Des prétentions politiques drapées d'habits religieux
L'ancien président Stjepan Mesić a réagi face aux demandes du Pape et du Vatican visant à ce que le monastère sur l'Adriatique soit restitué aux Bénédictins. Nous reproduisons sa réaction dans l'intégralité :
"En tant qu'individu qui pendant dix ans a été à la tête de l'Etat croate et qui, sur base de la Constitution, a représenté la Croatie dans le pays et à l'étranger, je me sens appelé à exprimer mon opinion concernant la demande du Vatican afin que les biens des Bénédictins en Istrie soient restitués à l'ordre des Bénédictins en Italie, en d'autres termes afin que d'énormes compensations soient payées à cet ordre au nom de la Loi sur la restitution des biens confisqués à l'époque du régime communiste.
Je rappelle que les compensations pour ce bien concret confisqué à l'époque de la Yougoslavie ont été réglées, c'est-à-dire payées sur base des Accords d'Osimo, de sorte que réintroduire une demande de dédommagement, plaçant ainsi de ce fait le Vatican au-dessus de la Cour suprême de la République de Croatie, n'est rien d'autre qu'une tentative mal déguisée de réviser, ou d'abolir, les Accords d'Osimo qui ont été et restent le fondement des relations entre la Croatie et l'Italie. Je rappelle également à l'attention le caractère hâtif et imprudent de certains articles de ladite Loi relative à la restitution des biens confisqués à l'époque du régime communiste, mais aussi le fait que l'Etat croate sans raison aucune ni fondement juridique, prétendument sur base de cette loi, restitue, entre autre, les biens religieux confisqués aux Pauliniens (!) à l'époque de l'empereur Joseph II.
Enfin, j'exprime mon étonnement suite à l'absence de réponse instantanée, claire et ferme apportée à la demande du Vatican de la part du sommet de l'Etat et du Gouvernement, mais aussi de la part de l'opposition qui prétend à la victoire lors des prochaines élections parlementaires.
Autant que les intérêts vitaux de la Croatie, ce qui est en jeu ce sont les principes sur lesquels nous avons bâti au fil des ans notre politique extérieure vis-à-vis de l'Italie voisine. Il ne saurait être question de déroger à ces principes ni d'ignorer qu'en substance les prétentions politiques ont été drapées d'habits religieux. Le fait que la demande du Vatican arrive à un moment sensible à la veille de signer le traité d'adhésion avec l'Union européenne n'est pas, ne peut et ne saurait être, une justification pour de quelconques postures tactiques, ou bien une négligence des intérêts nationaux croates.
Source : index.hr, le 1er août 2011.
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