Quatre pays des Balkans optent pour la libre circulation des personnes
Les responsables de quatre pays des Balkans, Albanie, Macédoine, Monténégro et Kosovo, ont annoncé samedi l'établissement d'une zone de libre-circulation entre eux, où leurs citoyens respectifs pourront se déplacer d'un pays à l'autre sans visa. Les quatre pays en question, représentés par leurs présidents, ont décidé de mettre en place un "régime de mini Schengen", a déclaré le président kosovar, Fatmir Sejdiu, faisant allusion à la zone de libre-circulation des personnes établie par 25 pays européens, dont la plupart des pays membres de l'Union européenne. Une telle initiative "démontre notre maturité pour le développement de l'intégration européenne", a ajouté M. Sejdiu, qui accueillait les trois autres présidents à Prizren, au sud du Kosovo. Le président albanais, Bamir Topi, a souligné que la décision des quatre pays s'apparentait à un "appel à nos partenaires européens pour considérer la libre-circulation des personnes comme un droit essentiel pour chaque citoyen qui vit et travaille dans la région des Balkans".
Le président macédonien, George Ivanov, a souligné que la région avait considérablement progressé "par rapport à ce qu'elle était il y a seulement dix ans". L'Union européenne a aboli en décembre l'obligation de visas pour les ressortissants serbes, monténégrins et macédoniens dotés d'un passeport biométrique et souhaitant se rendre dans les pays de l'espace Schengen. L'Albanie et le Kosovo aspirent à leur tour à pouvoir bénéficier d'une telle mesure. Tous les pays de Balkans occidentaux aspirent à rejoindre l'UE. C'est la troisième fois qu'une réunion des quatre présidents se tient en deux ans. Les réunions précédentes s'étaient tenues en Albanie et en Macédoine. La Serbie ne reconnaît pas la proclamation d'indépendance du Kosovo et n'avait par conséquent pas été invitée à la réunion de Prizren.
Source : lemonde.fr, le 26 juin 2010.
L'Histoire de la Violence financière et la Réponse de la Démocratie directe
Vingt ans après que les nationalistes se furent emparés du pouvoir en Croatie, l'idée de bien collectif, au-delà de son identification étroite et obligée avec la nation, a été absente du discours public. Les rares moments où elle émergeait en marge de la vie publique - à propos des aspects économiques de la collectivité - l'Etat et les médias furent aptes à la contenir, à la rétrécir, à la reformuler idéologiquement et à l'empêcher de se répandre sous des formes non souhaitables [1]. Au cours des 45 années précédentes, les citoyens croates avaient bénéficié des avantages de l'éducation et des services de santé gratuits. Même la machine idéologique le plus efficace, celle du capitalisme parlementaire libéral, n'a pas pu l'effacer du jour au lendemain. Toutefois, moins il reste à arracher et à voler aux gens sur les carcasses de l'industrie (dans le socialisme yougoslave celle-ci était formellement détenue par le peuple et non par l'Etat, voir Branko Horvat), et plus les vautours du capitalisme se tournent vers l'un des derniers piliers des 45 années du projet socialiste : la santé et l'éducation gratuite. Le problème cette fois est qu'ils sont tombés sur un adversaire de taille.
La privatisation de l'éducation a été introduite graduellement - sans doute dans l'espoir que personne ne s'en aperçoive. En vain cette fois.
