses travaux des années 1970 et 1980 sur la «causalité diabolique», l'historien de l'antisémitisme avait surtout étudié la diabolisation des Juifs, des jésuites et des francs-maçons, à travers les «théories du complot» qui les prenaient pour cibles. Dans l'après-1945, ce sont principalement les nationalistes, eux-mêmes grands diabolisateurs de leurs adversaires, qui ont été diabolisés par leurs ennemis, qui les percevaient comme des héritiers des fascistes ou des nazis.
L'assimilation abusive d'un quelconque adversaire à Hitler, pris comme incarnation du diable, en vue de le disqualifier, reste une opération rhétorique banale, qu'on peut observer aujourd'hui dans les affrontements politiques, voire dans les débats intellectuels en Europe et ailleurs. Le discours antifasciste continue de fonctionner en l'absence de fascismes réels, ce qui pousse les diabolisateurs à inventer sans cesse de nouveaux fascismes imaginaires. Cette bataille contre des néo-fascismes fictifs relève de ce que j'ai appelé le néo-antifascisme, dont l'antilepénisme ordinaire est, en France, la principale figure. Dans mes analyses des amalgames polémiques en politique, je distingue quatre principes de réduction de l'adversaire qu'il s'agit de transformer en ennemi répulsif, méprisable ou haïssable, à exclure ou à neutraliser: le diabolique (ou le démoniaque), le bestial, le criminel et le pathologique. D'où autant de manières de dénoncer les figures du Mal politique: diabolisation, bestialisation, criminalisation et pathologisation. Dans le discours antilepéniste «classique», on retrouve, diversement combinées, ces quatre stratégies de délégitimation. Mais ce discours, adapté à la personnalité de Jean-Marie Le Pen dont il caricature certains traits de caractère ou de comportement, s'est avéré moins crédible face à celle de Marine Le Pen. C'est ce qui explique en partie la relative et récente normalisation du FN. Celle-ci illustre la perte d'efficacité symbolique de la rhétorique néo-antifasciste en France, en même temps qu'elle nous rappelle l'importance de la personnalité des leaders politiques imaginée à travers leur visibilité médiatique.
Je li "svakodnevni antilepenizam" funkcionirao protiv FN-a kako su se nadali njihovi protivnici?
Utemeljen na dijabolizaciji, pozivanju na republikanstvo i antifašističku tradiciju, s jedne je strane priječio FN da uđe u savez sa desnim strankama a s druge prouzrokovao mnoge perverzne efekte o čemu svjedoči i njegova aktualna dinamika. Dijabolizacija je Jean-Marie Le Pena učinila slavnim, a njegova je stranka izašla s margine. Taj majstor provokacije, znao je okoristiti se pozicijom dijaboliziranog te govoriti o tome kao o nepravdi i obliku progona i tako pobuditi sućut i simpatije, da bi na kraju vratio lopticu, zahvaljujući svojoj karizmi. Ponavljanje slogana "F kao fašizam, N kao nacizam" iz imena stranke, slogana koji je totalno deplasiran s obzirom na stvarnost lepenističkog pokreta, značilo je zakoračiti u neuspjeh. Takva hiperbolizacija učinila je optužbe u svojoj biti beznačajnima. FN je profitirao od stigmatizacije, profilirao se kao žrtva "sustava" istodobno se nudeći kao rješenje za taj isti sustav. Antilepenistička je propaganda postala bitan faktor u jačanju te stranke, paradoks koji je za jedne komičan a za druge tragičan.
L' «antilepénisme ordinaire» a-t-il fonctionné contre le Front national comme l'espéraient ses initiateurs?
Fondé sur la diabolisation et l'appel au front républicain, conformément à la tradition antifasciste, l'antilepénisme standard, s'il a pu contenir provisoirement le FN en l'empêchant de conclure des alliances avec les partis de droite, a engendré nombre d'effets pervers dont témoigne son actuel dynamisme. C'est par la diabolisation de Jean-Marie Le Pen que ce dernier est devenu célèbre et que le FN est sorti de la marginalité. Ce maître de la provocation qu'est Le Pen a su prendre la posture du diabolisé, la mettre en scène comme une injustice ou une forme de persécution, attirer ainsi la compassion ou la sympathie, et finir par retourner l'attaque en composante de son charisme. Les antilepénistes n'avaient pas prévu que leur cible principale pourrait se présenter glorieusement comme une victime injustement accusée et comme un héros, un «résistant», voire comme un héritier de la «Résistance», face aux nouveaux ennemis supposés de la France. En outre, l'antilepénisme diabolisateur a eu pour effet d'installer le FN au centre de la vie politique française, de fixer l'attention inquiète de tous les acteurs politiques sur son évolution à travers les élections et les sondages. Depuis la fin des années 1980, la France politique a semblé vivre à l'heure du FN.
Répéter un slogan aussi dérisoire que «F comme fasciste, N comme nazi», totalement décalé par rapport à la réalité du mouvement lepéniste, c'était courir à l'échec: un tel excès dans l'accusation a rendu celle-ci insignifiante. Et ce, d'autant plus que l'image de Marine Le Pen s'est montrée imperméable à ces attaques hyperboliques. Le FN a fini par retourner à son profit la stigmatisation: la victime présumée du «Système» s'est posée en alternative globale à ce dernier, et ce, d'une façon crédible pour une importante partie de l'opinion. Bref, la propagande antilepéniste, qui se proposait de faire disparaître le FN de l'espace politique français ou de le marginaliser fortement, aura globalement joué le rôle d'un puissant facteur de la montée du FN. Paradoxe comique pour les uns, tragique pour les autres.
Ne dolazi li vaša knjiga prekasno, s obzirom na to da Marine Le Pen ubire plodove dedijabolizacije stranke? (34 posto Francuza kažu da su im bliske vrijednosti te stranke.)
