VEF Blog

Titre du blog : Balkanikum
Auteur : Balkanikum
Date de création : 14-08-2008
 
posté le 18-06-2015 à 00:13:35


Croatie : des réparations pour les victimes de viol

 

 



Evaluer le prix à payer aux victimes suite à des viols en temps de guerre. La tâche n’est pas aisée. Certains optent pour la réponse facile : le corps n’a pas de prix, et rien ne peut effacer le crime commis ni les blessures visibles et invisibles des victimes. C’est en partie vrai. Mais obtenir des réparations financières, même minimes, fait aussi partie intégrante du chemin vers la résilience.

En Croatie, une loi a été votée il y a un peu plus d’une semaine. Elle prévoit des compensations financières pour les victimes reconnues de viol de guerre : un premier versement d’environ 13 330 euros seront versés dans un premier temps. Puis un virement mensuel de 330 euros pour chacune d’entre elle, ainsi qu’un accompagnement psychologique et médical.

Tout comme ses voisins, la Croatie a été ravagée par la guerre d’ex-Yougoslavie en 1991. Le viol y était monnaie courante, et des milliers de femmes en ont été victimes. Aujourd’hui encore, toutes n’ont pas parlé, et on ne connaît pas les chiffres exacts. Mais cette guerre a marqué le début d’une prise de conscience internationale : oui, le viol peut être utilisé comme une arme, un outil de nettoyage ethnique.

Pour le Parlement Croate, cette nouvelle loi s’inscrit dans cette volonté de reconnaître les victimes comme victimes de guerre, ayant droit à des compensations. Pour les femmes concernées, la nouvelle a été accueillie certes avec soulagement. Mais comme le souligne l’article paru à ce sujet dans Reuters, plus de vingt ans après le conflit, nombre d’entre elles attendent plus.

Ruzica Barbaric, 63 ans, témoigne dans l’article en question. Elle a été violée par des Serbes dans la ville de Vukovar. Si elle reconnaît que le versement de 330 euros par mois complètera sa maigre pension, elle ajoute : « La loi et la compensation ne valent rien si ceux qui ont commis ces viols sont toujours libres. Je veux qu’ils répondent de leurs crimes, qu’ils avouent qu’ils sont venus à Vukovar pour tuer et violer ».

Le corps n’est pas une arme de guerre !

 

 

Source : http://www.notaweaponofwar.org/?p=577