Deux importants blocages à la Faculté de philosophie de Zagreb, l'un au printemps 2009 (ayant duré trente cinq jours) et l'autre en automne (quatorze jours), furent accomplis à travers une série de manoeuvres stratégiques. La prise de contrôle des facultés s'étendit à diverses villes et il en résulta un réseau d'étudiants qui continue activement de se développer à partir de l'unique et simple, quoique puissante, revendication d'"une éducation gratuite publiquement financée à tous les niveaux et disponible pour tous". Cette revendication fut énoncée à travers l'ouverture stratégique, la discipline dans l'organisation, le refus des négociations, une série d'étudiants anonymes lisant à chaque fois des annonces destinées aux médias, aucun porte-parole ou leader (déjouant ainsi les attaques personnalisées par l'Etat et les médias), à travers la fièvre d'une perpétuelles activité en matière de théorie, de traduction et de publication, à travers des groupes de lecture théorique, une solidarité et un appui envers les travailleurs et paysans en révolte, une activité documentaire constante sur le travail accompli ; la rédaction en 70 pages du Livre de recettes du blocage [2] ainsi qu'une Foire aux questions pour les travailleurs et les paysans imprimée puis distribuée dans les usines occupées. C'est à travers tout cela que les étudiants ont déboussolé la machine de l'Etat capitaliste en le mettant sur la défensive. Par suite il s'est retrouvé obligé de plaider et bien souvent de débattre en public ce qui jusqu'à présent avait été un processus standard de la vie politique et économique croate : la mise en oeuvre non critique des pires aspects de la doctrine néolibérale [3]. En aucun cas il ne fut question de l'habituel leitmotiv de la gauche repris par l'activisme estudiantin "nous n'aimons pas les réformes néolibérales de l'éducation", mais bien d'une attaque théorisée, développée et coordonnée contre les bases idéologiques du capitalisme en Croatie et sa forme parlementaire non démocratique, lesquelles bases ont permis que la manne de richesses socialement redistribuées que produisait la Croatie sous le socialisme soit d'abord anéantie puis volée sous prétexte de dysfonctionnement.
Contrairement à la pratique, seuls les cours réguliers furent bloqués tandis que l'administration, la bibliothèque, la librairie et d'autres services administratifs à l'intérieur des bâtiments de la faculté furent laissés en état de fonctionnement habituel. Des plénums ouverts radicaux, "durant lesquels toutes les décisions étaient prises en ce qui concerne le fonctionnement de la faculté occupée", furent ouverts à la participation et au vote de quiconque s'y présentait, et pas seulement des étudiants. Un Code de conduite donnait des détails sur le comportement digne, sur les gardes d'étudiants et leur rôle, sur le respect de la propriété, sur la résistance passive au cas où la police viendrait à intervenir ainsi que sur bien d'autres points [4]. Le plus important est leur aspect directement démocratique :
Le plenum ne peut à aucun moment élire un représentant qui peut prendre de son plein gré les décisions ou accepter certaines conditions. Le plénum ne peut qu'élire des délégués qui communiquent les décisions et la volonté du plénum et qui transmettent les offres et questions à considérer par le plénum. Cette méthode d'élire les délégués, qui est la seule manière authentiquement démocratique, exclut la possibilité que soient manipulés les représentants individuels.
Viktor Ivančić, à la foi co-fondateur du "Feral Tribune" (qui durant fort longtemps fut le meilleur journal politique ces vingts dernières années), et commentateur politique incisif, a bien résumé la chose :
En dépersonnalisant leurs apparitions en public, en organisant chaque jour leurs plénums estudiantins (ouverts à tous les citoyens), en rejetant le choix de délégués ou de leaders charismatiques, en refusant les accrochages et le marchandage durant les négociations, les garçons et les filles de la faculté de philosophie ont percé le mensonge de la soi-disant démocratie représentative, qui par le biais des mécanismes à l'oeuvre dans les partis et entre eux se manifeste comme modèle faisant autorité [5].
Ivančić va droit à l'essentiel : non seulement les étudiants ont-ils démontré pendant presque un an la possibilité dans la pratique d'un nouveau modèle de démocratie participative voire directe, mais ils continuent de révéler à quel point le modèle parlementaire capitaliste est corrompu, non démocratique et directement opposé aux intérêts de tous hormis d'une minorité. Un argument central que les étudiants ont mis en avant, et qui annule largement le fond de la doctrine du projet étatique des nationalistes - l'indépendance financière basée sur la gestion de ses propres ressources - est qu'en rejoignant l'UE, l'Etat national renonce à de larges pans des droits et des avantages dont la vaste majorité des citoyens avaient disposé sous le socialisme yougoslave international.
