L'effondrement du pouvoir en Croatie provoque un profond sentiment de dégoût
L'effondrement du pouvoir en Croatie provoque un profond et presque insupportable sentiment de dégoût. La grande question est de savoir s'il faut vraiment tolérer un tel pouvoir, quand bien même s'agit-il de réaliser le plus vite possible les objectifs stratégiques [adhésion de la Croatie à l'UE, N.D.T.].
En plus de 20 ans que j'ai passés dans le journalisme politique, jamais, au grand jamais, je n'avais vu un effondrement du pouvoir en Croatie aussi pénible que celui auquel nous assistons ces derniers mois.
A la fin des années 80 et au début des années 90, les communistes se sont retirés du pouvoir sans faire de vagues. Et à la fin des années 90, il n'est pas venu à l'idée au HDZ de Tuđman de faire traîner en longueur la mise en oeuvre des élections parlementaires, quoiqu'ils tentèrent de profiter de la circonstance extraordinaire que le premier président croate eût quitté la scène en mourant quelques semaines avant qu'Ivica Račan et Dražen Budiša ne remportent les élections du 3 janvier [2000].
Le chaos auquel on assiste dans la vie politique croate n'est pas seulement inédit (du moins dans de telles proportions), mais il menace sérieusement les derniers restes de crédibilité des institutions politiques croates.
Tout d'abord, il est clair que tous les acteurs de la scène politique croate mentent publiquement, y compris même lorsque cela n'est pas nécessaire.
Toute la direction actuelle du HDZ affirme que Damir Polančec, leur collègue d'hier et jusqu'il y a peu vice-Premier ministre, ment effrontément.
Damir Polančec en exposant toute une série de détails montre qu'il dit néanmoins la vérité dans certaines situations, ce qui, en retour, démontre que les membres du Gouvernement et la direction du HDZ mentent.
Certains documents, qui ont été publiés après que Sanader eut témoigné sur l'INA, suggèrent que l'ancien chef du Gouvernement a menti.
Par conséquent, si tous mentent sur des questions relativement bénignes - le contrat sur l'INA qui ne fait pas l'objet d'une enquête judiciaire - à quels mensonges peut-on alors s'attendre dans des cas plus graves ?
En outre, le gouvernement se lance dans des machinations si transparentes, et encore une fois inutiles, que l'opinion n'y voit qu'un tissu de mensonges.
Un de ces coups tordus typiques serait de faire croire que le SDP et Ivo Sanader collaborent pour renverser le gouvernement. Cette formule, à laquelle ne cessent de recourir Jadranka Kosor et ses plus proches collaborateurs, est à ce point sotte qu'il n'y a pas besoin de la démentir si ce n'est par une banale affirmation : Sanader est l'homme du HDZ, et non pas du SDP.
L'information, qui agite les cercles de l'opposition, selon laquelle la thèse sur la collaboration entre Sanader et le SDP émane de
l'ambassade américaine, même si elle était vraie, n'autorise pas madame Kosor à ânnoner quelque chose dont la fausseté est manifeste.
Le Gouvernement croate actuel ne bénéficie que d'un appui populaire minime. Parmi les citoyens croates, comme le montrent tous les sondages les plus récents, il règne la certitude que le Gouvernement n'est pas valable.
Il en découle que le Gouvernement est fortement pressé de s'en aller.
Pour tenter de se soustraire à cette pression le Gouvernement se surpasse en enfumage et mensonges de tout poil.
On sait pourtant ce qui arrive aux politiciens qui sont pris en flagrant délit de mensonge : ils se voient toujours forcés de s'en aller et de laisser les citoyens libres de décider ce qu'ils feront d'eux au moment des élections.
Mis à part le chaos, les mensonges et les accusations réciproques, qui ont tellement empesté l'espace public croate qu'il en est devenu désagréable et accablant de regarder les informations télévisées objectives, le sentiment de nausée qui a fini par submerger le monde politique et la population croate a reçu une forte contribution de la présidente de la Cour constitutionnelle, Jasna Omejec.
Nous laissons de côté le contenu juridique de la décision rendue par la Cour constitutionnelle de ne pas convoquer de référendum concernant la Loi sur le travail (même si en se prononçant de la sorte la Cour constitutionnelle a contesté la volontée exprimée par presque 800.000 citoyens, ce qui ne fait qu'entamer un peu plus la situation politique dans le pays et le reste de confiance dans ses institutions). Par contre nous disons que la déclaration de madame Omejec, qui s'est laissée aller à disqualifier politiquement les organisateurs du référendum, est non seulement injurieuse, mais qu'elle représente un scandale politique de premier ordre, après quoi plus personne ne croira en la Cour constitutionnelle.
Non seulement parce que Jasna Omejec parle en lieu et place de Vladimir Šeks et Jadranka Kosor mais parce qu'une juge, et en particulier la présidente de la Cour constitutionnelle, n'a pas à accuser les protagonistes légaux de la scène politique d'intentions subversives (sauf si éventuellement ils ont appelé à un coup d'Etat, ce que les syndicats n'ont certainement pas fait).
