posté le 10-05-2010 à 15:18:04
L'avenir des Balkans occidentaux en débat à Dijon
Pour la troisième année consécutive, une conférence consacrée aux Balkans occidentaux doit se tenir mardi 11 mai à Dijon, dans les locaux du cycle européen de Sciences Po Paris. Elle réunira chercheurs, politologues, hauts fonctionnaires, organisations non gouvernementales et responsables politiques, pour évaluer le processus d'intégration des Balkans occidentaux dans l'Union européenne.
Organisé par l'association Bourgogne Balkans Express, en association avec Le Monde et le site d'informations Balkan Insight, avec la participation de la Commission européenne, ce colloque a pour but – outre de favoriser un échange d'idées entre experts – de dégager des propositions concrètes.
Tout le monde promet aux pays de la région un avenir européen. Non pas au sens géographique – ils se trouvent au cœur du continent – ou économique, mais politique, du point de vue de leur intégration dans l'UE.
Or le contexte semble très défavorable. L'élargissement de l'Union à 27 membres n'a pas été accompagné par une réforme de ses institutions. La lassitude, voire l'hostilité des peuples à l'égard d'une bureaucratie bruxelloise lointaine se mesure lors des élections au Parlement européen et dans les sondages.
OBSTACLES CONSÉQUENTS
Un nouvel élargissement risquerait d'être perçu comme la poursuite d'une dilution et une sorte de fuite en avant. De plus, la crise grecque est observée avec une grande crainte dans les Balkans.
A Zagreb comme à Belgrade, et davantage encore à Sarajevo, on craint d'apparaître aux yeux des grandes puissances européennes comme un poids potentiel, et non une chance.
La conférence de Dijon aura lieu quinze jours avant une réunion de haut niveau à Sarajevo, sous l'égide de la Commission européenne et en présence de représentants de tous les pays de la région. Cette réunion vise à réaffirmer l'ancrage des Balkans occidentaux dans l'Europe.
Mais des obstacles conséquents demeurent sur leur route. En premier lieu, les rapports entre la Serbie et le Kosovo ne sont pas normalisés. Belgrade ne reconnaît pas l'indépendance de son ancienne province, imitée en cela par cinq pays de l'UE.
Dans les mois qui viennent, la Cour internationale de justice (CIJ) doit rendre un avis consultatif sur la légalité de la proclamation d'indépendance de février 2008. Les Européens aimeraient qu'un dialogue s'instaure entre les deux pays sur des dossiers concrets, comme l'électricité ou le transport.
Autres problèmes : l'impotence de l'Etat bosniaque, menacé de désagrégation à cause des tendances séparatistes des Serbes de la Republika Srpska ; la querelle autour du nom de la Macédoine, contesté par la Grèce ; l'arrestation très attendue par Bruxelles de Ratko Mladic, ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, que Belgrade continue de rechercher.
Piotr Smolar
Source :
lemonde.fr, le 10 mai 2010.