Pierre-André Taguieff (1946.) je filozof, politolog i povijesničar ideja. Direktor je istraživanja na CNRS-u koji je dio Centra za politička istraživanja Fakulteta političkih znanosti (CEVIPOF) te predaje na Institutu za političke studije u Parizu.
Autor je brojnih knjiga koje ulaze u domene politike, povijesti ideja, sociologije i teorije argumentacije. Bavi se pitanjima rasizma, antisemitizma i ideologija ekstremne desnice a postao je poznat po radovima o populizmu, "Novoj desnici" i "Nacionalnom frontu".
U zadnjoj knjizi "O vragu u politici: refleksije o svakodnevnom antilepenizmu", bavi se procesima dijabolizacije "Nacionalnog fronta".
Pierre-André Taguieff est philosophe, politologue et historien des idées. Il est directeur de recherche au CNRS, rattaché au Centre de recherches politiques de Sciences Po.
Dans son dernier livre Du diable en politique. Réflexions sur l'antilepénisme ordinaire (Paris, CNRS Éditions, 2014), il décrypte le processus de diabolisation du Front National et ses revers.
U vašoj knjizi opisujete dijabolizacijski mehanizam koji je na francuskoj političkoj sceni 30 godina, možete li ga objasniti?
Dijabolizacija znači redukciju individue ili grupe na manifestaciju zla ili na inkarnaciju vraga i njezine praktične posljedice tj. eliminaciju dijaboliziranog entiteta. U totalitarnim se režimima dijabolizacija odnosi na fizičko uništenje protivnika. U pluralističkim su demokracijama dijabolizirani neprijatelji isključeni iz političke igre, odbačeni izvan političkog sustava. Dijabolizirati drugoga (oponenta ili različitog), znači nametnuti se sam kao predstavnik ili poslanik Dobra tj prišiti si legitimitet i zahtijevati poštovanje.
Kada je meta Nacionalni front, dijabolizacija protiv njih koristi njihove vlastite metode. Kao većina nacionalističkih pokreta, FN dijabolizira neprijatelje označavajući ih kao odgovorne za nered i faktor slabljenja nacije. Unutarnji je nered atribuiran imigrantima za koje se drži da se ne mogu integirirati a EU i globalizacija se smatraju prijetnjama za neovisnost i identitet nacije. S druge je strane i FN dijaboliziran i shvaćen kao sudionik zatvaranja nacije, ksenofobije i rasizma te krivac za strahove i mržnje među grupama. U Francuskoj je antinacionalizam postao ideološki prikladan, u korist europske ideje. Nacije se shvaćaju kao prepreka tomu pa je nacionalni osjećaj reduciran na štetni ostatak prevladane prošlosti, mrski arhaizam. Problem je što osjećaj nacionalne pripadnosti (posjedovanje nacionalnog identiteta) nije uopće nestao iz mišljenja i mentaliteta. Lepenistički je pokret preuzeo na sebe sve ono što su odbacivale i prezirale antinacionalističke elite, kao i baštinici ljevice i starog antifašizma. Od tuda dolazi etiketiranje FN-a kao fašističkog, stigmatizacija koja ga je izolirala na političkoj mapi. Tako smo ušli u začarani krug dvosmjerne dijabolizacije koji neprestano komplicira interakciju između FN-a i njegovih neprijatelja množeći perverzne efekte.
FigaroVox: Votre livre décrit la mécanique diabolisatrice à l'œuvre dans le paysage politique français depuis trente ans, qui renvoie systématiquement le Front national aux «heures les plus sombres» et à la «bête immonde». Pouvez-vous nous décrire ce processus de diabolisation?
Pierre-André TAGUIEFF: La diabolisation implique de réduire un individu ou un groupe à une manifestation du Mal ou à une incarnation du diable, et d'en tirer les conséquences pratiques, à savoir l'élimination de l'entité diabolisée. Dans les systèmes totalitaires, la diabolisation des opposants se traduit par leur extermination physique. Dans les démocraties pluralistes, les adversaires diabolisés sont en principe exclus du jeu démocratique, mis à l'écart du système politique. La diabolisation constitue ainsi une méthode d'illégitimation d'un adversaire, d'un concurrent, d'un contradicteur, qui sont ainsi transformés en ennemis redoutables et haïssables. En outre, diaboliser l'autre (l'opposant ou le différent), c'est se classer soi-même dans la catégorie des représentants ou des combattants du Bien. C'est donc se donner une légitimité, voire une respectabilité à bon compte.
Lorsqu'elle prend pour cible le Front national, la diabolisation consiste à retourner contre ce parti ses propres méthodes de combat idéologique. Comme la plupart des mouvements nationalistes, le FN diabolise ses ennemis en les désignant, d'une part, en tant que responsables du désordre à l'intérieur de la nation, un désordre facteur d'affaiblissement ou de déclin, et, d'autre part, en tant qu'incarnant une menace pour la survie de la nation. Disons, pour préciser, que le désordre intérieur est attribué à une immigration jugée non intégrable, et que la mondialisation et la construction européenne sont dénoncées comme des menaces pesant sur l'indépendance et l'identité nationales. Mais si les nationalistes diabolisent les ennemis du peuple, à l'intérieur, ou ceux de la nation, à l'extérieur, ils sont eux-mêmes fortement diabolisés en retour, étant accusés notamment d'être partisans de la fermeture sur soi de la nation, de se montrer xénophobes ou racistes, et surtout d'être des fauteurs de guerre, en alimentant les peurs et les haines entre groupes, ou en diffusant la vision d'un conflit «naturel» entre les nations définies comme rivales. En France, l'antinationalisme est devenu idéologiquement hégémonique à la faveur de la construction européenne. Les nations étant perçues comme des obstacles à cette dernière, le sentiment national lui-même a été réduit par les élites dirigeantes et discutantes à une survivance nuisible d'un passé heureusement révolu, à un archaïsme détestable. Le problème, c'est que le sentiment de l'appartenance nationale, qui revient à celui de posséder une identité nationale, n'a nullement disparu de l'opinion, et, plus profondément, des mentalités ou des croyances culturelles. À partir de 1983-1984, le mouvement lepéniste a incarné tout ce rejetaient et méprisaient les élites antinationalistes ainsi que les héritiers de gauche du vieil antifascisme. D'où la dénonciation du FN comme «fasciste», stigmatisation qui l'a isolé dans le système des alliances politiques. Mais, en même temps, le FN a pu s'efforcer, non sans succès, de monopoliser le sentiment national dans tous ses aspects. Ainsi, à la diabolisation par le FN a répondu celle du FN, faisant surgir un cercle polémique vicieux qui ne cesse de compliquer l'interaction entre le FN et ses ennemis, et d'engendrer des effets pervers.
Reductio ad Hitlerum je već svojevremeno spominjao Leo Strauss, što novo donosi vaša knjiga?
