VEF Blog

Titre du blog : Balkanikum
Auteur : Balkanikum
Date de création : 14-08-2008
 
posté le 23-11-2013 à 14:08:24

 

 

La révolution conservatrice (suite)

 


La révolution conservatrice  se nourrit des ambiguïtés de la gauche.


Exemple du Courrier des Balkans : 


Le Courrier des Balkans est un site d'informations positionné à gauche. Ces derniers temps le site a publié toute une série d'articles dénonçant les politiques néo-libérales appliquées en Croatie. Néanmoins, maintenant que cet ordre néo-libéral est ébranlé par des tentatives conservatrices, c'est vers la figure emblématique du néo-libéralisme croate que se raccroche le site dans un article intitulé « Révolution conservatrice en Croatie : nous ne laisserons pas attaquer les bases de l'Etat de droit ».




Il faut néanmoins noté que ce qui est appelé dans l'article une tentative de renverser l'Etat de droit n'est rien d'autre qu'une volonté de maintenir le statu-quo.


En effet dans les deux cas, l'horrible poussée extrémiste voulant faire régner la loi de la rue cherche à préserver la situation présente.


En ce qui concerne la querelle du cyrillique, les panneaux écrits en cyrillique n'existaient pas à Vukovar et certains groupes se mobilisent pour que les choses restent en l'état.


Dans le cas du référendum afin que soit stipulé dans la Constitution croate que le « mariage est l'union entre un homme et une femme » il s'agit à nouveau d'une tentative de figer la situation présente puisqu'en Croatie le mariage n'est actuellement pas permis entre les homosexuels.



Je me suis permis de retranscrire presque tel quel l'article du Courrier des Balkans dans lequel Vesna Pusic crie au loup pour défendre son ordre néo-libéral.



Novi List (N.L.) : Il y a quelques jours, lors des commémorations de la chute de Vukovar, le 18 novembre, des manifestants ont empêché le cortège gouvernemental de pénétrer dans le centre de la ville. Quelles mesures le gouvernement compte-t-il prendre contre ceux qui défient ainsi les institutions de l’Etat ?

 

Vesna Pusić : À Vukovar, au lieu de célébrer la Journée du souvenir, nous avons pu constater une tentative de bloquer tous les plus hauts représentants de l’Etat néo-libéral, du Parlement et du gouvernement. Ce blocage a été commandité par une milice politisée et organisée. Elle a utilisé Vukovar et ses victimes pour servir les intérêts de certains partis politiques. Toutefois, notre message est clair : le gouvernement continuera à s’en tenir à la Constitution et aux lois, car nul n’a le droit de déstabiliser l’Etat néo-libéral et ses institutions.

 

N.L. : Les divisions au sein de la société sont de plus en plus marquées... De tels clivages étaient-ils inévitables ?

 

V.P. : Dans une société démocratique moderne, les questions relatives à l’égalité des citoyens et au respect des lois ne sont pas celles qui devraient diviser la société. En réalité, de telles questions sont nulles et non avenues. Les questions relatives aux droits de la personne, à leur base même, sont définies par l’Etat néo-libéral avant même que qui que ce soit ne puisse se positionner en tant que libéral, conservateur ou socialiste. Un consensus civique doit exister à ce propos et ce n’est que lorsque ces fondamentaux sont respectés que nous pouvons échanger sur le modèle économique, éducatif ou autre que nous souhaitons pour notre société néo-libérale. Cette discussion peut se concrétiser par différents choix politiques.

 

N.L. : Apparemment, notre société n’accepte toujours pas vraiment ce « socle » fondateur ?

 

V.P. : Les questions touchant à l’égalité des droits devraient être traitées comme quelque chose que nul ne peut remettre en cause. La démocratie, les droits de la personne et des minorités, c’est le minimum autour duquel il ne devrait pas y avoir de divisions. Néanmoins, je pense qu’il existe dans la société croate des groupes extrémistes qui jouent avec ces thèmes pour manipuler l’opinion et tenter de déstabiliser le pouvoir néo-libéral. Ce qu’ils ne peuvent pas changer par les élections et le Parlement néo-libéral, ils essayent de le changer par la rue.

 

N.L. : Vous considérez donc que le but de provocations comme celle de Vukovar est bien la « déstabilisation de l’Etat » ?

 

V.P. : Je l’interprète comme une intention claire.

 

N.L. : Vous affirmez donc le HDZ a intentionnellement lancé ce mouvement ?

 

V.P. : Tout à fait. Je vois ceci comme une intention directe d’utiliser à mauvais escient certains thèmes sociétaux pour déstabiliser le gouvernement néo-libéral. Ce n’est pas la première fois que ceci se produit. Tout le monde se souvient du rassemblement de Split en 2001 [1]. Bien peu de choses ont changé, car les mêmes personnes qu’à cette époque sont toujours là. Je pense qu’il grand temps de le dire haut et fort.

