Le "Blog de veille sur les droits de l'homme en Serbie" propose une série de caricatures de Charlie Hebdo sur la Yougoslavie.
Le trait est parfois cruel, d'autres sont moins réussies, mais aucune ne perce le système Milosevic.
Les caricaturistes du Feral Tribune, journal satyrique croate basé à Split, furent plus subtils.
Milosevic et Tudjman tendrement enlacés.
Le Feral Tribune est mort de sa belle mort en 2008, faute de lecteurs.
Le Courrier du Pays de Retz : Pourquoi acceptez-vous aujourd’hui de prendre la parole sur la situation de votre pays natal ?
Slava Kazykin : “Si je parle aujourd’hui, c’est pour dire ce qui se passe vraiment en Ukraine car la situation réelle dans ce pays où vit une grande partie de ma famille et de mes amis, ne transparaît pas dans les journaux et émissions qui nous sont proposés aujourd’hui. Je veux rétablir certains faits et faire en sorte que la vérité sur la situation actuelle en Ukraine soit connue.
Quel est votre point de vue sur la situation actuelle ?
Lorsque le président Ianoukovytch a demandé du temps avant de signer un traité de coopération avec l’Europe, l’opposition au parlement n’a pas accepté et c’est alors que les politiques ont récupéré les mouvements spontanés de contestation de la place Maïdan. Des groupes néo-nazis violents et bien entraînés se sont joints massivement aux manifestants.
Les partis politiques d’opposition ont accepté de faire alliance avec ces groupes. Ils se sont laissés contaminer pour ne pas être à la traîne. De hauts représentants de la politique américaine (le sénateur John Mac Cain) ou européenne (Catherine Ashton, haut représentante de l’Union pour les affaires européennes) ont accepté de rencontrer aux côtés de ces leaders de l’opposition parlementaire, le chef néo-nazi du parti Svoboda (liberté), pour leur exprimer leur soutien. Après que les manifestants aient pu se procurer massivement des armes, le départ du président Ianoukovytch devenait inévitable, en février 2014 dernier.
Et que s’est-il passé ensuite ?
Le parti Svoboda a obtenu quatre postes clés dans le nouveau gouvernement, nommé le lendemain du coup d’État. Les militants de Svoboda, formés grâce à des fonds américains (5 milliards de dollars) forment une ” armée nationale ukrainienne”, avec un statut paramilitaire. Ils ne sont pas intégrés dans l’armée régulière ukrainienne mais ont leur autonomie. La propagande néo-nazie est omniprésente dans les médias et la démocratie se rétrécit chaque jour. Les élections présidentielles et législatives se sont tenues dans un climat très tendu et la participation a été très faible. Il n’y a plus d’opposition véritable en Ukraine.
Les bandes nationalistes se livrent à des massacres dans la partie orientale (Odessa). Le pouvoir central de Kiev, avec ses slogans : “l’Ukraine pour les Ukrainiens”, provoque la révolte des populations russophones de l’est du pays.
Quelle solution préconisez-vous pour sortir de cette tragédie ?
Il faut tout d’abord que les langues ukrainiennes et russes puissent continuer à coexister et il faut arriver à une fédéralisation de l’Ukraine. Il est également primordial que les démocraties occidentales n’affichent plus un soutien inconditionnel à un pouvoir miné de l’intérieur par Svoboda. Ces démocraties doivent exiger des élections anticipées avec des médias libres, sous contrôle européen.
Un peu d’histoire…
C’est vers 1989 que la libéralisation du régime soviétique et la libération des détenus politiques permettent aux Ukrainiens de s’organiser pour défendre leurs droits à la souveraineté. L’indépendance complète de l’Ukraine est proclamée le 24 août 1991 et confirmée par le référendum du 1er décembre 1991 : 90,5 % des électeurs votent en faveur de l’indépendance. À la suite des atermoiements du gouvernement Ianoukovytch (2013) de signer des accords de rapprochement avec l’Union européenne, le renforcement du mouvement Euromaïdan (du nom de la célèbre place centrale de Kiev) provoque un renversement du pouvoir. Une guerre civile dans l’Est de l’Ukraine majoritairement russophone entraîne plusieurs milliers de morts.
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