Violence financière
L'image en rose que les révolutionnaires néolibéraux ont peinte ces trentes dernières années, qui a directement pesé avec violence sur le sort de la Croatie et de la Yougoslavie, s'est éteinte avec le crash financier de l'année 2008. La logique est d'une simplicité presque douloureuse : si l'Etat n'était pas intervenu sur les marchés avec d'énormes quantités d'argent, en nationalisant de fait d'énormes pans du secteur financier, il se serait écroulé. Dans une interview datant de l'été 2003, Alistair Darling, ministre des finances du Royaume-Uni, a admis que durant le wee-kend le plus critique en 2008 le Royaume-Uni avait été sur le point de voir deux de ses quatre plus grosses banques fermer leurs distributeurs de billets le lundi matin [6] [7]. Jamais je n'ai vu ce point autant se rapprocher s'agissant de toutes ses conséquences. Soudain deux des quatre plus grandes banques ont cessé de fournir des liquidités, je ne suis pas sûr que la suite des événements eût été pacifique.
Ce fut un scénario qui a fortement joué dans l'effondrement de la Yougoslavie, ainsi que dans les désordres sociaux et les guerres dans d'autres pays faisant l'objet de la violence néolibérale : la violence physique est précédée par la violence financière. Les conditions imposées par le Fonds monétaire international (FMI) à la Yougoslavie au début des années quatre-vingt afin qu'elle rembourse ses dettes donnèrent leur élan aux groupes nationalistes, et finalement les aidèrent à réclamer leur part du pouvoir, en transformant avec opportunisme leur nationalisme en un projet anti-social. L'Etat yougoslave fut incapable de faire face à la violence financière : il s'est écroulé dans la guerre menée par les nationalistes profitant de l'instant de crise, exploitant la longue période où les citoyens avaient dû faire la queue pour les biens de première nécessité tels le pain et le lait, suite à l'incapacité de la direction yougoslave de se défendre contre les pressions du FMI. Au début des années 2000, après une décennie de destruction systématique et de vol de l'économie du pays par le gouvernement croate et ses complices criminels, la Croatie a bradé l'entièreté de son système bancaire, récoltant ainsi les louanges de l'UE pour sa privatisation et pour avoir "libéralisé" 94% du secteur financier [8]. La Croatie a ainsi répété les erreurs de la Yougoslavie socialiste durant les années 80 : incapable de se défendre contre les attaques financières impérialistes, elle s'est considérablement affaiblie, en réduisant les possibilités que l'Etat intervienne en temps de crise. Bien que les décisions prises par Rohatinski, le gouverneur de la Banque nationale de Croatie, puissent être perçues comme la preuve que l'Etat croate a encore les moyens de se défendre sur le plan écononomique interne face aux turbulences financières extérieures, le pire est encore à venir pour l'économie croate.
Un rapport récent rédigé par la Banque nationale d'Autriche dépeint sous des couleurs déprimantes la dette qui se gonfle rapidement et la production en chute [9]. La dette extérieure croate tournait autour des 10 milliards d'euros en 2000 ; à la fin de l'année 2009 elle avait dépassé les 42 milliards d'euros, se rapprochant ainsi des 100% du PIB. Pour décrire à quel point le système bancaire a été bradé : la Splitska Banka, la troisième plus grosse banque croate, fut évaluée à 150 millions d'euros au moment de sa vente à ses premiers propriétaires privés en 2000. Lorsque la banque fut vendue à son propriétaire actuel pour un milliard d'euros en 2006, ses actifs étaient estimés à environ 3,2 milliards d'euros [10]. Entre 1993 et 2002, à peu près 75% des investissements étrangers furent "liés à des projets de privatisation, principalement dans les secteurs de la banque, des télécommunications et pharmaceutique". En d'autres termes, ce ne fut pas de l'investissement mais une braderie d'actifs massivement sous-évalués ayant été accumulés sous le socialisme. Pire encore, le système bancaire fut purgé des mauvaises dettes avant d'être vendu, "restructuré et consolidé" au prix élevé de 5,6 milliards d'euros (15 milliards d'euros selon les débats au Parlement croate), dépassant largement le prix pour lequel les banques furent vendues. La "privatisation" constitua une série d'actes criminels commis par les dirigeants du pays.