Ne vjerujem. S jedne strane, normalizacija FN-a nije još završena, figura Marine Le Pen i dalje se većinski odbacuje jer ona ne simbolizira samo radikalnu opoziciju socijalističkoj moći. S druge strane, ljevica i radikalna ljevica se i dalje služe istim propagandnim antilepenističkim alatima, to neće nestati samo zato jer je neefikasno. Nadalje, relativna normalizacija FN-a nije samo rezultat odluke predsjednice stranke, ne dedijabolizira se voljno i takvo je nešto pod utjecajem brojnih faktora. Npr Jean-Marie Le Pen je bio u godinama za umirovljenje, došlo je do pomlađivanja stranačkog kadra, kontekst 2000-ih donio je povećanje svijesti o islamističkoj prijetnji te gubljenje povjerenja u europeističke nacionalne elite, uz krizu iz 2008. koja je na površinu izbacila antikapitalizam i difuziju protekcionističkih ideja, to je sve išlo u korist FN-u. Natjerani uza zid, neprijatelji FN-a i dalje se ritualno koriste istim sredstvima ("fašisti", "rasisti", "ekstremna desnica") pokušavajući ono što im trideset godina ne uspijeva- izbacivanje stranke sa scene. Ne žele kritizirati, diskutirati, argumentirati nego spaliti nove heretike. Snaga predrasuda pojačana je snagom navike koja je kod mrtvih duša jedini princip djelovanja. Peguy je govorio: "Mrtva je duša ekstremno naviknuta duša".
Votre livre n'arrive-t-il pas trop tard, après que la stratégie de dédiabolisation engagée par Marine Le Pen après 2002 a porté ses fruits? (34% des Français déclarent adhérer aux valeurs du Front national). L'antifascisme que vous décrivez n'est-il pas une attitude médiatique résiduelle?
Je ne le crois pas. D'une part, la normalisation du FN est loin d'être achevée: la figure de Marine Le Pen reste fortement rejetée, dès lors qu'elle ne symbolise plus seulement une opposition radicale au pouvoir socialiste. D'autre part, faute d'imagination, la gauche et l'extrême gauche sont vouées à répéter pieusement, d'une façon commémorative, les rites de conjuration du Mal politique. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, un discours de propagande ne disparaît pas pour la seule raison qu'il est devenu inefficace. Car il peut faire tradition, comme c'est le cas pour le discours antifasciste, dont les versions successives constituent autant de recyclages. La tradition, c'est ce qui se répète, en rassemblant et rassurant une communauté de croyants ou de militants. En outre, la relative normalisation du FN n'est pas le simple effet de la décision prise par Marine Le Pen, reprenant sur ce point le projet défini par Bruno Mégret dans les années 1990, de «dédiaboliser» le FN. On ne se «dédiabolise» pas à volonté: de multiples facteurs sont en jeu dans l'affaire, qui ne dépendent pas seulement des désirs de tel ou tel leader, aussi bon stratège idéologique soit-il. Le retrait progressif de Jean-Marie Le Pen est simplement dû à l'âge avancé du personnage provocateur. Il a provoqué un appel d'air pour le parti qu'il plombait. Le renouvellement et le rajeunissement des cadres, des adhérents et des sympathisants du FN, à l'image de Marine, ont joué un rôle majeur. Quant au contexte des années 2000, de la prise de conscience de la menace islamiste à la perte de confiance dans les élites nationales européistes, en passant par l'expérience inquiétante de la crise financière de 2008, qui a favorisé le retour de l'anticapitalisme et la diffusion des idées protectionnistes, il a globalement profité au nouveau FN. Dos au mur, les ennemis du FN continuent de lancer leurs anathèmes et de proférer leurs injures ou leurs imprécations rituelles (le FN «fasciste», «d'extrême droite», «raciste», etc.), rêvant toujours de faire interdire le parti qu'ils prétendent, depuis trente ans, éliminer de l'espace politique. Ils ne veulent pas discuter, critiquer, argumenter, ils rêvent de brûler les nouveaux hérétiques. À la force du préjugé s'ajoute celle de l'habitude, qui, chez les âmes mortes, est l'unique principe d'action. Une âme morte, disait Péguy, est une «âme extrêmement habituée».
Ne radi li se ovdje i o tome da je antilepenizam strategija za podjelu i oslabljivanje tradicionalne desnice?
To je u biti jedna od mojih hipoteza. Između ostalog, u rukama ljevice novi je antifašizam sredstvo koje ima za cilj izmjenu političke mape i nametanje FN-a kao glavne protuteže PS-a (Socijalistička stranka) što pretpostavlja jaki FN i slabi UMP (Savez za narodni pokret). Cilj je nestanak liberalne desnice što je i formulirano krajem osamdesetih a to su učinili Mitterandovi antirasisti rekavši "treba učiniti da nema ničeg između FN-a i nas". Time bi se eliminirala jedna stranka, a druga postala predstavnik nove desnice. Iz tog se razloga makijavelisti PS-a ne uzbuđuju zbog neuspjeha dedijabolizacije FN-a Znaju da je jedini način da dobiju izbore 2017. godine, unatoč nepopularnosti ljevice na vlasti, izvršiti uspon FN-a kako bi u prvom krugu bio eliminiran slavni protivnik (UMP) a u drugom bi se krugu našli, ispred Marine Le Pen, za koju smatraju da je nesposobna da privuče dovoljno ljudi. Novo će dvostranačje suprotstaviti nacionalnu desnicu i europeističnu ljevicu.
N'y a t-il pas derrière ce discours angélique de l'antilepénisme primaire une stratégie plus cynique consistant faire monter le FN pour diviser la droite et affaiblir la droite traditionnelle?
C'est en effet l'une des hypothèses que je retiens. Contrairement aux apparences, le néo-antifascisme ne se réduit pas à une posture morale inefficace censée être honorable, il constitue une stratégie politique. L'un des objectifs du néo-antifascisme instrumentalisé par la gauche, c'est de restructurer l'espace politique autour d'un affrontement entre le PS et le FN, ce qui suppose un FN fort et une UMP affaiblie. Il s'agit donc de favoriser par divers moyens le dynamisme du FN tout en provoquant l'explosion de l'UMP, minée par ses divisions idéologiques et la rivalité de ses dirigeants. L'objectif est de faire disparaître la droite libérale comme force politique concurrente du PS. Il avait été formulé à la fin des années 1980 par les antiracistes mitterrandiens: faire qu'il n'y ait «rien entre le FN et nous». Ce qui supposait un double processus: le ralliement d'une grande partie de la droite (une fois en miettes) à l'extrême droite, et la redéfinition de l'extrême droite forte comme représentant la (nouvelle) droite. C'est la raison pour laquelle les stratèges machiavéliens du PS, formés à l'école mitterrandienne, ne s'émeuvent guère de la «montée du FN», ni de l'échec de la diabolisation qu'ils ont privilégiée en tant que stratégie anti-FN, et qui a contribué à ladite «montée». Ils savent que le seul moyen de gagner l'élection présidentielle de 2017, malgré l'impopularité de la gauche au pouvoir, c'est de faire précisément «monter» le FN pour provoquer l'élimination au premier tour du principal candidat de droite libérale, avant de l'emporter face à une Marine Le Pen jugée incapable de rassembler suffisamment, et rejouant ainsi malgré elle, mutatis mutandis, le rôle de son père en avril 2002. Le «front républicain», en tant que front du refus coalisant toutes les forces rejetant absolument le FN, ne peut vraiment fonctionner qu'au deuxième tour d'une élection présidentielle.
