VEF Blog

Titre du blog : Balkanikum
Auteur : Balkanikum
Date de création : 14-08-2008
 
posté le 25-10-2008 à 01:00:43

Scandale gazier en Serbie : encore un obstacle pour le South Stream (Kommersant)

 

Moscou - La Serbie est le théâtre d'un grand scandale lié aux livraisons de gaz russe, au centre duquel se trouve une compagnie intermédiaire contrôlée par Gazprom, lit-on vendredi dans le quotidien Kommersant.

 

Cette situation remet en question le récent accord entre la Serbie et la Russie en matière de pétrole et de gaz, qui prévoit le passage du monopole énergétique serbe NIS sous le contrôle de Gazprom.

 

Le scandale a été initié par la signature le 14 octobre à Moscou du protocole annuel de l'accord gazier russo-serbe, prévoyant en 2009 la livraison de 2,39 milliards de m3 de gaz en Serbie pour une somme de 700 millions d'euros. Il s'est trouvé que le directeur par intérim de Srbijagas Sasa Ilic avait signé ce document sans l'aval de la direction de la compagnie. De plus, l'accord n'a pas été signé directement avec Gazprom, mais avec Iougorosgaz, société intermédiaire qui recevra pour ses services 5% du montant de la transaction (35 millions d'euros). Il s'est avéré par la suite que M. Ilic occupait en même temps le poste de vice-président de Iougorosgaz.

 

Iougorosgaz a été créé en 1996 à parité entre la Russie et la République fédérale de Yougoslavie. En 2005, Gazprom y a augmenté sa part jusqu'à 75%. Iougorosgaz est devenue début 2006 l'intermédiaire pour les livraisons de gaz entre les deux pays. Mladjan Dinkic, qui faisait à l'époque partie du gouvernement de Vojislav Kostunica, a indiqué hier que Moscou aurait lancé un ultimatum à Belgrade : ou bien la Serbie coopérait avec Iougorosgaz, ou bien il n'y aurait tout simplement pas de gaz. Des sources proches du gouvernement serbe affirment cependant que le passage de Iougorosgaz sous le contrôle de Gazprom et l'octroi à la compagnie du rôle d'intermédiaire constituent un paiement pour le soutien accordé par la Russie à la Serbie dans la lutte pour le Kosovo.

 

Les discussions houleuses autour de ce protocole moscovite signé par M. Ilic ont soulevé encore une fois la question des accords pétrogaziers conclus cette année. Selon ces ententes, la Russie construira en Serbie un gazoduc dans le cadre du projet South Stream, et Gazprom acquerra 51% du monopole serbe NIS pour une somme très avantageuse de 400 millions d'euros.

 

Belgrade a certainement relevé que dans le schéma général de développement de l'industrie en Russie jusqu'en 2030, le lancement de South Stream avait été reporté de 2013 à 2015. De plus, le patron de Gazprom Alexeï Miller a mené la semaine dernière à Moscou des négociations avec les dirigeants d'un certain nombre de compagnies roumaines, négociations qui portaient sur la participation de la Roumanie au South Stream et la possibilité qu'elle remplace la Bulgarie. A Belgrade, on estime que tout cela témoigne du fait que Gazprom fait face à des difficultés dans la réalisation du projet.

 

"Cet accord, auquel la Serbie attache tant d'importance, ne résout pas un certain nombre de questions", indique une source proche du gouvernement serbe. "Quand la Serbie recevra-t-elle le gaz russe ? A quel prix ? Quel est l'itinéraire du gazoduc ? Si la question de Iougorosgaz n'est pas résolue dans un avenir proche, les doutes sur l'avantage pour la Serbie de ce contrat pétrogazier ne feront que se renforcer, et les opposants à la transaction recevront un atout majeur."

 

_______________

 

Source : Ria Novosti, le 25 octobre 2008.