Le moment est-il venu pour un débat sérieux sur les alternatives au
capitalisme néolibéral ?
L'heure est venue. Ce matin notre conférencier venu du Venezuela Michael
Lebowitz a participé à l'émission "Dobro jutro, Hrvatska" ("Bonne
journée, Croatie"), et lors de l'émission a été présentée une enquête effectuée parmi
les citoyens de Zagreb qui leur demandait s'ils étaient pour
le capitalisme ou le socialisme. Entre 70 et 80% des citoyens se sont
prononcés en faveur du socialisme, ce qui a fortement surpris Mike. Il
avait cru qu'il lui faudrait plus de verve pour défendre le socialisme.
Le socialisme est-il donc l'alternative ?
Je ne pense pas que le socialisme soit nécessairement cette alternative,
du moins pas celui que nous avons connu au 20ème siècle. Mais je pense
qu'il est évident que le système néolibéral en place n'est pas optimal,
ce qui se voit notamment dans les nouvelles mesures néolibérales de [la
Premier ministre] Jadranka Kosor.
Quelles forces sociales seraient-elles porteuses des changements en
Croatie ?
Les étudiants en ont fait l'annonce l'année dernière. Le point intéressant est qu'on en est venu à une jonction entre les étudiants, les
travailleurs et les agriculteurs - on se souviendra que les étudiants
furent les premiers à soutenir les manifestations d'agriculteurs - de
plus cette conscience que le système est intenable ne fait que se
renforcer. Notre festival [du Film subversif] place cette question au
centre des préoccupations et ouvre le débat. Il y a cinq ou six ans, si
vous aviez parlé du socialisme, le débat aurait rapidement tourné autour
des crimes commis par les partisans, puis les choses en seraient
restées là. Aujourd'hui, en revanche, il est possible de discuter des
authentiques moments du socialisme yougoslave. La Lutte de libération
nationale, l'opposition à Staline en 1948 ou l'autogestion des
travailleurs.
Est-ce que des changements à l'intérieur du système néolibéral sont
possibles ?
En l'occurrence je suis pessimiste. Je ne pense pas qu'il soit possible
de corriger ce système. Cela a été tenté par Tony Blair et sa "troisième
voie", avec cette vision d'un certain "capitalisme à visage humain",
dans lequel les entreprises seraient devenues plus humaines et plus
solidaires, mais il n'en fut rien. Ce ne fut qu'un moyen pour réaliser du profit. Il est désormais clair que dans le cadre d'une
démocratie représentative aucun changement ne peut avoir lieu, car il ne
s'agit ici que de changements tous les quatre ans, lorsque a lieu un
simulacre d'élections, alors qu'au pouvoir ne font que se remplacer les
oligarchies. Par conséquent tout porte à la démocratie directe, un
modèle qu'ont révélé les étudiants en Croatie. Est-ce que nos
travailleurs vont eux aussi reprendre les usines comme cela s'est passé
en Argentine, voila qui est difficile à dire.
Quel modèle serait selon vous le plus favorable ?
La Chine ne l'est pas. Elle n'a fait que montrer que le capitalisme peut
également se développer dans les systèmes totalitaires, alors que
jusqu'à présent on pensait qu'il était exclusivement lié à la
démocratie. Pas mal de gens de gauche en Europe regardent l'Amérique
latine, nous observons certains changements positifs au Vénézuela, tels
que les conseils de travailleurs qui rassemblent quelque 200/400
familles qui se retrouvent dans des plénums et prennent des décisions au
moyen de la démocratie directe. Bien entendu, il existe également chez
Chavez des choses qui rappellent certains éléments totalitaires. Dans
tout cela il faudrait puiser le meilleur, partant de nos étudiants et
passant par Chavez et Morales, et fabriquer un nouveau modèle.
Entretien avec Srećko Horvat, directeur artistique du Festival du Film
subversif.
Je li došlo vrijeme za ozbiljnu raspravu o alternativama neoliberalnom
kapitalizmu?
- Sazrelo je vrijeme. Jutros je naš predavač iz Venezuele Michael
Lebowitz gostovao u emisiji „Dobro jutro, Hrvatska“, pa je u emisiji
prikazana anketa među građanima Zagreba o tome jesu li za kapitalizam
ili socijalizam: 70-80 posto građana se izjasnilo za socijalizam, tako
da se Mike jako iznenadio. Mislio je da će morati žešće braniti
socijalizam.
Je li onda socijalizam ta alternativa?
- Ne mislim da je socijalizam nužno ta alternativa, barem ne onaj koji
smo imali u 20. stoljeću. Ali smatram kako je očito da postojeći
neoliberalni sustav nije optimalan, a to se vidi i po ovim novim
neoliberalnim mjerama Jadranke Kosor.
Koje društvene snage bi bile nositelji promjena u Hrvatskoj?
- Studenti su to najavili lani. Zanimljivo je da je došlo do
povezivanja studenata, radnika i seljaka – sjetimo se da su nedavne
seljačke prosvjede prvi podržali studenti - i ta svijest da je ovaj
sustav neodrživ postaje sve jača. Naš Festival postavlja to pitanje u
žarište i otvara debatu. Do prije pet-šest godina, kad biste pričali o
socijalizmu, rasprava bi vrlo brzo došla do partizanskih zločina, i tu
bi zapela. Danas je ipak moguće razgovarati o autentičnim momentima
jugoslavenskog socijalizma: Narodnooslobodilačkoj borbi, otporu Staljinu
1948. ili radničkom samoupravljanju.
Jesu li moguće promjene unutar neoliberalnog sustava?
- Ja sam tu pesimist. Mislim da taj sustav nije moguće korigirati. To su
pokušali Tony Blair i njegov Treći put, s vizijom o tom nekom
„kapitalizmu s ljudskim licem“, u kojem će korporacije poslovati
ljudskije i solidarnije, ali to se nije dogodilo – to je njima samo
sredstvo za ostvarenje profita. Sada je jasno da se u okviru
reprezentativne demokracije ne mogu napraviti promjene, jer se tu radi
samo o promjeni svake četiri godine, kad se događa simulacija izbora, a
na vlasti se samo smjenjuju oligarhije. Dakle, sve upućuje na direktnu
demokraciju, a to je model koji su u Hrvatskoj pokazali studenti. Hoće
li i naši radnici preuzeti tvornice kao što su preuzeli u Argentini, to
je teško gatati.
Koji bi društveni model, po Vama, bio najpogodniji?
- Kina to nije – ona je samo pokazala da se kapitalizam može razvijati i
u totalitarnim sustavima, dok se dosad mislilo da je vezan isključivo
uz demokraciju. Dosta ljevičara gleda u Latinsku Ameriku, neke pozitivne
elemente nalazimo u Venezueli, poput radničkih vijeća koja okupljaju po
200-400 obitelji koje se nalaze na plenumima i donose odluke kroz
direktnu demokraciju. Naravno, ima kod Chaveza i stvari koje podsjećaju
na neke totalitarne elemente. Od svega bi trebalo uzimati najbolje, od
naših studenata do Chaveza i Moralesa, te sklopiti novi model.
SREĆKO HORVAT, UMJETNIČKI DIREKTOR SUBVERSIVE FILM FESTIVALA
Source : hap.bloger.hr, le 16 mai 2010.