Les machiavéliens de gauche, lucides et cyniques, qui misent sur le renforcement du FN, savent qu'il suffit pour cela de le combattre d'une façon magique en suivant la stratégie diabolisatrice qui l'a rendu attractif. À cet égard, on notera que le PS et le FN ont des objectifs convergents, à commencer par l'éclatement de l'UMP, suivi par le ralliement d'une partie des cadres et des adhérents à gauche ou au centre, et d'une autre partie au FN. Le nouveau bipartisme opposerait une droite nationale à une gauche européiste.
Kada bi se skroz dedijabolizirao, FN bi izgubio veliki dio svoje atraktivnosti, pišete... Zašto "vrag" toliko privlači u politici?
U političkoj karizmi postoji sigurno i demonska dimenzija koju vide i obožavatelji i neprijatelji karizmatične osobe. Veliki demagozi i najgori diktatori imaju jaku karizmu, nositelji su velikih, spasonosnih obećanja i promjena, od njih se očekuju velike stvari jer obećavaju samo nemoguće, zato je i razočaranje, kada do njega dođe, dublje, te se pretvara u odbojnost. I Jean-Marieja i Marine Le Pen sude po karizmi, namjerama i borbenom govoru, a ne političkim akcijama. Tko ne prepoznaje različite prijetnje po francusko društvo i protiv je projekta "spašavanja Francuske"? Ali, da bi netko zaveo, mora se razlikovati od mase istih političara. Nepovoljna reputacija koju FN ima njihov je simbolički kapital kojim se razlikuju od drugih. Bez svoje luciferske dimenzije ne bi bili toliko zavodljivi. Treba strašiti jedne da bi se zavelo druge te kontinuirano igrati na kartu antikomformizma. Tu postoji i udio kontrolirane autostigmatizacije/autodijabolizacije.
«Totalement dédiabolisé, le FN perdrait une grande partie de son attractivité», écrivez-vous. Pourquoi le «diable» attire-t-il tant en politique?
Dans le charisme politique, il y a nécessairement une dimension démoniaque, perçue autant par les admirateurs du chef charismatique que par ses ennemis. Les grands démagogues et les pires dictateurs sont dotés d'un fort charisme. Ils sont porteurs d'une promesse de rupture salvatrice et de changement bénéfique. Ils sont perçus dans l'ambivalence: on attend d'eux de grandes choses, car ils promettent que l'impossible est désormais possible, et la déception qu'ils finissent par provoquer est d'autant plus profonde. L'admiration amoureuse se retourne souvent en haine et en ressentiment. Or, le propre du FN comme entreprise politique familiale, c'est qu'il existe en raison du charisme de ses dirigeants, Le Pen père ou Le Pen fille. Ils ne sont pas jugés sur leur action politique ou leur gestion des affaires publiques, mais sur leur discours de combat, leurs intentions affichées, leurs promesses alléchantes et tranchantes. Qui ne reconnaît les multiples menaces pesant sur la société française? Qui n'est pas d'accord avec le projet de «sauver la France»? Mais, pour séduire, il faut présenter un visage qui se distingue fortement de la masse grégaire des acteurs politiques formatés. La mal-pensance affichée des leaders du FN fait partie de leur prestige ou de leur capital symbolique, elle les distingue des autres leaders politiques. Sans écart socialement visible et régulièrement affirmé par rapport à la norme idéologique et politique, sans sa dimension «luciférienne», le FN ne pourrait exercer la moindre séduction. Il lui faut faire peur à certains pour attirer les autres. Donc alimenter en permanence une réputation de non-conformisme. Il y a là une stratégie d'auto-stigmatisation ou d'auto-diabolisation plus ou moins contrôlée (d'où ce qu'il est convenu d'appeler les «dérapages», inévitables). Les démagogues à l'eau de rose, ou couleur rose bonbon, sont dénués d'attrait. Ils ne produisent ni amour, ni haine. Après leur petite heure de célébrité médiatique, ils disparaissent rapidement dans le trou noir de leur affligeante normalité.
U svojoj knjizi ističete asimetriju između dijabolizirane radikalne desnice i ekstremne ljevice kojoj su oprošteni ekscesi. Odakle ta dvostrukost u kriterijima?
Tu se radi o naslijeđu sovjetskog antifašizma čiji ideolozi, nakon 50-ih godina prošlog stoljeća, nisu prestajali marginalizirati i optuživati u Francuskoj antititotalitarnu i antiekstremističku poziciju kako bi zakamuflirali kriminalitet komunizma i dopustili ljevici da se redovito "napaja" vraćajući se na Marxa ili nekog revolucionarnog teoretičara i antikapitalista (Lenjin, Trocki, Gramsci itd). Jednom djelu ljevice odgovara ostaviti otvoren put eventualnom povratku komunističke ideje i u tom smislu ne dijabolizirati komunizam, unatoč komunističkim zločinima, onako kako dijabolizira fašizam i još više nacizam. Ta nostalgična ljevica pretpostavlja da je komunistička ideja ili komunistička utopija u svojoj srži dobra i da je samo neuspjela u svojoj povijesnoj realizaciji. S druge strane polazi od toga da je nacizam kao takav praktički inkarnacija apsolutnog zla. To je asimetrično tretiranje karakteristično za antifašizam u svim njegovim varijantama što nas podsjeća na to da je, kao što je dobro uočio George Orwell, ljevica antifašistička ali ne antitotalitarna. Dodao bih da vidi "fašizam" tamo gdje ga nema (Raymond Aron i general de Gaulle su označeni kao fašisti) a istodobno ne vidi fašizam tamo gdje ga ima, kao npr. u Jean-Luc Melenchonovom (najistaknutiji političar radikalne ljevice u Francuskoj) divljenju Chavezu. Isti tip divljenja karakterističan je za Alaina Sorala koji se sam okarakterizirao, ne samo kroz provokaciju, kao "nacional-socijalist".
