Il semble que quelques citoyens croates aient participé à la Gay pride de Belgrade, d'où le récit suivant :
Pour l'instant nous avons récupéré saines et sauves nos têtes croates de la première Gay Pride de Belgrade. Il est rassénérant de voir les visages amicaux de Pero, Bojan, Milica, Goran, Toma et Žarko après avoir vécu les événements des rues de Belgrade durant la marche et à son retour.
Les rues désertes avec juste des cordons de policiers à pied, à cheval, dans des véhicules, dont certains blindés, avaient un air de ghetto de Varsovie. Même les bracelets que les participants ont reçu au moment de se joindre au défilé étaient de couleur jaune. Les rues parcourues sont sûres, des rangées de policiers s'étendent à perte de vue, le monde extérieur n'existe pas. Nous n'y avons pas accès ni ne savons ce qui s'y passe. Après un court défilé, il est temps de se réunir au Centre culturel des étudiants pour envisager la suite des événements.
Tracer son chemin jusqu'à la rédaction du site fraternel "e-novine" n'est pas une opération simple à concevoir ni à réaliser. Vu qu'il n'y a pas de fourgons cellulaires dans cette partie de la ville pour ramener les participants, la rédaction recommande à notre collègue Dušan qu'on vienne à pied. De toute façon faire le voyage dans la partie arrière exiguë d'un panier à salade, dans lequel se sont fourrés des participants, ne nous semble pas trop folichon. Il n'est pas non plus facile de choisir entre le trajet à pied, alors que Dušan n'arrête pas de recevoir des appels annonçant que dans telle partie de la ville il y des échauffourées, ou alors se diriger dans un coin reculé de la ville d'où l'on ne saurait pas non plus comment en ressortir. Dušan prend la décision - on y va à pied ! Nous nous dirigeons alors vers le premier groupe de policiers pour leur demander conseil. Ils nous expliquent quelle rue prendre pour arriver le plus facilement à la rédaction. A cela ils ajoutent :"Mais faites vite". De l'endroit où ils se tiennent nous distinguons le cordon suivant de policiers. D'un pas rapide on va vers eux. Ils sont postés à côté de l'hôtel Park. Personne dans la rue à part nous et un bonhomme qui voudrait se rendre à un self-service. Il nous demande si on le laissera passer. Nous haussons les épaules en guise de réponse.
Le chemin jusqu'au Centre culturel des étudiants tout au long de rues en état de siège nous donne l'impression d'être dans un jeu vidéo. Les policiers représentent des points sûrs qu'ils nous faut atteindre sans que l'on reçoive quelque chose sur la tête ou que quelqu'un ne nous assaille. Les cartes de légitimation se tiennent depuis longtemps à disposition bien au fond du sac. De même que l'appareil photo et le sifflet.
En cours de route on accélère le pas. Le son des sirènes dans le lointain vient parfois interrompre la voix du présentateur à la télévision que de petits groupes de spectateurs regardent dans certains cafés. On arrive au siège du Parti démocrate où nous attendent des containers poubelles renversés, l'odeur de la fumée, des verres brisés et des rangées de policiers. L'air effaré, un monsieur plus âgé jette des regards autour de lui et demande ce qui se passe "Maintenant c'est redevenu sûr", répond un policier. On se dépêche de faire quelques photos de la scène puis on reprend notre chemin. Les cent prochains mètres on les parcourt au milieu de cailloux, de briques, de motos renversées et de restes de battes en bois brisées. Dans la rue suivante la situation a déjà l'air plus normale. La circulation suit son cours, les feux tricolores fonctionnent. Les passants ordinaires déambulent dans la rue et s'échangent des propos sur la situation exceptionnelle. Nous voila tranquillisés, la peur se dissipe. Nous ne nous sentons plus en première ligne des combats, mais au contraire sur un champ de bataille où viennent justement de cesser les hostilités. Les traces des émeutiers sont encores visibles. A deux pas de la rédaction on peut lire sur le bitume le graffiti suivant :"Le sang va couler à Belgrade, la marche gay n'aura pas lieu". L'auteur ayant signé Fantom s'est néanmoins trompé. Quoiqu'il y ait eu du sang, la marche gay a eu lieu.
