Krach en Suisse : la Pologne et la Croatie dans la tourmente
Le zloty et la kuna, les monnaies polonaise et croate, ont toutes deux décroché de près de 20% face au franc suisse. Et plonge les emprunteurs, qui ont contracté des prêts libellés en francs suisses, dans l'inquiétude.
La décision de la Banque nationale suisse (BNS) d'abolir jeudi le cours plancher de sa monnaie face à l'euro a levé un vent de panique en Pologne où quelques 700.000 ménages détiennent des crédits immobiliers libellés en devise helvétique, le zloty décrochant de près de 20% face au franc. Environ 40% des crédits immobiliers en Pologne sont libellés en francs suisses représentant un volume de quelque 31 milliards d'euros, selon la Commission polonaise de surveillance des banques (KNF).
Selon les experts, si la situation actuelle devait persister, la traite mensuelle pour un crédit immobilier moyen de 300.000 zlotys (69.000 euros) augmentera de quelques 200-300 zlotys (46-69 euros). En octobre, des rumeurs sur une éventuelle hausse du franc face au zloty avaient poussé les hommes politiques, aussi bien de la coalition au pouvoir que de l'opposition à demander au gouvernement et aux banques de se pencher sur ce problème alors potentiel.
De son côté, la bourse de Varsovie chutait jeudi de quelque 2% à la mi-journée. A 13 heures, heure locale, le franc suisse s'échangeait contre 4,20 zlotys, soit une hausse de 18,5% par rapport à mercredi. Peu après l'annonce de la banque suisse, le franc avait crevé le plafond de cinq zlotys.
En Croatie, autre pays de l'Union européenne, l'association Franak représentant des emprunteurs de crédits libellés en francs suisses a demandé une réunion d'urgence avec le gouvernement, mettant en garde jeudi contre une «catastrophe». La devise croate, la kuna (HRK), a décroché de près de 17% face au franc suisse après la décision de la Banque nationale suisse (BNS).
Selon l'association Franak, quelque 60.000 particuliers en Croatie remboursent encore leurs crédits - essentiellement des prêts immobiliers, libellés en francs suisses et cette hausse de sa valeur affectera entre 200.000 et 300.000 personnes de ce petit pays de 4,2 millions d'habitants.
Le gouvernement hongrois s'est lui félicité que ses citoyens, dont beaucoup ont contracté des emprunts immobiliers en francs suisses, sont désormais protégés par la loi contre les effets de l'envolée jeudi de la devise helvétique. «L'appréciation du franc suisse n'aura pas d'effet significatif sur les niveau d'endettement», a souligné le ministère de l'Economie dans un communiqué.
À l'instigation du premier ministre conservateur Viktor Orban, le Parlement hongrois a adopté en novembre une loi destinée à protéger les débiteurs en devi»ses étrangères. Cette loi prévoit un taux de conversion fixe de 256,5 forints (HUF) pour 1 franc suisse, et de 309,5 HUF pour 1 euro. Jeudi, après avoir brièvement chuté à 326 HUF/euro contre 318 HUF la veille, la devise hongroise s'est reprise à 321 HUF. Comme la plupart des autres devises, le forint a en revanche décroché de près de 30% par rapport au franc suisse, à 393 HUF.
En Autriche, les autorités monétaires se sont elles aussi félicitées que Vienne ait interdit en 2008 les nouveaux emprunts en devises étrangères, en réaction à la flambée de la devise helvétique.
Source : lefigaro.fr, le 15 janvier 2015.