Néanmoins, je n’incrimine pas les personnes instrumentalisées. Elles sont dans une situation difficile. Elles perçoivent de faibles retraites et ne travaillent pas. Elles sont marginalisées depuis des années et vivent dans une sorte de ghetto. Il est très facile de manipuler ces personnes afin qu’elles soutiennent ce genre de thématiques et virent à l’extrémisme sauvage. Toutefois, il est essentiel de souligner une bonne fois pour toutes qu’il s’agit là d’une destruction claire, planifiée et intentionnelle. Une partie de ces groupes extrémistes souhaite réellement déstabiliser le pouvoir néo-libéral et l’Etat, mais nul n’a le droit de faire cela ! Vous avez le droit d’avoir votre avis, votre position, votre opinion. Je serais d’ailleurs la première à défendre le droit d’opinion. Néanmoins, vous n’avez pas le droit de déstabiliser les institutions de l’Etat néo-libéral. Nous ne le permettrons pas !

 

N.L. : Vous voulez dire que Tomislav Karamarko, le président du HDZ serait en communication permanente aussi bien avec les anciens combattants de Vukovar qu’avec l’association « Au nom de la famille », qui a collecté les signatures pour le référendum contre le mariage gay ?

 

V.P. : Il est évident qu’ils sont en communication.

 

N.L. : Pensez-vous qu’après l’ère Sanader, le HDZ revienne à un positionnement plus radical ?

 

V.P. : Le HDZ a été en bonne voie de devenir un parti de centre droit, un parti qui pouvait attirer une grande partie du corps électoral. Cette transition rationnelle a laissé place, pour des raisons qui me sont totalement incompréhensibles, à une nouvelle radicalisation du parti, à un retour à des positions d’extrême droite qui lui ont valu une baisse de popularité. Nous voyons maintenant l’apparition de ces initiatives extrémistes et agressives qui effraient la population, et qui lancent des messages agressifs : soit vous êtes avec nous, soit vous êtes contre nous.

 

N.L. : Vous affirmez que le but du HDZ serait déstabilisation de l’Etat ? N’exagérez-vous pas un peu ?

 

V.P. : J’ai dit que la déstabilisation du pouvoir néo-libéral était le but, mais la déstabilisation de l’Etat néo-libéral en est la conséquence immédiate. Le but du HDZ est évidemment d’arriver au pouvoir, mais pas par la voie normale du développement de son capital de sympathie au sein de l’électorat, étant donné que la radicalisation du parti a restreint sa marche de manœuvre. Pour atteindre son but, le HDZ veut disqualifier toute concurrence en instaurant à nouveau un climat de peur comme instrument politique. C’est du déjà-vu... Toutefois, nos citoyens ont uniquement peur que les institutions de l’Etat ne fonctionnent pas correctement. Ils ont peur que personne ne soit en mesure de les défendre dans la rue s’ils appartiennent à des minorités ethniques, sexuelles ou, tout simplement, si leurs opinions politiques diffèrent. Cette agitation est propice à la création d’une atmosphère de lynchage. Bientôt, des personnes appartenant à certains groupes sociaux n’oseront plus se déclarer publiquement. C’est de cela que nos citoyens ont peur.

 

N.L. : Est-ce que le gouvernement a peur de la rue ?

 

V.P. : Non. Cependant, certains événements remettent en question la stabilité du pays. C’est de cela que nous devons avoir peur, et nous ne devons pas le cacher.

 

N.L. : Avant qu’un référendum ne soit éventuellement convoqué sur l’alphabet cyrillique, vous avez l’intention de changer la Constitution et de rendre impossible l’initiative populaire pour des référendums sur les questions relatives aux droits de la personne et des minorités. Allez-vous rendre également impossible la tenue du référendum sur le cyrillique ?

 

V.P. : S’il existe un consensus au sein de la coalition au pouvoir sur une question, c’est bien celle-là, et j’espère que nous allons réussir à changer la Constitution à temps. Les attaques se sont d’abord dirigées vers la population dite LGBT, puis elles se dirigeront vers les Serbes... Ensuite, à qui le tour ? Les femmes, peut-être ? C’est une destruction absolue. Il est très important de dire d’une manière claire à l’opinion que nous allons défendre les acquis civiques de l’Etat néo-libéral croate ! Nous en avons assez de ce genre de terreur, de cette volonté de revenir en arrière !

 

N.L. : Qu’est ce que cela signifie concrètement ? Pensez-vous suspendre les activités de certaines associations qui répandent un langage de haine ?

 

V.P. : Il existe déjà une législation régulant ceci et nous n’avons rien à y changer. Cependant, lorsque des discours publics dépassent les limites dictées par la loi, lorsqu’on appelle à la violence ou à la destruction physique, alors nous défendrons fermement la loi. Je suis la dernière personne à parler d’interdictions, mais nous devons faire valoir la frontière qui existe entre la démocratie représentative néo-libérale et la démocratie directe. C’est pour cela que le gouvernement et le Parlement existent et nul ne peut, tel un rouleau compresseur lâché dans la rue, détruire le socle d’une société néo-libérale, sa vision politique, ethnique ou autre. Nous sommes une société digne. C’est pour cela que des interdits clairement définis doivent exister. Ils existent et nous allons les appliquer. Vous pouvez penser et dire ce que vous voulez, mais terroriser les autres ou ceux qui se comportent autrement, ça, c’est impossible !