Irak – hronika raspada države
Irak. Ce qu'annonce son éclatement.
Uspon džihadističke sunitske snage na severoistoku Iraka spektakularan je događaj u pravom smislu te reči. On istovremeno pokazuje pogrešan stav vlade u Bagdadu i premijera Nuri al-Malikija koji je na svaku terorističku pojavu reagovao krajnje iznenađeno. Onda je zazivao boga i pozivao svoje prijatelje u pomoć, pri čemu je upravo on odgovoran za dolazak i jačanje džihadista. Njegovi prijatelji su toga takođe svesni, a pre svega Iranci, koji su u ovoj igri često učestvovali vođeni sopstvenim interesima, pokušavajući da kroz Malikija prikriju sopstvene greške.
La récente montée en puissance d’une force djihadiste sunnite [1] dans le nord-ouest de l’Irak est spectaculaire, au sens propre du terme. Elle relève du mauvais vaudeville: il y a dans le pays, pour ainsi dire, un terroriste dans le placard. Lorsqu’il fait irruption sur la scène, le premier ministre chiite Nouri Al-Maliki joue la surprise, crie à l’assassin et appelle ses amis à la rescousse pour le chasser de la maison. Pourtant, ce djihadiste, c’est lui-même qui lui a ouvert la porte et qui l’a nourri. Ses amis, notamment iraniens, le savent, mais trouvent un intérêt à se prêter au jeu. Car le terroriste est l’excuse toute trouvée pour éclipser les errements de celui qui, après tout, reste leur homme.
Sunitski džihadisti koji ratuju pod imenom Islamska država Iraka i (Velike) Sirije, skraćeno ISIS, uspeli su da tokom juna gotovo bez borbe zauzmu Mosul, drugi ili treći najveći grad u Iraku. Brzinom kojom se irački bezbednosni aparat raspao, padali su i ostali gradovi u ovom većinski sunitskom regionu. Iračka armija je prilikom povlačenja za sobom ostavila znatne količine vojne opreme, među kojom i brojna američka oklopna vozila. Džihadisti su zarobili veliki broj ljudi, često bez ikakvog razloga, a u jednoj od filijala iračke centralne banke pronašli su pola milijarde dolara. ISIS-u su se u međuvremenu priključile i druge radikalne naoružane grupe. Stanovništvo koje nije izbeglo slavi prodor ISIS-a kao „oslobođenje“, „ustanak“ ili čak „revoluciju“.
En juin 2014, donc, des djihadistes sunnites opérant sous le nom d’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL, également connu sous son acronyme arabe, Daech) s’emparent presque sans combattre de Mossoul, deuxième ou troisième ville du pays selon les chiffres auxquels on se réfère. D’autres localités, dans cette zone à dominante arabe sunnite, tombent rapidement, à mesure que l’appareil de sécurité se désintègre. L’Etat irakien abandonne ses équipements militaires, dont des véhicules fournis par les Etats-Unis, laisse derrière lui ses nombreux prisonniers – généralement détenus de façon arbitraire – et livre à l’adversaire des prises de choix: près d’un demi-milliard de dollars entreposés dans une succursale de la banque centrale, notamment. Des groupes armés moins radicaux se joignent au mouvement, s’attribuant une part vraisemblablement exagérée de ces victoires. Parmi les habitants qui ne fuient pas, certains célèbrent ce qu’ils appellent une «libération», un «soulèvement», ou même une «révolution».
Kurdi su iskoristili priliku i zauzeli Kirkuk, za njih veoma važan grad. Oni već godinama osporavaju iračkoj vladi kontrolu nad ovim gradom, koji je bogat naftom ali i etničkim napetostima.
Ovaj drugi centar konflikta nije dospeo na naslovne strane, jer svet sa nevericom posmatra naizgled nezaustavljivu ofanzivu džihadista. Premijer Maliki, ali i njegovi saveznici i rivali iz šiitskog tabora, američka administracija i veliki deo medija pokazuju neskriveni strah da bi ISIS mogao da zauzme i uništi šiitske svetinje u Samari, što bi dovelo do novog verskog rata, ili da čak osvoji i Bagdad i pretvori delove Iraka i Sirije u veliki kalifat.
