Croatie : la fin de Dona sur le seul compte de l'UE
L'heure a sonné pour Dona Trgovina, une des entreprises croates les plus prometteuses. Les générations qui viendront après nous n'auront pas l'occasion de goûter les jus de fruits d'un de nos producteurs les plus connus. Nous avons discuté avec les ex-travailleurs de la société et on voit bien qu'ils sont ébranlés. Pour certains un salaire impayé et pour d'autres encore plus. Il faut maintenant se demander à qui la faute ? Difficile à croire mais cette fois on ne peut pas accuser la corruption ni les chefs incompétents car la réponse est bien plus évidente : la faute à l'Union européenne.
L'entreprise a accumulé une dette d'environ 15 millions de kunas et presque 100 employés n'ont pas eu d'autre choix que de regarder comment s'écroule l'entreprise qu'ils aimaient et qu'ils ont bâti en joignant leurs forces. Nous avons discuté avec l'ancienne directrice de la firme, Mirana Boljar, pour comprendre ce qui s'est passé pour qu'une des entreprises croates les plus prometteuses disparaisse en un an seulement du paysage économique. « Lorsque nous sommes entrés dans l'UE les marges ont baissé. Outre qu'il a fallu acquérir de nouvelles machines et des certificats, certains de nos plus gros acheteurs n'ont pas prolongé le contrat avec nous. Par exemple, Lidl et Kaufland ont décidé en profitant de la suppression des frontières d'acquérir la marchandise auprès des producteurs qui travaillaient pour eux dans le reste de l'Europe. Nous avons toujours bien fonctionné mais il nous a été impossible d'influer sur certaines choses. J'espère que les autres anciens travailleurs se souviendront aussi du travail à DONA comme d'une belle période de leur vie », se console Boljar.
Il est à peine croyable qu'une seule année dans l'UE ait suffi pour détruire une firme avec une si longue tradition. Le pire est peut-être que DONA ne doit pas être la seule entreprise croate qui s'est retrouvée dans une situation si fâcheuse à cause justement de l'UE. Comme les résultats économiques le laissent entrevoir, l'économie croate n'a pas connu de progrès significatif depuis que nous sommes entrés dans l'UE.
On notera que les employés de la société défendent leurs chefs Jure et Andrija Klarić. Ils soutiennent que Jure, désormais retraité, ainsi que l'actuel directeur Andrija Klarić ont fait tout leur possible pour qu'on n'en arrive pas là et qu'ils ont été parfaitement corrects envers leurs employés. La directrice Boljar nous a même confié qu'un refinancement avait été évoqué ainsi qu'un sauvetage à travers les instances étatiques, mais même cela n'a pas abouti pour des raisons encore inconnues. Peut-être l'Europe n'a-t-elle tout simplement qu'apporté un marché sans salut.