Godine 1953. na početku svoje velike knjige Prirodno pravo i povijest, motiviran klišeiziranom antifašističkom retorikom, Strauss uvodi ono što smatra još jednom greškom u argumentaciji, "reductio ad Hitlerum". U kontekstu u kojem je antifašizam postao određeni oblik ideološkog konformizma, židovski filozof koji je emigrirao u SAD, učinio je tu metodološku preinaku. Ako pojednostavimo, za Straussa je ova logička greška značila da bi se smatrala krivom i konstatacija "Velika Britanija je otok" ako ju je Hitler rekao. To pokazuje u kojoj mjeri ideološka indoktrinacija može učiniti glupima one koje zasljepljuje. Moram reći da dijabolizacija bilo koje individue ili grupe, svođenjem na Hitlera, znači banaliziranje nacizma. Nakon 1945. uglavnom se dijaboliziralo nacionaliste (koji i sami dijaboliziraju) držeći ih se za baštinike fašizma i nacizma. Ovakav tip redukcije banalni je retorički pokušaj koji možemo zapaziti u političkim i intelektualnim sučeljavanjima u Europi i drugdje. Antifašistički diskurs nastavlja funkcionirati u odsustvu pravih fašizama. Oni koji dijaboliziraju izmišljaju bez prestanka nove fašizme, a os oko koje se sve okreće je antilepenizam. U mojim analizama razlikujem svođenje protivnika na figuru dijaboličnog, bestijalnog, kriminalnog i patološkog. To se pokazalo manje uvjerljivim kada je riječ o Marine Le Pen nego kada je riječ o njenom ocu.
La «reductio ad Hitlerum» avait déjà été dénoncé par Leo Strauss en son temps. Qu'apporte votre livre de nouveau?
En 1953, au début de son grand livre intitulé Droit naturel et histoire, Leo Strauss, agacé par les clichés d'une rhétorique antifasciste fonctionnant à vide et devenue l'instrument privilégié du terrorisme intellectuel, avait pointé le problème en donnant une dénomination suggestive à ce qui lui paraissait être un raisonnement fallacieux: «reductio ad Hitlerum». Dans un contexte où l'antifascisme consensuel était devenu une forme de conformisme idéologique justifiant tous les amalgames polémiques, le philosophe juif émigré aux Etats-Unis faisait cette mise en garde d'ordre méthodologique: «Il n'est malheureusement pas inutile d'ajouter qu'au cours de notre examen nous devrons éviter l'erreur, si souvent commise ces dernières années, de substituer à la reductio ad absurdum la reductio ad Hitlerum. Qu'Hitler ait partagé une opinion ne suffit pas à la réfuter.» L'accent est mis sur la valeur de vérité d'un énoncé quelconque. Disons, pour simplifier la question à des fins pédagogiques, que la reductio ad Hitlerum consiste pour Strauss à juger fausse toute assertion, comme «La Grande-Bretagne est une île», que le Führer croyait vraie. Inférence illustrant à quel point l'endoctrinement idéologique peut rendre stupides ceux qu'il aveugle. Il s'agissait d'ailleurs pour Strauss d'une remarque marginale dans un livre de philosophie politique consacré notamment à la discussion des thèses de Max Weber, ce qui explique qu'il n'ait pas développé l'analyse du type d'amalgame polémique qu'il avait brièvement caractérisé, à savoir la diabolisation de type antifasciste. Car aujourd'hui, lorsqu'on dénonce à juste titre la reductio ad Hitlerum, on vise un sophisme beaucoup plus pernicieux, qu'on peut illustrer par ce syllogisme défectueux: «Hitler aimait les chiens (ou Wagner) ; X aime aussi les chiens (ou Wagner) ; donc X est un disciple d'Hitler». Je soulignerai au passage le fait que diaboliser un individu ou un mouvement politique quelconque en l'assimilant à Hitler ou au nazisme, c'est banaliser le nazisme.
C'est à Léon Poliakov qu'on doit l'analyse pionnière de la diabolisation, mode de fabrication d'ennemis absolus. Mais, dans ses travaux des années 1970 et 1980 sur la «causalité diabolique», l'historien de l'antisémitisme avait surtout étudié la diabolisation des Juifs, des jésuites et des francs-maçons, à travers les «théories du complot» qui les prenaient pour cibles. Dans l'après-1945, ce sont principalement les nationalistes, eux-mêmes grands diabolisateurs de leurs adversaires, qui ont été diabolisés par leurs ennemis, qui les percevaient comme des héritiers des fascistes ou des nazis.
L'assimilation abusive d'un quelconque adversaire à Hitler, pris comme incarnation du diable, en vue de le disqualifier, reste une opération rhétorique banale, qu'on peut observer aujourd'hui dans les affrontements politiques, voire dans les débats intellectuels en Europe et ailleurs. Le discours antifasciste continue de fonctionner en l'absence de fascismes réels, ce qui pousse les diabolisateurs à inventer sans cesse de nouveaux fascismes imaginaires. Cette bataille contre des néo-fascismes fictifs relève de ce que j'ai appelé le néo-antifascisme, dont l'antilepénisme ordinaire est, en France, la principale figure. Dans mes analyses des amalgames polémiques en politique, je distingue quatre principes de réduction de l'adversaire qu'il s'agit de transformer en ennemi répulsif, méprisable ou haïssable, à exclure ou à neutraliser: le diabolique (ou le démoniaque), le bestial, le criminel et le pathologique. D'où autant de manières de dénoncer les figures du Mal politique: diabolisation, bestialisation, criminalisation et pathologisation. Dans le discours antilepéniste «classique», on retrouve, diversement combinées, ces quatre stratégies de délégitimation. Mais ce discours, adapté à la personnalité de Jean-Marie Le Pen dont il caricature certains traits de caractère ou de comportement, s'est avéré moins crédible face à celle de Marine Le Pen. C'est ce qui explique en partie la relative et récente normalisation du FN. Celle-ci illustre la perte d'efficacité symbolique de la rhétorique néo-antifasciste en France, en même temps qu'elle nous rappelle l'importance de la personnalité des leaders politiques imaginée à travers leur visibilité médiatique.
Je li "svakodnevni antilepenizam" funkcionirao protiv FN-a kako su se nadali njihovi protivnici?
Utemeljen na dijabolizaciji, pozivanju na republikanstvo i antifašističku tradiciju, s jedne je strane priječio FN da uđe u savez sa desnim strankama a s druge prouzrokovao mnoge perverzne efekte o čemu svjedoči i njegova aktualna dinamika. Dijabolizacija je Jean-Marie Le Pena učinila slavnim, a njegova je stranka izašla s margine. Taj majstor provokacije, znao je okoristiti se pozicijom dijaboliziranog te govoriti o tome kao o nepravdi i obliku progona i tako pobuditi sućut i simpatije, da bi na kraju vratio lopticu, zahvaljujući svojoj karizmi. Ponavljanje slogana "F kao fašizam, N kao nacizam" iz imena stranke, slogana koji je totalno deplasiran s obzirom na stvarnost lepenističkog pokreta, značilo je zakoračiti u neuspjeh. Takva hiperbolizacija učinila je optužbe u svojoj biti beznačajnima. FN je profitirao od stigmatizacije, profilirao se kao žrtva "sustava" istodobno se nudeći kao rješenje za taj isti sustav. Antilepenistička je propaganda postala bitan faktor u jačanju te stranke, paradoks koji je za jedne komičan a za druge tragičan.
L' «antilepénisme ordinaire» a-t-il fonctionné contre le Front national comme l'espéraient ses initiateurs?
