Moscou renforce sa coopération militaire avec Erevan
Au lendemain du sommet de Vilnius qui s'est conclu par un échec européen – l'Ukraine ayant refusé de signer l'accord d'association – Moscou progresse sur la voie de l'intégration des pays ex-soviétiques. La Russie se rapproche en particulier de l'Arménie.
Lors de sa troisième visite d'Etat en Arménie le 2 décembre,
Vladimir Poutine a déclaré : "En ce qui concerne la
Transcaucasie [le sud du Caucase], la Russie ne l'a jamais quittée.
Au contraire, nous envisageons de renforcer nos positions dans cette
région", rapporte le site arménien Panorama. Avant
d'ajouter que les processus intégrationnistes dans l'espace
postsoviétique "créent pour l'Arménie des opportunités
sérieuses de progrès économiques".
Alors qu'au sommet
du partenariat oriental à Vilnius l'Union européenne (UE) n'a pas
obtenu de l'Ukraine la signature de l'accord d'association prévu,
Moscou réalise une avancée supplémentaire sur la voie de
l'intégration des ex-républiques soviétiques. Les discussions
entre Poutine et son homologue arménien Serge Sargsian ont porté
sur l'adhésion de l'Arménie à l'Union douanière et à l'Espace
économique uni Russie-Biélorussie-Kazakhstan. Le président de la
Fédération de Russie a promis de "stimuler en personne
l'accélération de ce processus" qui, selon certains experts,
pourrait aboutir à l'adhésion effective de l'Arménie à l'Union
douanière en 2014.
La défense des frontières de l'Arménie
Plus
tôt, le 21 novembre, le gouvernement arménien avait donné son feu
vert à l'élargissement de la présence militaire russe sur le
territoire arménien. Il s'agissait du déploiement dès la fin
novembre, de 18 hélicoptères de combat russes sur la base militaire
russe n°102 (à Erevan, la capitale, et Gioumri, deuxième ville du
pays), et du transfert de deux parcelles de terrain, dont l'un à
l'intérieur de l'aéroport militaire Erebuni d'Erevan. Par ailleurs,
les 16 avions de combat MiG- 29 stationnés en Arménie seront
modernisés.
Plus tôt cette année, Moscou a renforcé la
base avec des missiles balistiques Iskander-M. En juin 2013, Moscou
et Erevan ont annoncé que la Russie aiderait l'Arménie à
développer son armée de l'air dans le cadre de l'Organisation du
traité de sécurité collective. Selon l'ancien ministre de la
Défense arménien Vagarchak Aroutiounian, cité par le journal russe
Izvestia, ce renforcement a lieu dans le cadre des
protocoles signés en 2009 et prévoyant la défense par la Russie
des frontières de l'Arménie avec l'Iran et la Turquie, mais aussi
avec la Géorgie et l'Azerbaïdjan.
"Un danger réel émane de l'Azerbaïdjan, avec lequel l'Arménie est en état de conflit [non résolu depuis vingt-cinq ans, autour de la province sécessionniste du Haut-Karabakh], et peut-être de la Turquie", analyse l'ex-ministre. Ainsi, l'accord de coopération militaire russo-arménien qui court jusqu'en 2059 prévoit la protection de toutes les zones frontalières en Arménie, y compris à l'intérieur de l'espace postsoviétique.
Source : courrierinternational.com, le 3 décembre 2013.