Belgrade
- Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a
exprimé vendredi son inquiétude pour la stabilité en Macédoine et
dans les Balkans après les violences meurtrières du week-end, qu'il
a qualifiées d'actes terroristes planifiés.
Les
derniers événements en Macédoine sont très inquiétants, de même
que les tendances terroristes qui apparaissent ces derniers temps
dans les Balkans et récemment en Macédoine, a déclaré M. Lavrov à
l'issue d'un entretien à Belgrade avec son homologue serbe, Ivica
Dacic.
Nous
estimons que ces événements illustrent la situation instable dans
ce pays et dans les Balkans et nous remarquons qu'il s'agit de la
mise en oeuvre d'actes terroristes bien préparés, planifiés et
exécutés, a poursuivi M. Lavrov.
Le
chef de la diplomatie russe faisait référence aux violents
affrontements des 9 et 10 mai à Kumanovo (nord), qui ont opposé les
forces de l'ordre macédoniennes à un commando d'origine albanaise
et son sont soldés par 22 morts (huit policiers et 14 insurgés).
M.
Lavrov a critiqué l'attitude trop réservée de l'Union européenne
face à l'instabilité dans les Balkans.
Bruxelles
comprend très bien ce qui se passe, mais essaye peut-être de
justifier (par sa réserve, ndlr) son manque d'efficacité. On ne
peut pas remplacer la nécessité d'une action concrète par du
politiquement correct, a-t-il estimé.
Dimanche
dernier, l'Otan et l'UE ont appelé à la retenue en Macédoine après
les affrontements à Kumanovo.
M.
Lavrov a aussi noté que ces incidents meurtriers interviennent alors
que le gouvernement macédonien refuse de se joindre aux sanctions
(imposées par l'UE à la Russie en raison de la crise ukrainienne,
ndlr) et soutient en revanche le projet Turskish Stream.
Le
géant gazier russe Gazprom a annoncé la semaine dernière que le
nouveau gazoduc Turkish Stream, destiné à approvisionner la Turquie
en gaz russe et à compenser l'abandon du projet South Stream vers
l'Union européenne, serait opérationnel dès décembre 2016.
Les
pays de la région, notamment la Macédoine et la Serbie ont
manifesté leur intérêt pour ce projet après l'abandon surprise de
South Stream, qui devait alimenter le sud de l'Europe en passant sous
la mer Noire et en contournant l'Ukraine. La Russie l'a arrêté en
raison du blocage de la Commission européenne.
Le
chef de la diplomatie russe a également fait part de l'inquiétude
de Moscou face aux activités des islamistes dans les Balkans où le
groupe État islamique est actif et recrute des jeunes pour les
dépêcher vers le Moyen Orient et l'Afrique du nord où ils
rejoignent les rangs des combattants djihadistes.
M.
Lavrov a, par ailleurs, critiqué les récentes déclarations de
politiciens albanais visant à raviver le projet de création d'une
+Grande Albanie+ qui nous inquiètent.
La
Grande Albanie est un projet visant à réunir tous les Albanais des
Balkans en un seul État, dont ceux du Kosovo, de Macédoine et de la
région de Presevo dans le sud de la Serbie.
Cela
nous inquiète et ressemble à un appel à de nouvelles effusions de
sang dans les Balkans. Je pense que tout politicien sensé ne devrait
pas rester indifférent (...) et devrait qualifier de catégoriquement
inacceptable cette idée, a-t-il dit.
M.
Lavrov effectue une visite officielle en Serbie --pays candidat à
l'adhésion à l'Union européenne et allié traditionnel de la
Russie-- qui s'inscrit dans le cadre de consultations régulières
avec son homologue serbe M. Dacic.
Source : romandie.com, le 15 mai 2015.