LA HAYE — Le premier témoin du procès de l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic a montré mercredi la croix gravée sur sa poitrine par les Serbes, selon lui, aux juges du Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie.
"Ils m'ont gravé une croix dans la peau", a déclaré Ahmet Zulic, un Musulman de Bosnie, en ouvrant sa chemise à hauteur de la poitrine. "J'ai une cicatrice ici", a-t-il dit aussi, en montrant son cou.
M. Karadzic, 64 ans, qui se défend seul, venait de l'accuser de "faux témoignage", affirmant qu'il devrait être "poursuivi en justice".
Ahmet Zulic, 62 ans, avait été enfermé pendant cinq mois, de juin à novembre 1992, dans des camps de détention serbes à Betornika et Manjaca, près de Sanski Most (nord-ouest de la Bosnie).
Interrogé par le procureur Ann Sutherland sur les séquelles des passages à tabac subis pendant sa détention, il a expliqué avoir eu "sept vertèbres cassées et toutes les côtes fracturées".
"J'ai des cauchemars, je rêve des personnes qui ont été tuées, qui mouraient à côté de moi, ça s'est produit la nuit passée", a-t-il ajouté.
A l'accusation qui lui demandait pourquoi il avait de fausses dents, il a répondu : "quand on a sorti un pistolet de ma bouche, on m'a cassé les dents de devant".
Le témoignage écrit de M. Zulic, dans lequel il raconte notamment avoir assisté, en juin 1992, à l'exécution d'une quinzaine d'hommes, avait été versé au dossier mardi.
Le procès pour crimes de guerre, contre l'humnaité et génocide de M. Karadzic, suspendu depuis le 2 mars, avait repris mardi avec l'interrogatoire de M. Zulic, premier témoin de l'accusation, qui a été contre-interrogé par l'accusé.
Radovan Karadzic avait boycotté l'ouverture, le 26 octobre 2009, de son procès pour des crimes durant la guerre de Bosnie qui a fait 100.000 morts et 2,2 millions de déplacés, au motif qu'il n'était pas prêt.
Il avait été arrêté en juillet 2008 à Belgrade après 13 ans de cavale.
Source : AFP, le 14 avril 2010.