Amertume et douloureuse prise de conscience
Živi zid, l'association qui s'est rendue populaire en prenant la défense des personnes menacées d'expulsion, a semble-t-il décidé de changer de tactique. Alors que jusqu'à présent ils défendaient toute personne que les banques mettaient à la rue, ils viennent désormais de poser un geste inédit. Le motif : la loyauté à un parti politique.
En effet, le tribunal du quartier de Sesvete à Zagreb a ordonné l'expulsion de Branko Šepić et de sa famille. L'éviction devrait avoir lieu mercredi à 13h. La famille s'est donc adressée à l'organisation mais est tombée sur un os auquel elle ne s'attendait pas.
“Aujourd'hui, pour la première fois, une famille que le système bancaire met à la rue s'est vue refuser notre protection. En effet, la femme dont la famille est expulsée est membre du HDZ. Nous avons malgré tout décidé de la défendre mais à condition qu'elle rejette publiquement le HDZ devant les caméras, qu'elle condamne la politique qu'ils prônent et qu'elle se repentisse de son adhésion à ce parti, déclare Ivan Pernar, l'un des chef de l'organisation Živi zid et coprésident du parti politique “Alliance pour le changement”. (Deux structures liées, N.d.T)
Pernar ajoute que la dame en question a rejeté à plusieurs reprises les conditions posées par l'organisation en expliquant qu'elle ne pouvait renoncer au HDZ alors qu'elle en est membre depuis deux décennies.
“Je l'ai avertie des conséquences que cela aurait mais elle a déclaré que si elle devait choisir elle préférait être délogée plutôt que de renoncer au HDZ. Aussi n'avons nous pas l'intention de nous opposer à l'expulsion de demain. Nous nous contenterons de la filmer en guise d'avertissement pour montrer aux autres qu'elles sont les conséquences qu'entraîne la loyauté au régime” – a expliqué mardi Ivan Pernar sur la page Facebook de Zivi zid.
“On vous réclamait de l'aide et vous avez préféré cocher un bulletin de vote”
Cette décision de l'organisation Živi zid ne fait pas l'unanimité. Certains la soutiennent, d'autres la condamnent. Toutefois les dirigeants restent fermes.
“Je réalise seulement maintenant quelle est la mentalité de ce peuple. Aujourd'hui il a été décidé par vote que Živi zid ne défendrait plus que les gens qui rejoignent la résistance. Nous n'avons plus d'argent ni les moyens de voyager aux quatre coins du pays, or il y a de plus en plus d'évictions. Chacun trouve à redire. Vous récriminez, vous critiquez, vous attaquez, surtout ceux qui jamais de leur vie n'ont ou n'auront l'intention de défendre le foyer d'autrui. D'où vous vient un tel comportement”, se demande Vladimira Palfi, l'une des dirigeantes de Živi zid et également co-présidente de l'Alliance pour le changement, un parti qui épaule Živi zid sur sa page Facebook.
Vladimira Palfi ajoute que les personnes qui ont créé l'organisation Živi zid et qui l'a dirigent, “ceux qui endossent le gros des responsabilités, qui paient les amendes, qui sont poursuivis en justice, reçoivent des peines de prison mais sont snobés par le peuple”, ont le droit de décider qu'ils ne se sacrifieront plus pour autrui.
“Les personnes au sein de Živi zid n'ont pas d'emploi car il s'agit d'un travail à temps plein ; lorsqu'on nous appelle nous devons aller sur les lieux... veiller nuit après nuit. Lorsque nous avons réclamé votre aide, vous avez préféré cocher des bulletins de vote. Qu'est-ce que vous espériez ? Si cela dérange quelqu'un, il est libre d'y aller par lui même et demain de faire le guet à partir de 13h devant la maison d'une membre active du HDZ qui croit en Karamarko et en sa probité”, a écrit Vladimira Palfi.
La décision des membres de Živi zid découle de toute évidence des dernières élections pour le Parlement européen. L'Alliance pour le changement n'a obtenu qu'un score décevant (0,47%).
“Une bonne partie du peuple n'est pas victime mais complice du mal et en subira les conséquences. Živi zid cessera de défendre ceux qui ne veulent pas se défaire du mal”, ont annoncé les membres de l'organisation.
Note : Décision judicieuse ou pas, mauvais score aux européennes ou pas, la page Facebook de l'organisation continue sa progression.