Albi. "Pourquoi renvoyer cette jeune Bosniaque ?"
Droit d'asile. Pour le MRAP, l'application stricte des accords de Dublin 2 crée de véritables drames, comme avec Indira, expulsée de Slovénie.
Vendredi dernier, nous évoquions le cas d'une jeune Bosniaque placée en rétention. Ayant épuisé toutes ses voies de recours dans ses demandes de droit d'asile, elle avait été interpellée jeudi, à sa sortie de la préfecture et placée en garde à vue au commissariat. Les choses n'ont pas traîné. Après une nuit passée au CRA de Cornebarrieu, elle a pris l'avion samedi pour Ljubljana, en Slovénie.
Pourquoi la Slovénie, alors qu'elle est native de Bosnie ? "Tout simplement parce que c'est le premier pays de l'Union européenne où elle a laissé ses empreintes. La préfecture du Tarn n'a fait qu'appliquer les accords de Dublin 2 signés le 18 février 2003 entre les Etats membres de l'Union", constate Monique Martres.
Pour la présidente du comité du MRAP (Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples) d'Albi, l'application systématique de ces accords "est cause de nombreux déchirements familiaux et de véritables drames".
Revenons sur le cas d'Indira, 21 ans. Cette jeune Bosniaque était arrivée il y a quelques mois à Albi pour rejoindre son père, l'épouse de celui-ci et ses deux demi-frère et soeur. "Elle est passée par la Croatie mais malheureusement pour elle, elle a été contrôlée sur le territoire slovène."
Pour Monique Martres, "il n'y a avait pas urgence à renvoyer cette petite sans que la Cimade ait pu intervenir".
En effet, à l'heure où la jeune Bosniaque est arrivée au centre de rétention, vendredi après-midi, il n'y avait plus personne au bureau de la Cimade.
Me Claire Dujardin, avocate à Gaillac, va saisir la Cour européenne des droits de l'homme et le conseil d'Etat pour contester cette décision. Voilà donc Indira "dans un pays où elle ne connaît personne et dont elle ignore la langue".
"Pourtant, ce que la France appelle les attaches sérieuses, elles sont ici, en France", souligne Manuel Garcia, trésorier du MRAP et membre du Réseau éducation sans frontières (RESF).
L'exemple d'Indira n'est pas isolé. Le comité local du MRAP se bat pour éviter le renvoi d'une famille de Kosovars d'Albi en Hongrie.
Source : ladepeche.fr, le 20 février 2010.