Pourtant si on a pu entendre des appels à la tolérance et à la conciliation de la part de la Gay pride, une fois que l'on a annoncé à nos familles préoccupées que nous allons bien, nous n'avons pas d'autres images en tête qui nous reviennent que celles des scènes de la rue et des hurlements de la veille "Les pédés ne vont pas défiler dans la ville" qui furent lancés lors de la Marche des familles. La journée est encore longue, le chemin jusqu'à la gare des bus ne l'est pas moins...
Zasad smo izvukle svoje hrvatske glave žive sa prvog beogradskog Prajda. Prijateljska lica Pere, Bojana, Milice, Gorana, Tome i Žarke smirujući su prizor nakon doživljaja beogradskih ulica na paradi i povratka s nje. Prazne ulice ograđene policajcima pješacima, na konjima, autima, blindiranim vozilima, izgledale su poput Varšavskog geta. Čak su i narukvice, koje su učesnici dobili na ulazu, bile žute boje. Ulice kojim prolazimo sigurne su, dokle nam pogled seže pružaju se redovi policajaca, vanjski svijet ne postoji. Tamo ne možemo niti znamo što se događa. Nakon kratke šetnje, vrijeme je za druženje u Studentskom kulturnom centru s mišlju gdje i kako dalje.
Put do redakcije prijateljskog portala e-novina nije baš jednostavan za isplanirati i realizirati. Pošto do tog dijela grada nema marica koje odvode sudionike, kolegi Dušanu iz redakcije javljaju da idemo pješke. Vožnja u stražnjem skučenom dijelu marice, u kojoj su se naguravali sudionici, ionako nije pretjerano privlačna. Uputiti se pješke, dok Dušanu stalno stižu pozivi da je u nekom dijelu grada frka, ili otići u neki zabačeni dio grada odakle se ne znamo ni kako vratiti, teška je dilema. Dušan odlučuje - idemo pješke. Upućujemo se prema prvoj skupini policajaca da ih pitamo za savjet. Govore nam kojim ulicama je najpametnije do redakcije. Uz to poručuju: "Samo požurite". S mjesta gdje stoje, vidimo sljedeći kordon njihovih kolega. Brzim korakom krećemo prema njima. Stoje pored hotela Park. Na ulici nema nikog osim nas i jednog čovjeka koji treba do samoposluge. Pita nas hoće li ga pustiti da prođe. Sliježemo ramenima.
Put od Studentskog kulturnog centra preko ulica pod opsadnim stanjem izgleda kao da se nalazimo u video igrici. Policajci su sigurne točke do kojih trebamo proći bez da nam nešto padne na glavu ili nas netko napadne. Akreditacije su već odavno spremljene duboko u torbi. Kao i fotoaparat te zviždaljka.
S vremenom ubrzavamo korak. Zvuk sirena u daljini tek povremeno prekida glas spikera vijesti koje u pokojem otvorenom kafiću gledaju malene skupine ljudi. Dolazimo do sjedišta Demokratske stranke, gdje nas dočekuju prevrnuti kontejneri, smrad dima, razbijeno staklo i redovi policije. Jedan stariji gospodin zbunjeno gleda oko sebe i pita što se događa. "Sad je sigurno", odgovara policajac. Pravimo brzinski par fotografija s mjesta poprišta i nastavljamo dalje. Narednih stotinjak metara hodamo među kamenjem, ciglama, prevrnutim motorom, ostacima razbijenih drvenih palica. U sljedećoj ulici stanje je već normalnije. Promet se uredno odvija, a semafori rade. Obični prolaznici hodaju cestom i raspravljaju o vanrednoj situaciji. Smirujemo se, strah popušta. Više se ne osjećamo kao na prvoj liniji udara, već kao na bojištu na kojem je upravo završila bitka. Tragovi huligana i ovdje su vidljivi. Nadomak redakcije na asfaltu stoji svježe napisan grafit: "Beogradom će krv liti, gay parade neće biti." Autor potpisan kao Fantom ipak se prevario. Iako je krvi bilo, parada se održala.
No, unatoč tolerantnim i pomirljivim porukama s Prajda, nakon što smo javile svima zabrinutim u domovini da smo ok, trenutno nam se po glavi vrte jedino filmovi sa ceste i jučerašnji uzvici: "Neće peder gradom šetati!" sa Porodične parade. Dan je još dug, a put do autobusne stanice dalek...
Source : h-alter.org, le 10 octobre 2010.
Autre témoignage, cette fois-ci d'un Français de passage à Belgrade
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