Ainsi, malheureusement, la Cour constitutionnelle est-elle venue se joindre au Gouvernement, à la direction du HDZ et aux anciens chefs du HDZ dans le tournoi qui consiste à celui qui polluera le plus la scène politique croate.
Il est tout à fait clair que pour la Croatie de nouvelles élections sont nécessaires sans plus tarder. Parce qu'il faut que le pays, qui traverse une profonde crise politique morale et économique, soit dirigé par un Gouvernement qui disposera d'une véritable légitimité, homologuée par le vote des électeurs.
La seule véritable question qui se pose, lorsqu'il est question d'élections anticipées, est celle de l'achèvement des négociations avec l'Union européenne.
Bruxelles a clairement fait savoir à l'opinion croate que les élections pourraient menacer le bouclage des négociations.
D'un côté, il s'agit d'un paresseux réflexe naturel de l'euro-bureaucratie qui ne souhaite aucun changement avant que n'aboutisse un travail énorme, lent et difficile mené avec la Croatie.
Mais admettons même que Bruxelles ait raison, admettons que des élections anticipées puissent retarder la fin des négociations.
Dans ce cas la Croatie aurait à faire face à un choix stratégique.
Ne rien risquer ou, en revanche, changer le Gouvernement qui nuit à la Croatie à bien des égards, et cela même au prix de prolonger l'entrée dans l'UE.*
Ce journal a toujours soutenu presque sans réserve l'entrée la plus rapide de la République de Croatie dans l'UE. Toutefois nous ne sommes pas sûr que la Croatie puisse endurer encore un an ou plus le Gouvernement actuel qui ne semble définitivement plus capable de gouverner et à qui plus personne n'accorde crédit.
Pour la Croatie la meilleure solution serait à vrai dire que les élections soient convoquées aujourd'hui et qu'au plus tôt, déjà début de l'année prochaine, soit formé un nouveau Gouvernement qui pourrait immédiatement prendre les dernières décisions cruciales concernant la fin des négociations.
S'agissant des affaires intérieures, nous sommes convaincus que le nouveau gouvernement, quelle que soit l'issue des élections, ne reculera pas d'un millimètre dans la lutte contre la corruption.
Garantir les conditions pour que réussisse la campagne anti-corruption est l'une des tâches essentielles de toute équipe gouvernementale en Croatie.
*Davor Butković écrit : "
Risquer de reporter d'un an l'entrée dans l'UE de manière à remplacer le pouvoir actuel que plus personne ne soutient ou, en revanche, changer le Gouvernement qui nuit à la Croatie à bien des égards, et cela à tout prix, même celui de prolonger l'entrée dans l'UE.", mais dans ce cas il n'y a pas de dilemne.
Raspad vlasti u Hrvatskoj izaziva težak osjećaj gađenja
Raspad vlasti u Hrvatskoj izaziva težak, gotovo nesnošljiv osjećaj gađenja. Uistinu je veliko pitanje može li se tolerirati ovakvu vlast, čak i u ime bržeg postizanja strateških ciljeva
U više od dvadeset godina, što sam proveo u političkom novinarstvu, nikada, ali baš nikada nisam vidio ovako mučan raspad vlasti u Hrvatskoj, kao u posljednjih nekoliko mjeseci.
Komunisti su se krajem osamdesetih i početkom devedesetih mirno i uredno povukli s vlasti. Tuđmanovom HDZ-u, potkraj devedesetih, nije palo napamet odugovlačiti s provedbom parlamentarnih izbora, iako su se mogli pokušati izvlačiti na izvanredne okolnosti, dakle na odlazak prvog hrvatskog predsjednika koji je umro samo nekoliko tjedana prije trećesiječanjske pobjede Ivice Račana i Dražena Budiše.
Kaos koji se sada događa u hrvatskom političkom životu ne samo da nikada nije zabilježen (barem ne u ovakvom obliku), nego ozbiljno prijeti zadnjim ostacima vjerodostojnosti hrvatskih političkih institucija.
Prvo, očigledno je da svi akteri hrvatske političke scene javno lažu, i kada za to nema nikakve potrebe.
Cijelo sadašnje vodstvo HDZ-a tvrdi da Damir Polančec, njihov dojučerašnji kolega i donedavni potpredsjednik Vlade, bezočno laže.
Damir Polančec nizom detalja dokazuje da barem u nekim situacijama govori istinu, što, opet, ukazuje na to da lažu članovi Vlade i vodstva HDZ-a.
Pojedini dokumenti, koji su objavljeni nakon Sanaderova svjedočenja o Ini, sugeriraju da je bivši predsjednik Vlade lagao.
Ako svi, dakle, lažu o razmjerno benignom pitanju - ugovoru o Ini koji nije predmet kaznene istrage - kakve se sve laži mogu očekivati u težim slučajevima?
Nadalje, Vlada se upušta u spinove koji su toliko prozirni i, opet, nepotrebni, da u javnosti dobivaju očigledan karakter laži.