Fondé sur la diabolisation et l'appel au front républicain, conformément à la tradition antifasciste, l'antilepénisme standard, s'il a pu contenir provisoirement le FN en l'empêchant de conclure des alliances avec les partis de droite, a engendré nombre d'effets pervers dont témoigne son actuel dynamisme. C'est par la diabolisation de Jean-Marie Le Pen que ce dernier est devenu célèbre et que le FN est sorti de la marginalité. Ce maître de la provocation qu'est Le Pen a su prendre la posture du diabolisé, la mettre en scène comme une injustice ou une forme de persécution, attirer ainsi la compassion ou la sympathie, et finir par retourner l'attaque en composante de son charisme. Les antilepénistes n'avaient pas prévu que leur cible principale pourrait se présenter glorieusement comme une victime injustement accusée et comme un héros, un «résistant», voire comme un héritier de la «Résistance», face aux nouveaux ennemis supposés de la France. En outre, l'antilepénisme diabolisateur a eu pour effet d'installer le FN au centre de la vie politique française, de fixer l'attention inquiète de tous les acteurs politiques sur son évolution à travers les élections et les sondages. Depuis la fin des années 1980, la France politique a semblé vivre à l'heure du FN.
Répéter un slogan aussi dérisoire que «F comme fasciste, N comme nazi», totalement décalé par rapport à la réalité du mouvement lepéniste, c'était courir à l'échec: un tel excès dans l'accusation a rendu celle-ci insignifiante. Et ce, d'autant plus que l'image de Marine Le Pen s'est montrée imperméable à ces attaques hyperboliques. Le FN a fini par retourner à son profit la stigmatisation: la victime présumée du «Système» s'est posée en alternative globale à ce dernier, et ce, d'une façon crédible pour une importante partie de l'opinion. Bref, la propagande antilepéniste, qui se proposait de faire disparaître le FN de l'espace politique français ou de le marginaliser fortement, aura globalement joué le rôle d'un puissant facteur de la montée du FN. Paradoxe comique pour les uns, tragique pour les autres.
Ne dolazi li vaša knjiga prekasno, s obzirom na to da Marine Le Pen ubire plodove dedijabolizacije stranke? (34 posto Francuza kažu da su im bliske vrijednosti te stranke.)
Ne vjerujem. S jedne strane, normalizacija FN-a nije još završena, figura Marine Le Pen i dalje se većinski odbacuje jer ona ne simbolizira samo radikalnu opoziciju socijalističkoj moći. S druge strane, ljevica i radikalna ljevica se i dalje služe istim propagandnim antilepenističkim alatima, to neće nestati samo zato jer je neefikasno. Nadalje, relativna normalizacija FN-a nije samo rezultat odluke predsjednice stranke, ne dedijabolizira se voljno i takvo je nešto pod utjecajem brojnih faktora. Npr Jean-Marie Le Pen je bio u godinama za umirovljenje, došlo je do pomlađivanja stranačkog kadra, kontekst 2000-ih donio je povećanje svijesti o islamističkoj prijetnji te gubljenje povjerenja u europeističke nacionalne elite, uz krizu iz 2008. koja je na površinu izbacila antikapitalizam i difuziju protekcionističkih ideja, to je sve išlo u korist FN-u. Natjerani uza zid, neprijatelji FN-a i dalje se ritualno koriste istim sredstvima ("fašisti", "rasisti", "ekstremna desnica") pokušavajući ono što im trideset godina ne uspijeva- izbacivanje stranke sa scene. Ne žele kritizirati, diskutirati, argumentirati nego spaliti nove heretike. Snaga predrasuda pojačana je snagom navike koja je kod mrtvih duša jedini princip djelovanja. Peguy je govorio: "Mrtva je duša ekstremno naviknuta duša".
Votre livre n'arrive-t-il pas trop tard, après que la stratégie de dédiabolisation engagée par Marine Le Pen après 2002 a porté ses fruits? (34% des Français déclarent adhérer aux valeurs du Front national). L'antifascisme que vous décrivez n'est-il pas une attitude médiatique résiduelle?
Je ne le crois pas. D'une part, la normalisation du FN est loin d'être achevée: la figure de Marine Le Pen reste fortement rejetée, dès lors qu'elle ne symbolise plus seulement une opposition radicale au pouvoir socialiste. D'autre part, faute d'imagination, la gauche et l'extrême gauche sont vouées à répéter pieusement, d'une façon commémorative, les rites de conjuration du Mal politique. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, un discours de propagande ne disparaît pas pour la seule raison qu'il est devenu inefficace. Car il peut faire tradition, comme c'est le cas pour le discours antifasciste, dont les versions successives constituent autant de recyclages. La tradition, c'est ce qui se répète, en rassemblant et rassurant une communauté de croyants ou de militants. En outre, la relative normalisation du FN n'est pas le simple effet de la décision prise par Marine Le Pen, reprenant sur ce point le projet défini par Bruno Mégret dans les années 1990, de «dédiaboliser» le FN. On ne se «dédiabolise» pas à volonté: de multiples facteurs sont en jeu dans l'affaire, qui ne dépendent pas seulement des désirs de tel ou tel leader, aussi bon stratège idéologique soit-il. Le retrait progressif de Jean-Marie Le Pen est simplement dû à l'âge avancé du personnage provocateur. Il a provoqué un appel d'air pour le parti qu'il plombait. Le renouvellement et le rajeunissement des cadres, des adhérents et des sympathisants du FN, à l'image de Marine, ont joué un rôle majeur. Quant au contexte des années 2000, de la prise de conscience de la menace islamiste à la perte de confiance dans les élites nationales européistes, en passant par l'expérience inquiétante de la crise financière de 2008, qui a favorisé le retour de l'anticapitalisme et la diffusion des idées protectionnistes, il a globalement profité au nouveau FN. Dos au mur, les ennemis du FN continuent de lancer leurs anathèmes et de proférer leurs injures ou leurs imprécations rituelles (le FN «fasciste», «d'extrême droite», «raciste», etc.), rêvant toujours de faire interdire le parti qu'ils prétendent, depuis trente ans, éliminer de l'espace politique. Ils ne veulent pas discuter, critiquer, argumenter, ils rêvent de brûler les nouveaux hérétiques. À la force du préjugé s'ajoute celle de l'habitude, qui, chez les âmes mortes, est l'unique principe d'action. Une âme morte, disait Péguy, est une «âme extrêmement habituée».
Ne radi li se ovdje i o tome da je antilepenizam strategija za podjelu i oslabljivanje tradicionalne desnice?
To je u biti jedna od mojih hipoteza. Između ostalog, u rukama ljevice novi je antifašizam sredstvo koje ima za cilj izmjenu političke mape i nametanje FN-a kao glavne protuteže PS-a (Socijalistička stranka) što pretpostavlja jaki FN i slabi UMP (Savez za narodni pokret). Cilj je nestanak liberalne desnice što je i formulirano krajem osamdesetih a to su učinili Mitterandovi antirasisti rekavši "treba učiniti da nema ničeg između FN-a i nas". Time bi se eliminirala jedna stranka, a druga postala predstavnik nove desnice. Iz tog se razloga makijavelisti PS-a ne uzbuđuju zbog neuspjeha dedijabolizacije FN-a Znaju da je jedini način da dobiju izbore 2017. godine, unatoč nepopularnosti ljevice na vlasti, izvršiti uspon FN-a kako bi u prvom krugu bio eliminiran slavni protivnik (UMP) a u drugom bi se krugu našli, ispred Marine Le Pen, za koju smatraju da je nesposobna da privuče dovoljno ljudi. Novo će dvostranačje suprotstaviti nacionalnu desnicu i europeističnu ljevicu.
