Les entrepreneurs balkaniques veulent recréer la Yougoslavie
par Vesna Peric Zimonjic
Belgrade - Des économistes et des entrepreneurs de Croatie, de Bosnie-Herzégovine, de Serbie, du Monténégro et de Macédoine lancent un appel pour la création d'une "Econoslavie", soit une restauration de l'ex-Yougoslavie mais en termes économiques.
"Nos économies sont de petites tailles voire microscopiques", a déclaré Slobodan Vucicevic du groupe Droga Kolinska, un consortium d'entrepreneurs serbes de l'alimentation au cours d'une récente réunion organisée par l'Association serbe des hommes d'affaires. "Nous sommes donc peu attrayant. Le mieux que nous pouvons faire, c'est créer un marché unique avec tous ces fragments d'ensemble et de s'ouvrir vers l'extérieur sans ambiguïté."
La réunion a été suivie par d'éminents hommes d'affaires de l'ex-Yougoslavie, en ce compris de la Slovénie, la seule partie de l'ancienne fédération yougoslave qui est aujourd'hui membre de l'Union européenne (UE). Des politiciens de l'ex-Yougoslavie considèrent l'intégration avec l'Union européenne (UE) comme un objectif important et une voie possible vers une plus grande prospérité.
Désintégration
Les entrepreneurs ont discuté des possibilités de stratégie commune pour s'ouvrir aux marchés internationaux et aux investisseurs. Aucun des pays de la région, sauf la Slovénie, n'a réussi à retrouver le niveau de son produit national brut (PNB) d'avant la guerre des années 90 ou d'entamer un processus de développement stable.
Avant sa désintégration la Yougoslavie comptait 24 millions d'habitants, un marché commun ainsi qu'une production combinée. Tout cela a disparu après les guerres successives de 1991 à 1995. L'ancienne fédération a explosé en créant six nouveaux pays : la Slovénie (moins de 2 millions d'habitants), la Croatie (4,4 millions), la Bosnie (4,5 millions), la Serbie (7,4 millions), le Monténégro (650.000 habitants) et la Macédoine (2 millions).
"Ce n'est pas important de savoir s'il faut appeler la nouvelle intégration économique en la baptisant de Yougoslavie, de Yugo-sphère, ou d'Econoslavie", estime Esad Colakovic, chef de l'Association croate des hommes d'affaires. "Nous avons besoin de coopérer au niveau régional et oublier nos mini-marchés respectifs".
Transports
Les politiciens nationalistes maintiennent l'animosité entre les différents peuples vivant dans les différents Etats mais d'après les experts de nombreux obstacles dans la vie quotidienne peuvent déjà être contournés. "Notre société a ouvert trois centres de technologie dans la région", a déclaré Veselin Jevrosimovic, propriétaire d'une célèbre entreprise technologique serbe Comtrade. "En plus de Belgrade, nous avons déjà pu ouvrir un bureau à Sarajevo et à Ljubljana en Slovénie. Et nous avons dix centres de formation dans tous les pays de l'ex-Yougoslavie, à l'exception de la Macédoine. Pour les entrepreneurs, la Yugo-sphère représente le présent et le futur. Mais pour les politiciens, ce n'est malheureusement encore qu'une utopie."
Jevrosimovic se plaint d'un manque de volonté politique pour restaurer le système de transport de l'ex-Yougoslavie. "Depuis 1991, il n'y a plus de vols directs possibles entre Belgrade et Zagreb ou de Belgrade à Split ou à Dubrovnik en Croatie. C'est un vrai fouillis", conclut l'entrepreneur avec désolation.
Source : ipsnouvelles.be, le 13 janvier 2010.