Le déclin de la presse écrite
La catastrophe des journaux quotidiens en Croatie est confirmée par les chiffres impitoyables rendus accessibles au public au travers des rapports financiers : un seul journal, le "24 sata", a connu une année prospère.
La crise globale, ayant fortement réduit les budgets publicitaires, a frappé l'industrie de la presse écrite déjà mal en point et subissant la pression des contenus gratuits qu'offrent les portails internets. A en juger par les résultats, seul le tabloïd
24 sata ne s'est pas écarté de la recette du succès, qui passe par un bon modèle commercial et par une claire politique rédactionnelle.
Le journal
24 sata, qui a l'instar du
Večernji list est détenu par le groupe autrichien Styria , a réalisé un bénéfice de 50,4 millions de kunas en 2009, ce qui réprésente une dizaine de millions de kunas de plus par rapport à l'année précédente. Le résultat d'exploitation a également augmenté, passant à 271,5 millions de kunas. Les recettes issues directement de la vente du journal se sont chiffrées à 141,2 millions de kunas et sont restées pratiquement inchangées par rapport à 2008, malgré que le tirage moyen quotidien ait enregistré une baisse de 10% en 2009. Pour obtenir le même résultat, il aura suffi de vendre 163.000 exemplaires par jour en comptant sur un prix de vente qui est passé de trois à quatre kunas.
Son frère aîné, le
Večernji list, également détenu par le groupe Styria, a conclu l'année écoulée avec une perte de 29,6 millions de kunas. Le résultat d'exploitation est également en baisse, passant à 286 millions de kunas. Le tirage moyen quotidien a reculé de 11%, tout en se maintenant à un chiffre honnête de 75.000 exemplaires, tandis que les recettes dégagées par les ventes du journal sont tombées à 141,3 millions de kunas. De même que dans le cas du
24 sata, la recette des ventes est compensée par un changement du prix. Le
Večernji list enregistre également un baisse de 20% des recettes publicitaires, alors qu'en revanche le journal
24 sata a bondi de 6%.
Les rapports financiers des autres journaux ne sont pas aussi détaillés que dans le cas des éditions du groupe Styria. C'est ainsi que seul le
Novi list publie des données sur les ventes moyennes quotidiennes, avec un recul de 11% en 2009, pour tomber à 31.000 exemplaires vendus. Les comptes non consolidés pour la société
Novi list d.d. montrent une perte annuelle de 12,8 millions de kunas, alors que le résultat d'exploitation avoisine les 146 millions de kunas.
Les comptes non consolidés de la société
Slobodna Dalmacija d.d., une firme détenue par le groupe EPH, révèlent que les pertes, qui en 2008 s'était élevées à 10,6 millions de kunas, grimpent désormais à 12,9 millions de kunas. La société
Slobodna Dalmacija, de même que son homologue
Novi list, ne sépare pas le journal
Slobodna Dalmacija de ses autres éditions, mais il est clair que les recettes principales de l'entreprise proviennent bel et bien de son journal quotidien. Le résultat d'exploitation de la société
Slobodna Dalmacija d.d. est tombé à 195,7 millions de kunas. Dans les explications sur le résultat, la direction du
Slobodna Dalmacija évoque la crise qui a entraîné une chute des ventes alors que les principaux annonceurs ont été jusqu'à réduire de 25% leurs budgets, sans qu'il eût été possible d'influer à court terme sur la majorité des coûts, tels que le prix du papier et les coûts des travailleurs.
La plus grosse société d'édition croate, Europapress holding, qui avait subi une perte de 22 millions en 2008, n'a pas encore publié son rapport financier pour l'année écoulée. En revanche ont été publiés les résultats des tirages du journal
Jutarnji list et de l'hebdomadaire
Globus, de la firme EPH Media, qui a subi l'année dernière une perte de 275.000 kunas. Etant donné que l'ensemble du groupe avait affiché une perte substantielle l'année dernière, il est curieux que leur principal produit médiatique, le
Jutarnji list, n'ait subi qu'une perte relativement faible en 2009. Cela d'autant plus qu'en mars de cette année les copropriétaires d'EPH ont recapitalisé la firme à hauteur de 86,4 millions de kunas afin de couvrir les pertes.
Le résultat d'exploitation du groupe EPH Media s'est élevé à 148,5 millions de kunas, dont 82 millions grâce à la vente des publications, ce qui signifie que les recettes du
Jutarnji list sont presque deux fois moindres que celles du
Večernji list. Cela vaut également pour les publicités : EPH media en a retiré 63 millions de kunas, presque deux fois moins que le
Večernji list avec 113 millions de kunas.
Source :
e-novine.com, le 27 juillet 2010.
Commentaires