La Croatie souhaite plus d'investissements suisses
En visite à Berne, le Premier ministre croate Ivo Sanader a rencontré mardi Pascal Couchepin et la ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey. Le Président de la Confédération en a profité pour remercier la communauté croate de Suisse pour sa "contribution à la prospérité du pays".
Il s'agit du premier voyage officiel en Suisse d'un président ou d'un Premier ministre croate. "Il est bon que cette visite ait lieu", s'est réjoui Pascal Couchepin, soulignant les liens forts qui unissent les deux pays. Environ 45.000 Croates vivent en Suisse.
Ivo Sanader a lui insisté sur l'importance pour le développement économique de son pays des nombreux touristes suisses qui passent leurs vacances en Croatie. Il a aussi invité les entrepreneurs suisses à investir davantage dans son pays.
Pascal Couchepin et Ivo Sanader ont salué les "très bonnes" relations bilatérales entre les deux pays, tout en souhaitant leur intensification sur le plan économique. Un accord sur la libéralisation du transport aérien sera prochainement signé, a indiqué le président de la Confédération.
La Croatie et le deuxième partenaire commercial de la Suisse en Europe du Sud-Est. Un accord de libre-échange entre Zagreb et Berne est en vigueur depuis 2002.
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Source : swissinfo.ch. le 4 novembre 2008.
Serbie : A Sremski Karlovci ouverture d'un site pour la fabrication de panneaux solaires
A Sremski Karlovci a été ouvert il y a quelques jours un site de production de la firme KM Mont pour la fabrication de panneaux solaires selon les technologies nouvelles. Sur ce site seront produits des préparateurs d'eau chaude pour l'habitat, les espaces d'affaires et les écoles.
Les produits sont destinés au marché intérieur mais ils seront aussi exportés en Russie et dans les pays environnants. On s'attend à ce que le bénéfice des ventes soit de 600.000 euros pour l'année prochaine, selon les agences de presse.
Pour la construction et l'équipement du site de "KM Mont" à Sremski Karlovci, où seront employés 39 travailleurs, le Secrétariat provincial pour la science et le développement technologique a alloué 30 millions de dinars.
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Source : biznis.ba, le 4 novembre 2008.
Eveline Widmer-Schlumpf en Bosnie-Herzégovine : signature d'accords de réadmission et sur les visas
La Suisse a conclu 2 accords avec la Bosnie-Herzégovine, l'un sur la réadmission des personnes en situation irrégulière, l'autre prévoyant l'octroi facilité de visas. L'octroi facilité de visas favorisera les échanges personnels, culturels et économiques entre les deux pays, a indiqué lundi dans un communiqué le Département fédéral de justice et police (DFPJ). La Suisse et la Bosnie envisagent aussi de mettre en place un "partenariat" en matière de migration. La conseillère fédérale a remis à son homologue un projet de déclaration d'intention.
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Source : tsr.ch, le 4 novembre 2008.
En Croatie l'opération Sabre n'est pas possible
Après 1990, on avait procédé à une épuration ethnique et politique au sein de la police et de la justice en Croatie. La politique de cadre allant de pair avait amené aux postes clés des candidats politiques, des "parents campagnards" et autres médiocrités. Par manque d'une base de données sur le crime organisé et d'un socle dans le renseignement, rien de semblable à l'opération Sabre n'est possible en Croatie, déclare Milos Vasic dans une interview pour le Novi List.
Criminologue de métier, et viscéralement tourné vers le journalisme, Milos Vasic est dans le monde médiatique l'un des meilleurs connaisseurs de la scène criminelle serbe et balkanique. Ce journaliste de l'hebdomadaire Vreme est l'auteur du livre remarqué L'attentat contre Zoran, dans lequel il explique en détail la toile de fond de l'assassinat du Premier ministre serbe Zoran Djindjic.
Pour notre journal il s'exprime sur le meurtre d'Ivo Pukanic, sur les relations entre la scène criminelle serbe et croate, sur l'opération policière Sabre, sur les meurtres commandités...
Est-ce que la vague de violence qui frappe Zagreb vous rappelle la situation qui avait précédé le meurtre de Djindjic à Belgrade ?