L'histoire de la violence financière, imposée de l'extérieur, mais acceptée et exécutée de l'intérieur, est l'histoire d'une erreur répétée - dans les années 80 en Yougoslavie et au début du 21ème siècle en Croatie - sans que les élites au pouvoir n'en aient retenu la moindre leçon, du moins jusqu'à présent. Une façon honnête de revenir sur l'occupation des facultés par les étudiants en Croatie est de s'élever contre la violence, contre le néolibéralisme, l'impérialisme et le capitalisme, et en faveur de nouveaux projets égalitaires, basés non pas sur les modèles militaristes hiérarchiques et représentatifs du 20ème siècle (le parti politique, le parlement, les syndicats), mais sur les modèles de démocratie directe, à commencer sur les lieux de travail.
Témoins et instruits des échecs passés, il est peu de gens qui ont autant à dire sur ce sujet que les habitants de l'ex Yougoslavie. L'autogestion yougoslave fut un effort hardi quoique avorté dont la réévaluation théorique n'a que trop tardé. Les technologies de l'autogestion et de la démocratie directe n'existaient pas à l'époque pour rendre efficace un tel modèle participatif, ouvert, transparent ou responsable, envers ses sujets politiques égaux et la société en général. Les actions des étudiants croates montrent que les moyens de communication et d'organisation (autant que les moyens de produire des discours et des organisations) dont nous disposons aujourd'hui offrent un nouvel ensemble de structures et de processus d'organisation directement démocratiques - blogs, listes de diffusions, sessions plénières, groupes de travail - tout cela utilisé sans organes représentatifs. Cependant, pour les rendre efficaces, nombre de décisions politiques stratégiques, nourries par l'application de la théorie aux situations concrètes dans lesquelles l'intervention se déroule, doivent être prises et surtout exécutées avec discipline.
Un des groupes de travail les plus actifs, et peut-être le plus important s'agissant de l'aspect politique des occupations étudiantes, est celui pour "la diffusion des idées et la mise en pratique de la démocratie directe". Ses taches premières ont jusqu'à présent été de prendre part à l'écriture, l'impression et la distribution de la Foire aux questions des Travailleurs et des Paysans, en se rendant à des grèves et dans des usines occupées par les travailleurs, en tenant des conférences sur la démocratie directe dans les établissements supérieurs. Le travail de tous ceux impliqués dans cette initiative étudiante donne un rôle historique à ces organes étudiants représentatifs. En même temps, au moyen d'actions et de décisions stratégiques très intelligentes, disciplinées et reposant sur une solide base théorique, les étudiants ont introduit dans le discours public l'idée du démantelement de la Croatie par les capitalistes néolibéraux, quelque chose de difficilement imaginable en 2008.
Non seulement les étudiants croates en révolte méritent-ils notre soutien sans réserve et nos critiques bienveillantes, mais ce serait une opportunité manquée pour la gauche anticapitaliste que de ne pas se joindre à leur travail, l'étudier et le réutiliser judicieusement dans d'autres contextes. Une approche fondamentale dans beaucoup d'arts martiaux est d'utiliser la force dans le champ de la lutte : il est souvent préférable de ne pas s'opposer frontalement à une force dirigée contre soi, mieux vaut la contenir et la rediriger contre l'ennemi. Badiou, Negri et Žižek insistent sur le fait que l'idée du communisme doit être repensée, en dehors des formes usées des partis et des syndicats. Les étudiants en Croatie ont montré la façon de s'y prendre : audace, démocratie directe et stratégie ouverte.
