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Titre du blog : Balkanikum
Auteur : Balkanikum
Date de création : 14-08-2008
 
posté le 19-01-2014 à 14:36:18

 

 

Un article du très atlantiste Le Monde (mais parfois obligé d'accepter le monde tel qu'il est).

Un article qui aurait également pu s'intituler « Après la gazpromisation, l'heure de la rosatomisation ».






Nucléaire : succès majeur de Moscou en Hongrie


La Russie a remporté un succès majeur sur l'échiquier européen de l'énergie, avec la signature, annoncée mardi 14 janvier, d'un accord pour doubler, d'ici à 2023, la capacité de la centrale nucléaire de Paks, en Hongrie, grâce à une ligne de financement de 11 milliards d'euros consentie par Moscou.

Le géant russe de l'énergie nucléaire, Rosatom, doit ajouter deux réacteurs, de 1 200 mégawatts chacun, à cette centrale située sur le Danube, au sud de Budapest, qui fournit plus de 40 % de l'électricité du pays. Construite dans les années 1970 avec une technologie soviétique, elle est jugée aujourd'hui très sûre par l'Agence internationale pour l'énergie atomique, l'AIEA.



ROSATOM, OUTIL D'INFLUENCE

Après la Finlande, où l'entreprise étatique russe a décroché fin décembre un contrat pour construire une centrale, la Hongrie est le deuxième pays de l'Union européenne à signer avec Rosatom, alors que l'Ukraine, il y a quelques semaines, a sabordé un partenariat avec Bruxelles pour recevoir à meilleur prix du gaz russe.

Vladimir Poutine confirme ainsi sa volonté de faire de Rosatom, en Europe centrale, un outil d'influence géopolitique aussi puissant que l'autre géant de l'énergie russe, Gazprom.



La Hongrie, dont les besoins énergétiques sont couverts aux trois quarts par l'ex-Union soviétique, renforce, pour les décennies à venir, des liens dont elle cherchait plutôt à se défaire. Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, a lui-même critiqué à maintes reprises la trop grande dépendance de son pays envers Moscou.

Le choix de Budapest n'est pas en soi une surprise, puisque le Parlement  avait approuvé, début 2009, la construction d'une nouvelle tranche de Paks. Tout indiquait que, pour des raisons de cohérence technique, les Russes étaient mieux placés pour enlever ce contrat. Mais M. Orban ne voulait pas prendre de décision avant les élections législatives, prévues en avril.

Surtout, il avait annoncé qu'il y aurait un appel d'offres, et quatre entreprises, dont la Française Areva, s'étaient mises sur les rangs. La perspective d'obtenir des tarifs plus avantageux de son fournisseur russe Gazprom, avec lequel le contrat doit être renégocié en 2015, peut avoir pesé dans sa décision de bousculer ses plans et de conclure très vite avec Rosatom – sans même qu'un appel d'offres ait été émis. Le voyage du dirigeant hongrois à Moscou, mardi, n'avait été annoncé que la veille.

 

 

PAS D'APPEL D'OFFRES

Mercredi, la presse hongroise d'opposition critiquait cette volte-face, le quotidien Népszabadsag reprochant à M. Orban, grand champion de l'indépendance nationale, de s'être « assis sur les genoux de l'ours russe ». Mais elle ne s'interrogeait guère sur les contreparties éventuelles d'un tel accord qui, autre surprise, sera soumis au Parlement hongrois.

 

Le désir de baisser les prix de l'énergie en Hongrie – grâce à du gaz moins cher et, à terme, à l'électricité produite à Paks – a sans doute compté, tout comme l'opportunité de devenir un acteur régional du marché, à l'heure où l'Allemagne change son modèle énergétique.

Enfin, si Bruxelles a donné son feu vert, malgré l'absence d'appel d'offres contraire aux règles européennes, c'est peut-être parce qu'on souhaite voir Budapest se dégager du projet de gazoduc South Stream, piloté lui aussi par Moscou, la construction du segment hongrois étant censée débuter au printemps 2015.





Source : lemonde.fr, le 16 janvier 2014.