N'y a t-il pas derrière ce discours angélique de l'antilepénisme primaire une stratégie plus cynique consistant faire monter le FN pour diviser la droite et affaiblir la droite traditionnelle?
C'est en effet l'une des hypothèses que je retiens. Contrairement aux apparences, le néo-antifascisme ne se réduit pas à une posture morale inefficace censée être honorable, il constitue une stratégie politique. L'un des objectifs du néo-antifascisme instrumentalisé par la gauche, c'est de restructurer l'espace politique autour d'un affrontement entre le PS et le FN, ce qui suppose un FN fort et une UMP affaiblie. Il s'agit donc de favoriser par divers moyens le dynamisme du FN tout en provoquant l'explosion de l'UMP, minée par ses divisions idéologiques et la rivalité de ses dirigeants. L'objectif est de faire disparaître la droite libérale comme force politique concurrente du PS. Il avait été formulé à la fin des années 1980 par les antiracistes mitterrandiens: faire qu'il n'y ait «rien entre le FN et nous». Ce qui supposait un double processus: le ralliement d'une grande partie de la droite (une fois en miettes) à l'extrême droite, et la redéfinition de l'extrême droite forte comme représentant la (nouvelle) droite. C'est la raison pour laquelle les stratèges machiavéliens du PS, formés à l'école mitterrandienne, ne s'émeuvent guère de la «montée du FN», ni de l'échec de la diabolisation qu'ils ont privilégiée en tant que stratégie anti-FN, et qui a contribué à ladite «montée». Ils savent que le seul moyen de gagner l'élection présidentielle de 2017, malgré l'impopularité de la gauche au pouvoir, c'est de faire précisément «monter» le FN pour provoquer l'élimination au premier tour du principal candidat de droite libérale, avant de l'emporter face à une Marine Le Pen jugée incapable de rassembler suffisamment, et rejouant ainsi malgré elle, mutatis mutandis, le rôle de son père en avril 2002. Le «front républicain», en tant que front du refus coalisant toutes les forces rejetant absolument le FN, ne peut vraiment fonctionner qu'au deuxième tour d'une élection présidentielle.
Les machiavéliens de gauche, lucides et cyniques, qui misent sur le renforcement du FN, savent qu'il suffit pour cela de le combattre d'une façon magique en suivant la stratégie diabolisatrice qui l'a rendu attractif. À cet égard, on notera que le PS et le FN ont des objectifs convergents, à commencer par l'éclatement de l'UMP, suivi par le ralliement d'une partie des cadres et des adhérents à gauche ou au centre, et d'une autre partie au FN. Le nouveau bipartisme opposerait une droite nationale à une gauche européiste.
Kada bi se skroz dedijabolizirao, FN bi izgubio veliki dio svoje atraktivnosti, pišete... Zašto "vrag" toliko privlači u politici?
U političkoj karizmi postoji sigurno i demonska dimenzija koju vide i obožavatelji i neprijatelji karizmatične osobe. Veliki demagozi i najgori diktatori imaju jaku karizmu, nositelji su velikih, spasonosnih obećanja i promjena, od njih se očekuju velike stvari jer obećavaju samo nemoguće, zato je i razočaranje, kada do njega dođe, dublje, te se pretvara u odbojnost. I Jean-Marieja i Marine Le Pen sude po karizmi, namjerama i borbenom govoru, a ne političkim akcijama. Tko ne prepoznaje različite prijetnje po francusko društvo i protiv je projekta "spašavanja Francuske"? Ali, da bi netko zaveo, mora se razlikovati od mase istih političara. Nepovoljna reputacija koju FN ima njihov je simbolički kapital kojim se razlikuju od drugih. Bez svoje luciferske dimenzije ne bi bili toliko zavodljivi. Treba strašiti jedne da bi se zavelo druge te kontinuirano igrati na kartu antikomformizma. Tu postoji i udio kontrolirane autostigmatizacije/autodijabolizacije.
«Totalement dédiabolisé, le FN perdrait une grande partie de son attractivité», écrivez-vous. Pourquoi le «diable» attire-t-il tant en politique?
Dans le charisme politique, il y a nécessairement une dimension démoniaque, perçue autant par les admirateurs du chef charismatique que par ses ennemis. Les grands démagogues et les pires dictateurs sont dotés d'un fort charisme. Ils sont porteurs d'une promesse de rupture salvatrice et de changement bénéfique. Ils sont perçus dans l'ambivalence: on attend d'eux de grandes choses, car ils promettent que l'impossible est désormais possible, et la déception qu'ils finissent par provoquer est d'autant plus profonde. L'admiration amoureuse se retourne souvent en haine et en ressentiment. Or, le propre du FN comme entreprise politique familiale, c'est qu'il existe en raison du charisme de ses dirigeants, Le Pen père ou Le Pen fille. Ils ne sont pas jugés sur leur action politique ou leur gestion des affaires publiques, mais sur leur discours de combat, leurs intentions affichées, leurs promesses alléchantes et tranchantes. Qui ne reconnaît les multiples menaces pesant sur la société française? Qui n'est pas d'accord avec le projet de «sauver la France»? Mais, pour séduire, il faut présenter un visage qui se distingue fortement de la masse grégaire des acteurs politiques formatés. La mal-pensance affichée des leaders du FN fait partie de leur prestige ou de leur capital symbolique, elle les distingue des autres leaders politiques. Sans écart socialement visible et régulièrement affirmé par rapport à la norme idéologique et politique, sans sa dimension «luciférienne», le FN ne pourrait exercer la moindre séduction. Il lui faut faire peur à certains pour attirer les autres. Donc alimenter en permanence une réputation de non-conformisme. Il y a là une stratégie d'auto-stigmatisation ou d'auto-diabolisation plus ou moins contrôlée (d'où ce qu'il est convenu d'appeler les «dérapages», inévitables). Les démagogues à l'eau de rose, ou couleur rose bonbon, sont dénués d'attrait. Ils ne produisent ni amour, ni haine. Après leur petite heure de célébrité médiatique, ils disparaissent rapidement dans le trou noir de leur affligeante normalité.
U svojoj knjizi ističete asimetriju između dijabolizirane radikalne desnice i ekstremne ljevice kojoj su oprošteni ekscesi. Odakle ta dvostrukost u kriterijima?