par Toni Prug
publié à l'origine dans Radical Philosophy
Références :
1. Ćurković S. Tranzicija i solidarnost [Internet]. H-Alter. 2009 Oct 13 [cited 2010 May 3]; disponible depuis : http://www.h-alter.org/vijesti/ljudska-prava/tranzicija-i-solidarnost
2. Free Faculty of Humanities and Social Sciences. The Occupation Cookbook [Internet]. 2010 [cité le 3 mai 2010]; disponible depuis : http://slobodnifilozofski.org/?p=1901
3. Free Faculty of Humanities and Social Sciences. About the independent student initiative for the right to free education [Internet]. 2010 [cité le 3 mai 2010]; Disponible depuis : http://slobodnifilozofski.org/?page_id=2
4. Free Faculty of Humanities and Social Sciences. The Occupation Cookbook: CODE OF CONDUCT DURING THE STUDENT CONTROL OF THE FACULTY OF HUMANITIES AND SOCIAL SCIENCES [Internet]. 2010 [cité le 3 mai 2010]; disponible depuis : http://slobodnifilozofski.org/?p=1915/#28
5. Ivančić V. Invisible Terror [Internet]. 2009 Apr 27 [cité le 3 mai 2010]; disponible depuis http://bit.ly/b0pUBW http://www.slobodnifilozofski.bloger.hr/post/ekskluzivno-za-sf-blog–novi-tekst-viktora-ivancica-s-prvenstvom-objave/1391712.aspx
6. Riddell M. Alistair Darling: Tensions with No 10 are inevitable … healthy or unhealthy [Internet]. Telegraph.co.uk. 2009 Dec 12 [cité le 3 mai 2010]; disponible depuis : http://www.telegraph.co.uk/news/newstopics/politics/labour/6793082/Alistair-Darling-Tensions-with-No-10-are-inevitable-…-healthy-or-unhealthy.html
7. Treanor J. Cash machines were monitored every hour during banking crisis [Internet]. The Guardian. 2009 Oct 11 [cité le 3 mai 2010]; disponible depuis : http://www.guardian.co.uk/business/2009/oct/11/banking-crisis-one-year-on
8. COMMISSION OF THE EUROPEAN COMMUNITIES. Opinion on Croatia’s Application for Membership of the European Union [Internet]. Brussels: 2004. Disponible depuis : http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=CELEX:52004DC0257:EN:NOT
9. Austrian Nationalbank. Recent Economic Developments in selected CESEE Countries [Internet]. Austrian Nationalbank; 2009 [cité le 3 mai 2010]. Disponible depuis : http://www.oenb.at/en/geldp_volksw/zentral_osteuropa/recent_economic_developments.jsp
10. Maxian S, Demel W. CEE Banking Sector Report [Internet]. Vienna, Austria: RZB Group; 2006 [cité le 4 mai 2010]. Disponible depuis : http://www.rzb.at/eBusiness/services/resources/media/1023296711504-1024688546430_1025308745143-339289253098791970-1-NA-DE.pdf
Toni Prug : Student Control Over the Faculty in Croatia
Nous, nous construisons Dodik, qui lui de son côté construit des monuments
Le Premier ministre de la Republika Srpska, Milorad Dodik, le président du HDZ-BiH, Dragan Čović, et l'évêque du diocèse de Banja Luka, Franjo Komarica, ont convenu que le monument dédié au pape serait construit à Banja Luka. Marinko Čavara, vice-président du HDZ-BiH, qui a assisté à la réunion organisée à Banja Luka pour marquer la venue il y a sept ans du Pape dans cette ville et à Petrićevac, a déclaré pour le journal "Dnevni list" que, selon l'idée actuelle, le monument devrait être construit à Petrićevac.
Il arrive parfois que, frappé par les nouvelles provenant de Bosnie-Herzégovine, l'individu se demande si le Premier ministre de la Republika Srpska a autre chose à faire que de créer des problèmes dans ce pays ? Si l'on devait énumérer toutes les vastes initiatives que lui et ses bénis-oui-oui ont lancées depuis le début de l'année, la conclusion serait fort simple. Il n'y en a pas. Une telle politique vide n'est faite que pour lui plaire, parce que de son côté le peuple ne l'a pas élu pour ça. Au contraire il l'a choisi pour lui assurer un travail, ne pas avoir à faire la manche dans la rue, ne pas avoir à fouiller les poubelles... Mais Milorad, lui, n'y voit rien d'essentiel. Soyons réaliste, le plus important est de conserver le pouvoir. S'il venait à le perdre, il est fort probable qu'il serait rattrapé par les accusations de corruption qui lui pendent déjà au bout du nez. Pareil pour son collègue Dragan Čović, l'homme qui traîne le plus grand nombre d'accusations pour un politicien en Bosnie-Herzégovine (et la même quantité d'acquittement). Et ce n'est pas qu'il n'a pas eu les doigts dans le gâteau.