Les Kurdes ont sauté sur l’occasion pour s’emparer d’une autre ville majeure, Kirkouk, zone aussi riche en ressources pétrolières qu’en enjeux identitaires dont ils disputaient depuis plusieurs années le contrôle au gouvernement de Bagdad, sans parler d’autres minorités locales. Ce second tour de force, cependant, est passé presque inaperçu, toute l’attention se focalisant sur l’avancée des djihadistes. A en croire M. Al-Maliki, ses alliés et concurrents chiites, l’administration américaine et une bonne partie des médias, leur offensive semblait irrésistible: tous ont dit craindre qu’ils ne s’emparent des mausolées chiites de Samarra et les détruisent, déclenchant une nouvelle guerre confessionnelle, ou qu’ils conquièrent la capitale et établissent un vaste émirat couvrant de larges portions de l’Irak et de la Syrie.
Malikijev poziv na opštu mobilizaciju odnosio se na njegove pristalice. Odazvale su se samo verske milicije i nekolicina šiitskih vođa. Iran je takođe poslao ljude koji bi trebalo da organizuju paravojne odrede i da aktivno učestvuju u borbama. SAD su uputile dva nosača aviona u region, iako Barak Obama od 2011. pokušava da konačno okonča američko prisustvo u Iraku.
En réaction, le premier ministre a appelé à la mobilisation générale dans son camp. Diverses milices confessionnelles, dont il a toléré l’expansion, ainsi que plusieurs figures chiites lui ont emboîté le pas. L’Iran a dépêché des renforts chargés d’organiser ces contingents paramilitaires et, vraisemblablement, de combattre à leurs côtés. Les Etats-Unis ont redirigé deux porte-avions à proximité de ce théâtre d’opérations que le président Barack Obama s’évertue pourtant, depuis 2011, à quitter pour de bon.
Ali još uvek nemamo odgovore na najvažnija pitanja koja nameće ovaj debakl. Kako se prenaduvani irački vojni i bezbednosni aparat – jedan od najvećih na svetu sa milion naoružanih vojnika u zemlji od 25 miliona stanovnika – raspao tako brzo po ulasku džihadista?
Kako objasniti popularnost ISIS-a uprkos tome što su njihovi prethodnici iz al-Kaide ostali u lošem sećanju naročito u Mosulu kada su 2007. u pokušaju da zauzmu grad masakrirali ljude na ulicama? Zašto lokalne sunitske vođe, poput Malikiju bliske porodice Nujeifi, nisu u stanju da pruže minimalni otpor ISIS-u? I što je najvažnije: šta je rezultat vladavine Malikija, koji je planirao da se i treći put kandiduje za premijera?
En attendant, les questions les plus élémentaires posées par cette débâcle restaient sans réponse. Comment un appareil de sécurité pléthorique, parmi les plus denses du monde avec un million d’hommes en armes (sur une population d’environ vingt-cinq millions de personnes), a-t-il pu s’évanouir ainsi à l’approche des djihadistes? Comment expliquer la popularité relative de ces derniers, compte tenu des souvenirs épouvantables laissés par leurs prédécesseurs, de type Al-Qaida, lorsque, en 2007, ils dominaient la ville de Mossoul et y égorgeaient à peu près n’importe qui dans les rues? Pourquoi les notables sunnites locaux, à l’instar de la famille Noujaifi, proche de M. Al-Maliki, se sont-ils avérés incapables de rallier un quelconque soutien pour leur faire face ? Enfin, et surtout: quid du bilan du premier ministre sortant, qui, fort de son score lors des récentes élections parlementaires, entendait briguer un troisième mandat?
Iako je bio samo marginalna ličnost iz redova islamističko-šiitske Dawa partije, Malikiju je 2006. pripalo mesto premijera. Smatran je idealnim kompromisnim kandidatom, jer je važio za prilično bezopasnog čoveka. U tom periodu je besneo rat između sunitskih formacija i šiitskih milicija. Reč je o grupama proizašlim iz zajedničkog otpora američkoj okupaciji, razjedinjenih snažnim osećanjem međusobnog progona. Maliki je podržao akcije šiitskih milicija, upotrebivši ih kao pomoćne snage u borbi sa naoružanim sunitskim grupama.
Celui qui n’était à l’origine qu’une personnalité secondaire du petit parti islamiste chiite Al-Daawa a accédé à la primature en 2006, en tant qu’homme du compromis, précisément parce qu’il ne semblait menacer personne. A l’époque, la guerre civile entre groupes armés sunnites et milices chiites faisait rage. Tous étaient issus d’un même mouvement de résistance à l’occupation américaine, mais divisés par un sentiment croissant de persécution réciproque. Le premier ministre soutint l’action des secondes, utilisées comme forces supplétives dans la lutte contre les premiers.
