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Titre du blog : Balkanikum
Auteur : Balkanikum
Date de création : 14-08-2008
 
posté le 05-05-2010 à 11:29:52

Bénis soient nos sauvages
 

Cela n'a plus rien de sensationnel. Lorsque le Dinamo est à Split, celle-ci est en feu. Lorsque le Hajduk est à Zagreb, celle-là est en flamme. Les containers sont incendiés, les tramways, les véhicules de police ; il y a des personnes blessées, rendues borgnes, atteintes par balles, passées à tabac, et un de ces jours il y aura des morts.

A chaque fois l'un ou l'autre du Gouvernement, le visage morose, déclare que "cela ne peut plus continuer ainsi". Pourtant cela continue. Parce que cela convient au pouvoir. Les supporters paupérisés doivent se défouler. La faim, la rage, le manque d'argent et d'espoir... Qu'y a-t-il de mieux que de s'enfiler une cagoule autour du cou, que de s'enfiler quelques bières dans la gorge héroïque ; si les nôtres gagnent on va se faire la ville, si les nôtres perdent on boutera le feu à la métropole et à Split.

A chaque fois la police est stupéfaite, parfois elle tire mais le plus souvent elle se contente des matraques. Et elle dit que la prochaine fois tout sera différent. Pourtant lorsque la prochaine fois arrivera, à nouveau Split et Zagreb se retrouveront sous la poussière et les flammes. Tous les médias s'empareront d'images montrant les "sauvages", certains journalistes réclameront de savoir qui se cache derrière les visages déformés, enivrés, derrière les masques ou les cagoules.

Qu'est-ce qui arrive à la Croatie ? Qui sont les "sauvages" ? Les "sauvages" sont des gens comme vous et moi qui ont trop de rage en eux et une superficie bien délimitée pour la déverser. L'Etat leur a donné des stades, des rues à proximité des stades, des enfants en bas âge, des supporters adverses, des passants, des véhicules de police, des tramways, des autobus...

Depuis des années les "sauvages" sont en droit d'embraser et d'incendier parce qu'ils aident ainsi l'Etat dans sa lutte pour survivre. Tant que le "peuple" reste assis à la maison et regarde révolté et effrayé ce que fabriquent les "sauvages", il ne lui viendra pas à l'idée de se déchaîner. Nous tous, loin des stades, avons pour thème de conversation les "sauvages" et non pas ceux qui chaque semaine les lâchent au bout d'une chaîne, pour un nouveau tour de carrousel.

Si ce pouvoir tenait vraiment à les maîtriser, il pourrait le faire en quelques heures. Cet Etat dispose d'unités spéciales, de tanks, de missiles, de canons à eau, de matraques, de chaînes, de coup-de-poings américains, d'engins militaires, de fusils, de pistolets, d'hélicoptères, de photographes officiels... Cet Etat peut de milles façons battre comme plâtre tout "sauvage" qui songerait à mettre le feu à un tramway.

Et pourtant il ne fait rien. Avec raison. S'il balayait la rue et les stades, le peuple sortirait dans la rue. Et quand le peuple se déchaîne, qui sait si c'est pour se contenter de brûler les tramways et d'arracher un oeil aux policiers ou s'il songerait à quelque chose de plus corsé. Voilà pourquoi les sauvages sont les bienvenus pour l'Etat. Ils s'amusent afin que le peuple n'entre pas dans la danse. Mieux vaut un policier mort qu'un gouvernement mort.



Neka nama naših divljaka


To više i nije uzbudljivo. Kad je Dinamo u Splitu gori Split kad je Hajduk u Zagrebu gori Zagreb. U plamenu su kontejneri, tramvaji, policijska kola, ima ranjenih, slijepih, prostrijeljenih, prebijenih, za koji dan i ubijenih.

 Svaki put nam neka ili neki iz Vlade mrka lica kaže kako “ovako više ne ide”. A ide. Zato jer to vlasti odgovara. Siroti se navijači negdje moraju isprazniti. Glad, bijeda, besparica, beznađe…Ima li išta bolje od umatanja vrata šalom, nekoliko piva u junačko grlo, ako naši pobijede razvalit ćemo grad, ako naši izgube zapalit ćemo metropolu i Split.

Policija je svaki put iznenađena, ponekad puca, najčešće samo pendreči. I govori kako će idući put sve biti drugačije. A kad dođe idući put, opet će Split i Zagreb biti u dimu i plamenu. Svi će mediji dobiti snimke “divljaka”, neka novinari traže tko se krije iza iskešene, pijane face, iza maske ili pod šalom.

 Što se to dešava Hrvatskoj? Tko su “divljaci”? “Divljaci” su ljudi poput vas i mene koji u sebi imaju previše bijesa i dovoljno omeđenog prostora da ga izbace. Država im je dala stadione, ulice u blizini stadiona, djecu u kolicima, protivničke navijače, prolaznike, policijska kola, tramvaje, autobuse…

 ”Divljaci” godinama smiju paliti i žariti jer tako Državi  pomažu u borbi za opstanak. Sve dok “narod” doma sjedi i zgrožen i prestrašen gleda što “divljaci” rade neće mu pasti na pamet podivljati. Svima nama daleko od stadiona tema su “divljaci” a ne oni koji ih puštaju sa lanca svakoga tjedna ispočetka.

 Da je ovoj vlasti zaista stalo da ih ukroti  to bi mogla učiniti za nekoliko sati. Ova država ima specijalce, tenkove, rakete, topove, vodene topove, zatvore, pendreke, lance, boksere, borna kola, puške, pištolje, helikoptere, službene fotografe…Ova država može na tisuću načini ubiti boga u svakom “divljaku” kome padne na pamet zapaliti tramvaj.

Pa ipak, ništa ne čini. S pravom. Ako njih pomete sa cesta i stadiona na cestu će izaći narod. A kad narod podivlja tko zna da li će paliti samo tramvaje i izbijati oči policajcima ili će mu na pamet pasti nešto žešće. Zato su ovoj državi “divljaci” dobrodošli. Igraju se da narod ne bi zaigrao. Bolje mrtav policajac nego mrtva vlada.

Extrait du blog de Vedrana Rudan