D'une certaine manière oui, quoique dans une moindre mesure. Chez nous, c'est tout de même le Premier ministre qui avait été tué, mais la situation psychologique et politique en Croatie me paraît fort semblable. A Belgrade le nombre de meurtres spectaculaires s'était soudain accru vers la fin 2002. Plus tard, nous avons compris qu'il s'agissait d'une réaction de panique de la part du crime organisé et de leurs alliés dans les services secrets (la sécurité de l'Etat), lorsqu'ils s'étaient rendus compte que l'étau se resserrait sur eux et qu'ils étaient sur le point d'être arrêtés. Cet étau qui se refermait était l'opération Svjedok (Témoin), entamée en été 2002, lorsque le repenti majeur Ljubisa Buha Cume avait commencé à "accoucher". Sur base de ses déclarations, mais aussi de preuves et d'indices déjà rassemblés auparavant, la police criminelle avait disposé d'une excellente base de données pour opérer une grande rafle. Celle-ci avait été prévue pour le 13 mars 2003, mais la bande l'avait appris grâce à ses espions parmi le Service [de sécurité] et, dans un ultime élan de panique, elle avait tenté de se sauver, elle et ses contacts, en abattant le Premier ministre. La différence entre les événements que je viens de décrire et la situation actuelle en Croatie réside dans le fait que la police croate a relâché le contrôle sur les grands groupes criminels organisés, en particulier après la fantastique débâcle avec l'organisation criminelle datant de 1999, et le limogeage consécutif des meilleurs policiers (Belina, Dolacki...). Les deux éléments majeurs en la matière sont l'épuration ethnique et politique de la police et de la justice en 1990 ainsi que la politique de cadre allant de pair qui avait amené aux postes clés des candidats politiques, des "parents campagnards" et autres médiocrités avec des passe-droits herzégoviniens et valaques. Au demeurant, le nouveau directeur de la police, Faber, a clairement fait savoir le fond de sa pensée il y a quelques jours.
Ainsi, par manque d'une base de données sur le crime organisé et d'un socle dans le renseignement, rien de semblable à l'opération Sabre en Serbie n'est possible en Croatie.
Dans quelle mesure l'assassinat de quelqu'un impose-t-il des contraintes ? Quelles sont les conditions que le commanditaire doit remplir afin de pouvoir ordonner le meurtre tout en réduisant au minimum les risques d'être arrêté ?
Cela dépend de qui vous voulez assassiner. Ce n'est pas pareil de tuer le postier distribuant les retraites et de tuer Ivana Hodak : dans le second cas il faut compter avec l'exaspération de l'opinion et une pression accrue sur la police. Dans ces deux cas critiques, celui d'Hodak et celui de Pukanic, il en va des motifs. Quelqu'un a dû éprouver une grosse panique pour avoir recours à des mesures aussi dangereuses et drastiques. Reprenons le fil des événements qui débute avec l'extradition de Zagorec. Le fait de tuer Pukanic pas moins de dix jours après l'assassinat d'Hodak, qui avait déjà fait frémir l'opinion, suggère une motivation très forte, pour tout dire une motivation panique : réduire Pukanic au silence à tout prix. Voyez-vous, certains mots clés n'ont pas de prix ! Pukanic savait quelque chose, quelque chose de très important ou que le commanditaire croyait très important, peu importe. Les conséquences du meurtre dans la rue Vlaska [où a été assassiné Ivo Pukanic, N.d.T.] sont énormes et l'on n'imagine guère que le commanditaire n'en était pas conscient : la crise de confiance au sein du pouvoir et de l'Etat, l'exaspération qui en résulte en général pour l'opinion, l'impuissance manifeste de l'Etat, ce qu'aucun Etat n'aime ni ne supporte. Désormais le Gouvernement Sanader doit faire quelque chose et sur le champ, or en pareille situation de détresse il est habituel de faire n'importe quoi - ce qui est le pire choix.
D'un point de vue tactique il faut connaître des experts : pour user d'un pistolet à bout portant, pour le sniper, pour l'engin explosif avec commande à distance, etc. La plupart des organisations "non gouvernementales" sérieuses dans ce domaine disposent déjà de leurs propres experts, mais souvent il est préférable de prendre quelqu'un de l'extérieur, comme nous l'a appris la longue et fructueuse coopération entre les gangsters croates et bulgares. Néanmoins, pour l'instant, nous n'avons aucun indice allant dans la moindre direction.
Est-ce que Pukanic a été tué à cause de ce qu'il écrivait ou est-ce que l'attentat est la conséquence de ses affaires qui n'avaient guère de liens avec le journalisme ?
Je suis persuadé que rien de ce qui ait jamais été publié dans le Nacional n'est la cause de ce meurtre. Pukanic s'est trop démené en jouant le rôle de power-broker dans ce milieu semi-mondain parfois appelé la jet-set de Zagreb. Ce milieu semi-mondain est encore pire - si c'est possible - que celui de Belgrade. Dans le dernier numéro du Nacional ayant été signé par Pukanic, on dénote une nervosité frappante autour du meurtre d'Ivana Hodak : d'un côté est imposée une histoire idiote et contradictoire en soi, selon quoi Ivana Hodak aurait péri dans un meurtre pour la détrousser, et de l'autre Pukanic se plaint dans l'éditorial de la thèse "exagérée" à propos d'une société croate vulnérable et mafieuse.
Pourquoi est-ce que le sommet de l'Etat croate s'efforce de présenter exclusivement la victime Pukanic en tant que journaliste, pourquoi est-ce qu'on place au forceps la thèse qu'il a été tué en raison de ce qu'il écrivait ?