Malikijeva reputacija i strategija doživele su duboku promenu kada mu je Vašington 2008. obezbedio sredstva za izlazak iz začaranog kruga verskih sukoba. SAD su podsticale osnivanje sunitskih milicija za borbu sa al-Kaidom, istovremeno podržavajući ponovno uspostavljanje kontrole nad nezavisnim šiitskim milicijama. Iako je Maliki igrao samo sporednu ulogu, uspeo je da stvori imidž državnika koji namerava da prevaziđe logiku građanskog rata kako bi ponovo stabilizovao zemlju.
Son image et sa stratégie politique changèrent radicalement en 2008, quand les Etats-Unis lui donnèrent les moyens de sortir d’une logique purement confessionnelle. Il s’agissait de constituer des milices sunnites cooptées par le gouvernement pour combattre Al-Qaida et de reprendre en main des milices chiites de plus en plus hors de contrôle. En pratique, le rôle de M. Al-Maliki lui-même fut minime. Il n’en retira pas moins l’aura d’un homme d’Etat qui s’était élevé au-dessus des logiques de guerre civile pour ramener le pays à la stabilité.
S vremenom je Maliki počeo da se identifikuje sa ulogom spasioca i stvara kult ličnosti snažno oslonjen na simboliku Sadamovog režima. Ove paralele nisu smetale njegovim šiitskim pristalicama koje su, pozivajući se na patnje pod bivšim režimom ili na navodnu „nesposobnost vladanja“ iračkim narodom, sada sve nade polagale u vođu, doduše sličnom starim tiranima, ali koji je ipak iste vere kao i oni.
Par la suite, il continua de s’identifier à ce rôle de sauveur, développant un culte de la personnalité qui empruntait beaucoup à l’imagerie de Saddam Hussein. Ce rapprochement ne semblait pas inquiéter ses sympathisants chiites. Au nom de la souffrance imputable au régime précédent, ou d’une prétendue « ingouvernabilité » du peuple irakien, décidément trop turbulent, ils ne semblaient aspirer qu’à voir émerger un chef du même acabit que l’ancien tyran, mais qui, cette fois, serait de leur confession.
Maliki je „borbu protiv terorizma“ učinio svojim glavnim argumentom za ostvarenje čitavog niza ciljeva. Postepeno je preuzimao sve veću moć proširivši kontrolu nad ogromnim bezbednosnim aparatom, koristeći ga za sopstvene političke ciljeve.
Od decembra 2010. Nuri al-Maliki funkcijama premijera i vrhovnog komandanta vojske pridodaje i one ministra odbrane i unutrašnjih poslova. Strah od vakuuma vlasti osujetio je svaki pokušaj njegove smene, osiguravši mu američku i iransku podršku. Obama je od ulaska u Belu kuću želeo da se što pre povuče iz Iraka, dok je Teheran Malikija smatrao čovekom dovoljno sposobnim da ostane na vlasti a koji će se postarati da Irak poštuje iranske interese.
La « lutte contre le terrorisme » devint vite le principal argument de M. Al-Maliki, lui permettant de poursuivre une multitude d’objectifs simultanément. Il put concentrer toujours davantage de pouvoirs entre ses mains, étendre son contrôle sur l’énorme appareil de sécurité légué par l’occupant américain et le mettre au service de ses intérêts politiques. A partir de décembre 2010, il cumula les postes de premier ministre, commandant en chef des forces armées, ministre de la défense et ministre de l’intérieur. La peur du vide contribuait à prévenir toute tentative de le remplacer et lui assurait un soutien suffisant de la part des Etats-Unis comme de l’Iran. Depuis son élection, en 2008, M. Obama souhaitait retirer ses troupes au plus vite ; et Téhéran appréciait un homme capable de se maintenir à la tête de l’Etat irakien tout en prenant soin de ne jamais contrarier ses intérêts.
Maliki nikako nije jedini koji je svoj politički program sveo isključivo na „borbu protiv terorizma“. Gotovo sve njegove arapske kolege su koristile isti izgovor kako bi opravdali najteža kršenja ljudskih prava. To je važilo za Hafiza al-Asada, oca današnjeg sirijskog predsednika, ali i za alžirske generale tokom 90-ih, Gadafija u Libiji kao i za Zine El Abidine Ben Alija u Tunisu. Čak je i Ali Abdulah Saleh, bivši predsednik Jemena do svog pada 2012. izgradio sistem opstanka na vlasti zasnovan na pretnji od al-Kaide.