FigaroVox: Vous dénoncez dans votre livre la dissymétrie entre une «extrême droite» diabolisée et une extrême gauche pardonnée de ses excès. D'où vient ce «deux poids deux mesures»?
Pierre-André TAGUIEFF: C'est là un héritage de l'antifascisme soviétique, dont les idéologues et propagandistes, depuis les années 1950, n'ont cessé de marginaliser ou de calomnier en France la position antitotalitaire ou anti-extrémiste pour camoufler la criminalité du communisme, et permettre à la gauche de se «ressourcer» régulièrement en revenant à Marx ou à tel ou tel théoricien révolutionnaire et anticapitaliste (Lénine, Trotski, Gramsci, etc.). Il importe à une partie de la gauche de laisser ouverte la voie d'un retour éventuel à l'idée communiste, donc de ne pas diaboliser le communisme, en dépit de ses crimes, comme elle diabolise le fascisme, et plus particulièrement le nazisme. Cette gauche nostalgique suppose que l'idée ou l'utopie communiste est bonne en elle-même, et que seules ses réalisations historiques ont échoué. Alors qu'elle postule que le nazisme est en lui-même un mal, qu'il incarne même le Mal absolu. Ce traitement asymétrique est caractéristique de l'antifascisme dans toutes ses variantes, et nous rappelle que, comme l'avait bien vu George Orwell, la gauche est antifasciste mais non antitotalitaire. J'ajouterai qu'elle voit le «fascisme» là où il n'est pas (Raymond Aron et le général de Gaulle ont été traités de «fascistes»), et que, simultanément, elle ne voit pas le fascisme où il est, par exemple dans le chavisme tant admiré par Jean-Luc Mélenchon. Une admiration partagée par le polémiste Alain Soral qui se définit lui-même, pas seulement par provocation, comme «national-socialiste».
Pišete da živimo u polariziranom svemiru gdje su imaginarni fašizmi popraćeni imaginarnim antifašizmima današnjice. Zašto je ideološki antifašizam preživio smrt političkog fašizma dok je s druge strane antikomunizam nestao sa potonućem SSSR-a?
Imaginarni je antifašizam, čije je glavno izražajno sredstvo dijabolizacija nacije, ono što u duhu ostaje od komunizma. Antinacionalizam je progresivno postao glavna reformulacija starog antifašizma. Antinacionalisti su došli u stadij dijabolizacije nacije kao takve. To je ono što sam nazvao ne tako davno, na početku devedesetih godina, "antinacionizmom", koji se transformirao u dominantnu ideologiju u europeističkim krugovima. Glavni motor tog procesa je projiciranje svih odbojnih sastavnica fašizma na naciju.
U borbenoj retorici uperenoj u denuncijaciju "euroskeptika" ili "eurofoba", nacionalni je osjećaj taj koji je inkriminiran. Na isti su način antirasistička i antifašistička misao, koje se prevode prvenstveno u izraz slavlja imigracije, koncentrirane na dijabolizaciju nacije kao kolektivnog identiteta. Samo postojanje nacionalnih granica kao i jednostavna distinkcija između nacionalnog i stranog, smatrana je skandaloznom iz očišta "antinacionista". Ti novi utopisti žele da nestanu države-nacije i da se čovječanstvo ujedini kroz pojačanje imigracijskih procesa bez kontrole i limita. Njihov je san uvođenje kozmopolitske demokracije u post-nacionalnom prostoru u kojem se želi delegitimirati nacionalni osjećaj i nametnuti masovna imigracija kao fenomen koji je, kao takav, dobar i koristan.
Treba osvijestiti jedan paradoks - nacionalizam se nikada poslije 1945. nije bolje držao nego tada, a dijabolizacija nacionalizma i nacionalnog osjećaja tek je postala dominantnom ideološkom sastavnicom u svijetu elita. Ako neka činjenica dokazuje rez između puka i elita, između "lokaliziranog" i "globaliziranog", između "ukorijenjenih" i "nomada", to je ta. Neoantifašistička dijabolizacija nacije je kontraproduktivna u času u kojem većina Francuza više ne sniva europske snove te većinski sumnja u prednosti eura.
Jedan drugi paradoks bode oči i izaziva smijeh. Istjeran na stražnja vrata u ime morala, nacionalizam se vraća kroz prozor u ime političkog realizma. U njihovim napadima na Nacionalni front, deklarirani antinacionalisti žele monopolizirati patriotsku vezanost i inkarnirati "francuske vrijednosti". Tako koriste himeru "anti-francuskog" protiv francuskih nacionalista koji su to isto i sami koristili. Nacionalni osjećaj koji je nešto sramno kada je atribuiran Nacionalnom frontu, odjednom se transformira u legitimni ponos zbog bivanja Francuzom/Francuskinjom i šire ga povremeni prokazivači "anti-francuskog", kada je riječ o Nacionalnom frontu. Teško je izbrojiti političke leadere i intelektualce koji se zgražavaju nad postojanjem "radikalne desnice" koja, po njima, ne utjelovljuje ideje koje spadaju u "francuske vrijednosti". Ukratko, pojavila se mitska opozicija između dvije Francuske, dobre (antilepenističke) i loše (lepenističke). Ironično, na taj se način nacionalizam oporavlja.
«Nous vivons dans un univers de spectres, où aux fascismes imaginaires font écho des antifascismes imaginaires d'aujourd'hui», écrivez-vous. Pourquoi l'antifascisme idéologique a-t-il survécu à la mort du fascisme politique alors que l'anticommunisme a, lui, disparu suite à l'effondrement du bloc soviétique?
