L’idée que l’héritage amer du Printemps Arabe allait se transformer en réveil de la bête brutale du sectarisme au Moyen Orient Musulman commençait à gagner du terrain. Les disputes sectaires prophétisait - on aboutiraient à une confrontation Sunnite Shi’ite impliquant l’Arabie Saoudite et l’Iran.
Ce spectre a aidé à momentanément détourner l’attention de la menace existentielle posée par le Printemps Arabe aux régimes autoritaires du Moyen Orient. Cela a aussi aidé les Etats Unis à détourner l’attention de la rue arabe alors qu’une intervention occidentale est en cours dans un autre pays musulman riche en pétrole et de réinventer la théorie de la stratégie du confinement à l’égard de l’Iran. Plus important cela a fourni à l’administration de Barack Obama à Washington une feuille de vigne pour couvrir l’échec évident du processus de paix au Moyen Orient.
Le Printemps Arabe c’est pour de vrai.
Cependant, Ryad et Washington n’ont pas imaginé que dans l’ombre des pyramides égyptiennes le Sphinx était entrain de s’agiter exposant la vision d’un ordre établi au Moyen Orient entrain d’être secoué. L’accord intérimaire entre les groupes palestiniens négocié par la « Nouvelle Egypte » avec la collaboration tacite de l’Iran et de la Syrie menace de devenir le leitmotiv du Printemps Arabe.
L’Arabie Saoudite devrait en principe se réjouir que ses frères palestiniens soient entrain de réaliser l’unité à un moment historique mais au lieu de cela ils se sont murés dans le silence. Le président Obama a rapidement retardé son discours « historique » sur sa politique au Moyen Orient initialement prévu pour cette semaine pour lire dans les feuilles de thé.
La situation est telle que les factions palestiniennes rivales du Fatah et du Hamas vont signer un accord au Caire mercredi -cet accord a été signé mardi reste aux dirigeants à le parapher formellement mercredi- pour former un gouvernement intérimaire menant à de nouvelles élections dans le cadre d’un accord de réconciliation négocié par la direction militaire égyptienne. L’accord porte sur un gouvernement intérimaire de « neutres » acceptés par les factions rivales qui conduira à des élections dans l’année qui suit pour former un gouvernement « d’unité ».
L’accord trouve, semble -t -il, une façon de contourner les 5 points épineux qui ont jusqu’à présent contrecarrer l’unité politique entre Gaza et la Cisjordanie - une date pour les élections, un organisme de supervision acceptable pour contrôler les élections, la formation d’un gouvernement d’unité, la reprise des discussions pour réformer l’OLP ( Organisation de Libération de la Palestine ) et des questions de sécurité. Les élections présidentielles et parlementaires se tiendront simultanément et le Fatah et le Hamas formeront un comité pour les superviser.
Le gouvernement d’unité comprendra des technocrates et sera dirigé par un premier ministre acceptable par les deux partis le Fatah et le Hamas. Les prisonniers politiques à Gaza et en Cisjordanie seront libérés et un programme de « réconciliation sociale » sera initié. La réforme de l’OLP était une demande principale du Hamas que le Fatah accepte maintenant. Un comité intérimaire dirigera l’OLP jusqu’à ce qu’elle soit «réformée »et ses décisions seront exécutoires. Les problèmes de sécurité un autre sujet épineux seront résolus par un comité conjoint Fatah Hamas.
Inutile de dire que c’est trop tôt pour se montrer optimiste. Mais comme l’a écrit Massimo Calabresi du Time Magazine :
« le plus important mariage de la semaine était en Palestine pas à Londres. C’est vrai que les chances d’une relation durable entre des palestiniens dirigeants du Fatah reconnus internationalement, et le groupe désigné comme terroriste internationalement, le Hamas, ne sont pas grandes - ce n’est pas sure que l’union soit en fait consommée. Mais même une courte tentative a le potentiel de renverser les affaires arabo israéliennes changer les intérêts des US au Moyen Orient et jouer un rôle dans l’élection présidentielles US de 2012. »
Le Sphinx s’agite
Les soulèvements au Moyen Orient ont servi de toile de fond pour cette réconciliation et semble-t-il quelque chose a changé dans l’ordre des choses. Les deux, le Fatah et le Hamas, ont compris le besoin de tenir compte d’une opinion populaire favorisant l’unité palestinienne. L’Autorité Nationale Palestinienne (ANP) le président Mahmoud Abbas en particulier a vu ce qui était écrit sur le mur alors que des hordes de jeunes gens ont emprunté les chants de la révolution égyptienne pour demander l’unité palestinienne.