Suočeni sa besom, nezadovoljstvom i velikim nadama koje je probudilo arapsko proleće, svi ugroženi režimi pozvali su se na „borbu protiv terorizma“.
M. Al-Maliki n’a certes pas l’apanage du recours à la « lutte contre le terrorisme » comme programme politique par défaut. Dans le monde arabe, presque tous ses homologues l’ont utilisé pour justifier les pires abus. Ce fut le cas de Hafez Al-Assad, le père de l’actuel président, en Syrie, des généraux algériens dans les années 1990, de Mouammar Kadhafi en Libye ou de M. Zine El-Abidine Ben Ali en Tunisie. Au Yémen, jusqu’à sa chute, en 2012, le président Ali Abdallah Saleh avait développé un système de pérennisation du pouvoir reposant, entre autres, sur la menace indéfiniment exploitable que représentait Al-Qaida. Confrontés à des animosités, frustrations et aspirations diverses lors des soulèvements dits du « printemps arabe », en 2011, quasiment tous les régimes concernés ont invoqué la lutte contre le terrorisme.
Doduše, irački premijer je u korišćenju ovog izgovora bio daleko bezobzirniji od svojih kolega, jer se svesno i sistematski udaljavao od sunita istovremno podrivajući iračku državu. Ova destruktivna politika bila je kranje neshvatljiva pošto se Maliki nalazio u veoma snažnoj političkoj poziciji, za razliku od Bašara al-Asada, koji od 2011. vodi sličnu politiku, ali pod pritiskom širokog i spolja podržanog ustaničkog pokreta koji otvoreno zahteva rušenje režima.
Iako je Maliki bio pošteđen takvog pritiska, odlučio se da marginalizuje ili raspusti plemenski organizovane sunitske milicije i izgradi bezbednosni aparat snažno verski obojen i podložan korupciji. Svaka sunitska opozicija osuđivana je kao „terorizam“, što je dovelo do arbitrarnih hapšenja i brojnih kršenja ljudskih prava.
Mais le premier ministre irakien s’est distingué par l’usage illimité qu’il a fait du procédé. Il s’est aliéné délibérément et systématiquement les sunnites, tout en fragilisant l’Etat par un travail de sape, et ce de manière d’autant plus inexplicable qu’il s’y trouvait en position de force. En Syrie, M. Al-Assad en a fait autant à partir de 2011, mais sous la pression d’un vaste mouvement de révolte populaire soutenu par des acteurs extérieurs qui appelaient ouvertement à faire tomber son régime. M. Al-Maliki, lui, a choisi « à froid » de négliger, voire de démanteler, les milices sunnites, souvent de composition tribale, qui lui avaient été léguées par les Etats-Unis, et d’entretenir un appareil de sécurité toujours plus confessionnel et corrompu. Toute forme d’opposition sunnite était renvoyée au « terrorisme », donnant lieu à une multiplication des arrestations et des détentions arbitraires ainsi qu’à d’innombrables exactions.
Pored bolnih sećanja na poraz u nedavnom građanskom ratu, iračke sunite muče i protivrečna osećanja. Oni su besni zbog vladinog tretmana, ali su istovremeno ohrabreni ustancima u susednim zemljama i užasnuti fatalnim naoružavanjem opozicije u Siriji. Oni od 2012. pokušavaju da izraze svoje nezadovoljstvo kroz organizovane i mirne forme protesta. Prve demonstracije završene su stalnim blokadama velikih trgova u iračkim sunitskim gradovima. Glavni zahtev bila je reforma države kako bi se sunitima omogućilo zadovoljavajuće učešće u vlasti.
Ali Maliki je ostao nepokolebljiv. Novi teroristički napadi za njega nisu predstavljali znak upozorenja, već opravdanje za nastavak oštrog kursa. Sa druge strane, opcija upotrebe sile postepeno je sticala sve više pristalica među sunitima.
