Auteur : Balkanikum
Date de création : 14-08-2008
La révolution conservatrice française
Introduction :
Les affaires françaises intérieures ou même extérieures sont en général mal connues par le public serbo-croate et cela pour deux raisons principales :
D'abord une méconnaissance du français mal compensée par le prisme de l'anglais quasiment incontournable. Par exemple un article paru hier sur le site advance.hr qui dénonce l'impérialisme français en Afrique se base sans surprise sur un texte de Reuters paru en anglais. Toutefois il ne faut pas s'y tromper, cet article s'inscrit dans un grand vide informationnel concernant les affaires françaises.
La seconde raison est une difficulté à appréhender un mouvement qui n'a pas d'autre ambition que d'être franco-français et qui en outre adopte les formes d'une virulente nébuleuse protéiforme.
Lorsque la situation économique s'était brutalement dégradée en Espagne (avec notamment une explosion du chômage), cela avait donné naissance au vaste mouvement bien unifié des indignés qui fut mieux relayé dans les médias serbo-croates que ne l'est l'actuelle grogne française. Le mouvement des indignés par ses idéaux et ses nobles intentions (l'improbable démocratie directe) s'était développé dans une toute autre direction que la rage et la méchanceté assumées qu'adopte la réaction française face au pouvoir corrompu. On songera par exemple à la banane de Taubira.
Mais pour noble que fut le mouvement des indignés il n'en reste pas moins qu'une fois essoufflé sans avoir apporté de changement concret, l'Espagne est tombée dans une lourde apathie dont elle n'est plus jamais sortie. En effet l'Espagne se caractérise par la résignation et le désarroi de sorte que le bipartisme véreux n'a jamais été aussi triomphant. Renvoyé à la sphère privée, et plus encore à la sphère de l'intime, le peuple espagnol est chaque jour un peu plus transformé en une populace dressée à se chamailler avec elle-même sur des thèmes qui ne sont ni publics ni même sociétaux dans le sens où l'entend un Alain Soral.
Ainsi presque rien ne vient menacer les élites espagnoles, elle peuvent dormir sur leurs deux oreilles. Pour que le tableau ne soit pas totalement noir je citerai tout de même le beau travail effectué par la plate-forme espagnole qui s'oppose aux évictions, des évictions qui ont pris une grande ampleur et ont introduit une énorme insécurité sociale dans le pays.
Le principal aiguillon qui devrait en principe pousser le pouvoir madrilène à se réformer (mais il est décidément trop vermoulu pour cela) vient du nationalisme. Plus exactement le nationalisme catalan qui à lui seul est capable de disloquer l'Espagne (rappelons que la Catalogne réalise à elle seule 25 % des exportations espagnoles). En outre la scission catalane en entraînerait d'autres, les Basques par exemple, et c'en serait définitivement fini de l'Espagne, un pays qui même sans cela ne cesse de perdre de l'influence sur la scène mondiale et européenne.
La révolution conservatrice française, pour inquiétante qu'elle soit, ne souffre pas de cet essoufflement. Au contraire elle progresse à pleins poumons et ne cesse de marquer des points chaque jour. A ce titre elle mérite toute notre attention.