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Titre du blog : Balkanikum
Auteur : Balkanikum
Date de création : 14-08-2008
 
posté le 08-02-2010 à 18:18:21

Le Monténégro en tant qu'"oasis de criminalité dans la cour européenne" ?

 

 

Les enquêtes internationales menées à l'encontre de citoyens monténégrins pour cause de crime organisé ont a nouveau relancé le débat sur la confiscation de biens acquis par des actes criminels. Bientôt la loi entrera en vigueur, néanmoins certains restent sceptiques. 

 

Le pouvoir à Podgorica est convaincu que la nouvelle Loi sur la procédure pénale, qui entrera en vigueur en août, sera d'un grand secours pour lutter contre le milieu du crime organisé. En effet, elle contiendra une disposition sur la confiscation de biens acquis par des actes criminels, un point sur lequel les organisations et les institutions internationales avaient beaucoup insisté. Pour l'instant, la règle au Monténégro était que même après une condamnation définitive on ne touchait pas aux biens du condamné. Seul dans certains cas l'argent et les biens acquis par des actes criminels concrets avaient été confisqués. Les hôtels, les villas, les bâtiments et les comptes garnis de millions d'euros étaient généralement considérés comme appartenant au conjoint, au parrain ou au partenaire en affaires. 

 

 

L'argent sale dans des circuits légaux

 

Zarija Pejović du Mouvement pour les changements (PzP), un parti dans l'opposition, déclare pour la Deutsche Welle que le plus gros problème du Monténégro vient de ce que les institutions sont placées sous contrôle politique, si bien que les criminels monténégrins sont davantage jugés dans les pays voisins que dans leur propre pays : "Tant que ce fait n'aura pas été proclamé, de tels citoyens au Monténégro bénéficieront non seulement du prestige et de l'autorité du pouvoir, mais ils seront également protégés comme une espèce rare." Milka Tadić-Mijović, la directrice du journal indépendant de Podgorica, le "Monitor", prétend que les criminels "blanchissent" l'argent au Monténégro, puis que celui-ci entre dans des circuits légaux : "Une grosse partie de l'actuel système économique du Monténégro est en réalité consolidé par l'argent de différents groupes criminels qui tout simplement sont enracinés sur place."

 

 

L'Europe ne saurait tolérer un oasis de criminalité "dans sa cour"

 

Tadić-Mijović estime que l'UE et les USA ne peuvent plus permettre que cela ait lieu "dans la cour de l'Europe". Cette opinion est partagée par Zarija Pejović : "L'inexistence de capacités administratives au Monténégro pour lutter contre le crime organisé ne sera pas seulement un problème qui va transparaître au travers des rapports de la Commission européenne lorsqu'il s'agit du Monténégro et de son processus d'intégration européenne, mais c'est plutôt l'inefficacité des institutions monténégrines qui va devenir lui aussi un problème pour les pays de la région dans le processus d'adhésion à l'Europe. Je pense que Bruxelles ne permettra sans doute pas que les Balkans occidentaux deviennent un générateur du crime organisé sur le territoire de l'ensemble de l'UE." 

 

D'après les estimations du PzP, en appliquant avec cohérence les dispositions légales on pourrait chaque année confisquer aux criminels des biens pour une valeur de plus d'un milliard d'euros, ce qui constitue un tiers du budget de l'Etat du Monténégro. 

 

Source : dw-world.de, le 7 février 2010.