Tu se radi o naslijeđu sovjetskog antifašizma čiji ideolozi, nakon 50-ih godina prošlog stoljeća, nisu prestajali marginalizirati i optuživati u Francuskoj antititotalitarnu i antiekstremističku poziciju kako bi zakamuflirali kriminalitet komunizma i dopustili ljevici da se redovito "napaja" vraćajući se na Marxa ili nekog revolucionarnog teoretičara i antikapitalista (Lenjin, Trocki, Gramsci itd). Jednom djelu ljevice odgovara ostaviti otvoren put eventualnom povratku komunističke ideje i u tom smislu ne dijabolizirati komunizam, unatoč komunističkim zločinima, onako kako dijabolizira fašizam i još više nacizam. Ta nostalgična ljevica pretpostavlja da je komunistička ideja ili komunistička utopija u svojoj srži dobra i da je samo neuspjela u svojoj povijesnoj realizaciji. S druge strane polazi od toga da je nacizam kao takav praktički inkarnacija apsolutnog zla. To je asimetrično tretiranje karakteristično za antifašizam u svim njegovim varijantama što nas podsjeća na to da je, kao što je dobro uočio George Orwell, ljevica antifašistička ali ne antitotalitarna. Dodao bih da vidi "fašizam" tamo gdje ga nema (Raymond Aron i general de Gaulle su označeni kao fašisti) a istodobno ne vidi fašizam tamo gdje ga ima, kao npr. u Jean-Luc Melenchonovom (najistaknutiji političar radikalne ljevice u Francuskoj) divljenju Chavezu. Isti tip divljenja karakterističan je za Alaina Sorala koji se sam okarakterizirao, ne samo kroz provokaciju, kao "nacional-socijalist".
FigaroVox: Vous dénoncez dans votre livre la dissymétrie entre une «extrême droite» diabolisée et une extrême gauche pardonnée de ses excès. D'où vient ce «deux poids deux mesures»?
Pierre-André TAGUIEFF: C'est là un héritage de l'antifascisme soviétique, dont les idéologues et propagandistes, depuis les années 1950, n'ont cessé de marginaliser ou de calomnier en France la position antitotalitaire ou anti-extrémiste pour camoufler la criminalité du communisme, et permettre à la gauche de se «ressourcer» régulièrement en revenant à Marx ou à tel ou tel théoricien révolutionnaire et anticapitaliste (Lénine, Trotski, Gramsci, etc.). Il importe à une partie de la gauche de laisser ouverte la voie d'un retour éventuel à l'idée communiste, donc de ne pas diaboliser le communisme, en dépit de ses crimes, comme elle diabolise le fascisme, et plus particulièrement le nazisme. Cette gauche nostalgique suppose que l'idée ou l'utopie communiste est bonne en elle-même, et que seules ses réalisations historiques ont échoué. Alors qu'elle postule que le nazisme est en lui-même un mal, qu'il incarne même le Mal absolu. Ce traitement asymétrique est caractéristique de l'antifascisme dans toutes ses variantes, et nous rappelle que, comme l'avait bien vu George Orwell, la gauche est antifasciste mais non antitotalitaire. J'ajouterai qu'elle voit le «fascisme» là où il n'est pas (Raymond Aron et le général de Gaulle ont été traités de «fascistes»), et que, simultanément, elle ne voit pas le fascisme où il est, par exemple dans le chavisme tant admiré par Jean-Luc Mélenchon. Une admiration partagée par le polémiste Alain Soral qui se définit lui-même, pas seulement par provocation, comme «national-socialiste».
Pišete da živimo u polariziranom svemiru gdje su imaginarni fašizmi popraćeni imaginarnim antifašizmima današnjice. Zašto je ideološki antifašizam preživio smrt političkog fašizma dok je s druge strane antikomunizam nestao sa potonućem SSSR-a?
Imaginarni je antifašizam, čije je glavno izražajno sredstvo dijabolizacija nacije, ono što u duhu ostaje od komunizma. Antinacionalizam je progresivno postao glavna reformulacija starog antifašizma. Antinacionalisti su došli u stadij dijabolizacije nacije kao takve. To je ono što sam nazvao ne tako davno, na početku devedesetih godina, "antinacionizmom", koji se transformirao u dominantnu ideologiju u europeističkim krugovima. Glavni motor tog procesa je projiciranje svih odbojnih sastavnica fašizma na naciju.
U borbenoj retorici uperenoj u denuncijaciju "euroskeptika" ili "eurofoba", nacionalni je osjećaj taj koji je inkriminiran. Na isti su način antirasistička i antifašistička misao, koje se prevode prvenstveno u izraz slavlja imigracije, koncentrirane na dijabolizaciju nacije kao kolektivnog identiteta. Samo postojanje nacionalnih granica kao i jednostavna distinkcija između nacionalnog i stranog, smatrana je skandaloznom iz očišta "antinacionista". Ti novi utopisti žele da nestanu države-nacije i da se čovječanstvo ujedini kroz pojačanje imigracijskih procesa bez kontrole i limita. Njihov je san uvođenje kozmopolitske demokracije u post-nacionalnom prostoru u kojem se želi delegitimirati nacionalni osjećaj i nametnuti masovna imigracija kao fenomen koji je, kao takav, dobar i koristan.
Treba osvijestiti jedan paradoks - nacionalizam se nikada poslije 1945. nije bolje držao nego tada, a dijabolizacija nacionalizma i nacionalnog osjećaja tek je postala dominantnom ideološkom sastavnicom u svijetu elita. Ako neka činjenica dokazuje rez između puka i elita, između "lokaliziranog" i "globaliziranog", između "ukorijenjenih" i "nomada", to je ta. Neoantifašistička dijabolizacija nacije je kontraproduktivna u času u kojem većina Francuza više ne sniva europske snove te većinski sumnja u prednosti eura.
Jedan drugi paradoks bode oči i izaziva smijeh. Istjeran na stražnja vrata u ime morala, nacionalizam se vraća kroz prozor u ime političkog realizma. U njihovim napadima na Nacionalni front, deklarirani antinacionalisti žele monopolizirati patriotsku vezanost i inkarnirati "francuske vrijednosti". Tako koriste himeru "anti-francuskog" protiv francuskih nacionalista koji su to isto i sami koristili. Nacionalni osjećaj koji je nešto sramno kada je atribuiran Nacionalnom frontu, odjednom se transformira u legitimni ponos zbog bivanja Francuzom/Francuskinjom i šire ga povremeni prokazivači "anti-francuskog", kada je riječ o Nacionalnom frontu. Teško je izbrojiti političke leadere i intelektualce koji se zgražavaju nad postojanjem "radikalne desnice" koja, po njima, ne utjelovljuje ideje koje spadaju u "francuske vrijednosti". Ukratko, pojavila se mitska opozicija između dvije Francuske, dobre (antilepenističke) i loše (lepenističke). Ironično, na taj se način nacionalizam oporavlja.
«Nous vivons dans un univers de spectres, où aux fascismes imaginaires font écho des antifascismes imaginaires d'aujourd'hui», écrivez-vous. Pourquoi l'antifascisme idéologique a-t-il survécu à la mort du fascisme politique alors que l'anticommunisme a, lui, disparu suite à l'effondrement du bloc soviétique?
