Le jeune Radovan Papović de Gacko a récemment publié sur le portail
BLIN un texte dans lequel il n'a pas épargné le pouvoir actuel sous la
conduite du Premier ministre Milorad Dodik. En ce jeune adolescent
s'est concentré tout le mécontentement de l'Herzégovine orientale
provoqué par les fausses promesses sur la prospérité et les
investissements dans cette partie de la Republika Srpska. Dans
l'interview accordée il nous dit pourquoi il tient rancune au pouvoir,
il nous dit s'il est difficile de critiquer les hommes de position et s'il craint
les réactions. D'après lui, les jeunes sont eux-mêmes fautifs pour tout
ce qui leur arrive, mais il dit ne pas appartenir à cette génération
qui veut quitter la région et tenter sa chance quelque part bien loin
!
D'après la tribune que tu as publiée chez nous il ressort très bien que
tu es fort insatisfait par la vie à Gacko et par la façon dont se
comporte le pouvoir envers cette localité. Qu'est-ce qui, hormis les
fausses promesses sur une vie meilleure, a provoqué autant
d'insatisfaction ?
Mon insatisfaction, mais aussi celle plus générale, en Bosnie orientale
découle du comportement dans son ensemble de l'équipe au pouvoir et de
leur relation envers notre région. Comment penser que le peuple en
Herzégovine puisse croire cela lorsque dans toute l'Herzégovine il
[Milorad Dodik] a investi en quatre ans environ un million de marks,
alors qu'il a accordé un crédit de trois millions de marks rien qu'à
son fils. Les gens en Herzégovine sont mécontents à cause des promesses
non tenues, des affaires criminelles de plus en plus visibles qui
accompagnent le Premier ministre et de la façon dont il gouverne le
pays. Qui de normal en ces temps difficiles construit un édifice
gouvernemental de la Republika Srpska pour une valeur de 200 millions
de KM, alors que nous avons 200.000 chômeurs ? Ce qui me fâche c'est de
voir comment Milorad Dodik insulte notre intelligence et pense que nous
sommes un peuple stupide et naïf pour ne pas voir ce qu'en quatre ans
il a fait. Il a vendu Telekom et a obtenu 1,5 milliards de KM avec
lesquels nous aurions pu mettre en branle tout le pays, mais au lieu de
cela il a distribué l'argent à ses fils, ses parrains et amis. Lorsque
Dodik s'en ira, il nous laissera une caisse vide, 200.000 chômeurs, une
économie en faillite et des dettes qu'il nous faudra rembourser pour
les 50 ans à venir.
Est-il difficile de se poser en critique du pouvoir actuel dans une
petite localité comme Gacko, as-tu subi des condamnations et
crains-tu les réactions ?
Critiquer le pouvoir n'est nullement un boulot gratifiant car cela
provoque un torrent de réactions, aussi bien positives que négatives,
mais je n'ai jamais eu peur des réactions parce que je ne suis pas une
personne qui ne fait que critiquer ou attaquer l'actuelle équipe au
pouvoir. Je ne suis membre d'aucun parti politique, je n'ai pas encore
eu l'occasion d'utiliser mon droit de vote et on ne peut donc pas dire
à mon sujet que j'appartiens à l'opposition et que c'est pour cela que
je critique le pouvoir actuel. Au contraire, je suis un réaliste qui ne
critique pas mais qui présente la situation telle qu'elle est. Je n'ai
rien dit dans mon texte qui ne soit la vérité ; je n'ai fait que citer
le Premier ministre Dodik et de-là écrire ce qui a été fait ou pas.
J'ai critiqué le Premier ministre parce qu'il nous a menti par rapport
à tout ce qu'il nous avait promis et, dans mon texte, je n'ai exposé
aucune contre-vérité mais seulement des faits. Lorsque le Premier
ministre Dodik remplira ses promesses, lorsqu'il construira une
centrale thermique à Gacko et un aéroport à Trebinje et qu'il réalisera
ses autres promesses je serai le premier à le louer et à le soutenir.
Mais, tant qu'il considérera plus important le fait qu'Adil Osmanović
n'ait pas fêté la Journée de la Republika Srpska plutôt que le fait que
nous ayons 200.000 chômeurs, il n'aura pas mon soutien et je ne
cesserai de le critiquer. Mon texte a reçu beaucoup de réactions
positives de tout bord car les gens au travers de ce texte y ont vu
l'essence de tous nos problèmes. Gacko est une petite ville d'une
dizaine de milliers d'habitants tout au plus et les gens sont ravis, y
compris ceux qui appartiennent au parti au pouvoir, que quelqu'un
dans les médias finissent par aborder les problèmes existentiels de
notre peuple.
Une bonne partie des jeunes en Bosnie-Herzégovine (concernant la
Republika Srpska) sont plutôt léthargiques et ils suivent sans grand
intérêt ce qui se passe. Qui est coupable de ce que les jeunes soient
passifs et qu'est-ce que tu reproches le plus aux jeunes de ton âge ?
