Croatie : la ville de Split se mobilise contre l'incinération des déchets
Les habitants de Split se mobilisent pour l’environnement. Samedi 11 octobre, ce sont plus de 2.000 personnes qui ont défilé pour protester contre l’incinération de déchets dans la baie de Kaštela. Les citoyens et les associations exigent l’installation d’une usine de recyclage dans la région.
Plus de 2.000 personnes se sont réunies samedi 11 octobre, dans le centre de Split, pour manifester contre le projet d’incinérer des déchets dans la cimenterie voisine de Cemex. En bordure de la baie de Kaštela, à 3 km à vol d’oiseau de Split, celle-ci vient en effet de recevoir l’autorisation du gouvernement pour importer des déchets et les utiliser comme combustible de substitution pour ses fours à ciment.
« Contre l’incinération et l’importation de déchets », « On exporte nos cerveaux, on importe des déchets », « Peur pour l’avenir », « Vendu, pollué, détruit », pouvait-on lire sur de nombreuses banderoles. Jamais une initiative civile pour l’environnement et la santé publique n’avait mobilisé autant de monde à Split. Au son des djembés et sous un soleil encore estival, les manifestants ont descendu la rue Marmont, du Théâtre jusqu’à la Riva.
Depuis les terrasses bondées des cafés, des dizaines de gens applaudissaient pour apporter leur soutien aux protestataires.
Les discours de ceux qui ont pris la parole étaient clairs : ils demandaient l’arrêt de la cimenterie et la révocation de l’autorisation accordée par le gouvernement. Ils ont souligné que l’incinération des déchets était nocive pour la santé publique, encore pire que la combustion actuelle, qui utilise du coke de pétrole, en raison d’émissions de dioxines et de furannes cancérigènes. Les manifestants ont interpellé les autorités et les institutions - municipales, régionales et étatiques - pour qu’elles collaborent avec les organisations civiles et les citoyens mobilisés par les questions environnementales. Pour beaucoup, les dirigeants de Cemex cherchent juste à maximiser leurs profits.
« Cemex n’est pas un incinérateur. Nous voulons juste utiliser ces déchets comme un combustible de substitution pour notre production de ciment. Nous respectons les normes et les directives européennes et nous sommes en conformité avec les lois croates », a expliqué le directeur de l’usine, Trpimir Renić, à une conférence de presse tenue par Cemex avant la manifestation. Trpimir Renić est aussi convaincu que la santé de la population n’est pas en péril, des investissements ayant été réalisés pour filtrer les fumées.
L’association de défense de l’environnement Sunce a, quant à elle, porté plainte, non contre Cemex mais contre le ministère de l’Environnement, pour non respect du plan d’aménagement de la région Split-Dalmatie, qui normalement interdit l’importation de déchets dans cette zone. La première audience a déjà eu lieu, la seconde est prévue en novembre.
Au-delà de la mobilisation contre ce projet, les organisateurs ont appelé à une prise de conscience plus générale et à de nouveaux comportements face aux déchets. Ils ont demandé la construction d’un centre de recyclage à Split et la mise en place d’un système de collectes séparées : une collecte pour le compostage des déchets organiques et naturels, la mise en place d’un système approprié pour le papier, le plastique, le métal, une collecte pour les déchets ménagers dangereux. Ils ont aussi demandé l’assainissement de la décharge de Karepovac et la création d’un Centre pour une gestion durable des déchets. La ville de Split serait-elle en train de se mettre au vert ?
Source : http://balkans.courriers.info/article25773.html
L'opposition occupe le terrain.