L'antifascisme imaginaire, ou si l'on préfère l'imaginaire antifasciste, dont la diabolisation du fait national est aujourd'hui la principale illustration, c'est ce qui reste du communisme dans les esprits. L'antinationalisme est progressivement devenu la principale reformulation du vieil antifascisme. Mais les antinationalistes en sont venus à diaboliser la nation comme telle. C'est ce que j'ai appelé naguère, au début des années 1990, l'«antinationisme», qui s'est transformé en idéologie dominante dans les milieux européistes. La projection sur la nation de tous les traits répulsifs du «fascisme» en est le principe moteur. Dans la rhétorique de combat centrée sur la dénonciation des «eurosceptiques» ou des «europhobes», c'est bien le sentiment national qui est incriminé, au point d'être criminalisé. De la même manière, la reformulation antiraciste de l'antifascisme, qui se traduit principalement par la célébration de l'immigration comme méthode de salut, est centrée sur la diabolisation de la nation comme identité collective et souveraineté. Comme l'existence même des frontières nationales, la distinction simple entre nationaux et étrangers est considérée par les «antinationistes» comme un scandale. Pour ces nouveaux utopistes, il faut que disparaissent les États-nations pour que l'humanité s'unifie à travers la multiplication des processus migratoires sans contrôles ni limites. Leur rêve est d'instaurer une démocratie cosmopolite, dans un espace post-national qu'ils s'efforcent de construire en délégitimant le sentiment national tout en érigeant l'immigration de masse en fatalité et en phénomène intrinsèquement bon ou bénéfique.
Il faut relever ce grand paradoxe: alors que jamais, depuis 1945, le nationalisme ne s'est mieux porté en Europe, la diabolisation du nationalisme et du sentiment national est devenue la posture idéologique dominante dans le monde des élites. Si un fait observable prouve la coupure entre les peuples et les élites, entre les «localisés» d'en bas et les «mondialisés» d'en haut, entre les «enracinés» et les «nomades», c'est bien celui-là. La diabolisation néo-antifasciste de la nation est contre-productive à l'heure où l'Union européenne ne fait plus rêver la majorité des Français, qui doutent majoritairement des vertus de l'euro.
Un autre paradoxe saute aux yeux, et fait sourire. Chassé par la porte au nom de la morale, le nationalisme revient par la fenêtre au nom du réalisme politique. Dans leurs attaques contre le FN, les antinationalistes déclarés prétendent monopoliser l'attachement patriotique et incarner les «valeurs de la France». Ils retournent ainsi la chimère de «l'anti-France» contre les nationalistes français qui l'avaient beaucoup utilisée. Le sentiment national supposé honteux quand il est attribué au FN se transforme soudainement en une légitime fierté d'être français, claironnée par les dénonciateurs occasionnels de «l'anti-France» nouvelle à visage lepéniste. On ne compte plus les leaders politiques et les intellectuels s'indignant publiquement de l'existence d'une «extrême droite» qui, selon eux, véhicule des idées qui «ne sont pas les valeurs de la France». Et qui ne craignent pas de dénoncer avec vigueur le «Front anti-national». Bref, on rejoue l'opposition mythique entre les deux France, la bonne (ici l'anti-lepéniste) et la mauvaise (ici la «lepénisée»). À travers ce retour du réprimé national après transvaluation intéressée, le nationalisme se venge. Non sans ironie objective.
Kažete da Nacionalni front ne pripada više ekstremnoj desnici. Moramo li se definitivno riješiti kategorije ekstremne desnice u političkoj analizi?
Premalo sam naivan da vjerujem da se možemo riješiti, u maniri kritičnih intelektualaca, utabanih misaonih puteva i stereotipa bez kojih bi politička komunikacija bila nemoguća. Izraz "ekstremna desnica" funkcionira kao polemička etiketa koja je predodređena da diskvalificira protivnika, a predstavlja zbunjujući pojam. Nije produkt rigoroznog promišljanja dobro definiranog političkog fenomena nego sumnjiv izraz, dobiven u naslijeđe i preuzet bez kritičkog rezoniranja. Analizirajući ga, postaje jasno da taj pojam funkcionira skoro kao sinonim za "fašizam", sa varljivom pretpostavkom da je fašizam nešto što je inherentno desnici ili po trenutno pomodnom klišeju "na desnicu desnice". One koje se percipira kao neprijatelje, iz automatizma se proglašava fašistima, to koriste nacionalisti za antinacionaliste, islamisti za antiislamiste, itd. Riječ je stavljena u sve kontekste i uopće ne osvjetljava fenomene koje želimo stigmatizirati. To je ušteda teških intelektualnih napora na povijesnim i političkim kategorizacijama i implicira odustajanje od polemičkog diskursa. Ne radi se o tome da se treba riješiti riječi "fašizam" zbog njezinih loših primjena, radi se o tome da je pojam potrebno rigoroznije definirati, znajući da ne možemo udovoljiti svima pa tako ni "antifašistima" (koji, što se njih tiče, misle da sve znaju o tome).
Možemo reći, ako preuzmemo teorijske kriterije, da se radi o nacionalizmu revolucionarne orijentacije, anti-liberalnom, autoritarnom i etatističkom (ili intervencionističkom), koji slavi socijalizam u granicama nacije, s totalitarnim tendencijama i sposoban je uzeti različite povijesne forme. Ako fenomen fašizma pozicioniramo na "desno", to nam ne dopušta njegovo lakše definiranje, upravo suprotno. On se više čini patološkim produktom koji dolazi od revolucionarne ljevice kada se ona ukrštava sa nacionalističkim strastima. To je u svakom slučaju ono što sugerira Mussolinijev intelektualni i politički put. Sigurno je to da je u izrazu "ekstremna desnica" pridjev "ekstreman" lišen jasnog i nepromijenjivog značenja. Radi se o slici koju je moguće interpretirati na različite načine. To je dovoljno da je njegova primjena diskutabilna i izvor nesporazuma.
Vous dites que le FN n'est plus d'extrême droite. Doit-on se débarrasser définitivement de la catégorie «extrême droite» dans l'analyse politique?
