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Ils se sont enivrés, ont ouvert le feu puis ont fini par être arrêtés. C'est une dispute ayant pour objet une femme qui a permis à la police d'être sur le point de résoudre une série d'attentats et d'autres crimes graves perpétrés dans la région. 　

Il a été découvert qu'ils ont utilisé deux appartements à Lanište, dans lesquels des traces ont été retrouvées indiquant clairement que Cvetko Simić y a également séjourné, lequel a par la suite été tué et dont les restes ont été retrouvés dans le lac de Jarun.

En collaboration avec le ministère de l'Intérieur de Serbie il a été convenu que Simović soit arrêté du côté serbe de la frontière tout près de Bajakovo afin d'éviter la procédure d'extradition, tandis que Kalinić aux mains de la police a commencé à "parler" à nos enquêteurs [croates, N.D.T]. C'est ainsi que la police est sur le point de résoudre une dizaine d'attentats commis durant ces dernières années en Serbie, en Croatie, aux Pays-Bas et en Espagne. En bref, le règlement de compte survenu à Ratkije a fini par se retourner contre le sommet même de l'organisation criminelle dans la région. Kalinić et Simović sont des membres du Gang de Zemun, au sein duquel Milorad Luković Legija et Dušan Spasojević Šiptar avaient réalisé l'attentat contre Zoran Đinđić.

Bien que dans les années 90 ils se soient occupés d'activités criminelles (le racket, l'enlèvement d'individus fortunés tels que Miroslav Mišković, le vol de voitures, etc), leur principale affaire était le trafic de stupéfiant. Ce trafic a continué y compris après l'action Sabre menée par la police serbe au cours de laquelle le gang a été décapité - Milorad Luković a été arrêté pour l'assassinat de Zoran Đinđić tandis que Spasojević a été tué dans une action de la police.

Le reste du gang, d'après les informations policières, a rejoint le baron de la drogue Darko Šarić alors qu'une autre partie s'est retrouvée sur le "marché libre" du milieu que dominait l'influent Sreten Jocić, appelé Joca Amsterdam. Simović et Kalinić sont passés dans le camp de Šarić et durant les deux années ayant suivi l'assassinat de Đinđić ils se sont cachés dans le village de Bandići, éloigné d'une dizaine de kilomètres de Podgorica.

D'après les médias serbes, ils ont séjourné dans la maison de l'homme d'affaires monténégrin Vesko Barović, proche du haut pouvoir politique du Monténégro. Barović est par ailleurs l'un des individus soupçonnés d'être impliqués dans le trafic de cigarettes dans le cadre du procès que mènent les parquets d'Italie et de Serbie. Le groupe de Darko Šarić est accusé en Serbie de trafic illégal de stupéfiant, en premier lieu de cocaïne en provenance d'Amérique du Sud, dont ils s'occupent avec l'aide des groupes criminels de toute la région.

La valeur des biens de Šarić en Serbie est évaluée à plus d'un milliard d'euros, et récemment il a été découvert qu'une partie de l'argent généré par le trafic de cocaïne est blanchi en Slovénie grâce à l'achat de grandes sociétés telles que l'industrie des métaux Litostroj. Ces derniers temps, Kalinić et Simović ont séjourné sur les territoires de la Slovénie, de la Bosnie-Herzégovine, du Monténégro, des Pays-Bas et de l'Espagne. Les membres du milieu serbe en Croatie sont accusés de trois assassinats : l'élimination d'Ivo Pukanić et de Niko Franjić ainsi que du meurtre de Cvetko Simić. Les deux assassinats sont élucidés ; maintenant que Kalinić et Simović ont été arrêtés on peut s'attendre à ce que le troisième le soit aussi.

Meurtres brutaux sans frontières

Les liens solides, en apparence indestructibles, entre les criminels de guerre et le crime organisé, cette sorte de solidarité ininterrompue entre les scélérats sur le territoire de l'ex-Yougoslavie reçoit une nouvelle confirmation après que Sretko Kalinić eut été blessé et que vient d'être arrêté son vieil ami Miloš Simović qui lui a tiré dessus. Des informations non officielles de Croatie nous apprennent que Kalinić ne sera pas extradé en Serbie parce qu'il possède la nationalité croate mais aussi parce qu'il est soupçonné d'avoir participé à la révolte armée des Serbes en 1991 dans la Krajina.

Ces deux membres du Clan de Zemun qui actullement retiennent le plus l'attention, Kalinić et son tueur malheureux Miloš Simović (un ratage qui n'était jamais arrivé à ce dernier dans sa longue carrière), avaient été condamnés à 40 ans de réclusion pour avoir participé à l'assassinat du Premier ministre Zoran Đinđić en plus de 40 ans respectivement pour 19 meurtres commis par leur organisation criminelle.