Parce que l'éclaircissement définitif de ces meurtres mènera inévitablement à cette corporation (comme aurait dit Kuljis)[1] que constitue la nouvelle noblesse d'affaires patriotico-parentale qui ne cesse de croître et d'occuper toutes les positions les plus importantes et les plus profitables depuis 1990 à ce jour. Si ça peut vous consoler, nous avons eu le même cas en Serbie - en dépit de l'opération Sabre - et nous l'avons toujours, quoique dans une moindre mesure. Qui de l'Armée croate (HV) et du Conseil croate de défense (HVO)[2] a fabriqué de l'héroïne et de la cocaïne en grandes quantités ? Quels sont les patriotes et les vétérans qui ont été pris la main dans un sac de 600 kilos de coke ? Qui a retenu la main de la police et de la justice lorsqu'elles tenaient dans leurs griffes de gros experts ? Ce malheureux Korade[3] n'est que le fond de la pyramide mais que sont ces acteurs plus sérieux ? Qui et comment s'est inséré dans l'importation d'armes dont pas même les véritables vétérans ne se sont aperçus ? Et ainsi de suite ; les comptes bancaires de Klagenfurt, les diamants, les missiles antiaériens S-300.
Avez-vous des informations sur la collaboration entre la mafia croate et serbe, en d'autres termes à quel point la collaboration entre les criminels devance-t-elle la collaboration entre les polices des deux pays ?
Depuis toujours les mafias collaborent. Pour elles il n'y a pas eu de guerre ; la guerre a été un brillant contexte pour faire progresser le commerce. Nos polices le savent naturellement depuis le début, mais certaines ont des "patriotes" et d'autres des "patriotards", alors que celui qui en a le courage ose les toucher. J'aimerais bien savoir ce qu'est venu chercher le 11 mars 2003 Ico Matekovic chez son comparse Bosko Jovic, qui a l'époque était "major" de l'Unité pour les opérations spéciales ainsi qu'un camarade de Legija ? [4] Et ne parlons même pas des itinéraires qu'empruntent l'héroïne, la cocaïne et les cigarettes.
Est-ce qu'après le meurtre de Pukanic la Croatie devrait mener une action telle que la police serbe l'a fait après le meurtre de Djindjic ? Quels sont les avantages et quelles sont les lacunes si on introduit l'état d'urgence ?
La police devrait le faire, mais elle ne le peut du fait des raisons évoquées ci-dessus. L'état d'urgence est la pire décision, une décision forcée. Il faut avoir la sagesse et la patience de repartir d'un nouveau pied, avec des policiers intègres, courageux et professionnels qui doivent bénéficier du soutien et des encouragements de la politique, de sorte que si l'on en vient à arrêter un général ou un ex-ministre, que personne ne leur barre le chemin et ne leur fasse encourir une action disciplinaire au ministère de l'Intérieur - comme cela s'est déjà produit.
Quelle est la force dont jouit le milieu organisé croate, et qu'en est-il de celui serbe ?
Le milieu croate est maintenant un peu plus fort, justement en raison du succès de Sabre. Mais n'oublions pas qu'ils sont adossés les uns aux autres pour des raisons d'affaires et de géographie : le chemin de l'héroïne, et de plus en plus celui de la cocaïne, passe des uns vers les autres - pour le plus grand profit et bonheur de tous.
Croyez-vous qu'il existe en Croatie la volonté politique d'en finir avec le crime organisé ?
Si elle n'existe pas, il est maintenant temps de l'inventer à tout prix, car du point de vue politique, psychologique et symbolique ces meurtres sont devenus intolérables, non seulement pour le Gouvernement Sanader mais aussi pour tout le pays. La seule issue est de garder son sang-froid et de laisser Simonovic, Karamarko et Faber, ainsi que leurs hommes, faire leur boulot comme il convient, sans crainte ni manoeuvres politiques - plus vite cela prendra fin, d'autant mieux pour nous.
Quels sont les résultats de l'action Sabre ? Est-ce qu'entre temps de nouvelles organisations criminelles se sont constituées en Serbie ?
Les résultats ont été sensationnels, mais uniquement - je le répète - parce que la police savait déjà à l'époque qui est-ce qu'il fallait soulever de terre et secouer, et à quelles fins. En langage informatique, l'opération Sabre a réinitialisé la scène du crime organisé et elle a offert à la police et à l'Agence pour la Sécurité et le Renseignement plusieurs pas d'avance sur les criminels. Pour l'instant elles maintiennent cet avantage avec pas mal de succès tel que cela ressort des statistiques sur les saisies et les arrestations.
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[1] Denis Kuljis est un journaliste croate.
[2] HVO : le Conseil croate de défense = armée de la République de Herceg-Bosna.
[3] L'ancien général Ivan Korade, qui fut l'un des chefs de l'armée croate pandant la guerre de 1991 à 1995, s'est suicidé le 3 avril 2008. Soupçonné de quatre meurtres et en fuite depuis une semaine, il s'était donné la mort pour échapper aux mains de la police. Le dispositif déployé pour le retrouver était conséquent : près de 500 policiers et plusieurs hélicoptères étaient à la poursuite du général manchot. Finalement cerné dans sa maison, il a tué un policier avant de se suicider.
[4] Milorad Ulemek Legija est considéré comme le cerveau de l'assassinat du Premier ministre Zoran Djindjic.
Source : H-alter, le 3 novembre 2008.
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