Tipičan je primjer spin o tome da SDP i Ivo Sanader surađuju u rušenju ove Vlade. Taj je spin, koji je postao mantra Jadranke Kosor i njezinih najbližih suradnika, toliko besmislen da ga ne treba demantirati ničim osim jednom banalnom tvrdnjom: Sanader je HDZ-ov, a ne SDP-ov čovjek.
Informacija, kojom barataju u oporbenim kurgovima, da se teza o Sanaderovoj i SDP-ovoj suradnji proširila iz američkog veleposlanstva, čak i da je točna, ne opravdava gospođu Kosor u inzistiranju na nečemu što je očigledna neistina.
Sadašnja hrvatska Vlada ima minimalnu potporu javnosti. Među hrvatskim građanima, kako sva recentna istraživanja pokazuju, dominira uvjerenje da Vlada ne valja.
Vlada je, dakle, pod snažnim pritiskom da ode.
Od takvog se pritiska Vlada pokušava braniti natjecanjem u lažima i spinovima.
Zna se, međutim, što se mora dogoditi političarima koji otvoreno ne govore istinu. Oni, uistinu, nužno i uvijek odlaze pa prepuštaju građanima da na izborima odluče o njihovoj budućnosti.
Osim kaosa, laži i međusobnog optuživanja, koji je toliko kontaminirao hrvatski javni prostor da je već postalo neugodno i opterećujuće gledati i dobro priređene televizijske vijesti, osjećaju mučnine koji, definitivno, prekriva hrvatsku političku i javnu scenu, ovaj je tjedan snažno pridonijela predsjednica Ustavnog suda Jasna Omejec.
Ne želimo ovdje ulaziti u raspravu o pravnom sadržaju odluke Ustavnog suda da ne raspiše referendum o Zakonu o radu, iako je tom odlukom Ustavni sud osporio volju gotovo 800 tisuća građana, što samo po sebi dodatno opterećuje političku situaciju u zemlji i ostatke povjerenja u njezine institucije.
Međutim izjava gospođe Omejec, kojom se ona upustila u političko diskvalificiranje organizatora referenduma, ne samo da je uvredljiva, nego predstavlja prvorazredni politički skandal iza kojeg ni Ustavnom sudu nitko više neće ništa vjerovati.
Ne samo zato što je Jasna Omejec govorila jezikom Vladimira Šeksa i Jadranke Kosor, nego zato što sutkinja, a osobito predsjednica Ustavnog suda, ne smije optužiti legalne protagoniste političke scene za rušilačke namjere (osim ako, eventualno, nisu pozivali na državni udar, što sindikati sigurno nisu činili).
Ustavni se sud tako, nažalost, pridružio Vladi, vodstvu HDZ-a i bivšim čelnicima HDZ-a u natjecanju za prvo mjesto u onečišćavanju hrvatske političke pozornice.
Hrvatskoj su, posve je jasno, neodložno potrebni novi izbori jer zemlju koja je u ovako dubokoj političko-moralnoj i gospodarskoj krizi mora voditi vlada koja će imati stvarni legitimitet, ovjeren glasovima birača.
Jedino stvarno pitanje koje se postavlja, kada je riječ o prijevremenim izborima, jest pitanje završetka pregovora s Europskom Unijom.
Bruxelles je hrvatskoj javnosti poslao jasan signal da bi izbori mogli ugroziti završetak pregovora.
S jedne strane, riječ je o prirodno lijenom refleksu eurobirokracije koja ne želi nikakve promjene uoči okončanja golemog, sporog i teškog posla s Hrvatskom.
S druge strane, recimo da je Bruxelles u pravu; recimo, dakle, da bi prijevremeni izbori uistinu odgodili svršetak pregovora.
U tom se slučaju Hrvatska suočava sa strateškom dilemom.
Vrijedi li riskirati odgodu ulaska u EU za još godinu dana da bi se smijenila sadašnja Vlada koju više nitko ne podržava ili, pak, po svaku cijenu, pa i cijenu prolongiranja ulaska u Uniju, treba smijeniti Vladu koja očigledno šteti Hrvatskoj na mnogo razina?
Ove su novine uvijek i gotovo bezuvjetno podržavale što brži ulazak Republike Hrvatske u Europsku Uniju. No, nismo sigurni može li Hrvatska izdržati još godinu ili više sadašnje Vlade koja, definitivno, nije kadra vladati, i kojoj nitko ništa ne vjeruje.
Za Hrvatsku je, zapravo, najbolje rješenje da se izbori raspišu danas i da se što prije, već početkom sljedeće godine, formira nova vlada koja bi odmah mogla donijeti preostale odluke, bitne za završetak pregovora.
A kada je o unutrašnjoj situaciji riječ, sigurni smo da nova Vlada, bez obzira na ishod izbora, neće niti milimetar popustiti u borbi protiv korupcije.
Osiguravanje uvjeta za uspjeh protukorupcijske kampanje jedan je od presudnih zadataka bilo koje hrvatske vladajuće garniture.
Par Davor Butković
Source :
jutarnji.hr, le 23 octobre 2010.
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