Ces deux frères de métier se saluent toujours l'un l'autre fort chaleureusement, peut-être pensent-ils qu'ensemble ils sont plus fort, quoique personne ayant un peu de jugeotte ne s'y laisse prendre. Pour qui applique la politique du fauteuil à préserver encore faut-il avoir un ennemi ; pour un Serbe et pour un Croate (les deux seules qualités que nos deux compères prennent à coeur de souligner), il est évident que l'ennemi ne peut être que Sarajevo. C'est ainsi que ces jours-ci, Dodik, après avoir donné cinq petits millions de marks pour acheter des journaux qui de toutes façons lui appartiennent, a décidé de distribuer de l'argent pour qu'à Banja Luka soit construit le monument dédié au Pape Jean-Paul II. Si quelqu'un se demande ce que ce monument viendrait faire dans la ville sur la Vrbas*, il existe une réponse. Défier Sarajevo. En effet, dans la capitale de la Bosnie il a été annoncé que serait érigé un monument dédié au Pape Jean-Paul II en face de la cathédrale dans le centre-ville. Cela a suscité une vague de protestations au point que certains ont annoncé que le monument serait détruit au cas où il serait installé. Et bien entendu, qui s'est trouvé là pour offrir un coup de main dans la lutte contre Sarajevo l'ennemie ? Le grand chef.
Comme l'écrit le portail Sarajevo-x, le Premier ministre de la Republika Srpska, Milorad Dodik, le président du HDZ-BiH, Dragan Čović, et l'évèque du diocèse de Banja Luka, Franjo Komarica, ont convenu que le monument dédié au Pape serait construit à Banja Luka. Marinko Čavara, vice-président du HDZ-BiH, qui a assisté à la réunion organisée à Banja Luka pour marquer la venue il y a sept ans du Pape dans cette ville et à Petrićevac, a déclaré pour le journal "Dnevni list" que, selon l'idée actuelle, le monument devrait être construit à Petrićevac.
"L'évêque Komarica a accepté avec enthousiasme cette initiative de Čović et le soutien de Dodik. Immédiatement ils ont annoncé qu'allaient être mis en route l'avant-projet et la création d'un comité d'organisation dans lequel figureraient trois personnes", a déclaré Čavara.
Pour qu'on se comprenne bien, dans cette histoire l'essentiel n'est pas tant de savoir si c'est la ville de Sarajevo ou celle de Banja Luka qui nécessite un tel monument. La question est de savoir pourquoi Milorad Dodik en a-t-il besoin et d'où tire-t-il l'argent pour une telle entreprise ? Mais, à propos, si après tous les sanctuaires que l'on a déjà construits dans ce pays la place commence à manquer et que les gens dotés d'une âme de bâtisseur n'ont plus d'espace que pour installer des monuments, alors pourquoi ne pas commencer avec les vrais héros de cette fichue guerre ? En premier lieu avec Srđan Aleksić ?
* rivière coulant aux abords de Banja Luka
Source : e-novine.com, le 24 juin 2010.
Mais qui est Borislav Škegro ?
En Croatie comme ailleurs une poignée d'analystes économiques ou financiers ont actuellement le dernier mot sur tous les sujets. Pourquoi et en vertu de quoi ? Nous ne le savons pas. Deux choses sont sûres : la source de leur pouvoir n'est pas démocratique et ils ont les médias à leurs pieds. Parmi ces analystes, le plus présent et le plus influent est certainement Borislav Škegro. Ancien ministre des finances sous le gouvernement de Zlatko Mateša, il est l'actuel conseiller économique de la Premier ministre Jadranka Kosor. Sans cesse consulté et courtisé, on peut dire de lui qu'il fait la pluie et le beau temps en Croatie.