Le 17 Février Obama a fait fortement pression sur Abbas lors d’un appel téléphonique de 55 minutes pour qu’il retire la résolution à l’AG de l’ONU demandant qu’Israël cesse ses activités de colonisation. Obama a dit que cette action mettait en péril l’assistance américaine de 475 millions de $ US à l’ANP. Mais Abbas ne s’est pas laissé découragé et dans une interview accordée par la suite à Newsweek il a critiqué la vulnérabilité et l’impotence de la politique d’Obama.
En ce qui concerne le Hamas, pour le dire simplement ce qui se passe en Syrie est extrêmement inquiétant. En même temps il met sa confiance dans l’« Egypte ». Un haut responsable du Hamas, Ezzat al-Rashq a dit à l’agence de presse allemande Deutsche Presse-Agentur :
» l’effondrement du régime de Moubarak a restauré l’Egypte à sa place au cœur de la région et ravivé l’esprit régional qui est d’aider à la réconciliation palestinienne. »
Dans un geste bien plus que symbolique les dirigeants du Hamas ont été reçus au ministère des affaires étrangères égyptien au lieu de l’être dans les « endroits sûrs » des services de renseignements - comme c’était le cas sous le régime d’Hosni Moubarak. Le chef d’état égyptien par intérim le Feld Maréchal Mohamed Tantawi (également dirigeant du Conseil Suprême des Forces Armées) a reçu les dirigeants du Hamas. Le dirigeant du Hamas, Taher Nounou a été cité disant :
« quand j’ai été invité à la rencontre avec le ministre des affaires étrangères c’était quelque chose de différent et c’est de là que s’est développé l’accord ».
Le ministre des affaires étrangères égyptien, Nabil el-Araby, a dit aux dirigeants palestiniens en visite qu’il ne voulait pas parler du « processus de paix ». C’est évident que la thèse révisionniste sur l’héritage ultime - ou le « nouveau grand jeu « - du Printemps Arabe comme étant une guerre Sunniste - Shi’ite ne s’applique pas à l’Egypte. Le réchauffement en même temps de l’Egypte à l’égard de l’Iran ( Shi’ite) et du Hamas (Sunnite) représente un revirement tectonique qui est indéniablement « séculier » il traverse le grand schisme sectaire dans le monde de l’Islam et il est à des lieux de la géopolitique archaïque construite autour de « l’isolement « de l’Iran que l’Arabie Saoudite et les US espéraient perpétuer.
Elle n’est plus un caniche…
Ce qui est entrain de devenir visible c’est que l’Egypte revendique désormais l’influence régionale à laquelle elle avait abjectement renoncé quand elle est devenue un caniche des US et une collaboratrice d’Israël après le traité de paix de 1979.Le porte parole du ministère des affaires étrangères égyptien a dit au NYT :
« nous ouvrons une nouvelle page. L’Egypte reprend le rôle qui avait été abdiqué ».
La profondeur du changement des politiques égyptiennes c’est que l’armée conduit le processus en réalisant totalement que c’est aussi le souhait collectif de la société égyptienne ses élites ses professionnels de même que de sa classe ouvrière et des masses d’esprit séculier mais aussi de musulmans pratiquants. Même la communauté stratégique pratiquant la politique dite réaliste se sent attirée par le fait que la voie indépendante confère à la politique égyptienne de la flexibilité et lui vaut le respect comme puissance régionale lorsque le Caire parle et agit.
Le NYT a noté que « les changements de l’Egypte vont probablement modifier l’équilibre des forces dans la région permettant à l’Iran d’avoir de nouveau accès à ce qui était précédemment un ennemi implacable et créant une distance entre elle-même et Israël. » A peine la nouvelle connue de l’accord Fatah Hamas que Téhéran s’est précipité pour l’accueillir favorablement. Le ministre iranien des affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, a dit que l’accord est « la première grande réussite de la grande nation égyptienne sur la scène internationale ».
Téhéran estime que la direction égyptienne cherche à gagner de l’influence sur Israël. L’Egypte semble s’être coordonnée avec l’Iran pour obtenir la réconciliation entre le Fatah et le Hamas. Selon l’analyste sur le Moyen Orient du think tank US Stratfor le soutien de Téhéran à l’accord et le fait que le Hamas à son siège à Damas implique « que la Syrie a aussi décidé d’autoriser la réconciliation ».
Le rapprochement Egypte Iran a effectivement connu un regain. ll a commencé par l’autorisation (ne tenant pas compte des protestations US et d’Israël) du passage de deux navires de guerre iraniens en Févier dans le Canal de Suez fait sans précédent le Caire agissant intentionnellement et dés le début d’Avril le ministre des affaires étrangères égyptien tendait la main pour des liens diplomatiques plus proches avec l’Iran.
