Ivan Pernar pour Vijesti.ba : extraits
Vijesti.ba : Quel est votre perception des relations entre la Croatie et la Bosnie-Herzégovine, en particulier après les déclarations de la présidente croate Kolinda Grabar Kitarovic qui ont suscité de vives réactions de part et d'autre ?
Pernar : Toutes les déclarations venant de l'establishment, que ce soit croate ou bosnien, ont pour but évident de détourner l'attention de l'opinion des véritables problèmes dont souffrent leurs citoyens. Tout cela est de la démagogie à laquelle nous sommes habitués ces 25 dernières années.
Vijesti.ba : Il n'en reste pas moins que la présidente croate a avancé des chiffres faux sur le nombre d'individus partis dans des zones de guerre et revenus en Bosnie-Herzégogvine, causant ainsi du tort à la réputation de la Bosnie-Herzégovine. Existe-t-il une obligation morale pour au moins rectifier ces assertions ?
Pernar : Ce n'est pas à la réputation de la Bosnie-Herzégovine qu'elle a causé du tort mais à la sienne propre. Si vous avez de la considération pour vous même, ces déclarations ne peuvent vous affecter. Si vous la prenez pour une personne estimable, alors ces déclarations ont leur pesant, il n'y a qu'alors que ces déclarations peuvent vous toucher.
Vijesti.ba : Vous êtes venu récemment à Sarajevo. Quelle a été votre impression, avez-vous ressenti qu'une sorte d'”état islamique” bénéficie ici d'un passage ?
Pernar : J'ai vu qu'il y a beacoup de braves gens et que les musulmans que j'ai croisés sont parfaitement normaux, bons et sincères. Je souhaiterais revenir à Sarajevo. Je me sens mieux accueilli que dans certaines parties de mon propre pays, il faut dire que les déclarations de la présidente croate à propos d'une peur qui y règne, d'une sorte de menace existante, sont de simples bêtises dues au fait que la présidente n'a jamais vécu à Sarajevo. Il aurait fallu qu'elle vive un certain temps à Sarajevo, qu'elle discute avec les gens, les rencontre et ce n'est qu'alors qu'elle aurait vu ce qu'est la Bosnie. Mais elle n'a pas de temps ni de volonté pour cela. Ses déclarations sont de la pure démagogie, pour faire les gros titres de la presse et détourner l'attention sur des sujets sans importance et du coup que l'on oublie les vrais problèmes qui tarabustent les citoyens. Pour ne prendre que le problème de l'exode qui touche la Croatie et la Bosnie-Herzégovine, qu'est-ce qu'elle fait à ce sujet ? Rien ! Plutôt que de parler de l'exode des jeunes, on parle de l'islam radical. Lorsque vous demandez à toute personne de bonne fois, que ce soit à Zagreb ou Sarajevo, ce qu'il considère comme le plus gros problème, l'islam radical ou l'exode des jeunes, tout le monde vous répondra que c'est l'exode des jeunes, mais ce problème n'est pas évoqué. Vous comprenez alors pourquoi on parle d'un autre problème fantomatique.
Vijesti.ba : Certains politiciens en Bosnie-Herzégovine tentent de vous persuader que les jeunes Croates s'en vont faute d'une troisième entité et non pas parce qu'il n'ont pas de travail.
Pernar : Si des jeunes Croates quittent la Bosnie-Herzégovine parce qu'ils ne disposent pas d'une troisième entité, alors pourquoi les Croates de Croatie quittent-ils leur propre pays ? Le HDZ est au pouvoir en Croatie et en Bosnie-Herzégovine, nous partageons le même problème. En Bosnie-Herzégovine la faute à tout est rejetée sur l'absence d'une troisième entité, à quoi faut-il alors imputer la faute si les jeunes quittent la Croatie ? Il faut y voir une démagogie dont le but est de détourner l'attention des causes principales. La question n'est pas d'avoir ou pas une troisième entité mais d'avoir ou pas du travail et pour quel salaire. De cela ils ne veulent pas débattre.
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Source : vijesti.ba, le 12 décembre 2016.