Mais voyons un peu qui est Borislav Škegro à partir de quatre sources parfois anciennes mais encore en ligne :
Admises avec de fortes réticences au sein du Conseil de l'Europe, les autorités croates, désormais, n'ont de cesse de répéter à leurs interlocuteurs occidentaux qu'elles ont définitivement rompu avec les moeurs balkaniques, qu'elles sont mûres pour obtenir enfin leur billet d'entrée dans toutes les grandes institutions, politiques ou financières, internationales. Mais, sur le terrain, quelques serviteurs sans doute trop zélés continuent de multiplier les maladresses du plus mauvais effet. Edita Vlahovic, journaliste à «Novi List», le quotidien de Rijeka, également sur la liste noire, est bien placée pour le savoir. Pour avoir déplu au vice-Premier ministre Borislav Skegro, elle s'est vue menacer à la sortie d'une réunion du gouvernement. Avec un revolver brandi sous son nez... [1]
Les pays des Balkans rivalisent d'offensives de charme pour séduire les investisseurs étrangers réunis depuis ce week-end à Londres à l'assemblée générale de la Berd, la banque européenne chargée d'aider les anciens pays de l'Est dans leur transition vers l'économie de marché. La palme revient haut la main au vice-Premier ministre croate, Borislav Skegro, de loin le plus charmeur, mais aussi de loin le plus menteur par omission. Sa présentation, devant un parterre de trois cents investisseurs occidentaux, avait pourtant mal démarré, lundi soir, avec une vidéo" en panne. Le drapeau croate a flotté dans le vide sur l'écran pendant cinq minutes sous les applaudissements amusés du public. Le vice-Premier ministre ne s'est pas démonté pour autant, vantant une inflation ramenée à 3,5% par an en 1996 (contre plus de 50% par mois en 1993). La croissance fait aussi bonne figure: 6,5% en 1996 et 5,7% prévu cette année, alors qu'elle était négative jusqu'en 1993. Même les réserves du pays en devises sont rondelettes: 2,5 milliards de dollars. Le déficit budgétaire est contenu: 2,6% du PIB cette année. Bref tout irait pour le mieux dans ce pays qui ignore l'impôt sur le capital, si les chiffres étaient des vérités absolues.
Borislav Skegro avoue ainsi un chômage à 10% de la population active, alors que les institutions internationales s'accordent sur le double. Et s'il vante fièrement un programme de privatisation bien avancé, avec deux tiers des entreprises croates privatisées, il ne s'étend pas sur les conditions dans lesquelles les privatisations se sont effectuées, et qui ont, selon l'opposition, permis de concentrer le pouvoir dans les mains des amis politiques. [2]
Le ministre de plus sinistre mémoire au sein du gouvernement démissionnaire de Zlatko Mateša était le ministre des Finances Borislav Škegro. Dans leur pays les Croates s'en souviennent par ses impôts draconiens et par leurs sincères voeux de citoyens pour qu'il "brûle en enfer dans les pires tourments". Après ces élections, Škegro n'a plus retrouvé son siège au Parlement, et pour l'heure il visite l'Eglise Saint Pierre à Rome dans une énigmatique tournée dans les Etats pontificaux où personne ne l'a invité, pas plus que quelqu'un de l'ancien ou actuel gouvernement ne l'y a envoyé. [3]
- Si Borislav Škegro n'a pas été réélu depuis une décennie, on pourrait en déduire que les citoyens croates n'ont pas vraiment besoin de lui ni de ses services. Cela n'y change rien puisque suite à la terrible dérive que l'on connait le véritable pouvoir est devenu d'ordre financier et non plus démocratique... Dans le livre en anglais "Doing Business with Croatia" publié par Marat Terterov et Višjna Bojanić, on signale aux investisseurs désireux de placer leur argent en Croatie :
Treća Sreća (La Troisième chance) est le consortium constitué de l'opérateur suédois Tele2 et de neuf compagnies croates - Dalekovod (promoteur immobilier), Jamnica (spécialiste des boissons), FIMA Holding (société de portefeuille), Croatia osiguranje (principale société d'assurance croate), Nexe grupa (agence pour le commerce), Konstruktor inženering (entreprise industrielle), Lura (industrie laitière), Institut građevinarstva hrvatske (entreprise de construction) et Privredna banka Zagreb (la deuxième banque croate par sa taille). A la tête de Treća sreća on trouve Borislav Škegro, ancien ministre des Finances et directeur de Questus Investment Fond, qui a rassemblé les compagnies ci-dessus mentionnées. [4]
- On voit donc que Borislav Škegro, l'homme qui visite les églises, n'a pas trop pâtit de la brutale privatisation qu'il a lui-même menée à la fin des années 90. A la tête de ses fonds d'investissement et assis sur un confortable matelas financier, il n'y a pas de raison pour que les médias lui résistent ni pour que la Premier ministre Jadranka Kosor ne nourrisse le plus grand respect envers chacune de ses nouvelles décisions.