La pire crainte d’Israël concernant la révolution en Egypte semble se réaliser.
La dernière annonce faite par l’Egypte dans le cadre de l’accord Fatah Hamas qu’elle va rouvrir le passage de Rafah avec Gaza de façon permanente a déclenché en Israël le signal d’alerte. (Une équipe de sécurité égyptienne se prépare à se rendre à Gaza). Un haut responsable israélien resté anonyme a dit Vendredi au Wall Street Journal que les récents développements en Egypte pourraient affecter « la sécurité d’Israël à un niveau stratégique ». Le chef d’état major de l’armée égyptienne le Général Sami Anan a rapidement mis en garde Israël contre toute interférence sur le plan du Caire d’ouvrir le passage frontalier de Rafah avec Gaza disant que cela ne concernait pas Israël.
De même la décision de la direction militaire d’Egypte sur Rafah reflète un souhait collectif de l’opinion publique égyptienne qui éprouve de l’empathie pour les souffrances et les difficultés du peuple de Gaza. (Un sondage récent mené par le Pew Research Center basé Aux US montre que 54% des Egyptiens veulent que le Traité de Paix Egypte Israël soit annulé). Dans ces circonstances ce qui inquiète le plus Israël (et les US) c’est si l’accord surprise Fatah Hamas négocié par l’Egypte est lié d’une certaine façon au plan palestinien de pousser lors de l’Assemblée Générale en Septembre prochain à New York à la reconnaissance par l’ONU d’un état palestinien en Cisjordanie et Gaza.
Une telle appréhension n’est pas injustifiée. Le Wall Street Journal a fait la semaine dernière ce commentaire :
« Depuis plus de deux mois que Moubarak a abdiqué… l’Egypte a tendu la main à l’Iran, remis en question le prix du gaz naturel sur un contrat d’exportation, gaz crucial pour les besoins énergétiques d’Israël et remporté une victoire diplomatique avec le Hamas ».
C’est sur que la réaction à l’accord Fatah Hamas d’Israël a été comme prévu plutôt dure. Le premier ministre Benjamin Netanyahou a dit :
« l’autorité palestinienne doit choisir entre la paix avec Israël et la paix avec le Hamas. Elle ne peut pas avoir les deux car le Hamas vise à détruire l’état d’Israël et le dit ouvertement. « Un groupe d’élus au Congrès américain a également mis en garde contre le plan de réconciliation. La présidente du comité des affaires étrangères de la chambre des représentants, Ros-Lehtinen, a dit lors d’une déclaration que l’argent des contribuables américains ne peut être dépensé pour des terroristes qui menacent les US et leur allié Israël. On dit que c’est l’opinion de Netanyahou.
… Plus d’entente secrète
Cependant Obama garde ses pensées pour lui. Il semble que tandis que le Printemps Arabe ne présente pas de trace comme tel « d’anti américanisme » les nouveaux régimes vont presque certainement tenir compte des souhaits et aspirations populaires et cela va nuire aux stratégies régionales des US.
Au minimum, comme l’a écrit sur son blog Helena Cobban experte sur la région depuis longtemps et écrivain :
« ce qui est vrai en règle générale dans la région c’est que les accords secrets sordides que des régimes tels celui de Moubarak ceux des rois successifs jordaniens ou d’autres ont conclu avec Israël - c'est-à-dire des arrangements pour écraser les mouvements palestiniens ce qui va bien au-delà des exigences formelles des traités de paix - sont devenus considérablement plus difficiles à tenir pour ces partis arabes étant donné l’émergence de ces mouvements forts tant attendus et bienvenus qui appellent à la transparence de même que pour les gouvernements arabes à rendre des comptes ».
C'est-à-dire toute tentative de détourner l’attention sous la forme d’incitations sectaires Sunnite-Shi’ite ne peut que réussir momentanément dans le milieu régional entrain de changer. Ceci est devenu amplement clair lorsque le premier ministre égyptien, Essam Abdulaziz Sharaf a choisi l’occasion d’une rencontre la semaine dernière avec le koweitien Amir Sheikh Sabah al-Ahmad al-Jabir al-Sabah pour balayer la paranoïa de l’Arabie Saoudite sur l’Iran et a fermement affirmé que le Caire était résolu à étendre ses liens avec l’Iran. Il a dit :
« l’Egypte essaie de commencer un nouveau chapitre de liens avec l’Iran qui est l’un des plus importants pays du monde ».