Je suis plus nuancé. Et aussi trop peu naïf pour croire qu'on puisse se passer, selon notre bon plaisir d'intellectuels critiques, des idées reçues, des habitudes de pensée et des stéréotypes sans lesquels la communication politique serait impossible. Je montre d'abord que l'expression «extrême droite» fonctionne comme une étiquette polémique, destinée à disqualifier un adversaire, et qu'elle enveloppe une notion confuse. Elle n'est pas le produit de la conceptualisation rigoureuse d'un phénomène politique bien identifié, mais une expression douteuse reçue en héritage et reprise sans examen critique. À l'analyse, on se rend vite compte qu'elle fonctionne comme un quasi-synonyme de «fascisme», avec la suggestion trompeuse que le fascisme serait intrinsèquement de droite ou essentiellement situé à droite, ou, selon le cliché actuellement en vogue, «à droite de la droite». La pensée paresseuse consiste à qualifier de «fascistes» ceux qu'on perçoit comme des ennemis: les nationalistes pour les antinationalistes, les islamistes pour les anti-islamistes, etc. Le mot est mis à toutes les sauces, et il n'éclaire en rien les phénomènes qu'on veut avant tout stigmatiser. C'est là faire l'économie d'un travail intellectuel difficile sur les catégorisations historiques et politiques, impliquant de se passer des outils ordinaires du discours polémique. Car il n'est pas question de jeter aux orties le mot «fascisme», en raison de ses mauvais usages. Il s'agit de le définir de la façon la plus rigoureuse, en sachant qu'on ne peut satisfaire tous les spécialistes, ni bien sûr les «antifascistes» (qui, eux, croient tout savoir sur la question). Disons, pour aller vite, et en privilégiant les critères doctrinaux, qu'il s'agit d'un nationalisme d'orientation révolutionnaire, anti-libéral, autoritaire et étatiste (ou dirigiste), prônant un socialisme dans les limites de la nation, à tendance totalitaire, et susceptible de prendre des formes historiques diverses. Le situer «à droite» ne permet pas de mieux identifier ou expliquer le phénomène fasciste, bien au contraire. Ce dernier apparaît plutôt comme un produit pathologique dérivé de la gauche révolutionnaire, lorsqu'elle épouse les passions nationalistes. C'est en tout cas ce que suggère la trajectoire intellectuelle et politique de Mussolini. Ce qui est sûr, c'est que, dans l'expression «extrême droite», le qualificatif «extrême» est dénué d'une signification claire et invariable. Il s'agit d'une image interprétable de diverses manières. Cela suffit à rendre son emploi douteux, source d'équivoques. L'appartenance supposée de «l'extrême droite» à la droite est à la fois une idée reçue et une idée fausse.
Kako onda sada klasificirati Marine Le Pen?
Radi se uvijek o nacionalističkoj stranci koja ističe pitanja suvereniteta i identiteta, dakle antieuropeističkoj, "antiglobalizacijskoj" i antiimigracijskoj stranci čija se predsjednica profilira kroz populistički stil, pozivajući se na narod, kult naroda i odbacivanje ustoličenih elita. Prije trideset godina predložio sam termin "nacional-populistički" i mislim da je ta etiketa i dalje najmanje loša. Ipak, treba voditi računa o velikoj transformaciji programa te stranke, čiji je ideološki sadržaj modificiran integracijom tema koje su posuđene od republikanske ljevice (npr. sekularnost,) ili antikapitalističke ekstremne ljevice (prokazivanje neoliberalizma). U tim je uvjetima ponovno potrebno, uz dozu odglumljene naivnosti, postaviti jednostavna pitanja: zašto nastaviti pozicionirati Nacionalni front na radikalnu desnicu? U čemu mogu biti ekstremisti? Što je ekstremizam? Što je "ekstremna desnica"? U knjizi O vragu u politici upirem se u odgovaranje na ta pitanja koja politički leaderi i komentatori ne postavljaju. Maglovito su svjesni da ne mogu jasno i jednoznačno odgovoriti na njih.
Comment qualifier désormais le parti de Marine Le Pen?
Il s'agit toujours d'un parti nationaliste, à la fois souverainiste et identitaire, donc anti-européiste, «antimondialiste» et anti-immigration, dont le leader se caractérise par son style populiste, jumelant l'appel au peuple, le culte du peuple et le rejet des élites en place. En 1984, j'ai proposé de le catégoriser comme «national-populiste», et je pense que cette catégorisation est toujours la moins mauvaise. Mais il faut tenir compte de la grande transformation du programme de ce parti, dont le contenu idéologique a été modifié par intégration de thèmes ou d'orientations empruntés à la gauche républicaine (la laïcité par exemple) ou à l'extrême gauche anticapitaliste (la dénonciation du «néo-libéralisme»). Dans ces conditions, il faut reposer les questions simples, certes avec une feinte naïveté: pourquoi continuer à situer le FN «à droite»? En quoi peut-il être dit extrémiste? Qu'est-ce que l'extrémisme? Et qu'est-ce que «l'extrême droite»? Dans Du diable en politique, je m'efforce de répondre à ces questions que les leaders politiques et les commentateurs de la vie politique se gardent de poser. Ils savent obscurément qu'ils ne peuvent y répondre clairement et d'une seule voix.
Pričate o "stranci straha" ali čitajući vas, ispada da igranje na kartu straha nije monopol FN-a?
Politika straha je implicitna norma u režiji političkih sučeljavanja. Najkontradiktorniji strahovi dominiraju političkim pejzažom a polimorfni osjećaj nesigurnosti obojio je društveni imaginarij. Tako npr. na strah od masovne imigracije odgovara onaj od masovne ksenofobije. Strah od gubitka nečega daje opći ton. Gubitak nacionalnog identiteta nasuprot gubitku socijalnih stečevina. Zbog straha od izlaska iz igre, politički akteri demagoški koriste strah umjesto snova. Jedni igraju na strah od slabljenja eura, drugi na strah od izlaska iz eurozone a treći, pak, na strah od negativnih efekata te valute. Strah od ekstremizma i ekstremne desnice je strast koju hrane i održavaju oni koji imaju vlastitu izrabljivačku korist. Novi su demagozi označili Francuze koji imaju strah kao masu malih hedonista, bez uvjerenja i planova, ranjive i bez hrabrosti, vođene kontradiktornim strahovima i oscilirajuće između djetinje naivnosti i nemoćnog skepticizma. Prezir prema građanima direktni je efekt korupcije demokracije koju vode elite koje su izabrane zahvaljujući njihovim demagoškim talentima, a vladaju uz mješavinu strahova i nada.
Vous parlez d'un «parti de la peur». Mais à vous lire, jouer sur les peurs n'est pas le monopole du Front National...
