Le message du cerceuil ouvert
Le summum de l'hypocrisie aura été la cérémonie d'adieux
elle-même. Les
gendarmes et les soldats de la garde autour du cercueil auraient dû
symboliser le fait qu'il s'agit de funérailles nationales. Cependant
la coutume totalement étrangère, empruntée à la Russie, que le cercueil
soit transporté ouvert à travers toute la ville, a introduit quelque
chose d'entièrement païen. Peut-être cela a-t-il été fait pour que plus
de gens viennent assister aux adieux dans les rues de Belgrade. Pour
que l'on montre que ces adieux sont plus grands que ceux réservés à Tito et à
Đinđić, ou que tous ceux imaginables.
Pour les gens décents il est pénible de regarder la quantité de kitsch, d'hypocrisie et d'abus que l'Eglise et l'Etat ont préparé aux citoyens de Serbie à l'heure de prendre congé du patriarche Pavle. Au lieu d'une liturgie religieuse, nous avons eu droit à un événement national du plus haut niveau. Dès l'instant où le président Tadić a accompagné la dépouille du patriarche depuis l'Hôpital militaire de Belgrade, il a été clair que nos autorités souhaitaient utiliser l'enterrement pour rehausser leur cote de confiance ébranlée, en le transformant en un événement politique de premier ordre. De façon tout à fait contraire à la Constitution et à l'esprit d'un état séculier, le président Tadić a asssisté à la séance du synode de l'Eglise orthodoxe serbe et s'est adressé à l'opinion aux côtés du métropolite Amfilohije. Le service public - ou plus exactement la télévision publique - a revêtu les présentateurs de noir, pour que leur responsable Aleksandar Tijanić, du reste connu pour sa vie prude et modeste, démontre que tous les citoyens de Serbie portent le deuil quelle que soit leur orientation religieuse, ou, ô grand Dieu, leur éventuelle posture athéiste.
Les commentaires dans les médias sont allés comme à l'habitude de ceux frappés d'illetrisme, où l'on a retrouvé des termes de slavon liturgique que pas même les auteurs de commentaires ne comprennent, jusqu'aux déclarations exaltées faisant état qu'un "demi million" de personnes assisteraient aux funérailles. Qui a calculé cela, on ne nous l'a pas dit. Cependant la honte a commencé à envahir les vériables croyants. Tandis qu'ils attendaient patiemment en rang devant la Cathédrale Saint-Michel-Archange de Belgrade afin de rendre hommage au patriarche, des personnalités "importantes" ont été introduites au travers des rangs. De Neda Ukraden à Biljana Plavšić. Il serait notamment intéressant de savoir en vertu de quoi Biljana Plavšić condamnée pour crimes [de guerre] a-t-elle obtenu ce droit. Ou encore les déclarations dans les médias de Luka Karadžič affirmant qu'après l'arrestation de Radovan Karadžić, il a été reçu en audience auprès du patriarche qui lui a dit "que la vérité finira par l'emporter !" Quant aux sanglots du métropolite Amfilohije et de Milorad Dodik mieux vaut ne pas en parler.
Tous ont rivalisé pour se faire valoir dans l'opinion, en singeant le deuil avec hypocrisie. A cela s'est adjoint le ministère de l'Education en "recommandant" aux écoles et facultés de ne pas fonctionner. Et cela dans un pays où l'Eglise est séparée de l'Etat. Cette recommandation à elle seule mériterait de faire l'objet d'une plainte, en raison des heures perdues.
Mais le summum de l'hypocrisie aura été la cérémonie d'adieux elle-même. Les gendarmes et les soldats de la garde autour du cercueil auraient dû symboliser le fait qu'il s'agit de funérailles nationales. Cependant la coutume totalement étrangère, empruntée à la Russie, que le cercueil soit transporté ouvert à travers toute la ville, a introduit quelque chose d'entièrement païen. Peut-être cela a-t-il été fait pour que plus de gens viennent assister aux adieux dans les rues de Belgrade. Pour que l'on montre que ces adieux sont plus grands que ceux réservés à Tito et à Đinđić, ou que tous ceux imaginables. Pour que l'on montre que l'idée d'un Etat séculier a été enterrée une fois pour toute, que nous nous engouffrons tout heureux dans la théocratie, dans laquelle le président du pays, pour reprendre ses propres termes, "tient ses consultations" avec le patriarche autour des questions importantes.
Il semble que l'enterrement du patriarche Pavle soit également devenu une tentative d'enterrer la société moderne, laquelle au travers des siècles s'est justement bâtie en se séparant de l'Eglise. Une Eglise divisée et en brouille s'impose ainsi comme modèle d'organisation qui devrait guider la société. Et le patriarche, du reste sobre et presque ascétique, comme le chef politique le plus recommandable.
