LE FORUM SUBVERSIF : « L’AVENIR DE L’EUROPE »
Zagreb, Croatie, 13 au 19 mai 2012
Sous l'égide du Forum subversif, plusieurs manifestations auront lieu en mai 2012 à Zagreb, dont une conférence internationale consacrée à L'avenir de l'Europe, de nombreux débats : La crise de l'Europe (14 et 15 mai), Vers le Forum social des Balkans (17 et 18 mai) ainsi qu’une foire du livre subversif. Enfin, le 5e festival du film subversif se tiendra au cours de la semaine préliminaire du forum (5 au 12 mai).
L'Union européenne est actuellement confrontée à la pire crise qu’elle ait connue depuis sa création. Il s’agit à la fois d’une crise économique, financière, sociale et idéologique. Partout en Europe, elle donne lieu à une résurgence des égoïsmes nationaux, à la montée de l'extrême droite, de l'intolérance et du racisme au lieu de susciter de la solidarité. Les pays méditerranéens qui ont été les plus durement touchés par la crise prouvent qu’une autre réponse est possible, par l'apparition de mouvements sociaux forts exigeant la justice sociale, un modèle économique différent, et la démocratie directe. Partout, les jeunes descendent dans les rues, en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Italie, en Roumanie, mais également dans le futur pays membre de l’Union européenne, la Croatie.
Par le biais d’un examen critique de la crise actuelle de l'Europe, le Forum
Subversif tentera d'esquisser des possibilités réalistes pour la création
d'un autre projet politique, social et économique dans le Vieux Continent.
Seront présents Stéphane Hessel, Michael Hardt, Tariq Ali,
Gayatri Spivak, Slavoj Žižek, Saskia Sassen, Christian
Marazzi, Samir Amin, Bernard Cassen, Ignacio Ramonet, Eric
Toussant, Costas Douzinas, Renata Salecl, et plus de 100
participants issus de 20 pays européens, africains et asiatiques. Pendant une
semaine, Zagreb, ville située sur la frontière mobile de l'UE, deviendra à la
fois le siège d’une pensée critique internationale et un laboratoire de
possibles alternatives politiques, sociales et économiques.
Le Forum subversif est soutenu par le Forum social mondial.
Page internet : http://www.subversivefilmfestival.com/
Les étudiants serbes lancent l’initiative pour la mise en place de syndicats étudiants
« L’enseignement gratuit » était l’un des slogans que l’on a pu entendre mercredi sur l’esplanade en face de la Faculté de philosophie, où à midi entre 150 et 200 étudiants de l’Université de Belgrade ont organisé une manifestation pour demander à ce que l’enseignement soit rendu accessible à tous.
L’un des organisateurs, Marko Đorđević, de l’Initiative pour un syndicat étudiant, a déclaré à l’agence Beta que la remise de la demande au Ministère de l’Education et de la science était le point de départ pour former des organisations syndicales étudiantes qui lutteraient pour l’enseignement gratuit et pour de meilleures conditions.
« Le but est de rassembler un noyau initial qui considère que l’enseignement sert au progrès de la société et non pas à l’enrichissement particulier », a déclaré Đorđević.
Son collègue Aleksandar Đerić a déclaré que les professeurs en Serbie oeuvrent sciemment à la marchandisation de l’enseignement.
« Pour un enseignement gratuit dans l’UE y compris là où il ne l’est pas, les étudiants se battent pour ça », a déclaré Đerić.
La manifestation a rassemblé environ 150 étudiants. Les étudiants des Facultés de philosophie et de philologie ont été rejoints par leurs collègues de l’Université des arts.
Source : studentskeborbe, le 4 avril 2012.
Il faut dire que je garde ma propre ligne de conduite ainsi que mon scepticisme vis-à-vis des poids lourds de l'information sur le Balkans. Je viens par exemple de lire le dernier billet de Zerah Sikias sur BHInfo et je ne suis pas très convaincu. Je trouve que cet article dénote une certaine islamophobie alors que ce n'était certainement pas l'intention de son auteur, bien au contraire. Et pourtant que penser d'une phrase comme : "Par ailleurs, l’islamisme en Bosnie, l’islamisme en France, au Mali et
dans le monde entier, ce sont de vrais sujets et les actualités nous le
confirment chaque jour."
Sur quelles actualités se base Zerah Sikias ? Sur celles actuellement diffusées en France ? Alors j'en conclus qu'elle tombe aussi dans le piège tendu, qui est pourtant grossier.
Certes il y a eu ce geste isolé d'un tueur fou. Mais depuis quand un acte isolé constitue-t-il une tendance ? En France rien ne démontre que l'islamisme soit en progression. Par contre on ne peut pas en dire autant de l'islamophobie. Cela tous les médias étrangers l'ont remarqué. Faut-il rappeler que la population française ne constitue qu'un pourcent de la population mondiale et qu'à partir de leurs propres médias les 99 autres pourcent sont parfaitement capables d'analyser la phase par laquelle la France est en train de passer.
S'agissant de la Bosnie, je ne vois aucune information qui indiquerait que l'islamisme y serait en progression par rapport à des stades antérieurs. Donc là aussi je me pose des questions sur ce que la journaliste a voulu dire.
