Du pain et du touche pipi
Ceux qui considèrent que le référendum sur le mariage en Croatie fut une vaste masturbation intellectuelle (et il doit bien y en avoir quelques-uns puisque le taux de participation n'a été que de 37,86 %), doivent se dire qu'on est en plein dans le schéma de la décadence.
En effet, en cas de gros repli économique et social il faut respecter deux conditions pour tenir les foules tranquilles :
1) Qu'elles aient le ventre plein, c'est-à-dire leur offrir de quoi manger (la déflation est là pour aider, du moins dans un premier temps).
2) Qu'elles aient l'esprit occupé, c'est-à-dire les divertir avec des sujets faciles.
Le référendum sur le mariage et la querelle sur le cyrillique sont deux sujets faciles qui permettent à la populace croate de se chamailler comme des marchands de poisson. Si ces deux sujets devaient finir par fatiguer à la longue, les médias du système trouveront autre chose, ces mêmes médias qui voient immédiatement un péril pour la liberté de la presse dès que vous cessez de leur prêter attention.
Ainsi, à l'issue du référendum, le collectif qui l'a initié a préféré ne pas admettre à la conférence de presse les médias l'ayant le plus traîné dans la boue (ceux qui se sont surpassés pour le traîter de fasciste et de projet nazi). Toute la presse du système a alors décidé de boycotter cette conférence en hurlant à l'unisson que la liberté de la presse était gravement menacée.
Il y a quelques années ce sont exactement ces mêmes médias du système qui avaient choisi de passer sous silence la tentative de collecter assez de signatures afin de convoquer un référendum sur l'adhésion de la Croatie à l'OTAN. Cette stratégie fut payante et le nombre de signatures nécessaires n'a pas été rassemblé.
Lorsqu'un débat menace les oligarchies dirigeantes on l'étouffe. En revanche lorsque le sujet est idiot, le vacarme doit être absolu.
Ainsi agissent les médias du système. Plutôt que de dénoncer la bêtise du système ils font tout pour que le système vous abêtisse. Il est vrai qu'ils représentent à la fois la presse et la liberté de la presse. Ainsi la boucle est bouclée.