Les sunnites irakiens ont été tout à la fois révoltés d’un tel traitement, inspirés par les soulèvements de 2011 dans les pays voisins et refroidis par la militarisation désastreuse de l’opposition en Syrie – sans parler du souvenir douloureux de leur défaite pendant la récente guerre civile. A partir de 2012, ils se sont organisés pour exprimer pacifiquement leur mécontentement. Les premières manifestations se sont muées en sit-in permanents sur les grandes places des villes sunnites du pays. Leurs revendications portaient toujours sur un rééquilibrage de l’Etat, afin de leur accorder toute leur place. Mais M. Al-Maliki y resta sourd. La lente recrudescence des attentats à la bombe durant cette période ne lui servit pas de mise en garde, mais de prétexte pour s’obstiner [2]. Petit à petit, l’option de la violence, qui était devenue un repoussoir en milieu sunnite, commença à faire son chemin au-delà des franges les plus radicalisées.
Maliki je istovremeno u sirijskom sukobu stao na Asadovu stranu. Odbacivao je svaku kritiku represivnog sirijskog režima, iako je Asad ignorisao sve pokušaje Malikijevog posredovanja u konfliktu. Premijer Iraka je otvorio granice ka Siriji za Šiite koji se kao dobrovoljci – u okvirima iranske politike podrške Asadu – bore na strani režima iz Damaska.
Ovi džihadisti, pristalice religiozne vizije o predstojećem smaku sveta, nesmetano su putovali ka Siriji. Neki su ostajali u Iraku i širili versku propagandu, protestovali na ulicama i organizovali milicije.
En parallèle, le premier ministre décida de s’engager en faveur de M. Al-Assad, dans un conflit syrien qui prenait alors une tournure confessionnelle, mettant aux prises un régime réduit à sa composante alaouite et une opposition sunnite. Il renonça à toute critique de la répression pratiquée par son voisin, qui pourtant montait en puissance et adoptait des formes toujours plus abominables, et remisa ses offres de médiation. Il ouvrit grand ses frontières aux chiites qui se portaient volontaires pour aller combattre en Syrie, dans le cadre d’une sorte d’« effort de guerre » piloté par l’Iran. Ces djihadistes, animés par une vision millénariste annonçant la fin du monde, se mirent à transiter sans difficulté par l’aéroport de Bagdad ou par l’autoroute menant en Syrie – deux infrastructures sensibles étroitement contrôlées par les forces gouvernementales –, mais aussi à diffuser une propagande de haine confessionnelle, à défiler dans les rues et à s’organiser en milices en Irak même.
Isti čovek koji je tvrdio da je okončao građanski rat učinio je sve kako bi ponovo mobilisao aktere starog konflikta. A šta su o tome imali da kažu uticajni ambasadori SAD i Irana? Njihovi stavovi su barem do zauzimanja Mosula bili prilično slični. Obe strane su pružale bezrezervnu podršku iračkoj vladi dok su se množili znaci predstojeće katastrofe. Zvona za uzbunu trebalo je da se oglase još prlikom ponovne pojave naoružanih sunitskih grupa i šiitskih milicija.
L’homme qui prétendait avoir mis fin à la guerre civile semblait donc travailler d’arrache-pied à en ressusciter les acteurs. Qu’en disaient les puissantes ambassades des Etats-Unis et d’Iran? Jusqu’à la crise de Mossoul, au moins, elles se faisaient étrangement écho, garantissant au pouvoir irakien leur soutien inconditionnel. Et pourtant, les signaux d’un désastre à venir se multipliaient. La résurgence de groupes armés sunnites et de milices chiites aurait dû suffire à donner l’alerte.
Katastrofa koja se trenutno odvija u Iraku dugo se nazirala u eroziji državnih struktura. Profesionalnost i saradnju bezbednosnog aparata ugrožavali su politizacija policije i vojske i korupcija na nivou banana republika. Bezbednosni organi postali su instrument klijentelističke politike, dok su njihovi članovi svoju lojalnost režimu pokazivali apsurdno velikom izlaznošću na izborima i glasanjem za Malikija.
Plus grave encore, l’érosion des structures étatiques annonçait le scénario-catastrophe auquel l’Irak fait face aujourd’hui. La compétence et la cohésion de l’appareil sécuritaire décroissaient à mesure que M. Al-Maliki renforçait sa politisation et tolérait un niveau de corruption digne d’une république bananière. Il devenait essentiellement un instrument de redistribution clientéliste ; et la participation – aberrante – de ses membres aux dernières élections parlementaires explique en partie le score du premier ministre.
Maliki je ograničio ulogu parlamenta, okružio se klikom profitera, prekršio olako data obećanja i time sebi uskratio nephodni politički manevarski prostor. Verodostojno rešenje krize nije moglo da ponudi ni poslušno pravosuđe.
