Un commando de The Black Fish libère des thons rouges en Croatie !...
Un commando de plongeurs de l’association The Black Fish vient de libérer plus d’un millier de thons rouges élevés dans des fermes aquacoles en mer Adriatique.
De nuit, des plongeurs militants ont réussi à défier la sécurité de ces fermes croates, près de l’île de Ugljan, pour s’approcher des vastes cages où sont élevés des thons rouges par milliers, une espèce gravement menacée, dont la chair atteint des prix exorbitants et donne lieu à de multiples trafics pour devenir du sushi en Asie.
Ce commerce engendre des fortunes qui poussent les contrebandiers à défier les lois internationales. L’organisation intergouvernementale supposée protéger les thonidés de l’Atlantique (ICCAT) semble incapable de juguler la pêche illégale, et l’espèce (Thunnus Thynnus) est au bord de l’extinction.
On estime que 90 % des thons rouges d’Atlantique ont été éradiqués ces 30 dernières années.
Le Japon fait pression sur divers États pour empêcher les lois de protection d’être appliquées. La Croatie jouit d’une étrange exemption des règlements de l’ICCAT qui leur permet de capturer des thons juvéniles pour les engraisser dans de vastes cages en mer, où les poissons grouillent les uns contre les autres.
Les Croates pêchent ainsi des thons trop petits pour être capturés et cela quelle que soit la saison ! (Ainsi, certains des thons délivrés par The Black Fish ne mesuraient que 50 cm !). Une fois devenus assez gros, les thons sont expédiés au Japon où un seul animal peut être vendu 100 000 €…
De telles pratiques empêchent le renouvellement des stocks, dans la mesure où les juvéniles n’ont pas eu le temps de se reproduire. Ces fermes récoltent sans jamais renouveler l’espèce et contribuent à la destruction de ce poisson magnifique.
Devant la passivité des autorités, d’autres fermes s’ouvrent à ce commerce destructeur et lucratif. Rappelons également que pour nourrir les thons, il faut pêcher des poissons et que ces conditions d’élevage intensif produisent des pollutions locales et des maladies chez les poissons, surtout lorsqu’il s’agit de prédateurs et migrateurs.
Comme l’explique Wietse van der Werf, cofondateur de The Black Fish (basé à Amsterdam) : « Cette exemption dont profite la Croatie, est une forme de braconnage légal… Il est clair qu’on ne sauvera pas le thon rouge par les moyens conventionnels, c’est pourquoi Black Fish a lancé sa nouvelle campagne et ses actions pour sauver le thon rouge… Il est plus que temps que nous faisions cesser le traitement spécial dont jouit la Croatie, pour travailler sur de véritables mesures permettant d’arrêter la surpêche du thon rouge ».
La compagnie propriétaire de ces fermes de thons s’appelle Kali Tuna et fait partie d’une compagnie basée aux États-Unis, Umami Sustainable Seafood, l’un des principaux acteurs dans le commerce du thon aux États-Unis, au Mexique et en Croatie. On estime ses profits de l’an dernier à 54 millions de dollars et cette compagnie ose se réclamer du développement durable avec des slogans pseudo-écolos tels que : «L’Aquaculture c’est se mettre au diapason de la nature» ou «Continuons à faire prospérer les stocks de thon rouge» !
L’océan est en grave danger et de plus en plus d’écologistes estiment qu’on n’a plus le temps d’attendre que les gouvernements tergiversent pendant des années pour le protéger. Aussi décident-ils de passer à l’action au nom de la vie. Et l’on peut les comprendre !
Il est donc urgent de créer des forces d’interposition pour protéger la biosphère marine du pillage.
Source : lesmoutonsenrages.fr, le 19 juillet 2012.