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Titre du blog : Balkanikum
Auteur : Balkanikum
Date de création : 14-08-2008
 
posté le 14-06-2010 à 14:58:17

Les héritiers sont tombés en bicyclette

 

 

 

Le mythe a commencé il y a trente ans avec Ljubomir Magaš, appelé Ljuba de Zemun, "boxeur amateur, combattant de rue et gangster". Pour la majorité des criminels de l'ex-Yougoslavie il fut un modèle inégalable. En Serbie il sera remplacé par Arkan, et celui-ci par Milorad Luković Legija.


Le Gang de Zemun, une organisation criminelle née à Belgrade au début de la guerre à partir des restes de la bande de boxeurs de Ljuba de Zemun et des services de sécurité de l'Etat, est en pleine déliquescence. Jadis ils semèrent la mort dans toute la région et réussirent même à assassiner un Premier ministre. Pour se faire une idée de leurs moyens de logistiques actuels, qu'on songe au véhicule de transport dont s'est servi dans sa fuite Miloš Simović, l'auteur de l'attentat contre Zoran Đinđić.



Le roi de la pègre de Francfort

 

De fait, une bicyclette conduite depuis Zagreb jusque Bajakovo à une température moyenne de 30 degrés est un signe manifeste que l'organisation ne se soucie plus de ses membres... Qu'est-ce qui a bien pu arriver au gang le plus puissant de la région ? Ces derniers temps ils "tombent" de tous côtés, ils se "balancent" les uns les autres à la police, se massacrent mutuellement et couchent avec les femmes de leurs compagnons - ce qui dans ce milieu est considéré comme un crime impardonnable.

 

Le premier coup leur a été assené par la police croate et les services secrets en arrêtant un groupe de Croates appartenant au Gang de Zemun qui avaient procédé à l'élimination d'Ivo Pukanić et de Nikola Franjić. Avec les éléments de preuve que la police croate a transmis aux collègues serbes, ceux-ci ont entamé sur place une procédure contre Sreten Jocić, après quoi le Gouvernement serbe s'en est pris au gang de Darko Šarić qui avec un ordinateur portable depuis la bourgade monténégrine de Pljevlja contrôle la distribution de cocaïne depuis la Colombie jusqu'en Europe occidentale... Hasard ou pas, toujours est-il que sont tombés deux membres de Zemun appartenant au groupe ayant perpétré l'assassinat contre Zoran Đinđić. Maintenant il s'agit de mettre à jour le plus grand mystère non résolu des Balkans - qui a commandité l'assassinat de Đinđić ? L'opinion publique n'a pas de raison d'être défaitiste ou de se laisser gagner à nouveau par l'hystérie qu'inspirent ceux de Zemun.


Peut-être serait-il bon de remonter à l'origine du mythe qui avait commencé il y a 30 ans avec Ljubomir Magaš, appelé Ljuba de Zemun "boxeur amateur, combattant de rue et gangster", comme le précise Wikipedia.


Né en 1948 au sein d'un mariage mixte (père croate et mère serbe) il avait acquis sa gloire dans des bagarres de rue à Zvezdara, municipalité de Belgrade, puis en travaillant pour les services secrets yougoslaves en Allemagne, où il commença par se faire introniser "roi de la pègre de Francfort", pour ensuite devenir un chef tchetnick portant le sobriquet de Ljuba de Zemun ou le Boxeur. Pour la majorité des criminels de l'ex-Yougoslavie il fut un modèle inégalable, jusqu'à ce que devant le palais de justice à Francfort il ne croise Goran Vuković, appelé Majmun (le Singe), qui lui tira deux balles à bout portant.


D'après la police criminelle de Wiesbaden, Magaš a été arrêté durant la période 1978-1986 sur le territoire de Francfort pour enfreinte à la loi sur les armes, coups et blessures, vol à main armée, extorsion d'argent, racket et constitution d'association criminelle. En Serbie il ne fut condamné qu'une seule fois et cela pour vol de bijoux.



Partisan de la vie saine

 

On notera que les polices allemande et yougoslave ne l'ont jamais contrôlé pour trafic de stupéfiant, si bien qu'on pourrait croire qu'il y a du vrai dans le mythe de Ljuba de Zemun en tant que "champion de la vie saine" et "adversaire de la drogue". C'est justement ainsi que le décrivent ses fans sur Facebook au nombre d'une centaine. Sur son profil Facebook on peut lire les paroles suivantes : "Il voulait aider tout un chacun, pour être un second Makarenko... pour remettre les jeunes à la dérive sur le droit chemin. Une vie saine, sans drogue ni alcool, le sport, la vie et la mort en garde... un clodo l'a blessé à mort de deux balles dans la partie avant du coeur... Ljuba avait un tel coeur que même un aveugle aurait pu l'atteindre !" [...]

 

 

Source : jutarnji.hr, le 13 juin 2010.