Ainsi l'Etat et l'Eglise ont-ils tout trahi. La première sa propre Constitution, et la seconde l'exemple vivant de son défunt patriarche, qui n'avait pas acquis sa popularité en s'occupant de politique mais en donnant l'exemple par son mode de vie.
Ils sont fous ces païens !
Poruka otvorenog kovčega
Vrhunac licemerja bio je sam ispraćaj. Žandari i gardisti oko kovčega trebali su da simbolizuju da se radi o državnoj sahrani. Međutim, potpuno tuđ običaj, preuzet iz Rusije, da se kroz čitav grad nosi otvoren kovčeg, uveo je u Srbiju nešto potpuno pagansko. To je valjda učinjeno da bi više ljudi došlo na ispraćaj na ulice Beograda. Da se pokaže da je ovaj ispraćaj veći od Brozovog, i od Đinđićevog, i od svakog mogućeg.
Pristojnim ljudima je teško da gledaju količinu kiča, licemerja i zloupotreba, koje su građanima Srbije priredili crkva i država, opraštajući se od patrijarha Pavla. Umesto crkvenog obreda, dobili smo državni događaj najvišeg reda. Od trenutka kaka je predsjednik Tadić ispratio telo patrijarha sa VMA u Beogradu, bilo je jasno da naša vlast želi da sahranu iskoristi za dizanje svog poljuljanog rejtinga, pretvarajući je u prvorazredni događaj. Potpuno suprotno Ustavu i duhu sekularne države, predsednik Tadić je prisustvovao sednici sinoda SPC i obratio se javnosti zajedno sa mitropolitom Amfilohijem. Javni servis ili pravilnije - državna televizija, obukla je voditelje u crninu, da bi njen rukovodilac Aleksandar Tijanić, poznat inače po skromnom i čednom životu, demonstrirao da žale svi građani Srbije, bez obzira na versko opredeljenje, ili, ne daj Bože, moguć ateistički stav.
Komentari u medijima kretali su se po običaju od nepismenih, u kojima smo našli crkvenoslovenske reći koje ni pisci komentara ne razumeju, do egzaltiranih izjava da će sahrani prisustvovati "pola miliona" ljudi. Ko je to proračunao, nismo doznali. Ali stvarne vernike počeo je da obuzima sram. Dok su oni strpljivo čekali u redu pred Sabornom crkvom u Beogradu da odaju poštu patrijahu, "važne" ličnosti su uvođene preko reda. Od Nede Ukraden, do Biljane Plavšić. Posebno je zanimljivo pitanje, čime je za zločine osuđena Biljana Plavšić stekla to pravo. Ili izjave u medijima Luke Karadžića, da ga je posle hapšenja Radovana Karadžića, primio u posetu patrijarh i rekao "da će istina pobediti !" O "jecajima" mitropolita Amfilohija i Milorada Dodika, ne vredi ni govoriti.
Svi su se takmičali da steknu neki poen u javnosti, licemerno glumeći žalost. U to se uključio i Ministarstvo prosvete, "preporučujući" školama i fakultetima da ne rade. I to u zemlji gde je crkva odvojena od države. Samo ta preporuka zaslužuje krivičnu prijavu, zbog izgubljenih časova.
Ali vrhunac licemerja bio je sam ispraćaj. Žandari i gardisti oko kovčega trebali su da simbolizuju da se radi o državnoj sahrani. Međutim, potpuno tuđ običaj, preuzet iz Rusije, da se kroz čitav grad nosi otvoren kovčeg, uveo je u Srbiju nešto potpuno pagansko. To je valjda učinjeno da bi više ljudi došlo na ispraćaj na ulice Beograda. Da se pokaže da je ovaj ispraćaj veći od Brozovog, i od Đinđićevog, i od svakog mogućeg. Da je ideja sekularne države za navek sahranjena, da srećno hrlimo u teokratiju, gde se predsednik države, po svom izkazu, "konsultuje" sa patrijarhom oko važnih pitanja.
Izgleda da je sahrana patrijarha Pavla postala i pokušaj sahrane modernog društva, koje se vekovima gradilo upravo odvajajući se od crkve. Podeljena i posvađana crkva nameće se tako kao model organizacije koja treba da vodi društvo. A inače lično skromni i gotovo asketski patrijarh - kao najpoželjniji politički lider.
I tako su država i crkva sve izneverili. Prva svoj sopstveni Ustav, a druga životni primer svog preminulog patrijarha, koji popularnost nije stekao baveći se politikom, već dajući primer stilom svog života.
Source : e-novine.com, le 19 novembre 2009.