La politique de la peur est la norme implicite régissant les affrontements politiques. Les peurs les plus contradictoires dominent le paysage politique, tandis qu'un sentiment polymorphe d'insécurité colore le champ de l'imaginaire social. C'est ainsi qu'à la peur d'une immigration de masse répond celle d'une xénophobie de masse. Mais c'est la peur de perdre quelque chose qui donne le ton. De l'identité nationale aux acquis sociaux. Par peur de sortir du jeu, les acteurs politiques font un usage démagogique des peurs plutôt que des rêves. Les uns jouent sur la peur de l'effondrement de l'euro, les autres sur la peur d'une sortie de l'euro, d'autres encore sur la peur des effets négatifs de l'euro. Comme la peur du «terrorisme» ou de la «finance», la peur de «l'extrême droite» ou de «l'extrémisme» est une passion alimentée, entretenue ou réveillée par ceux qui ont intérêt à l'exploiter. C'est ainsi que les Français apeurés sont traités par les nouveaux démagogues comme une masse de petits vieux jouisseurs, sans convictions ni projets, vulnérables, sans courage, tiraillés par des peurs contradictoires, oscillant entre une crédulité infantile et un scepticisme incapacitant. Le mépris du citoyen est l'effet immédiat de la corruption de la démocratie par des élites dirigeantes élues grâce à leurs talents démagogiques avant de gouverner en orchestrant un mélange de craintes et d'espoirs.
Dijabolizacija se ne dotiče samo FN-a nego bilo kojeg "skretničara" sa puta političke korektnosti. Kontinuirana informacija ubrzava mehanizam dijabolizacije i svaki tjedan nam se nudi novi medijski vrag, jedan dan Zemmour, drugi Finkielkraut ili nedavno zastupnik Thierry Mariani. Hoće li se po vama taj fenomen proširiti?
Od devedesetih godina prošlog stoljeća do desetih godina ovog, neoantifašistički je diskurs od "lepenizacije duha" postao "desnizacija" intelektualnih i političkih elita što je nejasna optužba koja omogućuje diskreditaciju bilo kojeg neprijatelja ili rivala. Intelektualni je terorizam privilegija ljevice i ekstremne ljevice koje mogu računati na podršku "umjerenih" s centra i oportunističke desnice. Što je više debatni prostor u znaku ideje minimalnog konsenzusa o dobrom funkcioniranju demokratskih institucija i pogodnosti EU, to se više razvija potreba za kreiranjem distinkcija, opozicija, alternativa. Ideološka uniformiranost je pozadinska buka koja dolazi u kombinaciji s tihom glazbom pokreta koji ističu suverenitet i identitet, a koji ostaju manjinski. No, reakcije branitelja jedinstvenog puta su žive. Najmanje rezerve o politički korektnim pozicijama koje se tiču Europe, imigracije ili manjina, smatraju se skretnicom u mišljenju tj. deliktom koji budi pojačanu odbojnost i sve češće dovodi do sudskih procesa. Javni je prostor prepun debata koje se odvijaju u razmjeni klišeja i banalnosti. Autocenzura postoji u društvu recipročnog nadgledanja. Slobodni se mislioci suzdržavaju od sudjelovanja u javnim diskusijama, prepuštajući mjesto grotesknim ili poluobrazovanim osobama, angažiranim zabavljačima ili političkim činovnicima koji operiraju uz pomoć uvrede ili provokacije. Kada slobodni mislioci riskiraju i uđu u arenu, neizbježno su predmet optužbi i difamacija. Prijetnja dijabolizacijom stvara strah i garantira promociju mediokriteta, samo bezlični "stručnjaci" marširaju krajolikom. Na taj se način ubrzava pad intelektualne Francuske.
La diabolisation ne semble pas toucher uniquement le FN, mais quiconque «dérape» sur le chemin du politiquement correct. L'information continue semble accélérer la mécanique diabolisatrice et nous offrir chaque semaine un nouveau diable médiatique: un jour Zemmour, l'autre Finkielkraut, ou encore récemment le député Thierry Mariani… Selon vous, ce phénomène va-t-il s'amplifier?
Des années 1990 aux années 2010, le discours néo-antifasciste est passé de la dénonciation de la «lepénisation des esprits» à celle de la «droitisation» des élites intellectuelles et politiques, accusation vague permettant de discréditer n'importe quel adversaire ou rival. Le terrorisme intellectuel reste cependant l'apanage de la gauche et de l'extrême gauche, qui peuvent compter sur l'appui des «modérés» du centre et de la droite opportuniste. Plus l'espace des débats est dominé par le culte du consensus minimal sur le bon fonctionnement des institutions démocratiques et les bienfaits de l'Union européenne, et plus s'exacerbe le besoin de créer des distinctions, des oppositions, des alternatives. L'uniformisation idéologique est le bruit de fond sur lequel se détache la petite musique des mouvements souverainistes et identitaires, qui restent minoritaires. Mais les réactions des défenseurs de la Voie unique sont vives. La moindre réserve sur les positions politiquement correctes concernant l'Europe, l'immigration ou les minorités est perçue comme une opinion abjecte, voire un délit, qui suscite une indignation hyperbolique et, de plus ou plus souvent, des poursuites devant les tribunaux. Dans une France sous l'emprise des minorités sectaires et tyranniques qui imposent leurs valeurs et leurs normes, l'espace public s'empoisonne lentement. Les débats s'enlisent dans les échanges de clichés et de platitudes. L'auto-censure est de rigueur dans une société de surveillance réciproque. Les esprits libres se gardent de participer aux débats publics, abandonnant le terrain médiatique à de grotesques personnages incultes ou à demi cultivés, histrions littéraires, amuseurs engagés ou commissaires politiques qui n'existent que par l'insulte, l'indignation feinte, l'imprécation ou la provocation. J'oubliais les donneurs de leçons de tous âges. Quand des esprits libres prennent le risque de descendre dans l'arène, ils sont immanquablement voués à être dénoncés, calomniés, diffamés. La menace de diabolisation produit une intimidation telle qu'elle garantit la promotion de la médiocrité. Seuls des «experts» sans couleur ni odeur prolifèrent dans le paysage. C'est ainsi que s'accélère le déclin de la France intellectuelle.
Čitajući vas, dobiva se dojam da vidite politički život kao spektakl u kojem više ili manje talentirani komediografi grade karijeru na lažima i neodrživim obećanjima. Jesu li politički leaderi samo demagozi bez skrupula?