Quant au Mali, il est vrai que ce qui s'y passe maintenant ne plaît pas à la France, comme tout mouvement émancipateur, mais je crois aussi que les Africains sont assez grands pour savoir s'ils veulent remplacer un joug par un autre. Donc pas de conclusion hâtive sur l'islamisme.
Vedrana Rudan : J’aspire à la révolte parce que ceci n’est pas tenable.
Dans un entretien pour le journal « Blic », Vedrana Rudan parle de ses ouvrages, des sujets qu’on n’aborde pas, de notre époque. L’entretien a été réalisé à Rijeka, après la première de sa pièce qui a soulevé moult applaudissements, des rires, et parfois quelques larmes. Elle prétend ne pas avoir assisté à la première parce qu’elle n’a pas pu. Les jours qui ont précédé, lors des répétitions de sa pièce qui a été mise en scène par Tatjana Mandić Rigonat, elle a renoué avec les personnages qui peuplent sa vie, avec ses parents dont elle parle dans le livre, ainsi qu’avec ses souvenirs. Les réactions trépidantes du public lui inspirent le commentaire suivant : « Elles sont trépidantes parce que le sujet est trépidant : l’amour et la haine entre mères et filles ».
Des motifs tabous ?
- Il existe quantité de motifs tabous qui en réalité ne le sont pas. Est tabou ce qu’a volé quelqu’un et pourquoi l’a-t-il fait, puis ça ne l’est plus. Est tabou pourquoi quelqu’un sniffe-t-il de la cocaïne, puis ça ne l’est plus. En revanche ce que l’on appelle les petits motifs humains, les motifs qui constituent la vie, eux sont tabous. Justement ce sont eux qui m’intéressent. Il m’intéresse de savoir pourquoi l’enfant haït sa mère, pourquoi la mère tourmente son enfant. Visiblement ces motifs touchent d’autres personnes, ce soir tous étaient émus, même si les gens ne s’occupent pas de leur vie et ont d’autres priorités.
- Votre dernier roman porte comme titre indicatif « Les squelettes du district Madison »…
- Il est question d'une histoire d’amour. La trame a lieu à Rijeka. Le livre parle d’une femme mariée qui au cinquième jour du « oui » fatal comprend ce qui vient de lui arriver et souhaite quitter son mari. Et bien mon livre tourne autour de ce que la majorité ne fait pas (pas plus que Meryl Streep dans le célèbre film). Par contre mon héroïne tombe dans la tentation. Mais comme mes livres sont populaires en Serbie, je ne veux pas révéler les détails.
- Quelles sont ces priorités auxquelles vous venez de faire allusion ? S’intéresser à la politique ?
- Je pense que nous ne nous intéressons ni à la politique ni à l’économie. Nous nous intéressons aux forfaits d’autrui, nous nous intéressons aux foutaises. Savoir si Ceca porte des soutiens-gorge de taille 5 ou 6, quelles sont les lèvres qui sont à la mode, si les célébrités mondaines se baignent et ce qu'elles ont dans leurs assiettes. Mais ne soyons pas naïfs, cela relève du système.
- C’est-à-dire ?
- Il s’agit d’abêtir le peuple pour en faire ce que
bon vous semble. On ne retrouve pas cela seulement chez nous et chez vous, mais
dans le monde entier. Toutefois le monde se révolte. L’Espagne brûle, la Grèce
brûle, l’état répond par des gaz lacrymogènes, par l’armée. Je ne vois pas d’issue.
Cela me chagrine que la Croatie continue de tout accepter tranquillement. J’espère
une révolte. Parce que ceci n’est pas tenable.
- Comment percevez-vous les relations entre la Serbie et la Croatie aujourd’hui ?
- Je n’y
pense pas. Elles sont pareilles que les relations entre la Croatie et la Finlande !
Je vois que ceux qui gouvernent sont d’habiles acteurs (désolé pour les
artistes). Chez vous et chez nous ils sont identiques. Les firmes
multinationales, elles, gouvernent, tandis qu’il nous reste à élire un président qui soit plus ou moins grand voleur.
- Le paysage social ?
- Pareil qu’en Amérique, à ceci près que l’Amérique est un pays fasciste tandis que nous sommes trop petits que pour l’être. Nous sommes à la solde du fascisme américain, que l’on soit Serbe ou Croate, aucune importance. Nous n’avons pas de pouvoir. Nous n’avons pas d’argent, alors nous n’avons pas d’opinion. Nous sommes quatre millions, vous êtes au nombre de sept, et lorsque Obama se lancera sur l’Iran et y enverra 20.000 soldats venus de Croatie pour qu’ils y crèvent, qui pourra dire « Moi j’y vais pas ». J’ignore si la Serbie fait partie de l’OTAN, toutefois vous aussi vous irez crever à travers divers pays où l’Amérique apporte la démocratie… qui bien entendu ne l’est pas. L’Amérique est l’Amérique. Elle constitue le plus gros problème mondial, mais ça ne date pas d’hier.
Source : blic.rs, le 3 avril 2012.
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