Simultanément le porte parole du gouvernement égyptien Ahmed al -Salman a dit que le Caire est décidé à reprendre ses relations avec l’Iran et aucun parti tiers ne peut faire pression sur le Caire pour changer cette décision. Une visite du ministre des affaires étrangères égyptien à Téhéran pourrait être en préparation.
Les Saoudiens ont ressuscité le spectre d’un croissant Shi’ite sous la direction de l’Iran. Mais il faut être deux pour un tango. L’Iran préfère porter son attention sur des buts bien plus élevés que celui d’une direction du monde shi’ite. Damas Le Caire et Bagdad - le cœur le cerveau et l’âme de la politique arabe - ne répondent pas non plus au son du clairon saoudien que le Salafisme est en danger mortel du militantisme shi’ite.
D’autre part, non seulement pour les Saoudiens mais aussi pour tous les gouvernements arabes le moment décisif viendra si et quand ils sont appelés à reconnaître un état palestinien unifié sous un gouvernement d»‘unité » ce qui voudrait dire un certain nombre de choses -reconnaissance du Hamas, s’adapter à une séparation majeure entre l’Egypte et Israël et au nouveau rapprochement Egypte Iran et adopter une position stratégique de défiance vis-à-vis des US. La réalité géopolitique étonnante du « Nouveau Moyen Orient » c’est que ce sont les services secrets égyptiens qui ont négocié l’accord de réconciliation palestinienne sans consulter les US et Israël- ou l’Arabie Saoudite.
M K Bhadrakumar 03/05/2011 Copyright Asia Times Online
Article en anglais
L’Ambassadeur M K Bhadrakumar était un diplomate de carrière au ministère des affaires étrangères indien. Il a occupé ces fonctions notamment en ex Union Soviétique, Corée du Sud, Sri Lanka, Allemagne, Afghanistan, Pakistan, Uzbekistan, Koweït, et Turquie.
Source : planetenonviolence.org
Nous réduisons le nombre de travailleurs et nous augmentons celui des bureaucrates - telle est la formule croate pour sortir de la crise. C'est en tout cas ce que nous incite à conclure les données qui indiquent qu'entre mars 2010 et mars 2011 ont été supprimés 21.747 postes de travail dans le secteur réel pendant qu'en même temps 1.867 personnes ont été engagées dans l'administration publique (Etat et collectivités locales*).
Ces chiffres alarmants proviennent des statistiques élaborées par les économistes de l'Association syndicale croate (HUS). La crise a le plus durement frappé le secteur de la construction qui a perdu 9.174 postes de travail. De leur côté le commerce a perdu plus de 7.000 emplois et le secteur manufacturier presque 4.000.
Pendant la même période 5.203 postes de travail ont été créés dans le secteur public, dont 1.867 dans l'administration publique, 1.455 dans l'enseignement et 1.881 dans la santé.
Les chiffres cités sont la preuve cinglante que le Programme gouvernemental de redressement économique n'est pas appliqué.
La Premier ministre Jadranka Kosor, en présentant en avril de l'année dernière sa stratégie de sortie de crise, avait annoncé une réduction de 5% des effectifs dans l'administration publique. Désormais il est évident que le gouvernement n'a rien fait sur ce plan, le nombre de bureaucrates ayant même augmenté de 0,5%.
Tous les économistes et analystes sérieux du pays soulignent que la réduction du nombre d'employés dans l'administration publiques constitue justement la condition première et nécessaire pour que la Croatie recadre sa politique économique, car pour l'instant la tête (la bureaucratie) est plus grosse que ne peuvent le supporter les bras et les jambes (le secteur réel).
Si pour l'instant rien n'a été fait à ce niveau, il est difficile de s'attendre à ce que le pouvoir entreprenne quelque chose durant cette année électorale, ce qui ne fera qu'aggraver la crise actuelle.
Source : tportal.hr, le 4 avril 2011.
* par collectivité locale il faut entendre les comitats (županije) et les villes.
On sait que ce pouvoir est catastrophique à tout point de vue, mais on ne se lassera jamais de le répéter.
Je suppose que cette courte note n'a strictement aucune utilité, comme presque tout ce qui touche aux faits divers d'ailleurs, néanmoins sachez si vous passez par Zagreb que bon nombre de bâtiments sont en état de décomposition avancée et qu'il n'est pas rare que des débris se détachent des façades.
Ce fut le cas aujourd'hui dans la rue Jurišićeva, par chance il n'y a pas eu de blessés.
Il arrive évidemment que des façades soient rénovées mais elles ne constituent qu'une infime portion de l'ensemble.
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