L'autorité du travailleur
Le plus jeune candidat pour les élections présidentielles en Croatie est âgé de 24 ans.
Le changement de génération s'annonce particulièrement brutal dans ce pays. On a peut-être tort de considérer l'irruption du parti politique Zivi zid uniquement comme une sorte de (pré-)vote sanction, comme l'arrivée d'un parti qui rallie les laissés pour compte du système (chômeurs, retraités...). N'y voir qu'une réponse réactionnaire survenant des heurts et malheurs économiques qui affligent la Croatie.
Compte tenu de la structure démographique de la Croatie, un pays vieillissant dont la natalité est en berne depuis plusieurs décennies, on peut considérer que pour son alimentation le système dépend désormais d'un goulot de plus en plus étroit. Que l'économie gît telle une sorte de pyramide renversée.
Il est manifeste que les actifs en Croatie supportent tout le système sur leurs frêles épaules, qu'ils se crèvent non pas tant pour eux mais pour les autres. Aujourd'hui ceux qui bénéficient d'un emploi en Croatie sont ceux qui font tourner la machine à eux tout seuls.
Sans eux la machine ne peut rien. C'est pourquoi les détenteurs de la machine (c'est-à-dire les détenteurs du capital) deviennent peu à peu leurs prisonniers. Le rapport de force s'inverse rapidement.
Or les plus jeunes de ces travailleurs sont totalement vaccinés à la propagande du SDP/HDZ. Ils n'ont rien à faire de ce type de politiciens qui se croient tout juste sortis des guerres de Yougoslavie. Certains d'entre eux n'étaient même pas nés à cette époque.
Justement ce sont ces travailleurs plus jeunes qui créent le nouvel état d'esprit anti SDP/HDZ. La prise de conscience peut s'avérer rapide, dès lors où ils se disent : "Ejectons les, après tout ils ont plus besoin de nous que l'inverse."... et qu'ils font courir la voix autour d'eux puisqu'ils ont l'autorité du travailleur.
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On pourra objecter qu'en Croatie, les détenteurs du capital ne sont que très partiellement des "capitalistes croates". Par conséquent, l'organisation Zivi zid (un mouvement autochtone dont la traduction littérale signifie "Mur vivant") est elle-même confrontée à un mur invisible et que dans le futur elle ne pourra pas faire l'impasse sur la question de ses relations avec l'étranger.