L'antifascisme imaginaire, ou si l'on préfère l'imaginaire antifasciste, dont la diabolisation du fait national est aujourd'hui la principale illustration, c'est ce qui reste du communisme dans les esprits. L'antinationalisme est progressivement devenu la principale reformulation du vieil antifascisme. Mais les antinationalistes en sont venus à diaboliser la nation comme telle. C'est ce que j'ai appelé naguère, au début des années 1990, l'«antinationisme», qui s'est transformé en idéologie dominante dans les milieux européistes. La projection sur la nation de tous les traits répulsifs du «fascisme» en est le principe moteur. Dans la rhétorique de combat centrée sur la dénonciation des «eurosceptiques» ou des «europhobes», c'est bien le sentiment national qui est incriminé, au point d'être criminalisé. De la même manière, la reformulation antiraciste de l'antifascisme, qui se traduit principalement par la célébration de l'immigration comme méthode de salut, est centrée sur la diabolisation de la nation comme identité collective et souveraineté. Comme l'existence même des frontières nationales, la distinction simple entre nationaux et étrangers est considérée par les «antinationistes» comme un scandale. Pour ces nouveaux utopistes, il faut que disparaissent les États-nations pour que l'humanité s'unifie à travers la multiplication des processus migratoires sans contrôles ni limites. Leur rêve est d'instaurer une démocratie cosmopolite, dans un espace post-national qu'ils s'efforcent de construire en délégitimant le sentiment national tout en érigeant l'immigration de masse en fatalité et en phénomène intrinsèquement bon ou bénéfique.
Il faut relever ce grand paradoxe: alors que jamais, depuis 1945, le nationalisme ne s'est mieux porté en Europe, la diabolisation du nationalisme et du sentiment national est devenue la posture idéologique dominante dans le monde des élites. Si un fait observable prouve la coupure entre les peuples et les élites, entre les «localisés» d'en bas et les «mondialisés» d'en haut, entre les «enracinés» et les «nomades», c'est bien celui-là. La diabolisation néo-antifasciste de la nation est contre-productive à l'heure où l'Union européenne ne fait plus rêver la majorité des Français, qui doutent majoritairement des vertus de l'euro.
Un autre paradoxe saute aux yeux, et fait sourire. Chassé par la porte au nom de la morale, le nationalisme revient par la fenêtre au nom du réalisme politique. Dans leurs attaques contre le FN, les antinationalistes déclarés prétendent monopoliser l'attachement patriotique et incarner les «valeurs de la France». Ils retournent ainsi la chimère de «l'anti-France» contre les nationalistes français qui l'avaient beaucoup utilisée. Le sentiment national supposé honteux quand il est attribué au FN se transforme soudainement en une légitime fierté d'être français, claironnée par les dénonciateurs occasionnels de «l'anti-France» nouvelle à visage lepéniste. On ne compte plus les leaders politiques et les intellectuels s'indignant publiquement de l'existence d'une «extrême droite» qui, selon eux, véhicule des idées qui «ne sont pas les valeurs de la France». Et qui ne craignent pas de dénoncer avec vigueur le «Front anti-national». Bref, on rejoue l'opposition mythique entre les deux France, la bonne (ici l'anti-lepéniste) et la mauvaise (ici la «lepénisée»). À travers ce retour du réprimé national après transvaluation intéressée, le nationalisme se venge. Non sans ironie objective.
Kažete da Nacionalni front ne pripada više ekstremnoj desnici. Moramo li se definitivno riješiti kategorije ekstremne desnice u političkoj analizi?
Premalo sam naivan da vjerujem da se možemo riješiti, u maniri kritičnih intelektualaca, utabanih misaonih puteva i stereotipa bez kojih bi politička komunikacija bila nemoguća. Izraz "ekstremna desnica" funkcionira kao polemička etiketa koja je predodređena da diskvalificira protivnika, a predstavlja zbunjujući pojam. Nije produkt rigoroznog promišljanja dobro definiranog političkog fenomena nego sumnjiv izraz, dobiven u naslijeđe i preuzet bez kritičkog rezoniranja. Analizirajući ga, postaje jasno da taj pojam funkcionira skoro kao sinonim za "fašizam", sa varljivom pretpostavkom da je fašizam nešto što je inherentno desnici ili po trenutno pomodnom klišeju "na desnicu desnice". One koje se percipira kao neprijatelje, iz automatizma se proglašava fašistima, to koriste nacionalisti za antinacionaliste, islamisti za antiislamiste, itd. Riječ je stavljena u sve kontekste i uopće ne osvjetljava fenomene koje želimo stigmatizirati. To je ušteda teških intelektualnih napora na povijesnim i političkim kategorizacijama i implicira odustajanje od polemičkog diskursa. Ne radi se o tome da se treba riješiti riječi "fašizam" zbog njezinih loših primjena, radi se o tome da je pojam potrebno rigoroznije definirati, znajući da ne možemo udovoljiti svima pa tako ni "antifašistima" (koji, što se njih tiče, misle da sve znaju o tome).
Možemo reći, ako preuzmemo teorijske kriterije, da se radi o nacionalizmu revolucionarne orijentacije, anti-liberalnom, autoritarnom i etatističkom (ili intervencionističkom), koji slavi socijalizam u granicama nacije, s totalitarnim tendencijama i sposoban je uzeti različite povijesne forme. Ako fenomen fašizma pozicioniramo na "desno", to nam ne dopušta njegovo lakše definiranje, upravo suprotno. On se više čini patološkim produktom koji dolazi od revolucionarne ljevice kada se ona ukrštava sa nacionalističkim strastima. To je u svakom slučaju ono što sugerira Mussolinijev intelektualni i politički put. Sigurno je to da je u izrazu "ekstremna desnica" pridjev "ekstreman" lišen jasnog i nepromijenjivog značenja. Radi se o slici koju je moguće interpretirati na različite načine. To je dovoljno da je njegova primjena diskutabilna i izvor nesporazuma.
Vous dites que le FN n'est plus d'extrême droite. Doit-on se débarrasser définitivement de la catégorie «extrême droite» dans l'analyse politique?
Je suis plus nuancé. Et aussi trop peu naïf pour croire qu'on puisse se passer, selon notre bon plaisir d'intellectuels critiques, des idées reçues, des habitudes de pensée et des stéréotypes sans lesquels la communication politique serait impossible. Je montre d'abord que l'expression «extrême droite» fonctionne comme une étiquette polémique, destinée à disqualifier un adversaire, et qu'elle enveloppe une notion confuse. Elle n'est pas le produit de la conceptualisation rigoureuse d'un phénomène politique bien identifié, mais une expression douteuse reçue en héritage et reprise sans examen critique. À l'analyse, on se rend vite compte qu'elle fonctionne comme un quasi-synonyme de «fascisme», avec la suggestion trompeuse que le fascisme serait intrinsèquement de droite ou essentiellement situé à droite, ou, selon le cliché actuellement en vogue, «à droite de la droite». La pensée paresseuse consiste à qualifier de «fascistes» ceux qu'on perçoit comme des ennemis: les nationalistes pour les antinationalistes, les islamistes pour les anti-islamistes, etc. Le mot est mis à toutes les sauces, et il n'éclaire en rien les phénomènes qu'on veut avant tout stigmatiser. C'est là faire l'économie d'un travail intellectuel difficile sur les catégorisations historiques et politiques, impliquant de se passer des outils ordinaires du discours polémique. Car il n'est pas question de jeter aux orties le mot «fascisme», en raison de ses mauvais usages. Il s'agit de le définir de la façon la plus rigoureuse, en sachant qu'on ne peut satisfaire tous les spécialistes, ni bien sûr les «antifascistes» (qui, eux, croient tout savoir sur la question). Disons, pour aller vite, et en privilégiant les critères doctrinaux, qu'il s'agit d'un nationalisme d'orientation révolutionnaire, anti-libéral, autoritaire et étatiste (ou dirigiste), prônant un socialisme dans les limites de la nation, à tendance totalitaire, et susceptible de prendre des formes historiques diverses. Le situer «à droite» ne permet pas de mieux identifier ou expliquer le phénomène fasciste, bien au contraire. Ce dernier apparaît plutôt comme un produit pathologique dérivé de la gauche révolutionnaire, lorsqu'elle épouse les passions nationalistes. C'est en tout cas ce que suggère la trajectoire intellectuelle et politique de Mussolini. Ce qui est sûr, c'est que, dans l'expression «extrême droite», le qualificatif «extrême» est dénué d'une signification claire et invariable. Il s'agit d'une image interprétable de diverses manières. Cela suffit à rendre son emploi douteux, source d'équivoques. L'appartenance supposée de «l'extrême droite» à la droite est à la fois une idée reçue et une idée fausse.