Situacija je veoma slična i u ekonomiji. Pošto je vlada nastavila politiku sistematske pljačke prihoda od nafte, svi drugi razvojni projekti su zaustavljeni. Malikijev sistem počivao je na strategiji za preživljavanje koja urušava institucionalne temelje jedne ionako krhke države.
Celui-ci, en diminuant le rôle de l’Assemblée, en ne s’entourant plus que d’une coterie de profiteurs et en trahissant allègrement ses promesses, se privait de leviers politiques pour gérer les crises. Le système judiciaire, mis au pas, n’offrait lui non plus aucun recours crédible. Sur le plan économique, quasiment aucun projet de développement n’avait vu le jour, tant la manne pétrolière était l’objet d’un pillage systématique. En d’autres termes, le pouvoir de M. Al-Maliki tenait à ses tactiques de survie, qui, toutes, sapaient les fondements institutionnels d’un pays déjà très fragile.
U ovim okolnostima profitirao je čitav niz aktera, Malikijevi unutrašnjopolitički partneri koji su dobili svoj deo kolača, ali i njegovi rivali koji su dugoročno računali na slabosti svog protivnika. Iran, šiitske milicije i kurdska regionalna vlada mogle su da imaju samo koristi od slabe i raznim uticajima podložne vlade u Bagdadu. SAD su se sa druge strane isticale držanjem po strani. Njihova strategija „povlačenja“ svela se na ignorisanje svega što bi moglo da uspori njihov odlazak.
Sauf que ce processus de fragilisation profitait à de nombreux acteurs irakiens, qu’il s’agisse des alliés politiques du premier ministre, qui bénéficiaient de leur part du gâteau, ou de ses rivaux, qui y voyaient la promesse, à long terme, d’un affaiblissement de leur adversaire. L’Iran, les milices chiites, le gouvernement régional kurde avaient tous avantage à ce que Bagdad demeure aussi frêle et influençable que possible. Les Etats-Unis, quant à eux, étaient aux abonnés absents: leur « stratégie » de retrait pour clôturer une décennie d’occupation militaire consistait à fermer les yeux sur tout ce qui pourrait les ralentir, et à croiser les doigts.
Na kraju smo dobili paradoksalni rezultat – sa jedne strane Maliki se pokazao kao nesposobni sektaš, dok je sa druge strane ojačao svoje pozicije. Izgledi za njegov reizbor nisu bili tako sjajni tokom 2012. Nezadovoljstvo se najviše osećalo u šiitskim krugovima – zemlja je bila relativno stabilna, ali se činilo da sve stoji u mestu. Godinu dana kasnije počeo je novi talas nasilja koji je mesečno odnosio oko 1000 života. Sve je podsećalo na crne godine 2006. i 2007. Posledica je bila sve veća popularnost čvrste ruke – Malikija. Sada je njegov odlazak sa mesta premijera krajnje neizvestan, iako je ISIS preuzeo kontrolu nad Mosulom. Razloge treba tražiti u činjenici što ga još uvek podržavaju Šiiti i Iran, dok se ostali akteri pribojavaju od vakuuma vlasti.
Résultat: plus M. Al-Maliki se révélait sectaire et inepte, plus il échouait, et plus il consolidait sa position. Fin 2012, avant que les manifestations sunnites ne prennent de l’ampleur, ses perspectives de réélection paraissaient limitées. La frustration était notamment palpable dans les milieux chiites: à ce moment, le pays était relativement stable, et pourtant, rien ne semblait avancer. Un an plus tard, l’Irak était à nouveau à feu et à sang, avec une moyenne mensuelle d’environ mille morts, comme au cours des années noires de 2006-2007, et la popularité de son homme fort était remontée en flèche. Même après la prise de Mossoul, son départ imminent ne semblait pas garanti: les chiites serraient les rangs derrière lui, l’Iran lui donnait des témoignages de loyauté, et la peur du vide restait forte y compris chez des acteurs plus ambivalents.
Ova kriza nameće nekoliko pitanja, ali bi bilo pogrešno ograničiti se na očigledne zaključke – odgovornost SAD za ovaj debakl, Malikijevu ličnost koja personifikuje čitav problem ili na opasnost od „terorizma“. Pri tome se previđa suština – način vršenja vlasti i priroda institucija.