Les jeunes dans la Republika Srpska sont déçus et froissés à cause des
relations que maintient le pouvoir avec eux. J'ai des amis dont les
parents travaillent pour 200-300 marks et qui tentent d'assurer à leur
enfant des conditions normales d'existence puis qui, une fois le soir venu, apprennent au "Journal Télévisé" que Milorad Dodik accorde un prêt
de trois millions de marks à son fils à peine majeur, qu'il lui a acheté une nouvelle Mercedes de 250.000 marks
et qu'il lui a payé des études à Milan. Les jeunes dans ce pays sont
conscients de ce que l'enseignement est catastrophique, qu'il n'y a pas
de travail et que les espoirs en un avenir meilleurs ont presque
disparu. Tous les jours j'entends auprès de ceux de mon âge des rêves
de voitures rapides et de millions qu'ils gagneront dans les paris
sportifs ou au casino. Le principal responsable pour la passivité des
jeunes et l'équipe au pouvoir qui par ses agissements les a
complètement déçus et découragés. Toutefois, nous aussi nous partageons
partiellement la faute car nous nous nous comportons comme des idiots
en permettant que l'élite politique nous mente et nous abuse,
qu'elle ne se souvienne de nous qu'au moment de la campagne électorale.
Nous sommes fautifs car nous restons assis, nous regardons comment ils
nous racontent des bobards et nous pillent pendant que nous nous taisons,
alors qu'au lieu de cela il faudrait que nous parlions, braillons
contre ce qu'ils nous fabriquent. Voilà, je suis l'un des rares a avoir
ouvertement parlé des promesses non tenues du pouvoir actuel, et l'on
peut compter sur les doigts d'une main ceux qui sont prêts à parler
ouvertement comme je le fais. Il n'y a pas d'espoir pour les jeunes
tant que chaque jour nous n'aurons pas des dizaines et des centaines de
jeunes qui parleront des problèmes des simples gens, qui
critiqueront et qui inciteront le pouvoir à se consacrer à nous.
Personne ne va nous faire des présents ; pour un lendemain meilleur il nous faudra nous battre nous même.
Des indications montrent que la plupart des jeunes souhaitent quitter
cette région et tenter leur chance dans un autre endroit, ce que
certaines enquêtes ont également confirmé. Appartiens-tu à cette
catégorie et qu'est-ce que tu en penses ?
Vous avez tout à fait raison de dire que les jeunes veulent partir en
quête d'une vie meilleure et de progrès, mais moi je n'en fais pas
partie, j'appartiens plutôt à cette catégorie de jeunes qui veulent
rester au pays, se former afin de travailler ici et se battre pour un lendemain meilleur dans ce pays. Le plus facile est de claquer la porte
et de partir, mais il ne faut pas espérer que là où vous allez vous
attends une vie meilleure. Il est clair que les jeunes sont mécontents
de la situation existante et cela est normal car le pouvoir ne se
soucie pas d'eux comme il le faudrait, pourtant il ne faut pas nous
leurrer avec un bien-être qui nous attends derrière la frontière. La
personne jeune qui quitte la Republika Srpska pour l'étranger, et qui
ne se souvient de nous qu'avant les élections n'est rien d'autre qu'un
traître. Je conseille à tous les jeunes de partir à l'étranger pour
étudier, puis de revenir en Republika Srpska pour investir dans ce pays
leurs connaissances acquises de manière à ce que nous construisions
ensemble une société meilleure et plus prospère.
Récemment dans le texte qu'a publié le magazine BLIN, tu n'as pas
épargné le Premier ministre actuel Milorad Dodik. En particulier tu as
souligné les problèmes de cette partie de la Republika Srpska et les
fausses promesses datant de la campagne électorale. Comment vit-on
aujourd'hui à Gacko, et les gens sont-ils déçus de ce que beaucoup a
été promis mais presque rien réalisé ?
Gacko est une ville avec tout au plus une dizaine de milliers
d'habitants et elle se trouve dans la partie orientale de la Republika
Srpska que le Gouvernement a négligée. Mais, à la différence de Bileća
et de Rudo qui meurent à petit feu, Gacko a eu la chance d'avoir une
centrale thermique qui emploie 1.700 personnes de toute l'Herzégovine
orientale et qui nourrit toute la ville. On ne peut pas dire que les
habitants de Gacko vivent mal, mais pas non plus bien, ils vivent
quelque part dans la moyenne. Toutefois, si nous tenons compte du
potentiel de cette commune il est évident que nous aurions pu être les
Herzégoviniens de Laktaši - nous avons tout ce qui est nécessaire sauf
que nous n'avons pas un Premier ministre. S'agissant des promesses, les gens de Gacko et de toute l'Herzégovine ont cru en Milorad
Dodik et ses promesses en 2006, mais quatre ans plus tard il s'est avéré qu'il nous
a menti. Les Herzégoviniens sont des gens d'honneur, honnêtes et fiers,
qui ne permettront pas que quelqu'un leur mente et les trompe. Les
Herzégoviniens ont compris à temps qu'ils ont été abusés et extorqués
et que l'on ne peut nullement croire l'équipe gouvernementale, aussi
lui a-t-elle répliqué lors des élections locales. Le mécontentement du
peuple est grand, et d'ici octobre il va grandir. Toutefois, si Milorad
Dodik devait rester au pouvoir après octobre, nous en Herzégovine
n'aurions rien à espérer et il est certain qu'un triste sort nous
attendra. J'espère tout de même que le mécontentement herzégovinien va
s'étendre à toute la République et que les gens comprendront que tous
ceux qui volent et pillent leur propre peuple ne méritent pas de rester
au pouvoir. Les gens qui volent leur propre peuple n'ont pas leur place
au Gouvernement mais en prison ; et sans doute qu'ira en prison tout
pouvoir qui viendra à nous mentir et piller, car nous ne le permettrons
pas.
Source : e-novine.com, le 26 janvier 2010.