Le directeur de la police Milorad Veljović a suggéré un lien entre la tentative de meurtre contre Kalinić et le cartel de la drogue de Darko Šarić en cavale. "Cet événement, nous pouvons probablement le relier avec le meurtre récent de Cvetko Šimić en Croatie. Il faut y voir tout un ensemble, toute une vaste action qui probablement donnera lieu à de nouvelles arrestations. Je ne suis pas sûr que cette histoire n'ait rien à voir avec le cartel de la drogue de Šarić lui-même", a déclaré Veljović.

En Serbie on sait à peu près tout sur Kalinić, en premier lieu qu'il était un tueur brutal dont la spécialité était l'assassinat à coups de rafales de "kalashnikov" tirées depuis une "Audi" en mouvement. De leur côté ses compatriotes croates s'en souviennent d'après les bulletins d'informations rendant compte de sa carrière criminelle. Il est né à Bilišani tout près d'Obrovac, et comme l'a écrit ces jours-ci le journal Zadarski list, c'est tout juste s'il avait terminé l'enseignement professionnel secondaire - filière conducteur de poids lourds. Son entourage s'en souvient comme d'un individu asocial.

Lorsque éclate la révolte des Serbes il rejoint l'armée de ce qui se faisait appeler la République serbe de Krajina ; sa famille déménage pour Novi Sad tandis que lui s'installe à Petrovaradin avec sa femme et son enfant. Il ne se déplace à Belgrade que pour le travail, plus exactement pour les meurtres et le trafic de stupéfiant. Il recevra son surnom de "bête sauvage" (Zver) après l'assassinat de Zoran Savić qu'il avait dépecé à la hache et fait brûler. "Tu aurais dû être avec moi quand j'ai découpé Savić à la hache, comme les os ne voulaient pas brûler je les ai écrasés au marteau et fait fondre dans de l'acide", avait déclaré Kalinić d'après le témoignage de Dejan Milenković-Bagzi.

Un des derniers meurtres attribués à Kalinić et Simović est la liquidation de Zoran Golub, qui se faisait appeler Čarlama dans la partie orientale de Sarajevo, un meurtre remontant à août 2008. Kalinić et Simović avaient émis "un mandat d'arrêt mafieux" pour le repenti Dejan Milenković-Bagzi ; la récompense pour le meurtre aurait été d'un million d'euro. Milenković avait également accusé Kalinić et Simović pour des meurtres non élucidés qui n'avaient pas été englobés dans l'acte d'accusation contre le Clan de Zemun.

Kalinić portait également le sobriquet "le Blanc" (Beli), et il avait été introduit dans le Clan de Zemun par Dušan Spasojević i Mile Luković qui dictaient les ordres d'assassinat. Son tableau de chasse comporte Sredoje et Zoran Šljukić, Jovan Guzijan Cuner, Rade Cvetić, Todor Gardašević, Zoran Uskoković Skole, Miloš Stevanović, et Ivica Nikolić. Lors de l'attentat contre Zoran Đinđić, Kalinić et Mile Luković se trouvaient dans la rue Admiral Geprat afin d'assurer la retraite de Zvezdan Jovanović, Aleksandar Simović et Ninoslav Konstantinović.

D'après les informations dont dispose la police croate, il est presque certain que Kalinić a travaillé avec la bande de trafiquants de drogue de Darko Šarić, en ce sens que leur contact était Dragan Tošić, collaborateur de Šarić qui a été arrêté en Slovénie il y a deux semaines. De même, Kalinić était lié à Cvetko Simić qui en mars de cette année a été retrouvé démembré et jeté dans le lac de Jarun à Zagreb.

Miloš Simović était l'un de ceux en qui Dušan Spasojević plaçait sa plus haute confiance ; au moment de l'attentat contre le Premier ministre il se trouvait sur l'échangeur de Mostar, en contact avec Branislav Bezarević, inspecteur de l'Agence pour la Sécurité et le Renseignement (BIA), lequel transmettait les informations sur le déplacement de la colonne de véhicules dans laquelle se trouvait le Premier ministre. Simović en a informé Zvezdan Jovanović.

Simović a été condamné à 40 ans de réclusion en raison de plusieurs meurtres, avec pour victime la plus connue Branislav Lainović-Dugi, mais il a aussi liquidé Nenad Batoćanin et Željko Škrba. Ces dernières années, selon les médias de Belgrade, il a travaillé pour la mafia italienne de même que sa victime Kalinić et le membre du Clan de Zemun Ninoslav Konstantinović, lui aussi condamné pour avoir participé à l'attentat contre Zoran Đinđić.