Nous, nous construisons Dodik, qui lui de son côté construit des monuments
Le Premier ministre de la Republika Srpska, Milorad Dodik, le président du HDZ-BiH, Dragan Čović, et l'évêque du diocèse de Banja Luka, Franjo Komarica, ont convenu que le monument dédié au pape serait construit à Banja Luka. Marinko Čavara, vice-président du HDZ-BiH, qui a assisté à la réunion organisée à Banja Luka pour marquer la venue il y a sept ans du Pape dans cette ville et à Petrićevac, a déclaré pour le journal "Dnevni list" que, selon l'idée actuelle, le monument devrait être construit à Petrićevac.
Il arrive parfois que, frappé par les nouvelles provenant de Bosnie-Herzégovine, l'individu se demande si le Premier ministre de la Republika Srpska a autre chose à faire que de créer des problèmes dans ce pays ? Si l'on devait énumérer toutes les vastes initiatives que lui et ses bénis-oui-oui ont lancées depuis le début de l'année, la conclusion serait fort simple. Il n'y en a pas. Une telle politique vide n'est faite que pour lui plaire, parce que de son côté le peuple ne l'a pas élu pour ça. Au contraire il l'a choisi pour lui assurer un travail, ne pas avoir à faire la manche dans la rue, ne pas avoir à fouiller les poubelles... Mais Milorad, lui, n'y voit rien d'essentiel. Soyons réaliste, le plus important est de conserver le pouvoir. S'il venait à le perdre, il est fort probable qu'il serait rattrapé par les accusations de corruption qui lui pendent déjà au bout du nez. Pareil pour son collègue Dragan Čović, l'homme qui traîne le plus grand nombre d'accusations pour un politicien en Bosnie-Herzégovine (et la même quantité d'acquittement). Et ce n'est pas qu'il n'a pas eu les doigts dans le gâteau.
Ces deux frères de métier se saluent toujours l'un l'autre fort chaleureusement, peut-être pensent-ils qu'ensemble ils sont plus fort, quoique personne ayant un peu de jugeotte ne s'y laisse prendre. Pour qui applique la politique du fauteuil à préserver encore faut-il avoir un ennemi ; pour un Serbe et pour un Croate (les deux seules qualités que nos deux compères prennent à coeur de souligner), il est évident que l'ennemi ne peut être que Sarajevo. C'est ainsi que ces jours-ci, Dodik, après avoir donné cinq petits millions de marks pour acheter des journaux qui de toutes façons lui appartiennent, a décidé de distribuer de l'argent pour qu'à Banja Luka soit construit le monument dédié au Pape Jean-Paul II. Si quelqu'un se demande ce que ce monument viendrait faire dans la ville sur la Vrbas*, il existe une réponse. Défier Sarajevo. En effet, dans la capitale de la Bosnie il a été annoncé que serait érigé un monument dédié au Pape Jean-Paul II en face de la cathédrale dans le centre-ville. Cela a suscité une vague de protestations au point que certains ont annoncé que le monument serait détruit au cas où il serait installé. Et bien entendu, qui s'est trouvé là pour offrir un coup de main dans la lutte contre Sarajevo l'ennemie ? Le grand chef.
Comme l'écrit le portail Sarajevo-x, le Premier ministre de la Republika Srpska, Milorad Dodik, le président du HDZ-BiH, Dragan Čović, et l'évèque du diocèse de Banja Luka, Franjo Komarica, ont convenu que le monument dédié au Pape serait construit à Banja Luka. Marinko Čavara, vice-président du HDZ-BiH, qui a assisté à la réunion organisée à Banja Luka pour marquer la venue il y a sept ans du Pape dans cette ville et à Petrićevac, a déclaré pour le journal "Dnevni list" que, selon l'idée actuelle, le monument devrait être construit à Petrićevac.
"L'évêque Komarica a accepté avec enthousiasme cette initiative de Čović et le soutien de Dodik. Immédiatement ils ont annoncé qu'allaient être mis en route l'avant-projet et la création d'un comité d'organisation dans lequel figureraient trois personnes", a déclaré Čavara.
Pour qu'on se comprenne bien, dans cette histoire l'essentiel n'est pas tant de savoir si c'est la ville de Sarajevo ou celle de Banja Luka qui nécessite un tel monument. La question est de savoir pourquoi Milorad Dodik en a-t-il besoin et d'où tire-t-il l'argent pour une telle entreprise ? Mais, à propos, si après tous les sanctuaires que l'on a déjà construits dans ce pays la place commence à manquer et que les gens dotés d'une âme de bâtisseur n'ont plus d'espace que pour installer des monuments, alors pourquoi ne pas commencer avec les vrais héros de cette fichue guerre ? En premier lieu avec Srđan Aleksić ?
* rivière coulant aux abords de Banja Luka
Source : e-novine.com, le 24 juin 2010.