Ovde je ličnost premijera od sporednog značaja, ključno je okruženje koje je njegova politika ne samo stvorila, već ga za to i nagradila. Kada je Nuri al-Maliki, marta 2014, organizovao veliku međunarnodnu konferenciju o „borbi protiv terorizma“, među učesnicima su bili i predstavnici UN, koji su posmatrali i aplaudirali ovom spektaklu.
Cette crise soulève bien des questions ; mais on aurait tort de se limiter aux conclusions les plus évidentes: la responsabilité américaine dans cette débâcle, la personnalisation du problème à travers la figure de M.Al-Maliki ou la menace du « terrorisme ». Ce dont on parle moins, et qui occupe pourtant une place centrale, c’est la pratique du pouvoir et la nature des institutions. La personnalité du premier ministre est secondaire: c’est tout un contexte qui non seulement lui a permis de se comporter de la sorte, mais l’a récompensé pour cela. Quand, en mars 2014, il organisa une grande conférence internationale sur la « lutte contre le terrorisme », par exemple, l’Organisation des Nations unies participait au spectacle et applaudissait dans la salle.
Ovde opisane zloupotrebe su pošast koja muči ceo region. Uspešnost Asadove strategije iznurivanja čini ga delom rešenja, umesto delom problema. General Abdel-Fatah al-Sisi, koji je od juna i zvanično novi predsednik Egipta, svet posmatra kroz prizmu vojnih tajnih službi, ali mu zbog hroničnog straha od vakuuma vlasti svet daje blanko punomoćje. Uprkos tome što nije učinila ništa na unapređenju demokratije, vladajuća kraljevska porodica u Bahreinu ne mora da strahuje od međunarodnih sankcija.
Le mal, du reste, est une plaie régionale. Plus M. Al-Assad réussit dans sa stratégie de pourrissement, plus il semble s’imposer comme faisant partie de la solution plutôt que du problème. Le maréchal Abdel Fatah Al-Sissi, qui dirige officiellement l’Egypte depuis juin, conçoit la politique comme le ferait un officier du renseignement militaire, mais son élection – et, comme toujours, la peur du vide – suffit au monde extérieur pour lui donner un blanc-seing. A Bahreïn, la famille régnante n’a cédé sur rien, mais n’en subit aucune conséquence.
Ovi režimi čak ni ne pokušavaju da prevaziđu podele u svojim društvima, bilo kroz ideologiju, ekonomski razvoj ili represiju, već ih često koriste ili ih dodatno produbljuju. A kada se radikalizuje jedan deo njihovih društava, onda računaju na podršku drugog dela. Time su pošteđeni napora i truda koji bi morali da ulože u razvoj konstruktivnog političkog programa. Ukratko – na vlasti ih održava strah od onoga što dolazi posle njih.
Svi oni podrivaju nacionalni karakter državnih institucija, lišavajući ih njihove autonomije, kako bi sami postali nezamenjivi. Onda ovaj program prodaju pod etiketom „borbe protiv terorizma“ i pozivaju se na „demokratske“ izbore koji počivaju na histeričnom glasanju jednog dela stanovništva sa jedne i kobnom bojkotu drugog dela stanovništva sa druge strane.
La pratique du pouvoir qui se répand consiste à abandonner toute ambition de gouverner à l’échelle d’un Etat-nation. Les régimes n’essaient même plus de surmonter les clivages existant au sein de leurs sociétés, que ce soit par l’idéologie, le développement ou la répression. Ils investissent ces lignes de fracture, les exacerbent et recherchent le conflit. En radicalisant une partie de leur société, ils consolident leur position dans une autre et font l’économie de tout programme constructif: la crainte de ce qui pourrait les remplacer suffit à les maintenir au pouvoir. Ils tendent aussi à fragiliser le caractère national de leurs institutions en les privant de leur autonomie, de façon à se rendre indispensables. Ils vont ensuite se vendre à l’étranger, au nom de la « guerre contre le terrorisme » et forts d’une élection « démocratique » qui reflète le vote hystérique d’un pan de la société et le boycott funeste de l’autre.
Na iračkom primeru možemo da vidimo gde nas vodi takav oblik vršenja vlasti. Ostaje samo pitanje zašto se upuštamo u ovu igru.
L’Irak donne une bonne idée de ce à quoi mène, à terme, une telle pratique du pouvoir. Reste à se demander: pourquoi diable entrer dans ce jeu?
Izvor : http://pescanik.net/2014/07/irak-hronika-raspada-drzave/