***
[1] Croatie : le gouvernement fait la chasse au Feral Tribune, http://www.lesoir.be/, le 3 mai 1997.
[2] Les Balkans vantent leur charme. Les pays de l'ex-Yougoslavie veulent attirer les investisseurs, http://www.liberation.fr/, le 16 avril 1997.
[3] Februarska čištka (Nettoyage de février), http://www.nin.co.rs/, le 13 janvier 2000. "Najozloglašeniji ministar vlade premijera u ostavci Zlatka Mateše bio je ministar finansija Borislav Škegro. U kućnom, hrvatskom krugu ostao je zapamćen po drakonskim porezima i iskrenim željama građana da "gori u paklu u najstrašnijim mukama". Posle ovih izbora, Škegro nije ni ušao u parlament, a momentalno obilazi crkvu Sv. Petra u Vatikanu u zagonetnoj poseti papinskoj državi u koju ga niko nije zvao, niti ga je neko iz bivše ili sadašnje vlasti tamo poslao."
[4] Marat Terterov, Višnja Bojanić, Doing Business with Croatia, GMB Publishing Ltd, 2005, p 169. "Treća sreća (Third time is the Charm) is the consortium consisting of the Swedish operator Tele2 and nine Croatian companies - Dalekovod (construction ingineering), Jamnica (beverage industry), FIMA Holding (investment holding company), Croatia osiguranje (the largest insurance company), Nexe grupa (construction materials company), Konstruktor-inženjering (construction company), Lura (dairy industry), Institut građevinarstva Hrvatske (Institute for Construction) and Privredna banka Zagreb (the second largest Croatian bank). The head of Treća sreća consortium is Borislav Škegro, former Minister of Finance, and the director of Questus Investment Fund, who gathered thogether the aforementioned Croatian companies."
Les homophobes ont tenté au moyen d'une fausse alerte d'interrompre la promotion d'un livre
Hier soir à Belgrade, vers 23h00, une nouvelle fausse alerte à la bombe a eu lieu par laquelle des personnes inconnues ont tenté d'interrompre la promotion du livre "Antifascisme et action directe" du collectif Kvir Beograd (Queer Belgrade). La méthode violente éprouvée dont use les homophobes n'a pas eu les résultats escomptés étant donné que la police avait effectué un contrôle préventif avant la réunion et qu'il était clair qu'il s'agissait d'une fausse alerte. Les organisatrices ont refusé d'interrompre le programme pour se soumettre à un contrôle supplémentaire, aussi la promotion s'est-elle poursuivie quoiqu'en présence de renforts policiers.
Rappelons qu'il s'agit de la seconde fausse alerte à la bombe lors d'une réunion de la population LGBT à Belgrade ce mois-ci. Les agressions homophobes toujours plus fréquentes et les intimidations ne pourront mettre un terme aux activités du mouvement LGBT. Elles ne font que pointer la nécessité pour la société et l'Etat de s'attaquer plus sérieusement au problème de la violence croissante.
Homofobi lažnom dojavom pokušali da prekinu promociju knjige
Sinoć oko 23h, u Beogradu se desila se još jedna lažna dojava o bombi kojom su za sada nepoznata lica bezuspešno pokušala da prekinu promociju knjige „Antifašizam i direktna akcija" kolektiva Kvir Beograd (Queer Beograd). Oprobana nasilnička metoda homofoba nije urodila plodom, obzirom na to da je policija pre početka skupa izvršila kontradiverzionu kontrolu, te je bilo jasno da se radi o lažnoj dojavi. Organizatorke su odbile da prekinu program radi još jedne kontrole, a promocija je nastavljena uz pojačano prisustvo policije.
Podsećamo da je ovo druga lažna dojava o bombi na skupovima LGBT populacije u Beogradu ovog meseca. Učestali homofobični napadi i zastrašivanja svakako neće zaustaviti aktivnosti LGBT pokreta, već samo ukazuju na potrebu da se društvo i država moraju ozbiljnije pozabaviti problemom eskalirajućeg nasilja.
Source : kontra-punkt.info, le 21 juin 2010.
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