Ako su demagozi brojni, mediokriteti su još brojniji, bili oni demagozi ili ne. U modernim demokracijama, demagozi često uzimaju obličje lažnih proroka, obećavajući velike stvari i promjene. Kako se možemo ne brinuti o tome da se sviđamo drugima ako smo ušli u izborno natjecanje? Nužnost zavođenja biračkog tijela vodi u prevelika obećanja, puno laži i ocrnjivanje svojih protivnika. Danas se hrane općom anksioznošću koja je derivat multidimenzionalne krize, proroci sreće ili nesreće pojavljuju se u svim domenama, pogotovo u politici. Praktična mudrost sastoji se u tome da ih se ne uzme za ozbiljno. Najopasniji su proroci sreće koji u ime "Progresa" hvale i prodaju bilo koju budućnost, dok nepovoljno sadašnje stanje svjedoči o njihovoj nemoći i nekompetenciji. Treba suditi političare po rezultatima njihovih političkih akcija, a ne na temelju njihovog osobnog šarma, dobrih namjera ili zavodljivih projekata.
À vous lire, on a parfois l'impression que vous voyez la vie politique comme un spectacle où des comédiens plus ou moins doués font carrière à coup de mensonges et de promesses intenables. Les leaders politiques ne sont-ils que des démagogues sans scrupules?
Si les démagogues sont nombreux, les médiocres sont encore plus nombreux, qu'ils soient démagogues ou non. Dans les démocraties modernes, les démagogues prennent souvent le visage de faux prophètes, annonçant de grands «changements» porteurs de promesses alléchantes. Comment peut-on ne pas se soucier de plaire lorsqu'on s'engage dans une compétition électorale? Il y a là une contrainte fonctionnelle: l'obligation de séduire pousse à trop promettre, à beaucoup mentir et à calomnier ses adversaires. Aujourd'hui, se nourrissant du désarroi et de l'anxiété suscités par la crise multidimensionnelle, de dérisoires prophètes de bonheur ou de malheur prolifèrent, dans tous les domaines, mais surtout en politique. La sagesse pratique consiste à se garder de les prendre au sérieux. Les plus dangereux sont les prophètes de bonheur, ces camelots qui, au nom du dieu «Progrès», vantent et vendent un quelconque avenir meilleur, alors que le piteux état du présent porte l'empreinte de leur impuissance ou de leur incompétence. Face aux marchands de mondes meilleurs («Demain, tout ira bien»), c'est avec l'ironie requise qu'il faut suivre l'injonction de l'évangéliste Matthieu (7.15-16), d'une éternelle actualité: «Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs. Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons?» Il faut donc juger les dirigeants sur les résultats de leur action politique, et non pas sur leur charme personnel, leurs intentions bonnes ou leurs projets séduisants.
Izvor : http://www.h-alter.org/vijesti/europa-regija/kako-je-nacionalni-front-uspio
Ofelija
I
Valom, gde zvezdani zrcale se snovi,
Bela
Ofelija poput krupnog krina
U svom dugom velu polagano plovi...
- Rog trubi smrt srne iz šumskih dubina.
Vec hiljadu leta s
duge reke crne
Ona, sablast bela, budi bol i strah,
I ludost
joj ljupka, kada vece trne,
Šapuce romansu kroz lahorov dah.
Vetar joj celiva nedra, i od vela
Pravi cvet, ponesen blago
niz val snen,
Trske se klanjaju snima bledog cela,
Na rame
joj place tužnih vrba sen.
Lokvanji uzdišu pored nje; iz gnezda
Šalje drhtaj krila uspavani žbun;
Tajanstvena pesma lije se
sa zvezda
Od cijeg je zlata tamni prostor pun.
II
Ofelijo bleda, o kao sneg lepa!
Da, ti si umrla na toj
silnoj vodi!
- Jer su ti vihori iz ledenih stepa
Tihano
pricali o gorkoj slobodi;
I jer svaki lahor, splicuci ti kose,
U
duh ti sanjarski cudne zvuke toci,
Jer ti glas Prirode srcu
otkrio se
U tužaljci stabla, u uzdahu noci;
Jer glas ludih
mora, hropac neizmerni,
Smrsko je detinje blage tvoje grudi,
Jer
jednoga jutra bledi vitez verni,
Nem, gledaše tebe pogledom što
ludi!
Snivaš, jadna Ludo! o nebu, slobodi,
Ljubavi! A sneg
si na ognju tog sna,
Rec ti u nepovrat sjaj vizija vodi,
Plave
su ti oci ponori bez dna!
III
A Pesnik otkriva da
kroz svetlost belu
Sa zvezda, u noci, ti još tražiš cvet
Što
ga davno uzbra, i da u svom velu
Na vodi, ko ljiljan, promiceš
kroz svet.
I
Sur l'onde calme et noire où
dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand
lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles...
-
On entend dans les bois lointains des hallalis.
Voici plus de
mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le
long fleuve noir.
Voici plus de mille ans que sa douce
folie
Murmure sa romance à la brise du soir.
Le vent baise
ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés
mollement par les eaux ;
Les saules frissonnants pleurent sur son
épaule,
Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.
Les
nénuphars froissés soupirent autour d'elle ;
Elle éveille
parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d'où s'échappe un
petit frisson d'aile :
- Un chant mystérieux tombe des astres
d'or.
II
Ô pâle Ophélia ! belle comme la neige !
Oui
tu mourus, enfant, par un fleuve emporté !
- C'est que les vents
tombant des grands monts de Norwège
T'avaient parlé tout bas de
l'âpre liberté ;
C'est qu'un souffle, tordant ta grande
chevelure,
A ton esprit rêveur portait d'étranges bruits ;
Que
ton coeur écoutait le chant de la Nature
Dans les plaintes de
l'arbre et les soupirs des nuits ;
C'est que la voix des mers
folles, immense râle,
Brisait ton sein d'enfant, trop humain et
trop doux ;
C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle,
Un
pauvre fou, s'assit muet à tes genoux !
Ciel ! Amour !
Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle !
Tu te fondais à lui
comme une neige au feu :
Tes grandes visions étranglaient ta
parole
- Et l'Infini terrible effara ton oeil bleu !
III
-
Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la
nuit, les fleurs que tu cueillis ;
Et qu'il a vu sur l'eau,
couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter, comme
un grand lys.
Izvor : http://poezija.6forum.info/t942-arthur-rimbaud
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