Kako onda sada klasificirati Marine Le Pen?
Radi se uvijek o nacionalističkoj stranci koja ističe pitanja suvereniteta i identiteta, dakle antieuropeističkoj, "antiglobalizacijskoj" i antiimigracijskoj stranci čija se predsjednica profilira kroz populistički stil, pozivajući se na narod, kult naroda i odbacivanje ustoličenih elita. Prije trideset godina predložio sam termin "nacional-populistički" i mislim da je ta etiketa i dalje najmanje loša. Ipak, treba voditi računa o velikoj transformaciji programa te stranke, čiji je ideološki sadržaj modificiran integracijom tema koje su posuđene od republikanske ljevice (npr. sekularnost,) ili antikapitalističke ekstremne ljevice (prokazivanje neoliberalizma). U tim je uvjetima ponovno potrebno, uz dozu odglumljene naivnosti, postaviti jednostavna pitanja: zašto nastaviti pozicionirati Nacionalni front na radikalnu desnicu? U čemu mogu biti ekstremisti? Što je ekstremizam? Što je "ekstremna desnica"? U knjizi O vragu u politici upirem se u odgovaranje na ta pitanja koja politički leaderi i komentatori ne postavljaju. Maglovito su svjesni da ne mogu jasno i jednoznačno odgovoriti na njih.
Comment qualifier désormais le parti de Marine Le Pen?
Il s'agit toujours d'un parti nationaliste, à la fois souverainiste et identitaire, donc anti-européiste, «antimondialiste» et anti-immigration, dont le leader se caractérise par son style populiste, jumelant l'appel au peuple, le culte du peuple et le rejet des élites en place. En 1984, j'ai proposé de le catégoriser comme «national-populiste», et je pense que cette catégorisation est toujours la moins mauvaise. Mais il faut tenir compte de la grande transformation du programme de ce parti, dont le contenu idéologique a été modifié par intégration de thèmes ou d'orientations empruntés à la gauche républicaine (la laïcité par exemple) ou à l'extrême gauche anticapitaliste (la dénonciation du «néo-libéralisme»). Dans ces conditions, il faut reposer les questions simples, certes avec une feinte naïveté: pourquoi continuer à situer le FN «à droite»? En quoi peut-il être dit extrémiste? Qu'est-ce que l'extrémisme? Et qu'est-ce que «l'extrême droite»? Dans Du diable en politique, je m'efforce de répondre à ces questions que les leaders politiques et les commentateurs de la vie politique se gardent de poser. Ils savent obscurément qu'ils ne peuvent y répondre clairement et d'une seule voix.
Pričate o "stranci straha" ali čitajući vas, ispada da igranje na kartu straha nije monopol FN-a?
Politika straha je implicitna norma u režiji političkih sučeljavanja. Najkontradiktorniji strahovi dominiraju političkim pejzažom a polimorfni osjećaj nesigurnosti obojio je društveni imaginarij. Tako npr. na strah od masovne imigracije odgovara onaj od masovne ksenofobije. Strah od gubitka nečega daje opći ton. Gubitak nacionalnog identiteta nasuprot gubitku socijalnih stečevina. Zbog straha od izlaska iz igre, politički akteri demagoški koriste strah umjesto snova. Jedni igraju na strah od slabljenja eura, drugi na strah od izlaska iz eurozone a treći, pak, na strah od negativnih efekata te valute. Strah od ekstremizma i ekstremne desnice je strast koju hrane i održavaju oni koji imaju vlastitu izrabljivačku korist. Novi su demagozi označili Francuze koji imaju strah kao masu malih hedonista, bez uvjerenja i planova, ranjive i bez hrabrosti, vođene kontradiktornim strahovima i oscilirajuće između djetinje naivnosti i nemoćnog skepticizma. Prezir prema građanima direktni je efekt korupcije demokracije koju vode elite koje su izabrane zahvaljujući njihovim demagoškim talentima, a vladaju uz mješavinu strahova i nada.
Vous parlez d'un «parti de la peur». Mais à vous lire, jouer sur les peurs n'est pas le monopole du Front National...
La politique de la peur est la norme implicite régissant les affrontements politiques. Les peurs les plus contradictoires dominent le paysage politique, tandis qu'un sentiment polymorphe d'insécurité colore le champ de l'imaginaire social. C'est ainsi qu'à la peur d'une immigration de masse répond celle d'une xénophobie de masse. Mais c'est la peur de perdre quelque chose qui donne le ton. De l'identité nationale aux acquis sociaux. Par peur de sortir du jeu, les acteurs politiques font un usage démagogique des peurs plutôt que des rêves. Les uns jouent sur la peur de l'effondrement de l'euro, les autres sur la peur d'une sortie de l'euro, d'autres encore sur la peur des effets négatifs de l'euro. Comme la peur du «terrorisme» ou de la «finance», la peur de «l'extrême droite» ou de «l'extrémisme» est une passion alimentée, entretenue ou réveillée par ceux qui ont intérêt à l'exploiter. C'est ainsi que les Français apeurés sont traités par les nouveaux démagogues comme une masse de petits vieux jouisseurs, sans convictions ni projets, vulnérables, sans courage, tiraillés par des peurs contradictoires, oscillant entre une crédulité infantile et un scepticisme incapacitant. Le mépris du citoyen est l'effet immédiat de la corruption de la démocratie par des élites dirigeantes élues grâce à leurs talents démagogiques avant de gouverner en orchestrant un mélange de craintes et d'espoirs.
Dijabolizacija se ne dotiče samo FN-a nego bilo kojeg "skretničara" sa puta političke korektnosti. Kontinuirana informacija ubrzava mehanizam dijabolizacije i svaki tjedan nam se nudi novi medijski vrag, jedan dan Zemmour, drugi Finkielkraut ili nedavno zastupnik Thierry Mariani. Hoće li se po vama taj fenomen proširiti?
