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Vous avez dit que le nombre de citoyens dans les plénums augmente sans cesse, ce qui donne à penser que les citoyens ont confiance dans les plénums.
Pour la première fois les gens ont le sentiment d'être important, ils ressentent le pouvoir et estiment qu'ils peuvent lever la main pour voter sur certaines questions, et que leur voix changera quelque chose. J'ai entendu des gens qui s'en sortent à merveille pour faire un exposé au cours des plénums. On voit qu'ils se sont sérieusement préparés chez eux pour dire ce qu'ils veulent durant les deux minutes imparties.
A quoi faut-il s'attendre d'ici au 1er mars, lorsque devraient avoir lieu les nouvelles élections ?
D'ici là des groupes d'experts devraient être formés dans lesquels figureront des personnes hors parti et non compromises. Ce « gouvernement d'expert » devrait fonctionner jusqu'aux élections et soumettre des rapport hebdomadaires au plénum. Le but est que d'ici là les électeurs se fassent une idée et votent pour les options qui défendront consciencieusement leurs intérêts. Je pense qu'actuellement personne n'a envisagé que le plénum continue de se réunir et d'exercer un quelconque pouvoir après les élections. Un monitoring de la mission du plénum est possible dans le futur, mais pour l'instant aucune proposition n'a été faite pour que le plénum prenne des décisions de la façon dont il l'a fait dans ces moments de crise.
On tente probablement de diverses façons de diviser les citoyens et les manifestants. Certains médias sont aux ordres et font donc tout pour déstabiliser les plénums, d'autres visent les profits. Ils recherchent le sensationnalisme et tendent à désinformer et à interpréter de manière à multiplier leurs lecteurs. Pour ce qui est de la désinformation il a par exemple été dit que le centre commercial Omega avait été pillé, ce que le directeur d'Omega a lui-même démenti par la suite. On fait donc circuler diverses désinformations et contre-vérités dont les médias devraient être tenus pour responsables.
Les manifestations sont un thème compliqué, plusieurs groupes avaient prévu de se joindre aux manifestations mais il est difficile de dire qui les a organisées. Il est tout aussi impossible d'établir comment on en est venu à lancer des pierres. L'engrenage d'un conflit est à vrai dire une question fort intéressante pour les anthropologues et les psychologues : dès qu'un grand nombre de personnes est apparu dans les rues le pouvoir a envoyé les forces spéciales, dès qu'ils ont vu les agents équipés jusqu'aux dents les citoyens se sont mis à les caillouter ce qui a amené la police à réagir plus vivement encore ; tout acte violent de la police entraînait les citoyens à redoubler de violence et c'est ainsi qu'a été enclenchée cette spirale de violence qui aurait probablement connu une issue fatale si la police n'avait capitulé. Et si elle a capitulé c'est parce que ces policiers sont dans une situation très semblable à celle des autres – leurs salaires sont également fort bas et versés avec irrégularité.
Tuzla est riche d'une tradition ouvrière et antifasciste. Il fut un temps, lorsqu'il n'existait qu'un front de l'est et de l'ouest, où elle a représenté le plus grand territoire libre durant la Seconde Guerre mondiale. Une industrie s'est formée à Tuzla, y compris de nombreuses « industries sales » comme l'industrie chimique de l'HAK dont personne ne voulait dans l'ex-Yougoslavie pour ne pas être exposé à de hauts niveaux de pollution. La plupart de ces usines n'ont pas résisté à la transition capitaliste, elles sont tombées en faillite et les travailleurs se sont retrouvés sans travail. Ce contexte compte beaucoup pour comprendre cette révolte.
Que faut-il retenir en premier lieu de ces manifestations ?