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Titre du blog : Balkanikum
Auteur : Balkanikum
Date de création : 14-08-2008
 
posté le 03-09-2014 à 21:29:53

 


Robert Desnos

 

 

 

 

Epitaf

 

Živeh u ta vremena i već hiljadu leta

Mrtav sam. Živeo sam opkoljen, al ne srušen.

Zasužnjena je bila sva plemeniost sveta,

Slobodan bejah, a svako rob je bio prerušen.

 

Živeh u ta vremena, ipak slobodan. Gledah

Reku i zemlju i nebo kako se oko mene

 

Vrte u ravnoteži što neće da prene,

I godišnja doba sa tovarima svojih ptica i meda.

Vi koji živite, šta ste učinili s tim blagom?

Žalite li za vremenom u kome sam pritešnjen bivao?

Uložiste li u opšte žetve svoju snagu?

Obogatiste li grad u kojem sam prebivao?

 

Ne bojte se, ja sam mrtav, vi sadašnji životi.

Ništa nije preživelo od mog života ni od ploti.

 

 

 

 

 

L’Epitaphe

 

J’ai vécu dans ces temps et depuis mille années
Je suis mort. Je vivais, non déchu mais traqué.
Toute noblesse humaine étant emprisonnée
J’étais libre parmi les esclaves masqués.
 
J’ai vécu dans ces temps et pourtant j’étais libre.
Je regardais le fleuve et la terre et le ciel.
Tourner autour de moi, garder leur équilibre
Et les saisons fournir leurs oiseaux et leur miel.
 
Vous qui vivez qu’avez-vous fait de ces fortunes ?
Regrettez-vous les temps où je me débattais ?
Avez-vous cultivé pour des moissons communes ?
Avez-vous enrichi la ville où j’habitais ?
 
Vivants, ne craignez rien de moi, car je suis mort.
Rien ne survit de mon esprit ni de mon corps.

 

 

 

 

 

Na kraju sveta

 

To urlanje u crnoj ulici na čijem kraju voda

Reke drhti uz padine obala

Taj pikavac bačen s nekog prozora kao zvezda.

Još uvek urlanje u crnoj ulici.

Ah! Umuknite!

Noć bremena, noć nedišljiva.

Jedan crni krik se približava skoro da nas takne,

ali izdiše pre nego nas domaši.

Negde na svetu, u podnožju nekog obronka,

jedan dezerter pregovara sa stražarima koji ne

Razumeju njegov jezik.

 

 

 

Au bout du monde

 

Ça gueule dans la rue noire au bout de laquelle l’eau du fleuve frémit
contre les berges.
Ce mégot jeté d’une fenêtre fait une étoile.
Ça gueule encore dans la rue noire.
Ah ! vos gueules !
Nuit pesante, nuit irrespirable.
Un cri s’approche de nous, presque à nous toucher, mais il expire juste
au moment de nous atteindre.

Quelque part, dans le monde, au pied d’un talus,
Un déserteur parlemente avec des sentinelles qui ne comprennent pas son langage.

 

 

 

 

 

Izvor : http://www.e-novine.com/kultura/kultura-knjige/108530-bojte-sam-mrtav.html