Od devedesetih godina prošlog stoljeća do desetih godina ovog, neoantifašistički je diskurs od "lepenizacije duha" postao "desnizacija" intelektualnih i političkih elita što je nejasna optužba koja omogućuje diskreditaciju bilo kojeg neprijatelja ili rivala. Intelektualni je terorizam privilegija ljevice i ekstremne ljevice koje mogu računati na podršku "umjerenih" s centra i oportunističke desnice. Što je više debatni prostor u znaku ideje minimalnog konsenzusa o dobrom funkcioniranju demokratskih institucija i pogodnosti EU, to se više razvija potreba za kreiranjem distinkcija, opozicija, alternativa. Ideološka uniformiranost je pozadinska buka koja dolazi u kombinaciji s tihom glazbom pokreta koji ističu suverenitet i identitet, a koji ostaju manjinski. No, reakcije branitelja jedinstvenog puta su žive. Najmanje rezerve o politički korektnim pozicijama koje se tiču Europe, imigracije ili manjina, smatraju se skretnicom u mišljenju tj. deliktom koji budi pojačanu odbojnost i sve češće dovodi do sudskih procesa. Javni je prostor prepun debata koje se odvijaju u razmjeni klišeja i banalnosti. Autocenzura postoji u društvu recipročnog nadgledanja. Slobodni se mislioci suzdržavaju od sudjelovanja u javnim diskusijama, prepuštajući mjesto grotesknim ili poluobrazovanim osobama, angažiranim zabavljačima ili političkim činovnicima koji operiraju uz pomoć uvrede ili provokacije. Kada slobodni mislioci riskiraju i uđu u arenu, neizbježno su predmet optužbi i difamacija. Prijetnja dijabolizacijom stvara strah i garantira promociju mediokriteta, samo bezlični "stručnjaci" marširaju krajolikom. Na taj se način ubrzava pad intelektualne Francuske.
La diabolisation ne semble pas toucher uniquement le FN, mais quiconque «dérape» sur le chemin du politiquement correct. L'information continue semble accélérer la mécanique diabolisatrice et nous offrir chaque semaine un nouveau diable médiatique: un jour Zemmour, l'autre Finkielkraut, ou encore récemment le député Thierry Mariani… Selon vous, ce phénomène va-t-il s'amplifier?
Des années 1990 aux années 2010, le discours néo-antifasciste est passé de la dénonciation de la «lepénisation des esprits» à celle de la «droitisation» des élites intellectuelles et politiques, accusation vague permettant de discréditer n'importe quel adversaire ou rival. Le terrorisme intellectuel reste cependant l'apanage de la gauche et de l'extrême gauche, qui peuvent compter sur l'appui des «modérés» du centre et de la droite opportuniste. Plus l'espace des débats est dominé par le culte du consensus minimal sur le bon fonctionnement des institutions démocratiques et les bienfaits de l'Union européenne, et plus s'exacerbe le besoin de créer des distinctions, des oppositions, des alternatives. L'uniformisation idéologique est le bruit de fond sur lequel se détache la petite musique des mouvements souverainistes et identitaires, qui restent minoritaires. Mais les réactions des défenseurs de la Voie unique sont vives. La moindre réserve sur les positions politiquement correctes concernant l'Europe, l'immigration ou les minorités est perçue comme une opinion abjecte, voire un délit, qui suscite une indignation hyperbolique et, de plus ou plus souvent, des poursuites devant les tribunaux. Dans une France sous l'emprise des minorités sectaires et tyranniques qui imposent leurs valeurs et leurs normes, l'espace public s'empoisonne lentement. Les débats s'enlisent dans les échanges de clichés et de platitudes. L'auto-censure est de rigueur dans une société de surveillance réciproque. Les esprits libres se gardent de participer aux débats publics, abandonnant le terrain médiatique à de grotesques personnages incultes ou à demi cultivés, histrions littéraires, amuseurs engagés ou commissaires politiques qui n'existent que par l'insulte, l'indignation feinte, l'imprécation ou la provocation. J'oubliais les donneurs de leçons de tous âges. Quand des esprits libres prennent le risque de descendre dans l'arène, ils sont immanquablement voués à être dénoncés, calomniés, diffamés. La menace de diabolisation produit une intimidation telle qu'elle garantit la promotion de la médiocrité. Seuls des «experts» sans couleur ni odeur prolifèrent dans le paysage. C'est ainsi que s'accélère le déclin de la France intellectuelle.
Čitajući vas, dobiva se dojam da vidite politički život kao spektakl u kojem više ili manje talentirani komediografi grade karijeru na lažima i neodrživim obećanjima. Jesu li politički leaderi samo demagozi bez skrupula?
Ako su demagozi brojni, mediokriteti su još brojniji, bili oni demagozi ili ne. U modernim demokracijama, demagozi često uzimaju obličje lažnih proroka, obećavajući velike stvari i promjene. Kako se možemo ne brinuti o tome da se sviđamo drugima ako smo ušli u izborno natjecanje? Nužnost zavođenja biračkog tijela vodi u prevelika obećanja, puno laži i ocrnjivanje svojih protivnika. Danas se hrane općom anksioznošću koja je derivat multidimenzionalne krize, proroci sreće ili nesreće pojavljuju se u svim domenama, pogotovo u politici. Praktična mudrost sastoji se u tome da ih se ne uzme za ozbiljno. Najopasniji su proroci sreće koji u ime "Progresa" hvale i prodaju bilo koju budućnost, dok nepovoljno sadašnje stanje svjedoči o njihovoj nemoći i nekompetenciji. Treba suditi političare po rezultatima njihovih političkih akcija, a ne na temelju njihovog osobnog šarma, dobrih namjera ili zavodljivih projekata.
À vous lire, on a parfois l'impression que vous voyez la vie politique comme un spectacle où des comédiens plus ou moins doués font carrière à coup de mensonges et de promesses intenables. Les leaders politiques ne sont-ils que des démagogues sans scrupules?
Si les démagogues sont nombreux, les médiocres sont encore plus nombreux, qu'ils soient démagogues ou non. Dans les démocraties modernes, les démagogues prennent souvent le visage de faux prophètes, annonçant de grands «changements» porteurs de promesses alléchantes. Comment peut-on ne pas se soucier de plaire lorsqu'on s'engage dans une compétition électorale? Il y a là une contrainte fonctionnelle: l'obligation de séduire pousse à trop promettre, à beaucoup mentir et à calomnier ses adversaires. Aujourd'hui, se nourrissant du désarroi et de l'anxiété suscités par la crise multidimensionnelle, de dérisoires prophètes de bonheur ou de malheur prolifèrent, dans tous les domaines, mais surtout en politique. La sagesse pratique consiste à se garder de les prendre au sérieux. Les plus dangereux sont les prophètes de bonheur, ces camelots qui, au nom du dieu «Progrès», vantent et vendent un quelconque avenir meilleur, alors que le piteux état du présent porte l'empreinte de leur impuissance ou de leur incompétence. Face aux marchands de mondes meilleurs («Demain, tout ira bien»), c'est avec l'ironie requise qu'il faut suivre l'injonction de l'évangéliste Matthieu (7.15-16), d'une éternelle actualité: «Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs. Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons?» Il faut donc juger les dirigeants sur les résultats de leur action politique, et non pas sur leur charme personnel, leurs intentions bonnes ou leurs projets séduisants.
Izvor : http://www.h-alter.org/vijesti/europa-regija/kako-je-nacionalni-front-uspio